Je n'ai pas d'animaux chez moi. Ce n'est pas que je ne les aime pas mais je n'aurais pas de temps à leur consacrer et je ne veux pas vivre dans leur dépendance. Et puis surtout : comment se déplacer avec un animal ? Aller au cinéma, au musée, dans une librairie ? Pire encore pour ce qui me concerne : voyager, avec un chien, en Iran ( à supposer qu'il soit admis à l'arrivée). Je n'ose songer aux effroyables ennuis avec les "bassidjis".
Mais chez moi, je vis quand même dans une compagnie étroite avec des oiseaux : un couple de merles, un couple de mésanges charbonnières et un autre de mésanges bleues, un rouge-gorge et un moineau. Ce qui est étonnant, c'est que ces huit oiseaux sont installés, de manière quasi permanente, dans mon jardin. Pas besoin de construire une cage, ils sont toujours là. C'est leur territoire farouchement gardé. Il y a quand même eu un grave accident de frontières, l'été dernier, quand un magnifique geai des chênes a chassé tout le monde et s'est installé mais ça n'a duré que quelques jours. Mais mes oiseaux ont eu une telle trouille qu'il leur a fallu des semaines avant de revenir. A vrai dire, même moi, ce gros corvidé au plumage splendide m'impressionnait, je n'avais pas trop envie qu'il reste.
Mes oiseaux, donc, cohabitent tous à peu près, dans une relative tolérance. Les merles se considèrent visiblement comme les propriétaires et patrons du terrain et ils méprisent les autres oiseaux, plus petits. Ils s'occupent en retournant, inlassablement, la terre ce qui m'énerve un peu parce qu'ils défont tout de suite mes plantations. Et puis, ils surveillent toute la journée l'irruption d'intrus pour pouvoir les chasser immédiatement. Sinon, ils passent leur temps à regarder, par les fenêtres de mon appartement, ce que je fabrique chez moi. Ça semble beaucoup les intéresser et ça m'interroge d'ailleurs. Comment est-ce qu'ils me perçoivent ? Un monstre ou quelqu'un d'attirant, avec qui ils aimeraient entrer en contact ? Et même, est-ce qu'ils se rincent l’œil, est-ce qu'ils me jugent sexy ?
Après les merles, dans la hiérarchie aviaire de mon jardin, viennent les mésanges charbonnières. Elles adorent flanquer des raclées aux autres (sauf les merles, bien sûr) et les empêcher de manger. Leurs souffre-douleur, c'est le moineau et le rouge-gorge qui n'en mènent pas large quand ils les voient débouler. Il faut dire qu'elles sont plus habiles et dégourdies que les autres. Et puis, elles n'arrêtent pas de faire du bruit, de chanter; on dit qu'elles "zinzinulent", j'ai appris le mot que je me fais un plaisir de placer.
Cette petite société me fascine. Comment comprendre que des oiseaux choisissent de s'installer à Paris et dans un cour d'immeuble dont ils ne bougent quasiment pas ? Je suis même à peu près sûre qu'ils ne sont jamais allés explorer le Parc Monceau (qui est à 100 mètres) ni, à fortiori, les Champs-Élysées ou le Bois de Boulogne. Le bon air de la campagne, la Nature sauvage, ça ne leur dit visiblement rien.
Il est vrai que chez moi, ils trouvent un certain confort. D'abord, mon jardin est à l'abri de toute agitation, sans vis-à-vis et entièrement isolé de l'extérieur. Pas de prédateur à craindre, donc. Ensuite, je les nourris régulièrement et, tous les matins, à 7 H 30 précises, ils se présentent sur ma terrasse pour réclamer ce qu'ils considèrent être leur dû.
Ça n'est pas si facile pour moi parce qu'à la longue, ces fichus oiseaux deviennent difficiles et exigeants. Les merles, par exemple, le pain, les graines, il n'en est pas question; il leur faut absolument des boules de houx, des vers de farine, des cerises et de petites fraises. Et tout ça doit être de première qualité et pas avarié.
