samedi 17 mai 2025

"Si c'était à refaire"


C'est la complainte que j'entends le plus souvent, celle des regrets exprimés. 

"Ah ! Si je pouvais refaire ma vie..." ressasse-t-on. "Je ferais d'autres études, je choisirais un autre boulot, j'aurais plein d'amants(e)s et pas de gosses, je voyagerais sans cesse, j'apprendrais plein de langues étrangères, etc...".

La difficulté à accepter son destin me semble générale. On est souvent convaincus d'être des "victimes"; on n'aurait, tout simplement, pas eu de chance.

On néglige complétement le fait que les sociétés n'ont jamais été "ouvertes" à ce point et que le champ des possibles (même pour une femme) s'est considérablement élargi. Mais rien à faire, on se refuse à pointer sa propre responsabilité. On préfère se croire, obstinément, victimes d'un mauvais coup de l'histoire. 

Pour ce qui me concerne, j'avoue être largement épargnée par ces tourments. Mais ça se comprend facilement: ma destinée normale, c'était de vivre, avec un mari probablement alcoolique, dans une banlieue quelconque d'une quelconque ville de l'ancienne Union Soviétique. J'aurais pu aussi rester à Téhéran où je dois avouer que je n'étais vraiment pas malheureuse au point que j'en demeure très nostalgique. 

Qui sait, au final ? J'ai appris, au travers de mon parcours, qu'on pouvait vivre heureux dans les endroits les plus sinistres. Finalement, le bonheur et le malheur, c'est très relatif. 

Quoiqu'il en soit, j'aurais vraiment mauvaise grâce aujourd'hui, depuis mon chic domicile parisien, à me plaindre du sort qui m'a été réservé.  Ma chance, ça a peut-être été de n'avoir jamais eu d'ambitions démesurées. Je n'ai jamais considéré que j'avais un quelconque talent caché exceptionnel (artistique, sportif ou scientifique) à développer absolument. Mon objectif principal, ça a d'abord été d'assurer ma survie matérielle et ça me suffisait. Je n'éprouve donc aujourd'hui ni frustration, ni déception. 

Je me considère même plutôt comme une "chanceuse" mais je ne l'affiche pas parce que c'est le meilleur moyen de se faire détester.

De ma vie, de mes décisions qui l'ont rythmée, je ne regrette donc pas grand chose même si tout est très prosaïque. "Si c'était à refaire", il y a finalement peu de choses que je corrigerais. J'en ai bavé mais pas tant que ça. Et j'ai su conserver ma liberté avec les hommes. En me montrant certes cruelle, arrogante et impitoyable mais c'est la condition de survie de toute femme. On ne peut pas se permettre d'être "gentilles", c'est accepter de se faire dévorer. 

Mais cette chance que j'ai eue ne me rend pas, pour autant, sereine. Je ne suis quand même pas naïve et j'ai bien conscience que tout cela, tout cet enchaînement d'événements, ça n'a généralement tenu qu'à un fil et j'aurais, tout aussi bien, pu basculer de l'autre côté, sombrer dans la marginalité.

Et surtout, je traîne (peut-être comme à peu près tout le monde) une sourde culpabilité. Parce que des erreurs, j'en ai évidemment commises dans ma vie mais les réparer, je me rends bien compte que c'est maintenant impossible.

J'ai d'abord été infecte avec mes parents. J'ai vraiment tout fait pour les inquiéter en ce qui concerne mon avenir. Est-ce que je n'allais pas devenir une marginale emportée par son hubris ?

Ca a été pareil avec ma sœur. Je lui ai toujours fait sentir qu'elle était une idiote en comparaison avec moi. 

Tous sont morts prématurément et je ne puis donc espérer me faire pardonner. Et cela serait-il d'ailleurs possible ?

Et puis il y a aussi, aujourd'hui, ma culpabilité envers l'Ukraine. Je suis bien peinarde à Paris et je me pose donc, sans cesse, la question de savoir comment aider, au mieux, le pays. En allant sur le terrain, en envoyant de l'argent ? Il n'y a, en fait, pas de solution pleinement satisfaisante, on cherche toujours à s'acheter une bonne conscience.

Et je me sens même coupable vis-à-vis des Français. Je vis matériellement mieux que la plupart d'entre eux et je me dis que ça n'est pas normal, que ça n'est pas dans l'ordre des choses. Alors, je dissimule soigneusement mes origines, j'essaie d'effacer ça mais c'est impossible. Je bute toujours sur un écart insurmontable, je n'arrive pas à devenir simplement Française.

