La vengeance, elle a retrouvé droit de cité. Elle est même autorisée à s'exprimer dans le discours public.
En France, l'un des films qui a rencontré, cette année, le plus grand succès, ça a été "Le Comte de Monte-Cristo" d'Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte. Inspiré, bien sûr, d'Alexandre Dumas. C'était un bon film, esthétique et séduisant, mais c'est tout de même le récit d'une implacable vengeance et ça n'a suscité aucun questionnement. Sans doute parce que ça épouse bien l'air du temps.
Mais ça n'est qu'un symptôme bénin. Plus inquiétante est la réélection, aux USA, de Donald Trump. On le croyait politiquement mort, il y a seulement 2 ans. Mais il a réussi à revenir de nulle part en étant simplement porté par son désir de vengeance. Et ses électeurs se sont, viscéralement, reconnus dans ce désir. Plus on dévoilait ses infâmies, plus ils adhéraient au personnage et à ses outrances et transgressions. Il est comme nous, nous les revanchards.
Et que dire de Poutine et de la Russie ? Le fond du problème, c'est qu'on y entretient et attise la haine de l'Occident. On ressasse cette idée que l'Occident ne nous aime pas. Qu'il nous méprise même et cherche à nous humilier. Pourquoi ? Parce que nous, les Russes, ne sommes pas dévorés par le matérialisme et sommes plus éduqués et encore porteurs de valeurs spirituelles. C'est cette haine de l'Occident qui alimente l'arrogance russe et son messianisme à la Dostoïevsky: la Russie, sauveur du monde et de sa spiritualité. C'est évidemment idiot mais ça marche.
De plus en plus, la vengeance politique apparaît, dans le monde contemporain, comme le meilleur exutoire aux frustrations et humiliations. Toutes les petites haines et rancœurs se coalisent C'est le libre cours donné à ses instincts et impulsions. C'est le retour de l'axiome "œil pour œil, dent pour dent".
C'est évidemment contraire aux préceptes des quatre grandes religions reposant sur le Pardon et à l'instauration des sociétés démocratiques fondées sur le Droit et la Justice.
Et en matière de pardon, le Christianisme est sans doute la religion qui est allée le plus loin possible. Non seulement, tout pêcheur est susceptible d'être pardonné (même Hitler, même les violeurs et tueurs d'enfants) mais le Pardon doit être accordé sans condition. Plus fort encore, le Pardon doit être accordé au service du Bien spirituel de la personne en faute. Ce sont les paroles du Christ : "Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre".
C'est vrai qu'on se pose tous, sans cesse, cette question ? Comment se comporter face à celui qui vous a agressé(e), violenté (e) ? Est-ce qu'on peut vraiment tendre l'autre joue ?
Sur cette question cruciale, j'ai d'abord été marquée, autrefois, par le récit de l'expérience extrême d'Ingrid Betancourt prisonnière des FARC pendant 6 longues années (2002-2008) dans la jungle amazonienne. Humiliée, enchaînée, violée, affamée, vivant sans cesse dans les tensions relationnelles, la peur et l'angoisse. Et pourtant, le livre relatant sa captivité ("Même le silence a une fin" publié en 2010) ne porte nulle trace de haine envers ses bourreaux. Elle affirme qu'elle a, durant sa captivité, découvert la force du pardon et de la foi religieuse qui lui ont permis de survivre. "Pour pardonner, il faut de l'amour", va-t-elle jusqu'à écrire.
Avec Ingrid Betancourt, j'ai cru réentendre les ultimes propos du Christ sur la Croix: "Pardonne leur parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font".
Mais j'ai vraiment du mal à faire mien ce point de vue. Il subsiste, dans nos sociétés, cette idée religieuse d'une vertu rédemptrice du pardon. Qu'on ne pourrait se sentir en paix avec soi-même et avec les autres que lorsque l'on a réussi à pardonner.
Mais est-ce qu'on peut, vraiment, tout pardonner ? Au point de quasiment placer sur un pied d'égalité le bourreau et la victime. On entretient ainsi une confusion presque indécente, comme si les torts étaient partagés ou que la victime avait plus ou moins consenti. On perd de vue qu'il n'y a qu'une seule réalité, celle d'un agresseur qui a agressé.