Alors quelquefois, je me mets en colère : vos vers de farine, c'est répugnant et vous croyez, peut-être, que ça se trouve dans toutes les épiceries parisiennes ? Il faut que j'aille jusqu'à Châtelet, sur les quais de la Seine, pour trouver cette horreur. Et les vendeurs m'ont repérée, je vois bien qu'ils se demandent ce que je cuisine avec ça.
Quant à vos cerises, je vous les achète aujourd'hui à 20 euros le kilo et elles viennent du Chili. Et je ne parle pas de vos fraises belges. Mais quelquefois, vos cerises et vos fraises, elles ne vous conviennent pas : pas assez mûres, pas assez rouges. Vous vous rendez compte du scandale ? A l'heure des restos du cœur et du manger local écolo. Vous croyez qu'on offre gracieusement des cerises du Chili et des fraises belges à tous les merles de Paris ? Si je vous vendais à une rôtisserie (qui vous proposerait "faute de grives"), je tirerais à peine le 10 ème du coût de vos cerises.
On a tendance à penser qu'être un oiseau, c'est la liberté absolue. Ça fait rêver ceux qui croient en la métempsycose. Si j'en juge d'après les miens, je dirai que c'est l'exact contraire. Des animaux dominés par la peur, constamment sur leurs gardes, qui sacrifient leur liberté de mouvement à la sécurité et à la nourriture.
On a vite fait de consentir aux contraintes et à la sujétion. C'étaient mes réflexions, il y a encore peu de temps. Et puis, j'ai devisé avec un marchand d'oiseaux. Mais c'est une catastrophe, ce que vous faites là qu'il m'a dit. Vos oiseaux, vous les rendez incapables d'être autonomes, de se nourrir par eux-mêmes. Si vous partez un jour, ils ne sauront plus trouver leur nourriture et ils crèveront de faim. Ce sont des animaux sauvages, les dorloter, les assister continuellement, ça leur est souvent fatal.
Je me suis sentie toute penaude. L'Enfer est souvent pavé de bonnes intentions, dit-on. Souvent, on asservit en croyant protéger. C'est l'écueil des bons sentiments et de la pensée humanitaire. Et peut-être même que nous sommes tellement experts en Art de la dissimulation que notre belle générosité n'est que l'envers d'une cruauté profonde.
Images principalement de Norbertirne Bresslern-Roth (1891-1970), et Theo Van Hoytema (1863-1917). La dernière image, que j'ai déjà postée, est de Wyeth Mc Calls
Dans le prolongement de ce post, je conseille deux livres :
- Dambissa MOYO : "L'aide fatale". Un très bon livre d'économie qui va à l'encontre de nombre d'idées reçues. Il dénonce les ravages de l'aide humanitaire qui détruit surtout l'économie locale et engendre corruption et violence inégalitaire. Plutôt que de dons, les pays en développement ont besoin d'apports en capital.
- Etienne BIMBENET : "Le complexe des trois singes - Essai sur l'animalité humaine". Un rès bon livre de philosophie qui, à l'encontre des écolos et anti-spécistes, montre qu'il y a bien une coupure radicale entre l'homme et l'animal.
Je ne vous connaissais pas ce côté léger et même drôlatique. Merci de m'avoir fait sourire: par les temps qui courent, c'est un cadeau précieux!
RépondreSupprimerBonjour Carmilla et merci pour votre texte très humain !
RépondreSupprimerPeut-on reprocher aux humains de vouloir attirer les animaux sauvages et en particulier les oiseaux, surtout dans la solitude des grandes villes ?
Nous avons besoin de ce contacte non seulement avec les animaux de notre race, mais aussi avec tous ceux qu'il est possible de croiser dans notre environnement.
