samedi 10 mai 2025

Les embarras de la langue


Je pense souvent que le monde apparaît plus simple, plus confortable, quand on vit dans le seul cadre de sa langue maternelle.

Et je me dis alors que je serais moins tourmentée si j'étais monolingue. Mais ça n'est pas le cas et je ne cesse de m'interroger sur ce décalage que je perçois sans cesse entre les mots et la réalité.

D'abord, j'éprouve une certaine impuissance. Certes, compte tenu de ma scolarité, de mes diplômes, c'est en français que je suis, de loin, la plus forte. Mais rien à faire, le français, ça n'est qu'un instrument, les mots n'ont pas de résonance affective. Je serais bien incapable d'écrire de la poésie ou d'avoir "du style" en français. En revanche, j'ai peut-être moins de difficultés avec l'orthographe ou la grammaire que les vrais Français. Chez moi, en effet, les fautes ne font pas "symptôme"  parce que la langue, ça n'est que de la mécanique.

 Et d'ailleurs, pour moi, c'est bien simple. Tout ce qui est concret, sensible, tout ce qui relève, en bref, du monde de l'enfance (les arbres, les fleurs, les animaux, la nature, les aliments, les objets quotidiens), je le pense et l'exprime en langue slave. Je m'adresse toujours ainsi, par exemple, à un chien, à un chat.

Quant à la cuisine (apparentée, comme l'a montré Lévi-Strauss, au langage), même si je reconnais l'extrême sophistication de la française, je n'arrive pas à m'y convertir et je préfère la prosaïque simplicité de celle de mon enfance. 

A l'inverse, tout ce qui est abstrait, tout ce qui relève de l'analyse et de la démonstration, c'est évidemment en français. Au total, je porte vraiment en moi la distinction du sensible et de l'intelligible.

Ce sont peut-être ces décalages qui font qui font que j'apparais compliquée à ceux qui me côtoient. Je donne, sans doute, l'impression d'être toujours un peu ailleurs, pas vraiment "adaptée", et c'est déstabilisant.

Pour moi, les mots ne recouvrent jamais complètement les émotions et les choses (abstraites et concrètes). Il y a toujours une béance, une impuissance et la langue dans la quelle on s'exprime, elle marche, elle colle, plus ou moins, à ce que l'on éprouve et perçoit. On vit des intensités, des tonalités, plus ou moins fortes mais on a toujours du mal à les traduire ou les ressentir. Par exemple, on peut m'insulter en français, ça ne me fait à peu près rien. Mais des insultes en langue slave, ça me ravage complétement.

Parler, c'est découper, arranger à sa façon, le réel. Une langue, c'est une construction, une vision du monde parmi d'autres. Et passer de l'une à l'autre, ça se fait avec énormément de pertes et de déchets, surtout quand les structures ne sont pas les mêmes.

On croit souvent que le problème majeur, c'est d'abord l'alphabet. Mais du latin au cyrillique et inversement, la transcription est plutôt facile même s'il y a, dans les langues slaves, toutes ces bizarres consonnes chuintantes (ces effroyable ch, chi, chtch, dj, j). Le pire, ce sont les noms (de famille ou de villes), on ne sait jamais comment les transcrire et c'est toujours approximatif. Je me souviens que je me demandais qui étaient ces grands écrivains russes (Dostoïevsky, Tolstoï etc..) que m'évoquaient ces Français qui cherchaient à m'impressionner par leur culture.

Ce qui est plus compliqué, je crois, c'est d'abord d'attraper la musique d'une langue, de savoir accentuer sur la bonne syllabe (les Français ont du mal à se dépêtrer de leur habitude de la dernière syllabe).


Mais ça aussi, ça se surmonte. Ce qui est très compliqué dans l'apprentissage du français, ce sont les lettres muettes très nombreuses. Ca fait la principale difficulté de l'orthographe (ça ne s'écrit pas comme ça se prononce). Et surtout, tout se passe comme si le texte écrit ne correspondait pas à la langue parlée. Comme s'il y avait un vide impossible à combler entre les deux.


C'est très troublant. En outre, c'est accentué par les liaisons entre les mots lorsque l'on parle. Et cela, beaucoup de Français ne le maîtrisent pas eux-mêmes, au point que  savoir les faire, c'est un signe de distinction, différenciation sociale.

Il y a ainsi une certaine rigidité de la langue française. Ca touche aussi à l'ordre des mots. C'est l'histoire de Molière avec Monsieur Jourdain. On ne peut pas écrire autrement : "Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour".