Changer de vie, changer ma vie, devenir, éventuellement, meilleure, c'est donc une question qui me taraude régulièrement. Mais je ne pense pas que ce soit une position originale: je me comporte, en l'occurrence, comme à peu près tout le monde. Et je dirais même qu'on est, heureusement, presque tous assaillis par le doute sur soi-même et qu'on ne cesse de se détester.

Parce qu'en effet, il me semble qu'à contrario, les gens les plus infects, les plus imbuvables, ce sont ceux qui ne doutent pas d'eux-mêmes.

Vouloir changer, je pense donc que c'est important pour son bien-être propre même si je sais qu'on échoue souvent dans cette volonté. Cela, parce que de son passé, on ne peut pas tout effacer comme d'une ardoise magique. Il y a quand même un déterminisme qui nous bouffe.

Mais on a aussi trop tendance à voir le monde comme régi par un déterminisme absolu. C'est une manière de se défausser de ses responsabilités. C'est un peu l'attitude des Allemands sous le Nazisme ou des Russes sous Poutine, qui considèrent simplement leur système politique comme "un Grand Malheur".

On oublie qu'on est perfectibles et qu'on peut donc changer et s'arracher à ce que l'on croit être son Destin. Mais attention ! Il ne faut surtout rien en attendre en retour et surtout pas le Pardon.

Espérer gagner le pardon d'autrui, c'est une démarche exorbitante et mercantile. Si ça se produit, on se retrouve, en fait, dans une situation pire qu'avant.

Images de couvertures de la revue hebdomadaire allemande "Jügend". Celle-ci parut à Münich de 1896 à 1940. Personnellement, j'aime beaucoup parce que ça exprime bien ce qu'était la sensibilité érotique et sensuelle de l'Europe Centrale à cette époque.

Je recommande:

- Roger CAILLOIS: "Ponce-Pilate". Un grand écrivain et penseur que l'on commence à oublier mais c'est sans doute dommage. Une "Uchronie". Que se serait-il passé si Ponce-Pilate avait refusé l'injustice ? Il n'y aurait tout simplement pas eu de Christianisme.

- Zygmunt MILOSZEWSKI: "Te souviendras-tu de demain ?" Par l'un des grands maîtres du roman policier polonais. Est-il possible de forcer son destin ? Une comédie concernant un couple qui a l'opportunité de revivre et corriger son amour. Un bouquin très troublant.

- Emmanuel CARRERE: "Uchronie". On vient de rééditer, en poche, ce premier livre dans le quel il invente des versions alternatives de l'Histoire. 



 

10 commentaires:

  1. Bonsoir Carmilla.
    Je ne m’en cache pas, je suis de cette race infecte et imbuvable. Je ne pouvais pas me payer le doute, ce qui a enrichi mon existence, à coups de disputes, de revers, de batailles perdues, et de congédiements. Ce qui a fait que je suis resté moi-même et dans ma tête dure, j’y tenais, je pense que c’est ce que j’ai réussi de mieux dans ma vie, la fête c’était l’orage, la tête dans les nuages par une atmosphère orageuse. Maintenant, je puis regarder ma vie de haut. Étrange état d’esprit, où la seule chose qui comptait c’était l’impossible, et lorsque je m’en sortais, je riais dans un trépignement satisfaisant. J’ai eu exactement la vie que j’avais imaginée. L’envers de cette situation, c’est que vous pouvez devenir sur-confiant, ce qui n’est pas toujours indiqué, et qui m’a valu quelques frousses. Je me sentais merveilleusement bien après la peur. Jusqu’à maintenant, je m’en suis sorti, sans doute avec beaucoup de chance. D’autre part, j’ai eu la chance de voyager, d’aller voir ailleurs si j’y étais, de sentir les autres humains, de les observer rentrer le matin au travail qu’ils détestaient, parce que c’est toujours une grande leçon d’observer les gens dans leur quotidien. J’ai toujours pris mes décisions pour faire ce que je désirais. Mes camarades me disaient à part : « On sait bien St-Laurent, toi tu n’es pas comme les autres. Je leur répondais : « Essayez d’être vous-mêmes, vous verrez… » Je pense souvent que je n’ai pas essayé d’être autre chose que moi-même. Ce qui est déjà beaucoup. Je me demande toujours pourquoi les gens ne réalisent pas leurs rêves, ce qu’ils ont réellement envie de faire, pour se contenter d’une existence morne ? La sécurité d’emploi ou financière, ce n’est pas tout dans la vie. Il reste tout le restant de la vie à explorer, pour reprendre les propos de Jin Harrison : La vie est courte, mais elle est très large, à l’image D’Éric Tabarly qui disait que 92% des gens sur cette terre ne choisissaient pas ce qu’ils rêvaient de faire. Dans le domaine, il s’y connaissait. Il a construit des bateaux et il a passé une bonne partie de sa vie sur la mer. Il est même décédé en mer. Il aura vécu sa passion jusqu’au bout, n’est-ce pas ce qu’on devrait tous faire ? Ce qui pose la question : De quoi avons-nous peur ? Est-ce que la peur fait partie du doute ?
    Merci pour votre article et vos images.
    Richard St-Laurent

