Un récent article du journal "Le Parisien" évoquant le harcèlement de rue dans le quartier de La Chapelle à Paris a suscité d'innombrables commentaires. C'est outré, excessif, rien que des propos indignés, extrêmes, partagés selon une logique binaire (de droite ou de gauche), allant de l'incompatibilité culturelle à la manipulation islamophobe.
Je me garderai bien d'avoir un avis tranché là-dessus d'autant plus que c'est trop en phase avec l'esprit féministe victimaire contemporain.
Mais il faut reconnaître qu'en France, fréquenter seule l'espace public (un café, un restaurant), n'est pas toujours évident. Ça contraste avec les pays d'Europe Centrale ou du Nord. Mais risque-t-on vraiment de sérieux ennuis ? Non, évidemment ! La France est, malgré tout, un pays sûr et on ne risque pas de s'y faire violer à chaque coin de rue, même à La Chapelle. Mais c'est vrai que la crainte du harcèlement freine les initiatives. C'est quand même bien une privation de liberté.
C'est fâcheux, c'est une pression insupportable ! Quels qu'en soient les motifs (la bêtise, la frustration, la misère), le sexisme (de même que le racisme) est, évidemment, condamnable et il ne saurait trouver aucune excuse pas même celle d'être un déshérité, un exclu.
Est-il, pour autant, en progression ? Est-ce que c'est vraiment pire qu'avant ? Est-ce que c'est l'Islam ?
On est de plus en plus puritains, il faut le reconnaître ! Ça concerne toutes les sphères de la société, pas seulement certaine catégories sociales ou religieuses.
L'indifférenciation, l'unisexe, c'est devenu notre rêve, notre grand fantasme, et ça trouve, en particulier, son expression dans la théorie du genre.
Bien sûr qu'il faut affirmer la stricte égalité de l'homme et de la femme; Mais être égaux ne veut pas dire qu'on est pareils. On se prive, aujourd'hui, du plaisir de la découverte de l'altérité et, finalement, on a moins de considération et de respect pour l'autre. Curieusement, les hommes et les femmes s'ignorent et se haïssent de plus en plus alors qu'on ne cesse d'affirmer leur absolue identité. Le ressentiment et la rancœur entre les sexes n'ont jamais été aussi forts.
Quoi qu'il en soit, il y a deux manifestations aux quelles j'accorde toute ma sympathie: la journée de la jupe et le mouvement pour que les femmes puissent se réapproprier les cafés.
Images de Natalie SHAU, jeune artiste digitale de Lituanie (Vilnius).