Je n'ai pas de mangeoire, je ne nourris jamais les oiseaux, pas plus que les autres animaux sauvages, mais je comprend les humains lors qu'ils se pointent aux mangeoires avec leurs victuailles et que les oiseaux les attende. Pour bien des personnes qui vivent seules, c'est un grand moment réconfortant dans la journée. Il ne faut pas l'oublier. Pourquoi ? Parce que les humains, surtout dans les grandes villes, oublient leurs congénères. Ça ne coûte rien de saluer quelqu'un, de s'informer de sa condition, de bavasser un peu avec lui ou elle. Qui plus est, si cette personne soigne les oiseaux, entretient un petit jardin, quelques plantes en pots.
Nous enfermons les gens dans les villes, ce n'est pas une critique, juste une constatation, alors elles peuvent bien nourrir les oiseaux. Ce qui me rappelle une autre de mes constations, que lorsque je descends en ville, il me semble que le solitude y est plus grande que dans mes forêts.
D'autre part, j'habite un endroit formidable, tôt le printemps lorsque les oiseaux reviennent c'est la grande fête à coup de chants, de cris, et d'unions charnelles brèves. La voilà la vraie vie. Ça trépigne de vie sur la rivière. Il me suffit de sauter dans mon canot pour aller voir une fauvette dorée, ou bien un oriole de Baltimore. Comment ne pas s'éveiller et s'étirer le matin au son des merles d'Amériques qui saluent les prémisses de l'aube avec leur chant réconfortant ?
Tout cela est à venir, en y pensant bien, par un samedi matin sous une petite neige par moins neuf degrés; pendant que les habitants du Texas viennent de goûter à la médecine du Grand Nord qui ne les a pas épargnée où tout semble bien figé là-bas ! Il est rare de voir une masse d'air polaire descendre jusque dans le sud des USA. Voilà la suite de notre petite tempête de la semaine dernière. La masse humide s'est poussée en Atlantique, et l'appel d'air article a été irrésistible. Résultat c'est le Texas qui a écopé.
Ici, lorsque le ciel est dégagé et que le soleil brille, si je passe près d'un mur, qui me coupe du vent, je sens qu'il se passe quelque chose, que la lumière solaire est plus forte et qu'elle annonce un renouveau. Ce n'est pas rien, nous avons gagné 2 heures de lumière de plus depuis solstice de décembre dernier.
Les oiseaux vont revenir. Les plantes vont germer. Se sera l'effervescence.
Bonne fin de journée Carmilla !
Richard St-Laurent
J'aimerais bien me faire servir mes boules de houx, mes vers de farine, des cerises et des petites fraises à chaque matin à sept heure 30. (Mes fraises avec de la crème SVP !)
RépondreSupprimerJe peut comprendre qu'ils vous attendent. Les animaux prennent le plie très rapidement.
Remarquez que j'ai une faible pour les cerises et les petites fraises que je préfère aux boules de houx et aux vers de farine.
Vous pouvez vous approvisionnez en fraises en cette époque de l'année ?
Par ailleurs comment ne pas se reconnaître nous les humains qui sommes prêts à sacrifier souvent notre liberté pour la sécurité et la nourriture ?
Du moins par ici, il y a longtemps que n'avons pas connu la famine, et en bons parvenus que nous sommes, nous pensons que cela ne reviendra plus. Un peu de modestie ne nous ferait pas de mal en nous rappelant que rien nous est dû.
La belle générosité comme vous l'écrivez est peut-être la facette d'une grande cruauté. Il suffit d'observer les animaux sauvages, mais aussi les domestiques, ce qui nous ramène à notre véritable nature profonde : Né pour mourir ! Pour certains cela apparaîtra comme une réalité cruelle, mais c'est la vraie réalité. Les oiseaux meurent, nous aussi. Les oiseaux ont peur, nous aussi. Alors peut-on qualifier le chat qui surveille l'oiseau de cruel, tout en sachant que nous allons assister à un meurtre ? Est-ce que le chasseur qui abat son chevreuil en automne est un être cruel ? Plusieurs chasseurs ont cette petite phrase lorsque la bête tombe devant leur canon : « Un autre qui ne souffrira pas cet hiver ! » Je dois reconnaître que le chasseur a raison.