Ce qui me gêne donc le plus dans le Pardon, c'est que sa charge repose exclusivement sur les épaules de la victime. Le bourreau, lui, il n'a qu'à attendre un geste de bonne volonté de la part de l'autre.
Allez raconter à une femme qui a été violée, violentée, qu'elle doit pardonner. Une pareille recommandation ne peut que la bloquer, la tétaniser, la plonger dans une dépression encore plus profonde. L'empêcher de retrouver assurance et confiance en elle-même.
Allez raconter cela, aussi, en Ukraine. Je n'y ai écho, chaque jour, que de récits de malheur: des civils soumis à des bombardements incessants, des femmes et des hommes torturés, massacrés, des enfants orphelins, sans abri. Mais curieusement aussi, la population ne s'appesantit pas sur sa détresse. C'est moins une habitude acquise qu'un reflexe de survie.
Aujourd'hui les Occidentaux croient pouvoir imposer la paix en Ukraine. Mais ils se trompent lourdement s'ils pensent que cela peut se faire sans que la Russie soit punie de ses crimes.
Il ne faut pas humilier la Russie, dit-on, il faut savoir lui faire des concessions. Est-ce qu'on imagine qu'après cela, les Ukrainiens seront tout contents de vivre dans une paix illusoire et s'empresseront de pardonner aux Russes ? Le sentiment d'injustice sera effroyable.
On ne peut pas se contenter de prôner la réconciliation parce qu'on ne peut pas, mentalement, pardonner un crime. Pardonner, ça n'est se soucier que du bien-être de l'agresseur. Il faut inverser le rapport: que ce soit, de la part de l'agresseur que soit faite réparation. Il faut, en réalité, qu'une vengeance puisse s'exercer en faveur de la victime et cela, pour son bien-être propre.
Certes, prôner la vengeance, ça peut sembler extrêmement dangereux. Mais je dirais qu'il y a deux types de vengeance:
- Il y a une vengeance associée à la haine essentiellement collective et politique: celle de Trump ou celle de Poutine. Leur esprit de vengeance se développe indépendamment de tout réel préjudice subi, juste quelques petites vexations, humiliations narcissiques. Cette vengeance politique est effectivement à proscrire, éradiquer.
- Et puis, il y a une vengeance personnelle, existentielle. Celle-ci a une dimension morale, elle est une exigence de Justice et de réparation. Cette vengeance là, elle est une vengeance juste, on doit lui faire Droit.
Il faut en finir avec l'hypocrisie du Pardon. On ne peut pas se réconcilier et pardonner sans condition. Et d'abord, le Pardon ne se commande pas. Si je peux pardonner, c'est que ce n'était finalement pas si grave. Et pourquoi d'ailleurs, est-ce à la victime de pardonner, de faire un travail de réparation ? Ne faut-il pas plutôt abandonner ce mot de victime qui laisse entendre qu'elle a été "partie prenante" ? La victime n'est pas victime, elle est d'abord et fondamentalement innocente.
Et je le dis tout net. Il y a de l'impardonnable, de l'inoubliable, de l'imprescriptible dans l'histoire personnelle et dans la grande Histoire. Cela parce qu'il y a du Bien et du Mal entre les hommes. C'est une réalité incontournable par rapport à la quelle demander à une victime de pardonner ne peut que la bloquer. Je dirais même que cette exigence du pardon n'est pas licite.
Il faut se souvenir du philosophe Vladimir Jankélévitch qui était un grand germaniste. Après la seconde guerre mondiale, il a tout simplement cessé de parler et de lire en allemand, d'écouter de la musique allemande, de voir des films allemands, de se rendre dans le pays.
Il y a des choses qu'on ne peut ni oublier ni pardonner, qui ne peuvent s'effacer d'un simple coup d'éponge.
Simplement parce qu'il y a du Mal dans le monde et que le Mal est plus fort que le Pardon. Quelle réponse apporter ? Je ne sais pas..., il faudrait pouvoir bâtir une morale sans Pardon.
Je terminerai avec des considérations personnelles. J'ai la chance de n'avoir jamais été une victime, juste quelques offenses et humiliations comme tout le monde. Mais vis-à-vis de ceux qui me font tort, j'adopte une conduite simple: je ne pardonne pas, je ne me venge pas directement. Je me contente de rayer de mon existence la personne, de l'effacer. Je me comporte comme si elle était morte à mes yeux. Mais faire comme si quelqu'un était mort à ses yeux, est-ce que ça n'est pas l'expression d'une vengeance ?
