samedi 6 avril 2024

Evadée des Ténèbres

 


C'est une question que je me pose souvent: aurais-je aimé vivre à une autre époque que la mienne ?


A de multiples égards, la réponse est évidemment non. A contre-courant du stupide déclinisme ambiant, je crois au Progrès avec un grand P.  Je suis et demeure, en effet, une inconditionnelle adepte de la philosophie des Lumières. Jamais l'humanité n'a atteint un tel niveau de développement matériel et culturel et je suis convaincue que le mouvement n'est pas près de s'arrêter ou de se retourner. Les grands dangers, c'est le repli sur soi, l'esprit de ressentiment et le nihilisme. C'est ce qu'avait théorisé Alexis de Tocqueville sous la forme de la contagion généralisée de la jalousie et de la haine. On commence malheureusement à être submergés par ça aujourd'hui.


J'aime donc le monde dans lequel je vis et je n'ai pas envie de l'échanger. Ma grande réserve, c'est cette impression que j'ai souvent de vivre dans un monde gris et atone. Celui de la banalité dans le quel il est souvent englué et où tout se vaut, tout est indifférent. Celui de la marchandisation générale grâce à laquelle tout peut s'acquérir, tout peut s'échanger. Les choses sans prix, inéchangeables, ça n'existe plus. Tout peut s'acheter par l'argent, même les émotions. 


Le 20ème siècle et son prolongement actuel, c'est celui de la naissance de l'ennui et de la dépression qui sont devenus les formes vides de nos existences. On vit désormais sous anesthésiants permanents (thérapies du bien-être, loisirs grégaires, addiction au monde virtuel des réseaux sociaux). C'est le triomphe du conformisme et de la pensée commune. Et d'ailleurs, on ne pense plus mais on juge, on cloue au pilori les dissidents.



C'est ce que Spinoza appelait "les passions tristes", celles qui composent la vie sans intensité qui est la nôtre .



La saveur de la vie, voilà ce qui nous manque aujourd'hui. Cette "âpre saveur de la vie" qu'évoque admirablement l'historien J. Huizinga dans son "Automne du Moyen-Age". Cette époque sans doute cruelle et violente mais au cours de la quelle tout était vécu avec une extraordinaire intensité parce que les contrastes étaient plus forts (la vie et la mort, les saisons, les couleurs) et que chaque événement était ritualisé (des fêtes délirantes et magnifiques). Le Moyen-Age était d'une extraordinaire vitalité avec une interpénétration constante de l'imaginaire et de la réalité. Chaque instant vous scarifiait, vous marquait au fer rouge, tant il était éprouvé avec force.


Sans remonter jusqu'au Moyen-Age, on peut aussi évoquer, au risque d'indigner et d'être taxée d'affreuse réactionnaire, le 18ème siècle, le dernier âge de la monarchie absolue. C'est très compliqué... certes l'existence était rude sous le règne des Bourbons: des hiérarchies immuables, un poids écrasant de la religion, la mort et la faim omniprésentes. Mais, en même temps, un "air de liberté" a soufflé sur l'esprit du siècle et une multitude d'écrivains, de peintres, de musiciens témoignent d'une existence heureuse et d'une véritable douceur de vivre. 


Un "art de vivre" à la française, un art raffiné (notamment d'un féminisme audacieux et avancé) dans le cadre duquel la liberté des mœurs et de pensée a été portée au plus haut. Qu'est-il d'ailleurs, de plus beau, de plus puissant, que la littérature française du 18ème siècle, à la fois limpide et subversive ? Des bouquins qui nous font rougir encore aujourd'hui et même nous scandalisent. Ce fut le siècle des Libertins. En comparaison, la littérature contemporaine française, sociale, sociétale, engagée, apparaît mièvre et popote: une littérature de bonnes sœurs pleurnichardes. Ca ne m'aurait donc pas déplu de vivre au 18ème siècle à condition, bien sûr, d'être une marquise et de tenir, au lieu d'un misérable blog aujourd'hui, un salon littéraire.


Changement de décor complet au 19ème siècle avec la naissance de la société démocratique et industrielle. C'est aussi l'éclosion du monde petit-bourgeois et calculateur. La réduction de chaque chose à son aspect utilitaire, mercantile. Celui de la rapacité économe, de l'avarice sordide. L'aplatissement général des passions et de l'imaginaire, la banalisation de la vie et de l'amour.