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  2. Merci Richard,

    Ce qui est important, c'est d'être capable d'avoir un regard critique sur soi-même.

    Quand on est enfant, adolescent, on est, généralement, plus ou moins infects. C'est la conséquence d'une éducation familiale qui nous a, normalement, fortement valorisés. On se croit donc généralement peut-être pas plus beaux et plus forts que les autres mais, du moins, le centre du monde.

    Mais le doute sur soi-même a vite fait d'intervenir à l'école. Notre narcissisme en prend alors un coup et on apprend à compter avec les autres.

    J'avoue que, chez moi, ça a pris du temps à se développer parce que j'étais bonne élève et que je me sentais donc supérieure aux autres. Mais j'ai été aussi vite révoltée par les humiliations que les professeurs et les élèves infligeaient aux cancres, aux mauvais élèves. Je me suis souvent rapprochée d'eux, ce qui n'était pas compris. Peut-être parce que je percevais qu'ils étaient un peu comme moi, c'est-à-dire en marge.

    Aujourd'hui encore, j'ai bien conscience d'être une relative privilégiée. Mais ça soulève chez moi d'autant plus de doutes et d'interrogations parce que je ne crois pas que ce soit absolument mérité. Comment corriger ça, c'est alors la question.

    Bien à vous,

    Carmilla

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  3. Bonjour Carmilla
    Faut-il se sentir coupable d’être privilégié ? D’avoir le pouvoir et les capacités de réaliser sa vie, d’en profiter sans honte et sans pudeur. Pourquoi faudrait-il se sentir coupable de ce qui nous arrive ? Pourquoi ne pas saisir une occasion, une situation ? Pourquoi ne pas cravacher son destin ? Pourquoi envier les autres ? L’important ce n’est pas de venir de loin ; mais d’aller loin, et pas uniquement physiquement. En cela, nous sommes tous uniques, parce que nous ne prenons pas toujours les bonnes décisions et souvent nous ne nous pardonnons rien. Nous pouvons nous arrêter, rectifier le tir, mais pas trop longtemps. Il est peut-être plus difficile de se pardonner à soi-même, que de pardonner aux autres. Je suis loin d’être un spécialiste du pardon, ce qui résulte que je pardonne rarement. Nous pouvons nous excuser, mais pardonner c’est autre chose. On ne refait pas sa vie à coups de pardons. Et, c’est quoi refaire sa vie ? Comment un type qui sort de vingt années de bagne peut refaire sa vie ? On dit qu’il a payé sa dette ; je dirais qu’il a été durement hypothéqué, et que ce n’est pas terminé. La réintégration est souvent longue et douloureuse, et c’est loin d’être une garantie de réussite, Michel Foucault y fait référence dans : La société punitive. Ce n’est pas pour tout le monde de vivre en marge. J’aime bien cette expression qui signifie en dehors, à l’extérieur des clous, au banc de la société. Comment assume-t-on ce : en marge ? À moins d’avoir été éduqué dans le club des exclus. Justement, j’ai lu dernièrement une autobiographie de Jim Harrison, qui s’intitule : En marge, qui raconte son parcours d’écrivain. Ce ne fut pas facile, mais il a persévéré, il est resté en marge et cela à fait sa vie. Ce : En marge est resté sa signature. Un jour Harrison a constaté que la seule chose qu’il pouvait faire dans sa vie, c’était de raconter des histoires. Et quel raconteur ! Ses personnages sont hors de l’ordinaire, véritablement en marge. Je retiens deux romans de cet auteur : Dalva, la jeune fille qui vivra une passion amoureuse pour un métis pour se retrouver enceinte à l’âge de 15 ans, ce qui va donner un grand périple dans un autre roman : La route du retour. Toutes une galerie de personnages en marge, qui témoigne de la vie américaine. Dans le même sillon des marginaux, le dernier roman de John Irving : Les fantômes de l’Hotel Jerome, histoire qui se déroule dans un milieu contestataire à la sexualité débridée, une fresque, qui remet en question cette même société américaine qui a pris une autre direction.
    Dans un certain sens vous ressemblez à Dalva surtout dans sa détermination. Allez Carmilla, profitez bien, de ce qui vous est donné, parce que tout peut s’arrêter d’un coup.
    Bonne fin de journée
    Richard St-Laurent

