Enfin! Quelle joie! Je pars lundi, à l'Est, pour 3 semaines. En plus, les températures viennent de s'effondrer !
Je n'ai pas de grandes ambitions pour ces vacances. D'abord de petites villes, tout à fait à l'Est de la Pologne: Zamosc, Bilgoraj, Lezajsk, Lancut, Sanok, Sandomierz. Je ne crois pas que ça évoque grand chose.
Ensuite, je m'établirai en Ukraine, à Lviv (mon point d'ancrage, cette année, c'est le Swiss Hotel). Je rayonnerai à partir de là. Mais je n'ai pas envie de beaucoup bouger. Juste rencontrer mes copains/copines et délirer, pleurer, un peu ensemble.
J'imagine que ça ne fait pas beaucoup rêver. Au regard des standards touristiques actuels, c'est sûrement moche de chez moche. Pourquoi pas aller, plutôt, passer des vacances à Hagondange ou à Fourmies ? Les côtes méditerranéennes sont tellement plus belles. Mais moi, je pense qu'on peut passer des vacances aussi extraordinaires à Noeux-les-Mines qu'à Saint-Tropez.
Certains lecteurs m'écrivent pour me dire qu'ils aimeraient bien m'accompagner dans mes voyages mais ils risqueraient fort d'être décontenancés. A vrai dire, je ne suis pas à la recherche des belles choses mais, plus simplement, de ce qui m'émeut. Ce sont des choses différentes.
Il s'agit d'abord, pour moi, de changer de peau, d'identité: parler d'autres langues, m'habiller différemment, manger autre chose.
Parler français, parfois, j'en ai marre, ça me fatigue! Je pense que je m'exprime correctement mais, émotionnellement, je ne sens pas ça complètement. Ça reste du fonctionnel.
La cuisine ? Je vais être honnête, la cuisine slave, ça n'est pas terrible ! C'est à peine mieux que la cuisine allemande. C'est fruste, basique, mais ça n'est pas déplaisant non plus et ça me manque un peu parce qu'un restaurant russe, polonais ou ukrainien, ça n'existe pas, vraiment, à l'Ouest. Partout où je me suis aventurée, j'ai trouvé ça "à côté" (c'est la cuisine slave telle que les Français se l'imaginent). La vraie cuisine ukrainienne, on ne la mange qu'en Ukraine (et spécialement à Lviv) et je m'en pourlèche déjà les babines. Je rêve déjà de tout un tas de trucs diaboliques: une solyanka au poisson, des varenyky, des harengs, de la carpe, du poisson-chat.
L'habillement, ça, pour moi, c'est le plus important ! Dans un pays slave, on fout la paix aux femmes. On ne se fait pas harceler dans la rue, les cafés, les restaurants. On peut même s'habiller comme des putes, personne ne vous dira rien. C'est vraiment reposant par rapport à la France où il faut gérer 10 frustrés par jour. A l'Est, j'ai l'impression de retrouver une certaine liberté, d'action, de déplacement. Quel soulagement !
Mais évidemment, c'est plus compliqué que ça. C'est sûr qu'on vous fout la paix en Ukraine ou en Russie, mais c'est sûr, aussi, qu'il y a une terrible séparation des sexes. On s'ignore, on vit chacun de son côté (il y a le monde des bonnes femmes et celui des mecs), on est comme des Japonais. En Pologne, c'est différent: on vous fout la paix mais on s'intéresse, en même temps, à vous.
Mais peu importe..., je prépare, en ce moment, mes bagages et ça, c'est très compliqué. 20 kgs, c'est bien sûr absolument impossible pour 3 semaines. Il y a d'abord les incompressibles: 4 appareils photo (je n'ai pas pu résister et je viens de m'en acheter encore un, un très grand angle), 2 tablettes, 10 livres, 10 culottes et soutifs, 10 robes, jupes, chemisiers. Impossible pour moi, en effet, de ne pas changer tous les jours de tenue: je suis tout de même une parisienne! Mais faire un choix pour tout ça, c'est déchirant.
Le pire, ce sont les chaussures: une Ukrainienne qui se respecte doit avoir, au moins, 10 paires d'escarpins avec des talons d'au moins 10 cms. J'essaie de régler ça sur place. Pour les cadeaux aussi, j'ai trouvé la solution : pour mes copines, c'est simple, ce qu'elles souhaitent le plus, c'est que je leur amène de la lingerie française; je suis donc une grande cliente d'Aubade. C'est cher mais ça fait grand plaisir, c'est complètement en phase avec l'esprit du pays et ça ne pèse rien.
Images d'Andreï TARKOVSKY (1932-1986), le grand cinéaste russe. Hormis les deux premières (extraites de son film "Stalker"), il s'agit de Polaroïds qu'il a réalisés lui-même.
Je précise enfin qu'à l'occasion de ses vacances, Carmilla suspend également, comme à l'habitude, ses publications durant 3 à 4 semaines; mais je demeure, bien sûr, toujours, contactable par mail ou commentaire. A bientôt !