Là-dessus, Balzac a tout écrit. Le 19ème siècle a inauguré le "désenchantement du monde" et, aujourd'hui encore, on n'est pas sortis du processus et de ses conséquences psychologiques. C'est le message de Nietzsche dans "le Gai Savoir" ("L'insensé"): 


Dieu est mort mais "nous tous, nous sommes ses assassins ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment avons-nous pu vider la mer ? Qui nous a donné l'éponge pour effacer l'horizon ? Qu'avons-nous fait lorsque nous avons détaché cette terre de la chaîne de son soleil ? Où la conduisent maintenant ses mouvements ? Où la conduisent nos mouvements ? Loin de tous les soleils ? Ne tombons-nous pas sans cesse ? En avant, en arrière, de côté, de tous les côtés ? Y-a-t-il encore un en-haut et un en-bas ? N'errons-nous pas comme à travers un néant infini ? Le vide ne nous poursuit-il pas de son haleine ? Ne fait-il pas plus froid ? Ne voyez-vous pas sans cesse venir la nuit, plus de nuit ? Ne faut-il pas allumer les lanternes avant midi ?"


Le retrait des dieux du monde, de tous les dieux, c'est effectivement l'événement le plus important de l'histoire de l'humanité. Mais en tuant Dieu, on a aussi tué le mystère, le sacrilège, la passion.


Tout est plat aujourd'hui, sans profondeur, ni transcendance. C'est l'épuisement du "règne de l'invisible". Il n'existe plus que des choses claires et compréhensibles. Rien que des gens bien peignés, sans zones d'ombres, entièrement prévisibles. Evidemment incapables de grands sentiments, de dépassement d'eux-mêmes.


L'art et la littérature sont à l'image de ce nouveau monde: de plus en plus abstraits, désincarnés, puritains. Baignés dans la lumière de leur fausse clarté, de leur mensongère évidence.


De ténèbres, il n'y en aurait plus. Mais c'est précisément ce que je me refuse à penser. On continue tous d'être tiraillés, j'en suis convaincue, par "cette part obscure de nous-mêmes" qui nous effraie et nous fascine à la fois. On sent bien qu'on est à la fois soi-même et un(e) autre. Qu'on est capables du pire comme du meilleur, qu'on est à la fois des saints et des criminels.


Nous nous croyons modernes parce que, dans nos sociétés occidentales, le visible aurait effacé l'invisible. On est devenus incapables de considérer que ces deux dimensions continuent de coexister, qu'elles sont même étroitement imbriquées, et que l'invisible ne cesse d'affleurer, de toquer à la porte de notre vie consciente. Etrangement, c'est dans un pays aussi moderne que le Japon que l'on continue de considérer que le réel ne se réduit pas à son apparence mais qu'il est littéralement hanté, peuplé de fantômes et de monstres.


Moi, ça m'a toujours beaucoup travaillée et ça continue de le faire. J'ai déjà évoqué ma passion gothique adolescente et mon goût pour le roman noir. J'étais évidemment outrancière mais je renie pas ça. Bizarrement, j'avais surtout du succès auprès de messieurs bien installés. Je crois que je les secouais gravement.


Mais c'est ça la vraie vie: ne pas se laisser réduire à sa façade sociale, trouver des portes de sortie, un appel d'air. Oser remuer ses ténèbres et leur donner expression.






































Images de Edward OKUN (cet enterrement étrange, peint en 1914, a pour titre: "les quatre cordes d'un violon"), Jerzy ROJKOWSKI, BRUEGHEL l'Ancien, FRAGONARD, Caspard David FRIEDRICH, Salvador DALI, Carlos SCHWABE.

Je recommande :

D'abord deux bouquins d'histoire (sociale et littéraire)

- Agnès WALCH: "La vie sous l'Ancien Régime". Un livre absolument singulier qui ose évoquer la "douceur de vivre" sous l'ancien régime. Sont notamment évoqués l'amour, les fêtes, les sens, le paraître, la violence, les lettres.

- Annie LEBRUN: "Les châteaux de la subversion.". Le grand livre consacré au roman gothique du 19ème siècle.



Enfin deux nouveautés marquantes :

- Sheridan Le FANU: "Oncle Silas". Les éditions Corti viennent de rééditer ce grand thriller gothique du 19ème siècle. Sheridan le Fanu (l'auteur de "Carmilla") était admiré par James Joyce et Jorge-Luis Borges. Dans l'"oncle Silas", il décrit admirablement la peur d'une jeune fille, ses émotions les plus intenses et sa perception altérée du réel.

- Olga TOKARCZUK : "Le banquet des Empouses". Un grand bouquin par la Prix Nobel 2018. Ca démarre par une espèce de parodie de "la montagne magique" de Thomas Mann dans une "pension pour messieurs" des Sudètes polonaises. La grande occupation, c'est un concours de propos misogynes. Mais bien vite, ça prend une dimension fantastique en se peuplant d'"empouses", ces vampires femelles, ces succubes, de l'Antiquité. Une ambiance résolument gothique qui nous interroge sur la puissance déstabilisante du féminisme.