Il y a un enchaînement intangible des mots en français. Cette rigidité, on ne la connaît pas dans les langues slaves parce qu'elles reposent sur un système de déclinaisons. Et ce système, il autorise à placer les mots en fonction de l'importance (sonore ou affective) qu'on leur accorde. J'ai l'impression que c'est plus propice à l'expression poétique.

Et je ne vais pas parler des notions du temps véhiculées par les langues. On n'a pas les mêmes conjugaisons ni les mêmes complexités dans les langues slaves (pas de vrai subjonctif, pas de vrai conditionnel, pas de futur antérieur).  Et avec les verbes, on a cette bizarrerie de s'attacher  à distinguer ce que l'on fait habituellement (imperfectif) de ce que l'on fait ponctuellement (perfectif). Mais j'avoue que je ne perçois pas toujours, moi-même, en quoi c'est essentiel.

Enfin, je précise que les langues slaves sont, comme le français, très genrées, très sexualisées, avec une forte distinction du masculin et du féminin. On y ajoute, par ailleurs, un neutre. Mais, à la différence du français,  les distinctions de genres sont faciles: on les identifie immédiatement grâce à la terminaison du mot.

Cette forte sexualisation de la langue, ça m'interroge beaucoup.  Je me dis que ça détermine, sans doute, la relation entre les hommes et les femmes. Mais c'est difficile de préciser dans quelle mesure et dans quel sens.

J'observe simplement qu'il existe de nombreuses langues sans genre, sans cette distinction du masculin et du féminin: le persan, le chinois, le japonais, le coréen, le bengali, l'arménien, le géorgien, le turc, le hongrois. Et c'est même le cas du danois, voire du suédois. Quant à l'anglais, c'est beaucoup moins marqué qu'en français.

Difficile de tirer une conclusion mais il apparaît quand même que, contrairement à ce que l'on pourrait penser de prime abord, la plupart des pays dont la langue ne comporte pas cette distinction du masculin et du féminin sont loin d'être féministes. Ca devrait faire réfléchir ceux qui rêvent d'introduire un genre neutre, un (iel) dans la langue française.

Images de Breughel, Mehoffer, Wyspianski, Vant Iersel, Mondrian, John Tenniel, Lissitzky, Rodtchenko. L'image finale peut surprendre mais comment ne pas voir, dans la chute des Twin Towers à New-York, un équivalent symbolique de l'effondrement de la Tour de Babel ?

L'avant-dernière image est un alphabet bulgare. Ce seraient les moines Cyrille et Méthode qui auraient évangélisé les Slaves et introduit, au IXème siècle en Bulgarie, l'alphabet cyrillique. C'est un motif de fierté qui donne lieu, chaque 24 mai, à une grande fête nationale de l'alphabet.

Je recommande:

- Lewis CARROLL: "Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles". Ce n'est pas seulement un livre pour enfants, c'est aussi une extraordinaire réflexion sur le langage (développée par le philosophe Gilles Deleuze dans "Logique du sens"). Si vous ne l'avez pas encore fait, dépêchez-vous donc de lire Alice.

- Polina PANASSENKO: "Tenir sa langue". Je recommande à nouveau ce très bon bouquin (aujourd'hui en poche) d'une Franco-Russe. Y sont bien évoqués les troubles d'identité liés à la superposition de deux langues.

- Merete STISTRUP: "Hôtes". Par une Danoise devenue Française. Une remarquable réflexion pour tous les bilingues. Est-ce qu'on est toujours le même lorsque l'on parle en français ou lorsque l'on revient à sa langue maternelle ? Pour moi, c'est clairement non. D'une langue à l'autre, on réinvente sa vie. Un très bon livre qui interroge les différences culturelles entre pays européens.


7 commentaires:

  1. Bonjour Carmilla

    Nous élaborons des concepts sur la base de nos mots, surtout dans lesquels nous avons été formés. C’est quand même étonnant, un être humain vient au monde, et en l’espace de deux années, sans livre, sans grammaire, sans dictionnaire, il va apprendre à parler. Jour après jour, il va enrichir son vocabulaire, faire des phrases complètes, sans oublier d’y ajouter des sentiments. Il va poser des questions, il va se mettre en colère, il va même apprendre à mentir. C’est beaucoup d’apprentissage en peu de temps. Le tout sur la base d’une langue maternelle, où il sera le plus confortable.

