Ouf ! On n’entendra bientôt plus parler du mariage homosexuel.
C’est sûr que ceux qui manifestaient contre étaient bêtes à enfermer.
Mais c’est sûr aussi que les tenanciers de la vérité, les partisans du progrès, les fabricants de bonheur et de félicité étaient également stupides d’aveuglement.
Un progrès dans l’histoire de l’humanité ? Quelle rigolade ! Il n’y a jamais de rencontre, d’harmonie entre la sexualité et les institutions. Les institutions, elles n’ont de cesse d’encoder notre part d’ombre, de la normaliser, de la réguler.
D’ailleurs Frigide Barjot et Christiane Taubira sont d’accord sur un point essentiel : il n’y a rien de plus beau que la famille et puis le modèle de l’accomplissement humain, ça passe obligatoirement par le couple et la filiation. Tant pis pour ceux qui sont réfractaires à ce schéma : les célibataires, les solitaires, les séducteurs effrénés, les nomades du désir, les pornographes, les prostituées; on n’a cessé de nous vanter les mérites de la famille avec des trémolos dégoulinants. On y trouverait, paraît-il, équilibre, transparence, sincérité (?,?,?).
Avec ce déluge de bons sentiments, on comprend vite que le mariage pour tous, c’est le meilleur moyen de ringardiser l’homosexualité. Frigide Barjot n’a pas à s’inquiéter : être pédé, c’est déjà dépassé. Ne le cachons pas : si beaucoup d'héterosexuels sont favorables au mariage pour tous, c'est aussi parce que ça conforte leur image popote et bourgeoise de la vie.
Fuyons vite ! D’autres évolutions, bien plus importantes, sont à prévoir. Frigide Barjot a quand même raison sur une évolution fondamentale. Il y a bien un bouleversement anthropologique et on assiste bien à une destructuration, une pulvérisation de nos identités.
On va maintenant passer à une sexualité de quête d’identité. J’ai remarqué que, dans les débats récents, on avait mis complètement sous le couvercle la question de la transsexualité. Pourtant, outre les terribles discriminations qu’ils subissent, ce sont bien les transsexuels qui ouvrent aujourd’hui les questions les plus vertigineuses et les plus actuelles.
Tableaux de Gerda Wegener (1886-1940). Une peintre et illustratrice danoise qui fut, paraît-il, très célèbre à Paris dans les années 20. Plus étonnant : son modèle principal était son mari travesti en femme. Celui-ci subit la première « réassignation » chirurgicale connue dans les années 30. Cette histoire hors du commun a donné lieu à un best-seller international : « The Danish Girl » de David Ebershoff. Ce livre vient de paraître en France, en poche (ed. Phébus).