Je vous conseille, en outre, d'aller voir l'excellent film d'Elise Girard: "Sidonie au Japon" avec Isabelle Huppert. Il y est bien montré que pour les Japonais, le réel ne se réduit pas à sa dimension prosaïque mais est toujours à double tiroir, ouvrant accès aux spectres et revenants. Le monde demeure enchanté au Japon. C'est sans doute lié à l'influence, qui demeure très forte, de leur religion principale, le shintoïsme.



15 commentaires:

  1. La saveur de la vie?

    Mais, quelle saveur a la vie?

    Nous pouvons rêver comme vous le faite Carmilla, imaginer un autre bonheur, à une autre époque, là vous tombez : (dans c’était meilleur avant), on peut toujours rêver de tenir un salon littéraire mais pour ce faire, il fallait appartenir à une classe favorisée par la naissance et la fortune, où la vaste majorité des humains étaient illettrés. Qui rêve aujourd’hui de chausser les souliers d’une marquise? Il y avait peut-être aussi des salons littéraires misérables, qui n’avaient rien à envier à votre (misérable blog), comme vous l’écrivez. Peut-on qualifier ces propos de (misérabilisme)? Ce qui me surprend de votre part. Cette ambiguïté d’aimer le monde moderne, avec cette touche de nostalgie, que c’était très bien hier, pourvu qu’on fasse partie d’une certaine élite minoritaire, qui n’allait pas résister à la révolution française, le socle du fondement de cette nation. Je rappelle, que le mot révolution contient toujours l’expression : évolution. Nous pouvons nous interroger sur le sens de l’évolution, qui n’est pas toujours politiquement correcte, parce que l’évolution n’a pas de politique, et surtout elle n’est pas correcte, et qu’elle ne se dirige pas toujours dans le sens qu’on voudrait lui donner. Ce qui nous force à nous adapter. Le mystère suit toujours l’ignorance de près, avec une odeur de suspicion, nous pouvons le constater aujourd’hui, que malgré tous nos algorithmes, cette ignorance est de retour au pire dans une indifférence crasse de peur, qui fait fuir la passion. Pourtant nous n’avons jamais eu une vie si facile, avec autant d’opportunités de toutes sortes pour combler nos vides intérieurs. Nous avons le choix, mais nous n’arrivons plus à choisir. Nos belles contestations ne sont plus que des cendres. Nous avons peur d’avoir peur. Être dans la passion c’est souvent une possibilité de souffrir. Nous pouvons reprendre les paroles de Baumgartner, le personnage principal du dernier roman de Paul Auster : « Vivre c’est éprouver de la douleur, et vivre dans la peur de la douleur, c’est refuser de vivre. » (Paul Auster, Baumgartner, page 58). Toujours pertinent Auster! Il ne s’est jamais privé de critiquer sa société américaine. Oui, il y a encore des personnes qui ont des pensées sur cette terre. Nous pouvons peut-être penser que tout n’est pas perdu. Nous pouvons être désolé de nos réalités, ne fermons pas les yeux, toutes ces situations vont nous projeter ailleurs, et encore une fois se sera une révélation. Comment ne pas méditer les paroles de Leibniz : « Il semble qu’une trop grande commodité n’est pas bonne dans la mesure où elle fait que les hommes perdent sans s’en rendre compte leur vie en même temps que leur temps, et qu’ils n’en font pas plus un usage sobre qu’ils ne la ressentent. » (Leibniz). Serions-nous présentement, dans une époque de trop grandes commodités, de trop grandes facilités, ce qui nous donne l’impression de perdre notre temps dans la plus parfaite inconscience? Inutile de s’en faire, ce n’est pas la première, ni la dernière fois, que nous vivons ce genre d’expérience dans l’Histoire. Mais à chaque occasion que nous traversons ces époques, une certaine paralysie apparaît, que nous n’arrivons pas à nous défaire. La richesse n’est pas toujours le confort, et la pauvreté n’est pas toujours un empêchement. Nous pouvons le constater quotidiennement, ce monde est de plus en plus complexe, et d’autre part nous refusons cette complexité. Ce qui fait de nous les êtres les plus étranges qui ont habité cette planète.

    Bonne fin de journée Carmilla

    Richard St-Laurent

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  2. Merci Richard,

    Il va de soi que je plaisantais. Bien sûr que je ne rêve pas de vivre au 18ème siècle !

    Simplement, il faut peut-être savoir corriger notre regard sur cette époque. On en a, en France, une opinion unanimement négative.

    Mais il suffit de considérer toute la production littéraire et artistique de ce siècle pour se dire qu'il ne se réduisait pas à la misère et l'oppression continuellement décrites.

    Il a aussi été celui d'un certain bonheur de vivre. Et ça ne concernait pas que quelques individus isolés. A peu près tout le monde essayait de rivaliser de culture et d'éducation. C'était à qui saurait le mieux parler, écrire, trouver le bon mot; à qui saurait se montrer élégant, poli, distingué.