Carmilla, j'aime lorsque vous soulever ce genre de réflexion. Ce qui est beau dans l'affaire, c'est que nous n'en avons pas terminé avec ces réalités qui nous interpellent.
Richard St-Laurent
Est-ce que la vie est aussi sacrée que nous aimons nous le faire croire, ou bien, est-ce nous avons sacralisé la vie au point de perdre notre sens commun ?
RépondreSupprimerRichard St-Laurent
Merci Michael,
RépondreSupprimerJ'aimerais bien, en effet, que mon blog ait une tonalité en général plus drôlatique. Mais ce n'est pas facile si on veut produire, en même temps, un peu de réflexion. Et puis ricaner de tout, tout tourner en dérision, comme ça devient aujourd'hui la mode, ça devient vite glaçant. Un malaise s'installe. L'humour, la moquerie, ont vite fait de fréquenter des zones troubles.
Mais j'espère quand même qu'au total, on ne me prend jamais complétement au sérieux. Je ne suis pas prête à défendre, bec et ongles, mes textes. Des convictions, je n'en ai pas ou, du moins, elles peuvent évoluer.
Bien à vous,
Carmilla
Merci Richard,
RépondreSupprimerJe pense que si j'habitais à la campagne, je ne nourrirais pas non plus les oiseaux. Je pense d'ailleurs que ces derniers sont beaucoup plus mobiles que les oiseaux de la ville. Les miens, ils ne bougent quasiment pas et contrôlent sans cesse leurs frontières.
Moi-même, je dois être très vigilante : ne pas faire venir de pigeons, ni attirer toutes les souris de Paris.
Je crois qu'à Paris, on trouve presque tous les fruits. Des fraises, il y en a même beaucoup en ce moment, de même que des framboises et des myrtilles. De plus, elles sont très bon marché. Il y a même des melons du Sénégal qui ne sont pas mal du tout. Et que dire des fleurs qui arrivent tous les jours d'Afrique et de Colombie ? Les écolos voudraient qu'on consomme uniquement local mais on en est bien loin.
Comment, enfin, aider les autres ? La générosité est nécessaire, bien sûr, mais il faut aussi savoir en évaluer les effets pervers.
Bien à vous,
Carmilla
Bonsoir Carmilla !
RépondreSupprimerLa maison brune de mon voisin avec ses trente centimètres de neige sur sa toiture ressemble à un gâteau au chocolat, on dirait une pâtisserie, un gâteau au chocolat, naturellement je puis preneur, certes, avec une couche de crème.
Ce dimanche appelle à prendre la clé de champs dans le fin fond de l'hiver. Une journée d'hiver parfaite, où vos skis glissent comme un nuage dans le ciel, un pur ravissement. Un ciel bleu, une terre blanche. Où je pourrais trouver une telle blancheur ? Assez pour sentir le centre de la terre. J'ai bien pris mon temps pour repérer les pistes de chevreuils mais aussi ceux des lièvres. Je n'ai vu aucun animal, mais j'ai vu les pistes, assez pour savoir qu'ils étaient autour de moi. Soudain, perché au sommet d'un sapin une corneille qui me lance son cri de joie : Ça s'en vient, ça s'en vient ! Je le sais, le soleil me frappe dans le dos et, jour après jour, il deviendra plus fort, nous sommes partis pour ailleurs, impossible de retenir le temps, de résister, le temps coule même dans la glace. Il nous emporte tous. Je n'ai aucune envie de résister, je me laisse porter. C'est la belle affaire de la chose.
J'ignore si nos mésanges à têtes noires ressemblent à vos mésanges ? Ici, elle occupent, bien leur territoire, elles sont très territoriales, et c'est assez étonnant comment un si petit oiseau peut défendre son territoire. Heureusement qu'elles ne pèsent pas dix kilos, parce qu'aucun humain ne pourrait exister. Effectivement elles zinzinulent, ce n'est pas une chant, c'est une espèce de murmure, un froissement de l'air, comme une trace éphémère dans la neige fraîche. Je les trouve somptueuses. Je trouve le verbe (zinzinulent) savoureux, je ne connaissais pas. On apprend toujours quelque chose avec vous Carmilla !