    Dès votre première phrase dans votre introduction, ouvre un vaste espace : « Je pense souvent que le monde apparaît plus simple, plus confortable, quand on vit dans le seul cadre de sa langue maternelle ». Vous établissez un fait incontournable que notre première langue va influencer toute notre existence, surtout dans notre manière de penser, et d’élaborer des concepts. Nous pensons d’une manière qui nous a été inculquée dès les premiers instants de notre vie. La suite va se complexifier avec l’apprentissage d’une autre, et peut-être, de plusieurs autres langues. Est-ce plus simple de ne penser que dans une seule langue? Est-ce que le monde est plus simple avec une seule manière de penser? Ici, nous pénétrons dans les nuances, et c’est là que ça devient intéressant. Pour le dire simplement, nous n’aimons pas tous de la même manière dans des cultures différentes. Ce qui peut être assez déroutant, voir même embarrassant.

    Comment ne pas mentionner le discours du nouveau Pape : Léon XIV cette semaine à Rome. L’Église Catholique est une institution internationale, multilingue. Il est impératif de se faire comprendre par tout le monde. La totalité des Cardinaux sont multilingues à l’exemple du nouveau Pape, qui a été élevé en anglais, qui a dû apprendre l’espagnol lorsqu’il était missionnaire au Pérou, sans oublier la langue d’usage dans la curie romaine qui est le latin, plus le portugais, l’italien et le français. Comment se débrouille-t-il dans ses multiples nuances? Les cultures visitent les intelligences. Bonjour les nuances!

    RépondreSupprimer
  2. J’envie les gens qui parlent plusieurs langues, qui ont eu cette chance inouïe de profiter de certaines occasions, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. La technicité d’une langue, c’est une nouvelle porte qui s’ouvre dans l’existence d’un humain, qui plus est, s’il est capable de joindre cette technicité aux nuances, ça dépasse plusieurs diplômes.

    L’évocation que vous faites de ce genre d’éparpillement en parlant plusieurs langues, je pourrais la comparer à nos politiciens fédéraux au sortir de l’élection fédérale. La Canada a deux langues nationales, l’anglais et le français. Tous politiciens canadiens se devraient de maîtriser ces deux langues, en particulier les chefs de partis, et les ministres. Dans un discours, passer d’une langue à l’autre avec facilité, afin de véhiculer les mêmes messages.

    Mon premier exemple est Justin Trudeau. Dès qu’il parle en français, nous sentons une espèce d’inconfort, ce qui m’indique qu’il a été éduqué en anglais d’abord. Ce n’est pas que son français est mauvais, bien au contraire, mais lorsqu’il vient pour aborder un sujet qui touche aux idéologies, il s’exprime mieux en anglais. En fin de compte, Justin parle en français en pensant en anglais, sa première base est l’anglais et ça parait. Son père Pierre-Elliot avait cette faculté d’être aussi clair dans les deux langues, surtout lorsqu’il se fâchait. Nous savions où il campait. Il n’avait pas besoin de gronder longtemps.
    Mon deuxième exemple, c’est Pierre Poilievre, que je surnomme Poils-De-Lièvres. Là c’est complètement différent, il a été adopté par un couple de professeurs en Alberta qui parlaient les deux langues. Sans doute qu’il parlait français à la maison, et anglais dans la rue, peut-être même à l’école. J’ai remarqué que lorsqu’il sort de sa zone de confort pour passer au français, ça sent le formaté, l’automatisme, c’est compréhensible, mais ça ne va pas très loin. Je constate qu’il lui manque quelque chose pour atteindre certaines nuances. Ça les québécois au cours de la campagne électorale s’en sont aperçues.

    Le plus étonnant, c’est le chef du NPD Jagmeet Singh, lui il vient de loin, dans un autre univers, celle de l’Inde. Il est étonnamment confortable autant en Français qu’en anglais. Je dirais même qu’il parle un français chantant. Il faut se rappeler les cheminements que Jagmeet qu’il a dû traverser.

    RépondreSupprimer
  3. Nonobstant les idéologies politiques, je m’intéresse chez quelqu’un qui prononce un discours, à la manière dont il organise ses idées, et comment il fait advenir ses nuances s’il en est capable. Nous pouvons le constater surtout dans les discours improvisés. Cela devient une question de débrouillardise. Domaine où René Lévesque et Pierre Bourgeault dominaient outrageusement. Vous pouviez compter sur ces orateurs pour soulever une foule. Lévesque avait appris son anglais avec ses petits camarades de New-Carlisle ; et Bourgeault dans l’armée canadienne, doublé de grands lecteurs forcenés, ils n’étaient plus des politiciens, mais des personnages, capables de transporter des espérances voir même des légendes. Des gens hors de l’ordinaire.