    Les gens les plus appréciés, c'étaient ceux qui avaient l'art de la politesse, de la conversation et une bonne plume. Et on n'a sans doute jamais écrit aussi extraordinairement bien qu'au 18ème siècle. Et il ne s'agissait pas que des grands écrivains mais d'une multitude de gens de la classe alphabétisée. On vous jugeait largement sur la qualité de votre écriture.

    Et tous les écrits du 18ème siècle témoignent d'une extraordinaire liberté de pensée et de mœurs. C'est fascinant en comparaison de la police de pensée qui règne aujourd'hui.

    Le 18ème siècle a donc aussi été un siècle de liberté et d'élégance. Et il a porté, au plus haut point, un véritable art de vivre à la française. Même envers les femmes, il y avait tout un code de respect et de courtoisie qui était très avancé.

    Je ne suis nullement nostalgique mais on ne peut pas non plus effacer cela.

    En regard du 18ème siècle, nos sociétés apparaissent, sur bien des points, extraordinairement conformistes. Et c'est vrai, qu'on ne sait plus goûter la vie. On préfère la perdre, en toute inconscience, dans une multitude de passe-temps, d'activités anesthésiantes.

    Comment tuer l'ennui, c'est devenu notre préoccupation première. C'est sans doute dommage.

    Bien à vous,

    Carmilla

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  3. Bonjour Carmilla

    Vous plaisantiez? Je pensais que vous aviez pas le sens de l’humour, et que vous étiez aussi sérieuse qu’un caustique professeur d’université. Que vous étiez dépourvue de l’art du rire. Vous semblez tellement sérieuse dans vos écrits. L’humour fait parti des saveurs de la vie. Sens qu’on semble avoir perdu. (Prenez note, qu’ici, je plaisante.)

    Ce qui m’intéresse particulièrement dans vos propos, c’est l’ennui, sans doute le plus vaste sujet de notre univers contemporain. Les gens s’ennuient. Comment peut-on s’ennuyer aujourd’hui? Je dois être encore mal fait, à contre-courant, personnellement, lorsque je me réveille le matin, je ne pense jamais à l’ennui. Je ne me suis jamais ennuyé dans ma vie. Je pense que cette journée qui débute va être meilleure que celle d’hier! Comment peut-on perdre son temps, pendant qu’il y a tellement de sujets à découvrir? Faut-il être toujours actifs comme des queues de veaux? Mardi dernier je suis parti seul pour une randonnée en forêt. J’ai vécu une excellente journée, à respirer sous les arbres, à observer des chevreuils, et surtout admirer un énorme porc-épic perché sur une grosse branche d’un érable gigantesque, qui se faisait chauffer le couenne au soleil. Il avait l’air tellement confortable et heureux, que c’était un plaisir de le regarder. Le véritable plaisir du bonheur de l’autre.

    À regarder les humains courir, je me demande si nous n’avons pas perdu le sens profond de la vie? Je sais, c’est une interrogation qui transpire l’inquiétude, ça suinte de toute part.

    Peut-être un certain bonheur de vivre? Je ne suis pas inquiet pour moi-même; mais les humains devraient s’inquiéter sur ce « certain bonheur. » Un certain art de vivre, ce qui est encore plus que le bonheur. Est-ce que les hommes sont rendus à ce point, incapables de grands sentiments, et surtout de dépassement d’eux-mêmes? C’est une belle, grande, et grave question?

    Sur le fond, il y a peut-être un manque de marque, de repère, d’assurance, nous avons créé les dieux, inventé les religions, policé nos sociétés; et nous en avons fait une indigestion, comme on ne manquera pas de faire une indigestion de toutes nos technicités. C’est peut-être le propre de l’homme de se détacher souvent violemment de ses créations, d’errer sans but, et se s’ennuyer.

    La photo 6 c’est de qui? Elle me plaît parce qu’elle est mystérieuse.

    Bonne fin de journée Carmilla, ce fut un plaisir encore une fois.

    Richard St-Laurent

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  4. Merci Richard,

    Je ne pense pas qu'on puisse faire de l'humour en toutes circonstances et avec tout le monde. C'est tout de suite (intentionnellement ?) mal interprété et ça a vite fait de se retourner contre vous. C'est quasiment impossible dans la vie professionnelle du fait des relations hiérarchiques. C'est difficile avec de simples connaissances. Passer pour un rigolo, une rigolote, ça vous met tout de suite en position d'infériorité. Surtout une femme car les hommes s'enhardissent tout de suite vis à vis d'elle.

    Je crois quand même que je peux être drôle mais uniquement avec des amis et des gens que je connais bien. Quant à mon blog, je pense que les thèmes que j'aborde ne prêtent pas franchement à la rigolade.