Images de Pierre-Paul Prudhon, Mickaël Lyam, Volker Rossenbach, Mickaël Thom, Francisco Hayez, Philippe Berthier, Artemisia Gentileschi, Le Caravage, Ilya Repin, Sebastian Vrancx, Pieter Brueghel l'Ancien, Edgard Degas, Franz von Stück, Fernand Khnopff, Félicien Rops, Lucien Levy-Dhürmer, William Bouguereau.
Je recommande:
- Alexandre DUMAS: "Le Comte de Monte-Cristo". J'ai récemment essayé de lire le livre mais je n'ai pas réussi. Je crois que j'ai passé l'âge. Le film, lui, ne m'a pas trop déplu.
- "Limonov" d'Alexandre Serebrinnikov. C'est un autre film intéressant, inspiré, avec distance, du livre d'Emmanuel Carrère. J'ai bien aimé parce que l'arrogance, les détestations et la rancœur perpétuelle de Limonov expriment bien l'âme russe contemporaine.
- Jules Barbey d'Aurevilly: "La vengeance d'une femme". Une nouvelle des "Diaboliques". L'histoire d'une femme altière qui se prostitue.
- Alphonse Daudet: "Les lettres de mon moulin". Il s'agit de la nouvelle "La mule du Pape", cette brave mule qui attendit patiemment 7 ans avant de se venger de son tourmenteur.
- Bruno Bettelheim : "Le cœur conscient". Un grand livre étrangement un peu oublié. Bettelheim, grand psychanalyste, fut témoin direct de Dachau et Buchenwald. Il y développa une méthode de survie pour échapper à la Folie et à la Mort. Il montre en particulier que les rapports bourreau/victime reposent toujours sur une essentialisation de l'autre (le Nazi/le Juif). Et cette polarisation enclenche vite un cycle de meurtres et de vengeances.
Bonjour Carmilla
RépondreSupprimerJe reviens à ma petite phrase : « Ne m’offense pas, et tu n’auras pas besoin de courir après ton pardon. » Il me semble que c’est facile à comprendre. J’en suis venu à cette idée, que le pardon est loin de tout régler, qu’on efface l’ardoise et qu’on n’en parle plus. Au contraire, il faut en parler. Je désire en parler, moi, à qui on a si peu pardonné. Certains humains exercent la justice, et les autres, ceux qui restent dans l’autre clan, qu’est-ce qu’ils exercent ? L’injustice ? Comment ne pas concevoir que l’administration judiciaire n’exerce pas l’injustice avec une odeur de vengeance ? Dans un esprit d’inquisition à la (Judéo-Christianisme) ? Jusqu’au point d’élire un criminel comme président d’un pays. Personne n’ose en parler, soudain les crimes n’existent plus pour une certaine catégorie de personnes. Si les crimes n’existent plus, alors il n’y a plus de vertu. Si un criminel, un usurpateur, et bourreau peut devenir votre représentant, le pardon ne peut plus exister, sans oublier que nous foulons aux pieds notre état de conscience, nos principes de justice et de démocratie, notre pouvoir de nous exprimer, dans notre plus parfaite inconscience. Se taire n’est pas pardonner, l’indifférence demeure impardonnable lorsque nous nous prosternons devant ces genres d’usurpateurs, parce qu’on n’a pas eu le courage d’aller voter lorsque c’était le temps. Nous ne pourrons même plus nous pardonner notre incurie à nous-mêmes. C’est ce qui se produit lorsqu’on évite de prendre nos responsabilités. Ce cheminement, c’est la route de la souffrance, attendez l’imposition des tarifs douaniers à 25%, et n’attendez pas la fin des massacres dans le monde, les suivants se sera nous. Un climat de panique est en train de s’installer dans la classe politique canadienne avec cette taxe de 25% sur nos exportations, parce que nous exportons 75% de notre production industrielle aux USA. Et, tout ce que l’on trouve à faire, c’est d’aller s’agenouiller à Mar-A-Largo comme ceux qui vont se prosterner à Moscou. La soumission est impardonnable, surtout lorsqu’elle est volontaire. Il est tard pour aller courir après son pardon, parce qu’il n’y aura personne pour nous pardonner, il n’y aura que le mépris. Je dénote qu’il y a une certaine tristesse dans le pardon, qui va même jusqu’au dégoût, en passant par la honte. Se serait une très maigre existence que de souscrire à tout cela. Pour l’heure, nous ne méritons pas mieux. Je tiens à souligner votre réalisme Carmilla, aujourd’hui vous avez touché une zone sensible, vous l’avez bien décrite. Le réalisme, il n’y a que cela de vrai !