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  4. Autres suggestions de lectures outre Atlantique
    Au temps de la pensée pressée par Jean-Philippe Pleau.
    Un autre, marginal, au long parcours pour arriver à devenir anthropologue, et qui ne cesse de s’interroger sur la vie que nous menons. Animateur à la radio de Radio-Canada de l’émission : Réfléchir à voix haute.

    Dans un tout autre domaine :
    Les prophètes de l’IA par Thibault Prévost.
    Une réflexion sur l’Intelligence Artificielle, une critique acerbe sur cette nouvelle technologie.
    Pourquoi, les patrons de ces technicités se sont joints au Traître de Washington ?
    Un ouvrage surprenant !

    Pour terminer un ouvrage de philosophie :
    La promesse de Juliette par Mustapha Fahmi
    Une vision souvent déroutante dans un petit ouvrage qui ouvre des grands horizons, dans l’art de nous remettre en question.

    Bonne fin de journée Carmilla

    Richard St-Laurent



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  5. Bonsoir Carmilla
    L’humiliation par la culpabilité.
    Rendre l’autre coupable en l’humiliant par le désir irrésistible de la vengeance dans un esprit de domination. Se faire démolir à tous les niveaux autant physiquement que mentalement, reste le lot de beaucoup d’humains sur cette terre. Je souligne qu’on répète inlassablement ce scénario. Suffit-il de vouloir ou d’espérer changer la donne, en faisant sauter les ponts dans l’espérance d’une nouvelle existence ? Rien de moins sûr, surtout lorsqu’on répète ce même genre d’expérience. Pourtant, si on y regarde de près, s’offre à nous, le même genre de vie. Nous ne changeons pas de vie, même si nous tournons le dos à nos désastres que nous répétons inlassablement, avec l’idée que nous nous empressons d’oublier, que nous n’avons qu’une vie. La vie se poursuit. C’est toujours la même vie, celle qui vibre en nous de la naissance à la mort. Nous pouvons changer d’endroit, d’ami, de partenaire, de pays, de métiers ; mais la même vie persiste. Allez voir ailleurs si le bonheur est meilleur. Oui, si c’était à refaire, cela vaut la peine d’ajouter un point d’interrogation. Peut-être que la correction dans le domaine du possible, dépasse la reconstruction ? Se refaire ? Mais avec qui et avec quoi ? Que sont devenus ces élèves en difficultés, les mauvais, ceux qui n’arrivaient à rien, dont vous parlez dans votre texte, parce que non seulement vous vous sentiez : en marge ; mais que vous étiez et êtes encore consciente d’injustices. Ces gens-là, se faisaient humilier à coups de culpabilités. Je me souviens de professeurs qui pratiquaient ce genre d’activité qui tenait en un exercice perpétuel de domination. Ce qui ressemble à un abus de pouvoir. Comment refaire sa vie après avoir subir de tels outrages ? C’est toujours la même vie, mais au point de la détériorer, voir de la détester. Ces choses se sentent avant de les constater comme s’il y avait inconfort dans le corps. Après, la conscience s’installe à sa place et nous constatons les dégâts. Que sont devenus ces personnes humiliées dans la poursuite de leur existence ? J’aime bien savoir ce que sont devenus ces personnes. Éduquer, c’est écrire sur une âme vierge. Attention aux marques indélébiles ! Vous vous sentiez en marge Carmilla, mais vous avez pris conscience, de certaines injustices, ce qui est loin d’être le cas de tout le monde. Certains rires ne sont pas drôles, ils sont même blessants.