    Quant à la question de l'ennui, puisqu'on parlait de philosophie récemment, je crois qu'on peut évoquer le philosophe Schopenhauer, dont la vie est un roman fascinant, et qui a fait de l'ennui la caractéristique première de la modernité. Ce qui est amusant, c'est qu'il considérait les joueurs de cartes dans les cafés comme l'incarnation même de l'ennui. Aujourd'hui, ce sont évidemment tous les accros au smartphone.

    Moi, je me suis ennuyée dans mon enfance mais ça s'est révélé très bénéfique. J'ai découvert dans la lecture le moyen d'échapper à l'ennui.

    Grâce à elle, je ne m'ennuie jamais. Ma seule inquiétude, c'est de ne pas avoir de bouquin sous la main. Je me souviens de vacances passées en Turquie quand j'étais étudiante. J'en conserve un mauvais souvenir parce que la compagnie aérienne avait égaré mes bagages et les livres qui étaient dedans. Pendant tout un mois, j'en avais été réduite à lire le seul bouquin que j'avais pu trouver: un dictionnaire français-turc. J'en étais presque folle.

    Quant à l'image n°6, ce n'est pas une photo mais une peinture d'un artiste polonais contemporain, Jerzy Rojkowski.

    Bien à vous,

    Carmilla

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  5. Bonjour Carmilla

    Schopenhauer avait entièrement raison, les jeux de cartes, c’est de la perte de temps, comme tous les jeux de hasard. Je n’ai aucune affinité avec ces personnes qui s’adonnent aux jeux de hasard, nous qui passions notre temps dans le nord, à contrer toutes sortes de hasards. Certains s’en sont sortis, d’autres sont morts. J’ai toujours penser que j’avais autre chose à faire que de jouer aux cartes ou aux dés, et que je n’allais pas payer des impôts directs en achetant des billets de loto. Il appert, que certaines personnes sont fragiles face à l’ennuie juste sur le bord de la dépression, le tout sans humour et sans esprit. Ce qui les laissent dans un vide sidéral. Ils et elles sont vulnérables. Faut croire qu’une bonne partie de l’humanité baigne dans ces eaux-là. Aujourd’hui, ils s’adonnent à des jeux vidéo débiles. Si je ne m’abuse : Schopenhauer, c’était cette beauté physique incommensurable? Il aurait pu concourir avec Voltaire et Jean-Paul Mara pour le concours de beauté masculine à son époque.

    Nous sommes arrivés à la lecture par deux chemins différents, vous c’est l’ennui qui vous a fait découvrir la lecture; moi c’est la révolte contre tout ce qui était défendu, je grondais de révoltes, mais cette révolte ne menait à rien si elle n’était pas étayé par des arguments solides, ce que j’allais pêcher dans la lecture. On peut dire que cela m’a bien servi.

    Au contraire, je pense qu’on peut pratiquer l’humour en toutes circonstances et surtout avec tout le monde, même ceux que vous ne connaissez pas. Peut-être plus avec des inconnus. C’est une bonne manière de savoir à qui vous avez affaire afin de vérifier leur degré de tolérance. S’ils embarquent dans le jeu, c’est gagné. Que se soit dans un bistro parisien ou à La Chapelle Sixtine, ou en canot avec un indien, l’humour a toujours sa place.

    Oui, je lis beaucoup parce que je n’ai pas l’impression de perdre mon temps; mais aussi, je peux vivre sans livre, dans mon autre dimension, des fois pour revenir enrichir mon quotidien, il faut aller faire une randonnée, coucher sous la tente, s’émerveiller des environs, et s’occuper de son feu de camp, traverser un univers dont vous ne comprenez pas la langue, et rencontrer des animaux étranges. Vivre avec peu, se contenter du strique nécessaire. La belle vie quoi!

    Oui, j’aime particulièrement la toile no.6, et j’aurais bien aimé connaître cette dame qui s’accorde parfaitement avec l’atmosphère de cette grande salle vide. Est-ce l’ennui, ou bien le mystère? À L’ennui, je préfère le mystère. J’aurai une chance au moins de l’expliquer.

    Bonne fin de journée Carmilla

    Richard St-Laurent

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  6. Merci Richard,

    Je ne joue pas non plus aux cartes mais je crois, néanmoins, que certains jeux réclament un minimum de réflexion.

    Mais il est vrai que beaucoup d'occupations humaines, de "loisirs", ne sont aujourd'hui que des manières de "tuer le temps". Cette expression terrible est bien adaptée à notre époque.

    Mais je ne veux pas non plus juger. On a le droit de préférer d'autres activités à la lecture.

    Personnellement, je me vois très mal passer des vacances en pleine nature sous une tente et auprès d'un feu. En fait, j'aime surtout les villes.