Bonne fin de journée et merci Carmilla
Richard St-Laurent
Merci Richard,
RépondreSupprimerJe pense, en effet, que la logique du pardon (qui repose entièrement sur la victime) est tétanisante. Elle fait même le jeu de l'agresseur ou de celui qui fait offense. Celui-ci s'en tire finalement à très bon compte.
Dans la vengeance personnelle (j'exclus la vengeance politique), il y a donc souvent un désir de justice, une justice qui, on le sait, ne sera pas exercée par les institutions existantes. Je ne vais donc pas dire qu'il faut l'encourager mais il faut au moins la comprendre. Si quelqu'un nous a humilié ou offensé, on a besoin d'une petite vengeance, au moins symbolique, pour parvenir à se sentir mieux. Ca n'est peut-être pas très beau mais c'est indispensable.
Et comme vous le précisez bien, c'est la soumission qui est, en fait, impardonnable. Tendre l'autre joue, c'est consentir à son esclavage. La vie est malheureusement le théâtre du combat des hommes entre eux. C'est déplorable mais ça n'est pas une raison pour se laisser dévorer, anéantir.
Bien à vous,
Carmilla
RépondreSupprimerBonjour Carmilla
Est-ce que la vengeance peut être une passion ? Peut-être la pire de toutes les passions. Je me demande même si elle peut être classé dans les sentiments humains ? Elle englobe tout dès qu’elle s’empare d’un cerveau, le reste de tous les sentiments s’estompent, on oublie ses amours comme ses comptes en banques, on s’oublie même soi-même dans la vengeance. Elle semble avoir des accointances avec l’adrénaline. Ce n’est plus l’humain qui contrôle sa vengeance, c’est la vengeance qui contrôle l’humain. Donc, une humaine vengeance serait une fausse affirmation. Dans plusieurs systèmes judiciaires si la vengeance origine d’un crime passionnel, les instances juridiques seront plus clémentes sur la durée de la peine. La justice n’est pas toujours aveugle. N’oublions pas que se sont des humains qui jugent d’autres humains. Jusqu’où nous pouvons exercer l’impartialité ? Vous pouvez vivre une passion toute votre vie, avec diverses intensités ; mais lorsque se mélange la vengeance avec la passion, que l’une s’empare de l’autre, que l’une devient l’autre, ce mélange devient irrésistible, très volatile, explosif, se serait dans le sens d’une éruption volcanique. Il semblerait que la vengeance est un plat qui se mange froid, qu’il se déguste avant d’être avalé. Mais, des fois, il se dévore à chaud, immédiatement, sans hésitation, impitoyablement. Difficile d’y résister. Même les dieux ne résistent pas à la passion de la vengeance.
Bonne fin de journée
Richard St-Laurent
Bonsoir Carmilla
RépondreSupprimerJe me demande quelle sorte de satisfaction ressent celui qui vient d’exercer sa vengeance ?
Je comprendre que c’est un sujet qui est tabou, parce que les gens qui exercent cette vengeance, se taisent sur la suite des choses, ils évitent de commenter leur satisfaction, bien sûr, si satisfaction il y a. Cependant, je doute non seulement de la nature de cette satisfaction, mais de son existence même.
La vengeance est un thème compliqué, obscure, difficile à aborder, encore plus, à comprendre et à expliquer. Aussi absurde que cela puisse paraitre, j’affirmerais que la suite de la vengeance c’est : le vide, qui s’enveloppe dans ce silence, qu’on s’efforce d’oublier. On désire s’en éloigner le plus loin et le plus rapidement possible, afin de ne pas épiloguer sur cet événement malheureux.