Reste, que tous les animaux, y compris les oiseaux, je les veut libres. Personnellement un chien ne serait souffrir une laisse, une chat une cage, une vache une chaîne. Les oiseaux sont fait pour voler, c'est leur plus grande nature fondamentale. Ce qui rappelle mon amour inconditionnel pour la liberté, certes né pour mourir, mais aussi pour être libre en attendant la mort. Je suis très heureux, lorsque j'observe le vol d'un pygargue au dessus de ma rivière complètement libre ! Peut-être qu'il trouvera un poisson pour se nourrir, peut-être pas, voilà c'est cela la liberté. Être libre de trouver ou de ne pas trouver.
Bonne fin de nuit Carmilla !
Richard St-Laurent
Merci Richard,
RépondreSupprimerA Paris, on annonce 18 degrés pour aujourd'hui. C'est désolant. L'hiver, s'il y en a eu un, c'est bien fini.
Je pense que les mésanges sont les mêmes dans le monde entier. En France, il y a des bleues (plus petites) et des noires (les charbonnières).
Ce sont effectivement des oiseaux bruyants. Je ne connaissais pas non plus le verbe "zinzinuler". Je le trouve à la fois drôle et poétique.
Je pense comme vous qu'on ne doit pas enfermer les animaux. Mais je suis étonnée par le nombre de chiens à Paris (qui vivent forcément enfermés dans un appartement). Et c'est encore pire à Tel-Aviv. Ça peut donner lieu à de multiples réflexions. Pourquoi ce besoin urbain d'un animal et qui s'adapte à l'autre, l'homme ou l'animal ?
Bien à vous,
Carmilla
Moi non plus, ces températures excessives ne me réjouissent pas. On va cependant revenir à des normales saisonnières dans les prochains jours. Mais j'appréhende toujours le printemps avec angoisse. Trop de lumière, trop de chaleur, des journées interminables, et le sentiment d'assister à une fête à laquelle je ne suis pas invité. En automne et en hiver, au contraire, je me sens chez moi. Je savoure la fraîcheur et la nuit.
RépondreSupprimerBonjour Carmilla !
RépondreSupprimerVotre texte soulève une grande question philosophique, celle du bien qui favorise le mal. Le bien qui cause le mal. Nourrir un animal et lui couper cette faculté de chercher par lui-même sa nourriture. Donner de l'argent à un pauvre pour l'assouvir. L'aide humanitaire qui ressemble souvent à du néo-colonialisme. La bonne intention qui tourne à l'horreur. L'esprit du mal qui se nourrit de l'esprit du bien. Je comprends entièrement votre réaction penaude devant les propos du marchand d'oiseaux. J'avoue que moi aussi, j'ai certaines réticences en me demandant souvent : je donne ou ne donne pas ? Nous voulons tellement le bien que nous faisons le mal. Souvent nous n'arrivons même pas à concevoir que notre bonne action peut causer des dommages. Notre bonne intention nous réconforte, nous rassure, et nous passons notre chemin, sûr que nous venons de poser le bon geste. Pris entre la générosité et l'égoïsme, nous divaguons, si nous parvenons un jour à nous interroger sur ce sujet. Ici, il n'y a pas de réponse simple. Tout cette réflexion remet en question des notions comme le bien et le mal, et ce n'est pas une petite affaire innocente. Nous préférons souvent faire taire notre conscience. Reste que cela laisse des traces dans notre subconscient qui peuvent nous amener jusqu'à la démence. Je pense à un médecin qui sauve une vie, et cette personne qui a été sauvée commet un meurtre quelques années plus tard. Alors, comment doit se sentir ce médecin ? S'il n'avait pas sauvé cette personne, il n'y aurait pas eu ce meurtre. Ce médecin est pris entre son serment d’Hippocrate et ne pas nuire. Nous n'en sommes pas à un paradoxe près ! Je prends en exemple vos deux suggestions de lectures, qui sont loin d'être innocentes, parce qu'elles réfèrent, oui à ces animaux sauvages qu'on nourrit, mais aussi à nos comportements que l'on maquillent de bonnes intentions. N'y a-t-il pas dans ce sujet, qui débouche sur les multiples autres sujets, une part d'absurdité qui heurte de plein fouet notre rationalité ? Comment établir une responsabilité au milieu de ce que je qualifierais de fouillis ? Comment ne pas penser, à tous ces personnes politiques qui sont présentement au pouvoir en ce temps de crise sanitaire, qui prennent des décisions, bonnes ou mauvaises, dans des situations mouvantes, avec des résultats divers, critiqués de toute part, et qui chaque soir se couchent avec leur conscience chargée. Leurs intentions, j'ose le croire, étaient bonnes, mais les résultats n'ont pas été au niveau des espérances. J'espère qu'ils arrivent à trouver le sommeil avant de tomber dans la folie qui les guette.
