Les lieux et les pays touristiques, je n’aime pas.
Je n’arrive pas à trouver d’émotion, je suis bloquée par l’admiration imposée, les figures exemplaires de la beauté. C’est un peu pour ça que je connais très mal la France. Il y a trop de belles choses indiscutables.
Je suis aussi allée en Italie, en Espagne, en Grèce. C’était comme si je me promenais dans un film documentaire avec la même distance ennuyée.
La beauté apprise, celle des professeurs, des écoles, des guides, ça ne me touche pas.
La beauté, je veux la découvrir moi-même et je veux qu’elle me saisisse, m’envahisse brutalement. C’est souvent peu de chose : une lumière, des formes, une silhouette mais ça suffit souvent à me transporter hors de moi-même.
En fait, j’aime bien les endroits moches, improbables, qui n’intéressent personne. C’est pour ça que j’ai plein d’affection pour l’Europe Centrale, tous ces anciens pays de l’Est qu’on juge généralement sinistres et ravagés. Pour moi, la vie y est au contraire plus forte qu’ailleurs.
En France, je ne connais donc presque rien…à quelques exceptions près, tout de même : j’aime bien explorer les régions qu’on considère comme nulles. Ca recouvre, en gros, la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais. Je n’ai pas attendu le film « les Ch’tis » (que j’ai d’ailleurs détesté) pour me plaire là-bas : Lens, Béthune, Laon, j’adore, ça m’émeut beaucoup.
Par exemple, j’ai passé le week-end dernier à Saint-Quentin. J’y ai écumé les cafés, les brasseries, les musées, je me suis soûlée d’Art Déco. J’ai fait rigoler tous mes collègues avec ça. Ca existe ce bled ? Avec ton fric, tu pourrais pas plutôt aller à Cannes ou aux Seychelles ? Mais à Cannes, aux Seychelles, je dis, il n’y a que des dentistes, des notaires et des fonctionnaires qui croient avoir trouvé une promotion sociale.
Ben oui ! C’est vrai que le Nord, la Picardie, c’est austère et j’y retrouve un peu l’ambiance et l’architecture de mon passé. Mais c’est vrai aussi qu’on peut y faire plein de rencontres et de découvertes. Plus qu’ailleurs, on y court le risque de l’inattendu : des formes, des couleurs, des regards, des musiques qui, tout à coup, vous aspirent, vous fascinent.
Photos de Carmilla Le Golem sur Sigma DP3 Merrill
Saint-Quentin est d’abord la ville de l’Art Déco avec un patrimoine architectural exceptionnel.
A proximité, se situent aussi les lieux où Matisse a vécu dans sa jeunesse. Contrairement à ce qu’on peut imaginer, Matisse a d’abord vécu dans des villes d’une grande mélancolie : à Bohain (où ses parents tenaient une graineterie que l’on peut aujourd’hui visiter) au Cateau-Cambrésis (où il y a un magnifique musée Matisse étrangement méconnu) et à Saint Quentin (où il était clerc chez un avoué).
2 commentaires:
Vous me donnez envie d'aller à St-quentin , chère vampire(tte); à roubaix ,à la "piscine" ; qu'y rencontrerais-je ? mon notaire se déplace en 2Cw et mon dentiste, super-habile ,va faire du camping à londres ... toutes les valeurs sont inversées ;je ne suis pas fonctionnaire-en-recherche-de-promotion-sociale , mais si mon porte-monnaie se garnissait un peu ,j'irais bien aux seychelles..shame on me ! Lola
Attention Lola ! Il faut quand même être motivé pour aller à Saint-Quentin, sinon vous allez me maudire. Je pense que pour 98 % des Français, c'est une ville sinistre.
On peut quand même aller à Saint-Quentin si on s'intéresse :
- à l'Art Déco. La ville a été reconstruite Art Déco après la 1ère guerre et il y a plein de magnifiques bâtiments.
- à Matisse. Il y a travaillé. Surtout, tout près, il y a les villes de son enfance et de sa jeunesse (Bohain, Le Cateau-Cambrésis). Le musée du Cateau mérite à lui seul un déplacement depuis Paris.
J'aime bien Roubaix aussi et je trouve extraordinaire le musée de "la piscine".
Quant à mes remarques sur les notaires, les dentistes etc..., c'est sûr que je travaille à la hache et que les choses sont plus compliquées. Il n'empêche : j'ai quand même l'impression que le conformisme social est de plus en plus grand.
Carmilla
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