Peut-être que la vengeance est plus ignoble que la faute qui a provoqué notre colère pour nous amener à cette vengeance ? Est-ce que cela en vaut la peine ? Quelle sorte de satisfaction qu’on en retire ? Après est-ce qu’on peut construire sur tous ces débris ? Est-ce que la vengeance nous enrichi ? Est-ce qu’elle nous apporte un profit ? Est-ce qu’elle lave bien le sang ? Est-ce qu’elle soulage nos tourments
Bonne nuit Carmilla
Richard St-Laurent
Merci Richard,
RépondreSupprimerEffectivement, la vengeance est une passion terrifiante.
Mais peut-être y-a-t-il une vengeance liée à la haine (essentiellement politique) et une vengeance qui réclame justice.
Parce que la Justice, on sait bien que, dans nos sociétés très encombrées de procédures, elle est très longue à s'exercer. En France, cela réclame toujours plusieurs années. Et avant cela, la victime a le temps de s'effondrer psychologiquement.
Cette vengeance qui réclame justice, il me semble qu'on doit l'écouter. Elle est compréhensible.
Quelle satisfaction retire-t-on d'une vengeance ? Probablement aucune dans ce cas là (à la différence de la vengeance-haine). Un simple soulagement, le sentiment de retrouver son identité.
Bien à vous,
Carmilla
Bonsoir Carmilla,
RépondreSupprimerVous employez le pardon à sens unique et cela a pour conséquence une intéressante confusion de celui-ci avec le consentement. Ce consentement ferait alors passer le pardon pour le vice le plus abject. La graphie est adéquate et vous utilisez une majuscule, y aurait-il deux sens ? Oui et non, ou autant dans le double-sens que dans son expression son adresse, sa réception. Dans la vie vous pardonnez et dans l'absolu vous devriez Pardonnez : voilà c'est simple dans un bus vous pardonnez, mais quand donc allez vous Pardonner ? En demandant pardon. En quémandant pardon dans un exercice de rhétorique ou d'écriture, dans un effort intellectuel que vous prendrez et dont tout le monde se foutra de l'accepter ou non, on n'est plus dans un bus. À mon avis c'est l'Absolu (apologétique pascalienne la plus belle de toutes les littératures de la terre), c'est-à-dire qu'en réalité c'est une adresse à Dieu et qu'il me pardonne de mes fautes et que, par transfiguration j'en sorte plus grand plus pur et plus digne de lui. Malheureusement mes propos sont peu clairs, et détournables (curetons). Je suis contre l'inscription du consentement dans la loi, parce qu'il fait porter la charge sur les épaules de la victime qui devra en répondre. Je suis féministe et lgbt, je crois être athée. Mais sur le coup du Pardon, il y a comme un droit canon qui parle antique et tout. Sinon, pour la vengeance, c'est assez triste et bien vu, vengeance et consentement
Merci Paul,
RépondreSupprimerJ'ai l'impression qu'en effet on fait porter la charge du pardon sur les seules épaules de la victime. De l'agresseur, on ne semble attendre aucune initiative. Les Allemands ont-ils demandé pardon, les Russes demanderont-ils pardon ? Je ne crois pas et il en va de même dans le cas de l'agression (physique ou psychologique) d'un individu.
C'est à la victime de pardonner comme si elle était coupable voire consentante. C'est d'autant plus retors que, de son pardon, tout le monde, en effet, s'en fiche.
C'est pourquoi, je comprends "l'esprit de vengeance" pourtant unanimement réprouvé mais qui réclame justice. Une justice (morale et psychologique) que n'accorderont pas les institutions existantes.
Quant à l'Absolu pascalien, il me semble qu'on se situe, en effet, à un autre niveau. Et s'agissant du consentement, je trouve la notion effroyablement confuse. A quoi consent-on d'ailleurs en matière amoureuse ou sexuelle ?
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
RépondreSupprimerÀ méditer:
« Ne pas pardonner est une liberté que l’individu à le droit de s’accorder. »
Sylvie Lavallée
Trahir
Page -281-
La trahison est la jonction entre la vengeance et et le pardon
Richard St-Laurent
En effet, Richard.
RépondreSupprimerMais j'hésite: peut-on trahir ? peut-on ne pas pardonner ?