Bonne fin de journée
Richard St-Laurent
Merci Nuages,
RépondreSupprimerJe partage vos sentiments. L'automne, c'est ma saison préférée.
J'appréhende maintenant les étés qui, à Paris, sont devenus caniculaires et irrespirables sur de longues périodes. Jusqu'à une époque récente, un appartement exposé plein sud était un fort argument de vente. Ça a bien changé depuis quelque temps.
Bien à vous,
Carmilla
Merci Richard,
RépondreSupprimerComment expliquer que des pays comme l'Afghanistan ou le Kosovo, pourtant largement aidés, stagnent et même s'enfoncent économiquement ? Je me souviens aussi qu'on adressait des aides alimentaires aux pays communistes dans les années 80-90. C'était généreux mais ça ruinait l'agriculture locale.
Imaginez, également, que l'Europe livre gratuitement des millions de tonnes de blé et des millions de vaches au Canada. Certains Canadiens applaudiraient mais ce serait en fait une catastrophe pour le pays. Les agriculteurs n'auraient plus qu'à mettre la clé sous la porte.
A l'inverse, depuis quelques années, on assiste à un véritable décollage économique de l'Afrique mais on en parle peu. Ce décollage ne repose plus sur des dons gratuits mais sur des participations à la création d'entreprises et sur la mise en place d'un système financier efficace. Le livre que j'évoque, "L'aide fatale", est particulièrement éclairant à ce sujet.
Bien à vous,
Carmilla
Bonsoir Carmilla !
RépondreSupprimerNous les canadiens, nous sommes bien placés pour parler de l'aide internationale. Nous sommes sans doute selon vos dires, coupables, pendant des années, alors qu'on vendait à rabais du blé canadien et des tonnes de beurre et de lait en poudre aux russes parce que leur système politique était incapable d'assurer des politiques de productions intérieures. À proprement parler, ce n'était pas de l'aide, mais les prix à la tonne étaient tellement minimes que ça lui ressemblait étrangement.
Pour les européens, ils ont bien essayé lors des dernières négociations de l'an dernier sur un espèce de traité de libre échange, pour exporter au Canada certain fromage. Résultats les quotas de productions des producteurs laitiers ont été coupé de 10 %, ce qui sera couvert par des subventions aux producteurs par le gouvernement fédéral canadien. Ce qui va à l'encontre de l'esprit des quotas de production qui est de ne pas surproduire afin de régulariser les prix payés aux producteurs. Ne pas produire plus que la demande.
Il y a deux choses qui devront être réglé en Afrique pour un véritable décollage économique.
1) Régler leurs petites guerres civiles qui minent la confiance. Il y a présentement une quarantaine de ces conflits sur ce continent. Incapable d'assurer la sécurité des infrastructures, exemple les pipelines au Congo, comment peuvent-ils assurer la sécurité des personnes et de la démocratie? Et vous la France vous êtes aux premières loges avec vos détachements militaires sur le sol africain.