    Merci pour vos commentaires et bonne nuit

    Richard St-Laurent

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  6. Merci Richard,

    Je ne partage absolument pas la vision angélique que l'on a, aujourd'hui, du genre humain. On serait tous des personnes formidables, désintéressées, et altruistes.

    Je pense, bien au contraire, que le spectacle offert par l'humanité n'est gère réjouissant. Détruire quelqu'un, il n'y a même pas besoin de violence physique pour cela. Pus habilement, il suffit d'humilier l'autre au point qu'il se sente un nul absolu et un coupable. C'est beaucoup plus subtil qu'entre les animaux: tout peut passer par le langage avec quelques phrases bien senties et maintes fois répétées. Celui à qui elles sont adressées a alors vite fait de les intégrer à son identité tant il est convaincu de leur vérité. C'est ce que l'on appelle "l'effort pour rendre l'autre fou" et je crois, en effet, que ça fonctionne beaucoup comme ça. C'est, en effet, particulièrement répandu chez les professeurs et enseignants.

    Le problème, c'est que les agresseurs ont une absolue bonne conscience et s'estiment irréprochables, exemplaires. J'ai souvent vu fonctionner ces mécanismes d'asservissement mais c'est très difficile, malheureusement, de les déjouer. A l'école, c'est quasi impossible tant la hiérarchie du prof est puissante et tant les autres élèves, par crainte d'être eux-mêmes, un jour, victimes, suivent le mouvement.

    Bien à vous,

    Carmilla

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  7. J'ai vu récemment le film (un "biopic") "Oxana", sur la vie de la Femen Oksana Chatchko et je l'ai trouvé intéressant et frappant. L'avez-vous vu ?

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  8. Merci Nuages,

    Oui, je l'ai vu et l'ai brièvement commenté à la fin de l'un de mes posts.

    C'est un bon film dont l'actrice est convaincante. Seul regret: il n'a pas pu être tourné en Ukraine.

    Il rétablit surtout une vérité historique: c'est bien Okasanna Chatchko, et non pas Inna Shevtchenko, qui a fondé le mouvement Femen qui était, à sa naissance, absolument révolutionnaire. Inna Shevtchenko lui a ensuite donné une orientation plus marxisante et moins esthétique.

    Et Okasanna Chatchko était une grande artiste. Et elle a été accueillie, en France, par Apolina Sokol, une franco-polonaise qui est, aujourd'hui, l'un des grands noms de la peinture contemporaine (je vous invite à consulter sur Internet ses oeuvres très impressionnantes).

    Impossible de comprendre le suicide d'Oksanna Chatchko. Elle avait évidemment perdu tous ses repères en France et, surtout, bizarrement, elle ne croyait pas du tout en elle. Et elle ne partageait pas, enfin, la nouvelle ligne des Femen.

    Bien à vous,

    Carmilla

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  9. Feu de tout bois ce matin : ce n'est pas tout à fait à mon avantage, je sais. On a déjà parlé du pardon, et il m'apparaît que vous ne voulez pas l'évoquer autrement que dans une transaction ou une interaction. Et alors, puisque c'est tellement terrien (terre-à-terre) je tente une psychologie de comptoir : je pense que vous écrivez ici continuellement à vos ombres - ces morts prématurées - en donnant sans vous en rendre compte sa valeur pure.
    Bon dimanche

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  10. Merci,

    C'est vrai que je suis hantée par mon passé.

    Probablement parce que ma jeunesse a été chaotique et que j'étais une rebelle et une sale gosse. J'ai tout fait pour inquiéter mes parents. J'étais bonne élève mais qu'allais-je bien pouvoir inventer pour les embêter ?

    Ils sont malheureusement morts avant que je ne me stabilise.

    Et c'était pareil avec ma soeur avec laquelle j'entretenais une trouble rivalité.

    Le problème, c'est qu'il est maintenant trop tard pour que je puisse espérer, de leur part, un pardon et que je suis donc condamnée à traîner ma culpabilité.

    Mais je ne me réfère pas seulement au passé. J'ai ainsi, malgré tout, réussi à faire mon trou en France et à y vivre convenablement. Mais souvent, je me dis que ça n'est pas normal et même injuste vis-à-vis des authentiques Français. Un jour, je vais être punie pour ça et on ne me pardonnera pas. C'est mon syndrome d'imposture.

    Bien à vous,

    Carmilla

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