    Schopenhauer était, en effet, un personnage très singulier. Il ne craignait pas de déplaire: irascible, misogyne, misanthrope, détestant sa mère (une femme très brillante qui fréquentait Goethe), n'aimant que son chien (ses voisins le disaient aussi laid que son chien, un affreux caniche). Sa vie était extraordinaire, il a notamment beaucoup voyagé. Je m'y suis intéressée parce que je connais assez bien la magnifique ville de Gdansk (ancienne Dantzig) où il a vécu.

    Enfin, quant à la pratique continuelle de l'humour, je pense tout de même qu'il faut éviter de se faire catégoriser par les autres. Etre considéré comme le rigolo de service, c'est être placé en position d'infériorité. C'est ce qui fait la cruauté des rapports humains: on cherche à vous enfermer dans une image; c'est pourquoi, il ne faut pas donner prise à l'autre.

    Bien à vous,

    Carmilla

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  7. Bonjour Carmilla

    Hier après-midi nous avons vécu un événement grandiose. Ma région des Cantons de l’Est a été plongée dans le noir à cause de l’éclipse solaire.

    Dès 14 heures, j’ai senti et constaté que la lumière changeait de teinte continuellement. Les conditions étaient parfaites, ciel clair, pas un nuage, température 15 degrés. Ce qui nous a changé de la grisaille habituelle. À chaque fois que je regardais à l’extérieur ou que je sortais de ma tanière, cette luminosité tout à fait particulière se métamorphosait, son intensité s’estompait, c’était comme si nous entrions dans un autre monde, mais aussi dans une autre dimension, celle du plus grand et du plus puissant que soi.

    Ce qui m’a intéressé plus que l’éclipse lui-même, se sont les phénomènes naturelles qui découlaient de cet événement. Peu avant l’éclipse, j’ai remarqué que les chants d’oiseaux n’avaient plus les mêmes tonalités, un peu comme avant le couché du soleil, ce fut un moment très bref précédant le noirceur, puis ce fut le silence. Je voulais aussi savoir combien de degrés qu’on allait perdre. J’avais installé mon thermomètre à l’extérieur, qui indiquait toujours 15 degrés. Dès que la noirceur s’est installée, ce fut une descente rapide de la température, en trois minutes, le temps de la noirceur totale, nous avions perdu 8 degrés! C’était vraiment intéressant. J’ai pensé, que si le soleil cessait brusquement ses activités, la terre et les humains n’en n’auraient plus pour longtemps à vivre. Puis, j’ai levé la tête pour observer les étoiles, et j’ai senti que je faisais parti d’un tout, que j’étais à la fois vulnérable et puissant, que nous pouvons tout, mais aussi que nous pouvions disparaître rapidement. Ce fut trois courtes minutes qui nous ont ouvert la porte sur l’infini. Dans nos petits quotidiens confortables, nous pensons peu à l’espace sans limite. Quelques fois, nous relevons la tête sous un ciel étoilé, ce qui ressemble plus à une routine, qu’à une observation qui appelle à la réflexion. Nous sommes venus de loin, nous sommes de la poussière d’étoile comme l’écrivait Hubert Reeves, et j’ose croire que nous pourrons encore aller plus loin. Et, pourquoi pas…? Ce fut un moment, où je me suis senti merveilleusement bien, où mes désirs n’avaient plus d’importance.

    La lumière est revenue comme elle était disparue. Soudain les oiseaux se sont remis à chanter, les lumières automatiques se sont éteintes, la vie a repris son cours lentement. Et qui sait, si dans un endroit du cosmos très éloigné de nous, se produit à l’instant même, un phénomène dont nous ignorons tout, et qui affectera la terre dans un avenir lointain? À cette réflexion, j’ai eu, un étrange rire! La température n’est pas remonté à 15 degrés, j’ai été obligé de revêtir un chandail.

    Dans de tels moments, il fait bon de se sentir vivant!

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  8. Il est étrange de parler de tuer le temps après un éclipse comme celle que nous venons de vivre. Si nous voulons tuer le temps, c’est que nous désirons nous tuer nous-mêmes; et cette action porte un nom : le suicide. Ce qui révèle un manque d’émerveillement. Nous ne savons plus regarder, ni sentir, ni éprouver, pour nous absenter de nous-mêmes. Cette vie serait banale? C’est peut-être nous les humains qui sommes banals dans notre très grande inconscience. Cette planète que nous habitons est vraiment exceptionnelle, tellement, que dans notre environnement immédiat, c’est la seule planète où la vie existe. N’est-ce pas à la fois, étonnant et inquiétant? Mais oublions les inquiétudes et surtout cherchons à nous étonner. Pourquoi cette absence de vie sur les autres planètes? Pourquoi, tout ce vide dans l’espace sans fin? Qu’elle est cette signification du vide? Tout cela je l’avoue, c’est grisant, passionnant, et merveilleux.