2) Un immense problème de corruptions et c'est peu dire. On va les financer pour qu'ils s'achètent des armes ?
Il est clair que le jour une économie digne de ce nom sera opérationnelle en Afrique, vous allez régler votre problème de petits bateaux bourrés de réfugiés sur la Méditerranée. Ces gens qui traversent pour venir en Europe, pour une grande majorité, ne sont pas de réfugiés politiques, mais des réfugiés économiques. Ça il ne faut pas l'oublier.
Richard St-Laurent
Depuis 17 heures, il tombe une belle petite neige sur ma région, mais ce n'est pas une neige franche, parce qu'elle est humide. Nous aussi les températures ont augmentées. Les nuits sont moins froides, et aujourd'hui en forêt il a fait +2 degrés. C'est le premier redoux depuis la fin de décembre.
RépondreSupprimerFévrier achève, il ne reste plus que quatre jours avant d'entrer dans l'inconnu du mois de mars ; parce que mars c'est l'inconnu, on ne sait jamais ce qui nous pend au bout du nez. Nous pouvons encore subir de grosses tempêtes, ou bien nous retrouver sans neige au sol dans moins de trois semaines. J'aurais préféré que le froid s'installe à demeure pour encore un mois.
J'ai coupé des arbres aujourd'hui endommagés par le vent et se déplacer dans cette neige humide n'a pas été facile, surtout lorsque vous avez une scie mécanique à bout de bras.
Je suis bien content d'être rentré à la tanière. La satisfaction d'avoir fait un travail utile. Je regarde cette neige lourde tomber sous la lumière des lampadaires, et ça tombe drue. Excellente neige pour des balles de neige, les bonhommes, ou encore pour planter quelqu'un dans un banc de neige pour un lavage de visage. Ça c'est des trucs de jeunesse. Rire assuré. Et comme la personne est couchée la tête dans la neige, vous en profitez pour lâcher une bonne poignée ne neige à l'intérieur de son chandail sur sa peau nue.
C'est sans doute cette dépression qui me laisse sur un air de folie.
Reste que c'est somptueux ce soir cette neige qui tombe devant les lampadaires. Je ne m'en lasse pas.
Bonne fin de nuit Carmilla !
Richard St-Laurent
Merci Richard,
RépondreSupprimerQuand j'évoquais une aide massive de l'Europe au Canada, c'était bien sûr de la pure science-fiction. Simplement pour préciser que l'offre gratuite d'un bien a des conséquences économiques "perverses", contraires à l'objectif initial.
Sur l'Afrique, vous répondre est trop complexe et je ne suis pas assez compétente. Je voulais simplement souligner que, malgré de multiples difficultés, on a quand même de bonnes raisons d'être plus optimistes. Depuis deux décennies, il y a une croissance économique incontestable et je trouve dommage qu'on n'en parle pas assez. Ce n'est pas un continent condamné au sous-développement.
Merci pour vos descriptions de l'hiver canadien mais à Paris les températures avoisinent 18 ° et les premières fleurs apparaissent déjà.
Bien à vous,
Carmilla
C'est peut-être hors sujet, mais je me demandais comment ça se passe, le couvre-feu à 18 heures. A quoi ressemble Paris avec ces mesures ? Ici à Bruxelles, le couvre-feu va rester en vigueur entre 22 h et 6 h du matin, alors que la Wallonie vient de s'aligner sur la Flandre (couvre-feu de minuit à 5 h 30 du matin). J'avoue que 22 h, c'est très supportable, et même agréable (calme dans la rue après 22 h), mais 18 heures, en effet, c'est très rude ! Comment le vivez-vous ?
RépondreSupprimerBonsoir Carmilla !