    Il était difficile cette semaine de se faire une idée sur Léon XIV en écoutant son discours écrit, très formaté, prévisible, il ne faut pas que le Pape dise n’importe quoi. Je ne sais rien de sa nature. Pour ce faire, j’ai hâte de l’entendre en français lors d’une improvisation. N’oublions pas que la curie de Rome, demeure un endroit de la diplomatie ainsi que de la politique. Et en passant, les cardinaux qui ont voté pour cet homme, ont sans doute voté plus diplomatiquement que politiquement. N’oublions pas, qu’il y a eu, dans un passé récent, des accrochages entre certains Républicains et Robert Francis Prevot. Ça promet pour la suite du monde, et si j’étais le Traître, je prendrais un grand verre de méfiance.

    Tant qu’à la poésie, tu l’as ou bien tu ne l’as pas. C’est une espèce de sensibilité qui souffre très mal les définitions. Qui sait, vous êtes peut-être plus sensible qu’on le croit. Et, si vous écriviez des poèmes en langue slave ? J’ai quelques recueilles de William Butler Yeats et de Léonard Cohen, ces genres de recueilles, où les poèmes écrits en anglais sont traduits à la page suivante en français. Je trouve fascinant ces traductions, comment on fait passer des émotions d’une langue à l’autre tout en nuance. Si je désire m’étourdir, je lis ces genres de transpositions. J’y prends beaucoup de plaisir, pour arriver ailleurs avec des impressions que ni Yeats ni Cohen n’ont formulé lorsqu’ils ont été inspirés.
    Bonne fin de journée Carmilla et merci pour votre texte.
    Richard St-Laurent

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour Carmilla
    J’aime beaucoup l’expression, (la résonance affective), trois mots qui signifient beaucoup. Lorsqu’une langue s’efface dans le monde, on ne perd pas seulement une langue, nous perdons une manière de penser, qui souvent peut être unique, mais aussi une résonance affective, et c’est peut-être la plus grande perte. Ce qui me rappelle mon ami Réal McKenzie, qui est né Montagnais, dans la langue de son peuple, c’était sa résonance affective. On aurait dit que sa voix changeait lorsqu’il parlait en Montagnais. Je me souviendrais toujours de ce dimanche de Pâques, où Réal m’a servi de traducteur, parce que parlais à sa grand-mère qui ne parlait que le Montagnais. J’étais ébahi par la virtualité de mon ami Réal qui passait du français au Montagnais, pour revenir au français. C’est un moment que je n’oublierai jamais. Dans ce monde, il y a des milliers de manières de dire et de penser. Ce que nous avons tendance à oublier.

    Il y a effectivement une grande différence entre l’anglais d’un animateur de la BBC, et un cow-boy du Nebraska. Je ne suis pas sûr que les anglais d’Angleterre soient très heureux que leur langue soit devenue une langue internationale de référence. J’en ai eu tout le plaisir, au cours des derniers mois, en essayant de trouver des blogs politiques d’opposition aux USA, même avec mon traducteur sur mon nouvel ordinateur, il n’arrivait pas à me donner une traduction lisible et compréhensible. Je demeure quand même très surpris, de tous ces Ukrainiens qui parlent un anglais correct et qui savent se faire comprendre, ils y font même passer leurs émotions.

    Nous oublions souvent, qu’une langue c’est toujours perfectible ; nous n’en finissons jamais de la peaufiner ; c’est un domaine où il faut s’améliorer continuellement, et ça ne se termine jamais. Nous pouvons utiliser la même langue dans des cultures différentes, mais nos résonances affectives demeurent particulières. Nous ne sommes jamais totalement l’autre, même si nous sommes proches par la langue. Vous et moi, nous en sommes des exemples patents, nous communiquons en français, mais l’univers de nos cultures est beaucoup plus vaste, ce qui fait, que nos résonances affectives sont multiples.

    Bonne fin de journée

    Richard St-Laurent



    RépondreSupprimer
  5. Merci Richard,

    La relation "affective" que l'on a avec une langue, ça s'éprouve en particulier vis à vis de la poésie ou des insultes.