    Je suis en train de réaliser un beau projet que je caressais depuis longtemps : tout lire Amin Maalouf, quitter ses essais pour aller vers son imaginaire. Je viens de terminer hier soir : Le périple de Baldassare, une histoire ancienne qui se déroule vers 1665 et qui débute au Moyen Orient. Une histoire de voyages, d’une course éperdue pour retrouver un livre dont le titre est : Le Centième Nom, protéger un amour impossible, côtoyer le vol, le mensonge, et la corruption quotidiennement, je me suis laissé emporté par ces multiples histoires. L’autre ouvrage qui m’a enchantée, c’est : Le rocher de Tanios qui se situent dans les montagnes du Liban, qui m’a fait l’effet plus d’un conte que d’un roman, où s’étirent les rivalités entre les villages dans la montagne. Tanios, qui est un illustre inconnu et que sera poussé à jouer un rôle politique dans son pays sans l’avoir demandé, ni souhaité. J’avoue que j’ai été charmé comme si on m’avait raconté un conte. Je me suis même promené dans la tanière en m’en lisant des bouts à haute-voix.

    Ce que j’aime, c’est de me faire raconter des histoires. L’être humain peut chanter, jouer de la musique, inventer, réparer et détruire. Et, il peut envelopper le tout dans des histoires. Plus je lis Maalouf, plus il m’étonne. Le voilà mon projet de lecture pour cette année en plus de tous les autres ouvrages qui ne manqueront pas de croiser ma route.

    « Mais les songes sont libres de toute maison et de toute convenance, libres de tout serment, libres de toute gratitude. »

    Amin Maalouf
    Le périple de Baldassare
    Page 486

    Ce qui m’a rappelé : Le songe et l’éveil

    Bonne fin de journée Carmilla

    Richard St-Laurent

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  9. Merci Richard,

    Curieusement (ce n'est vraiment pas l'habitude dans les médias d'évoquer l'étranger), on a parlé, en France, de votre grande éclipse. J'imagine que c'est impressionnant. Ce sont surtout les oiseaux qui ont du être perturbés. J'imagine la tête de mes merles et de ma pie dans mon jardin. Je n'ai jamais connu ce phénomène. La prochaine grande éclipse, en France, est prévue en 2081. Je ne suis pas sûre d'être en suffisamment bon état pour apprécier.

    Pourquoi la plupart des gens vivent ils aujourd'hui dans une espèce d'indifférence au monde qui les entoure ? Sans doute parce que ce monde a perdu tout caractère merveilleux et magique, qu'il s'est entièrement rationalisé et banalisé. Le désenchantement du monde, sa désacralisation, c'est aussi l'ennui et la dépression.

    Amin Maalouf, c'est, en effet, un très grand connaisseur de l'Orient. "Samarcande" et "Les jardins de lumière" m'avaient impressionnée par leur érudition sur des régions que je connais tout de même assez bien (principalement aujourd'hui l'Iran et l'Ouzbekistan).

    Bien à vous,

    Carmilla

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  10. Bonjour Carmilla

    De l’émerveillement

    Aujourd’hui, seulement une citation…

    « À voir ce que la plupart des gens font de leur vie, à voir ce qu’ils font de leur intelligence, je n’ai pas envie qu’ils m’aiment comme eux-mêmes. »
    Maïmoun

    Se sont les propos de l’un des nombreux personnages du roman : Le périple de Baldassare, d’Amin Maalouf , page 89

    Maïmoun répondait ainsi à : Aime ton prochain comme toi-même.

    Bonne fin de journée Carmilla

    Richard St-Laurent

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  11. Merci Richard,

    Oui...peut-être...sans doute.

    Mais on peut aussi percevoir ce propos comme d'une extraordinaire arrogance.

    Peut-on être sûrs qu'on a une vie meilleure ou plus intéressante que celle des autres ?

    Ce qui est sûr, c'est qu'on est tous d'un effroyable narcissisme et que la vie des autres, elle nous est impénétrable. On croit la connaître mais il n'en est rien.

    Bien à vous,

    Carmilla

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  12. Bonjour Carmilla

    J’ai retenu cette citation comme exemple de l’amplitude de cet auteur, qui va dans tous les sens, qui est toujours en train de surprendre le lecteur sur un fond didactique.

    Baldassare est chrétien et Maïmoun est juif, pendant une partie du voyage ils vont devenirs proches, et auront ces genres de discussions philosophiques et religieuses. Et, un jour Baldassare a demandé à Maïmoun, qu’elle était la plus belle expression de La Bible en citant : Aime ton prochain comme toi-même. J’ai trouvé la réponse de Maïmoun très intéressante, que je me suis empressé de copier. Mais, cela ne s’arrête pas là. Maïmoun amènera la phrase que lui trouvait la plus véridique : Que celui qui est sans tache, lui lance la première pierre. La vie est tout un périple, les idées aussi.