Se venger en considérant que l'autre n'existe pas, qu'il est complétement sorti de notre vie, qu'on n'a rien à voir avec lui, c'est une manière de s'affranchir de ce dilemme.
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
RépondreSupprimerCelui qui est libre, peut exercer ce droit personnel. C’est sa décision. Cela ne signifie pas qu’il va se venger. Mais, ne pas pardonner peut se transformer en une espèce de vengeance. Tu peux laisser poiroter ton offenseur à genoux devant ta porte barrée. Tu peux l’abandonner à ses tourments avec la ferme résolution de jamais lui pardonner. Reconnaissons, que c’est de loin, supérieur à un stupide assassinat. N’est-ce pas, ce à quoi s’est livré le créateur, lorsqu’il a chassé Adam et Ève de ce célèbre paradis terrestre, pour avoir voulu connaître et expliquer la raison de leur existence entre le bien et le mal ? C’est ainsi que le créateur a manqué à son devoir de perfection. Cependant, personne ne l’a condamné. Je ne connais personne sur cette terre qui a été condamné parce qu’il n’avait pas pardonné. Ne pas pardonné n’est pas une faute, c’est un droit et un privilège.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent
Bonjour Carmilla,
RépondreSupprimerLa question de la matière (amoureuse ou sexuelle) est tout, dans votre question véritablement naïve - consentir à une relation. Cette notion du consenti dans un échange commercial, un achat, un contrat, est largement nécessaire ou primordiale dans une répression des fraudes, mais surtout dans une relation sans sujétion ou purement d'égal à égal (acheteur/vendeur). Dans la loi, l'amour et le sexe ça n'est plus du tout ce qu'on idéalise. Inutile de faire un dessin à des juges. J'ai vu récemment que les footballeurs millionnaires ont recours à des formulaires pour se prémunir de 'complications', et au-delà du sujet qui nous occupe, j'ai noté un détail de prestation (à remplir) en termes exacts
- fellation (réception)
C'est un contrat, qui ne vaudrait immédiatement rien en justice, et on touche le fond des évidences, le consentement jouera systématiquement contre les victimes. Pour ce qui vous concerne l'idée que vous avez de l'amour physique, et qui est plutôt pessimiste, mais aussi absolument pur - le sang le combat le récit des horreurs la soumission ça peut (ah bon?) mal finir et il n'est de véritable amour que ce qui est originel - que peut-être nous n'allons pas savoir jusqu'où consentir quoi, entre adultes consentants, et c'est le piment de la vie. À l'inverse, dans les tribunaux on traduit immédiatement une différence financière, hiérarchique, d'autorité entre les parties qui peut noyer les contours du crime à proprement parler : une "pute" l'a bien cherché, c'est "elle" le coupable, etc.
Voilà pourquoi c'est un tort à mon sens de ne voir dans le Pardon que soumission parceque vous l'avez présenté ainsi, alors qu'il s'agit de l'inverse ! Regardez bien que nous inversons l'Amour sur le même schéma
on n'y passera pas non plus la nuit.
Joyeuses fêtes à vous, terrible vampire
Merci Paul,
RépondreSupprimerJe ne crois vraiment pas faire du consentement la base nécessaire de la relation amoureuse ou sexuelle.
C'est une notion que je n'aime vraiment pas car elle est franchement brumeuse.
J'en reviens à cela: à quoi consent-on en réalité ? Vous le dites bien vous-même, il ne faut pas idéaliser les choses. On consent souvent aussi au pire, c'est à dire au Mal, parce que c'est le Mal et non le Bien qui est séduisant. On peut donc établir tous les contrats possibles, on s'empressera de les déchirer et, de toute manière, comme vous le précisez, ça ne vaudra jamais grand chose en justice. Ca se retournera néanmoins contre les victimes si c'est établi en bonne et due forme.
Le problème, c'est qu'en matière amoureuse et sexuelle, tout est trouble et indistinct, on est tous un peu pervers et on aime la transgression. Et que ça plaise ou non, il y a toujours un rapport de pouvoir entre les sexes (pas toujours au détriment de la femme, d'ailleurs). Dans cette perspective, en effet, le Pardon n'est pas toujours soumission.
Mais la justice ne réclame, quant à elle, que des choses claires et tranchées. On n'en sortira donc jamais,
Joyeuses Fêtes à vous aussi,
Carmilla