    Si ça n'est pas exprimé dans sa langue maternelle, on ne "sent" pas vraiment un poème ou une insulte. Ce sont des expressions presque indifférentes.

    Quant à l'anglais devenu langue internationale, je ne suis pas sûre, en effet, que les Britanniques en soient très heureux tellement leur langue se trouve simplifiée, dénaturée, réduite à la simple dimension d'un instrument. Et je ne parle même pas de la prononciation, de la mélodie, devenues ridicules.

    Quant au français, tous les francophones sont évidemment proches. Ils ont notamment en commun toute la littérature si riche.

    Mais pour ce qui me concerne, j'estime avoir aussi une approche "slave" du monde. Ca n'a rien à voir avec la biologie, bien sûr, mais c'est façonné plutôt par les structures des langues.

    Bien à vous,

    Carmilla

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Carmilla.
    Vous pouvez vous interroger sur ce qui intéresse un athée comme moi face à une institution religieuse. Cette institution n’est pas seulement religieuse, elle est aussi, diplomatique et politique. Un milliard quatre cent millions de catholiques ça pèse quand même lourd au niveau mondial. Ce qui est loin de limiter son influence à sa seule vocation spirituelle. L’élection du nouveau Pape est très éloquente à ce niveau. Elle demeure une énorme organisation au niveau international et on n’aurait tort de ne pas s’intéresser à ses manœuvres politiques et surtout diplomatiques. Sa longue histoire témoigne de son influence dans l’Histoire.
    Pour un passionné de politique comme moi, c’est un creuset inépuisable de multiples perspectives qu’on se doit d’avoir à l’œil. À bien y réfléchir, dans ce monde de rapidités, d’attentes et de résultats instantanés, c’est l’une des rares organisations, qui travaille sur le temps long. Les modes passent, mais l’Église dure. Il ne faut jamais la sous-estimer. Elle entretient un aréopage de Nonces pas seulement dans le domaine religieux. Ces Nonces sont de hauts calibres, qui surveillent et souvent influencent, les politiques et les décisions diplomatiques de certains pays. Les Cardinaux qui aspirent à ces postes de haut calibre, se doivent d’être multilingue, formation incontournable, irréprochable, posséder une immense culture universelle, afin de comprendre ce monde, toujours en ébullition. Le tout sans armée. Il fallait voir le nombre de célébrités aux funérailles du Pape François. Même le Traître, le plus grand menteur que la terre n’a jamais porté était présent. Et, je crois qu’il avait intérêt à être présent. Ce qui explique le résultat électoral du Conclave, un Cardinal américain qui devient Pape. Manière habile de passer de la politique à la diplomatie. D’établir un courant de penser en établissant furtivement une opposition, dans un pays qui est furieusement religieux, mais dont les catholiques ne dominent pas par leur nombre. Manœuvre habile, parce qu’ils savent que cette époque, comme toutes les autres époques précédentes, aura une fin ; qu’après viendra autre chose.
    L’autre aspect qui me passionne, c’est cette concurrence entre les principaux acteurs dans cette organisation, entre les prêtres, les évêques et les cardinaux, de toutes tendances où nous restons dans l’humaine passion. Ce n’est pas sans raison, que les Conclaves ont lieu dans le secret le plus total.
    Bonne fin de journée Carmilla
    Richard St-Laurent

    RépondreSupprimer
  7. Merci Richard,

    Je ne suis ni croyante ni pratiquante mais je considère néanmoins la Bible et le Nouveau Testament comme des livres prodigieux évoquant, de manière inégalée, la condition humaine et la relation de chacun de nous au Mal. Et puis, il y a ce commandement chrétien exorbitant d'"aimer son prochain comme soi-même".

    Par ailleurs, il va de soi que je n'aimais pas du tout l'ancien Pape François qui n'a jamais condamné l'agresseur russe et a même appelé, l'an dernier, l'Ukraine à "hisser le drapeau blanc". Le grand coup de pied de l'âne !

    Le nouveau Pape semble politiquement plus éclairé mais jusqu'où osera-t-il aller ? La tendance générale du Vatican, c'est quand même de faire le moins de vagues possible et de ne froisser personne.

    Jusqu'alors, hormis Jean-Paul II, l'influence de l'église sur l'histoire politique du monde me semble voisine de zéro. Elle a, peut-être même, contribué à conforter les dictatures.

    Attendons donc avant de voir.

    Bien à vous,

    Carmilla

    RépondreSupprimer