    Toujours dans : Le périple de Baldassare

    « La lâcheté est sans doute méprisable, elle appartient néanmoins au règne de la vie. Elle est un instrument de survie, comme la résignation. »

    Amin Maalouf
    Les Échelles du Levant
    Page 246

    Comment ne pas faire le pont entre les essais géo-politique et les romans d’Amin Maalouf?

    Bonne fin de journée Carmilla

    Richard St-Laurent

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  13. Merci Richard,

    Il est à noter que Sigmund Freud jugeait sévèrement ce commandement du christianisme (aime ton prochain comme toi-même). Carrément vain et exorbitant, développe-t-il dans "Malaise dans la civilisation".

    Parce que :

    - l'amour est forcément sélectif. Vous ne pouvez pas déclarer à quelqu'un que vous l'aimez mais qu'en même temps vous aimez tous les autres. La personne concernée s'en indignera à juste titre.

    - pour aimer quelqu'un, il faut tout de même qu'à nos yeux, celui-ci le mérite.

    - enfin, la question essentielle est celle de la nature criminelle de l'homme, du Mal qui est d'emblée en lui.

    Bien à vous,

    Carmilla

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  14. Bonjour Carmilla

    Alors la nature criminelle de l’humain appartiendrait, au même titre, que la lâcheté et la résignation comme des questions de survie. Elles se transformeraient en qualité, voir en vertu. Soit par rapport au code, ou bien, tout simplement par biologie. Nous n’aurions jamais quitté la puissance du plus fort. Se ne serait même plus faire le mal pour atteindre le bien. Le bien disparaîtrait pour faire place au mal, qui a son tour disparaîtrait, parce qu’il n’y aurait plus de, ni bien, ni mal.

    L’amour est non seulement sélectif, il est raciste, ce qui tient de l’exclusion. Mais dans cette affaire, ce qui est rassurant, c’est qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à aimer. Ce qui est l’envers de la médaille. Mais que vient faire le mérite là-dans? Surtout lorsque tu es témoin d’une femme qui s’amourache d’un pervers-narcissique.

    Toutes ces réflexions nous porte loin, ce qui explique ma passion, non seulement de lire un ouvrage d’un auteur, mais de la parcourir en entier; et je dois avouer, que lire Maalouf c’est très porteur, lui qui a fuit le Liban en 1976 sur un rafiot dangereux. Lui aussi, à une certaine époque a été un réfugié afin d’échapper à la violence de son pays qu’il aimait tant, et qui sans doute aime-t-il encore passionnément.

    Puis, il y a la progression de l’être humain, comment devient-on? Qui devient-on? Lorsqu’on lit un auteur en entier, du moins une bonne partie de sa production, on sent la progression, aussi peut-être le manque de progression. C’est ainsi que tu assistes à ce phénomène. Lorsqu’il a quitté le Liban, il était loin de penser qu’un jour, il deviendrait, Secrétaire de l’Académie française.

    Les fascinants personnages de ses livres, il ne les a pas inventés, d’une certaine manière, il les a tous connu. Ce qui explique aussi ses visions géo-politiques assez juste sur le Moyen-Orient. Toujours calme, mais attentif, il en impose. J’apprécie beaucoup écouter parler cet homme.

    Il ne manque pas de s’exprimer clairement et souvent à l’encontre de tous ce qui se dit :

    « Pour ma part, en tout cas, je suis persuadé que le monde de demain, ne se fera pas contre l’Occident, ni conte l’Asie confucéenne, ni contre les autres composantes de la grande communauté humaine. Il ne pourra pas se construire sur un champ de ruine. »
    Amin Maalouf
    Le Labyrinthe des égarés
    Page 419

    J’espère qu’il aura raison.

    Bonne fin de journée Carmilla

    Richard St-Laurent

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  15. Merci Richard,

    La nature criminelle de l'homme, elle est liée à ses pulsions agressives, notamment la pulsion de Mort dirigée contre soi et les autres. Rien n'est jamais d'un seul bloc: celui (celle) que l'on aime, on le (la) déteste en même temps. On lui en veut d'être ce qu'il (elle) est.

    L'amour, il est effectivement électif, sélectif. On ne devient amoureux que d'une personne en particulier, sans qu'on le comprenne bien soi-même. Le cœur a ses raisons que la Raison ne comprend pas. Et l'aimé veut, bien entendu, être l'unique objet d'amour. C'est un sentiment qui ne se partage absolument pas.

    Quant au mérite, c'est assez simple. Pour s'aimer soi-même, être un peu narcissique, il faut tout de même bien se reconnaître quelques qualités et un certain mérite. Mais comment tomber amoureux de quelqu'un qui est justement sans qualités ? C'est évidemment impossible.

    Bien à vous,

    Carmilla

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