RépondreSupprimerExcellente journée aujourd'hui sur le Québec, ciel clair, -18 degrés ce matin au réveil, air sec, vent calme, ciel bleu, pas un nuage dans le ciel, réverbération maximale sur la neige, lumière très intense, lunette d'alpiniste de mise. Nous avons foncé vers la forêt pour terminer de débiter ce restant de fouillis de pruches. Il restait encore des billots à récupérer. Il m'aura fallu plus de trente minutes pour réchauffer mes mains et les oreilles avant de me sentir confortable. Malgré le froid, je n'ai pas eu mal à démarrer le moteur de ma scie mécanique, après se sont les déplacements latéraux le long des troncs pour couper les branches. Le froid rend le bois plus dur à couper, particulièrement pour les pruches. Enfoncement dans la neige, équilibre incertain, dépense d'énergie. Les chevreuils sont venus la nuit dernière pour bouffer les épines de pruches, il y avait des piste partout. Les bêtes sont affamées, j'ai même vu que certains avaient grugé l'écorce de petits sapins. Ce pays est à notre image, dur, sans pitié, mais je ne connais pas fatigue de travail aussi satisfaisante que celle de la dépense physique dans le froid. Pourtant, nous sentons dans le fond de nos entrailles qu'il va se passer quelque chose. L'hiver s'épuise, il tire à sa fin. Il est encore rude, mais nous sommes encore plus rudes que lui. Il suffit de mettre nos visages face au soleil pour sentir sa force irrésistible. Nous avons la couenne dure et nous ne sommes pas de ceux qui fuient au premier froid pour passer l'hiver en Floride. Pour ceux de ma race, nous n'avons que mépris pour la Floride. La vraie vie, c'est ici dans le froid, la poudreuse, la merveilleuse lumière polaire, là où nous nous sentons très vivants. Il fait bon de rentrer le soir venu à la tanière, de se verser un grand verre de scotch et d'avaler comme si c'était un verre d'eau ; après je puis me mettre aux chaudrons pour me préparer un repas gras à souhait que j'avalerai comme un chien de traîneau. La froid ça creuse l'appétit. J'appelle cela : LA BELLE VIE ! La forêt, les bêtes, les arbres, la neige, l'espace, surtout beaucoup d'espace. Nous sommes fait pour ce pays et nous savons que rien ne pourrait nous combler autant ailleurs dans le monde. Voilà l'un de mes sentiments profonds de mon être. Après le repas, il ne me resta plus qu'à laver ma vaisselle, ranger un peu, étirer ma main pour la lecture du moment, afin de pénétrer dans un autre univers inconnu de moi. Je me perds partout et j'ai plaisir à me retrouve au fil des phrases d'étrangers que je ne rencontrerai jamais. À chaque jour, pour réellement se connaître, il faut aller jusqu'à l'épuisement de son énergie. Je recommencerai demain, si les conditions météorologiques me le permettent. Inutile de résister au sommeil.
Bonne fin de nuit Carmilla !
Richard St-Laurent
Merci Nuages,
RépondreSupprimerRien n'est hors sujet.
Cela fait longtemps que le couvre-feu est précoce à Paris (20 H puis 18 H). L'inconvénient, c'est que les transports sont pleins à craquer à partir de 17 H. C'est évidemment assez contraignant (courses, travail)mais je préfère ça au confinement dans le cadre du quel on doit produire, en France, une attestation pour tout déplacement (c'est suffisamment embêtant pour vous dissuader de sortir).
Sinon, à titre personnel, j'en ai vraiment par dessus la tête du Covid qui nous prive de relations sociales et de projets. Le monde est devenu très triste. Je ne sais même pas si je pourrai faire un voyage cette année. Et je ne parle pas du cinéma et des musées. Je m'accroche à l'espoir du vaccin (mais en Ukraine, il n'y a quasiment pas de vaccins, juste quelques doses d'Astra Zeneca).
Bien à vous,
Carmilla
Merci Richard,
RépondreSupprimerOn ne peut pas dire qu'on soit aussi sereins que vous en France. On parle plutôt d'un avenir à court terme sombre et de reconfinement.
L'actualité est anxiogène et la lassitude devient immense. Et puis le printemps arrive, ce qui ne m'enchante pas du tout.
Bien à vous,
Carmilla