samedi 25 mars 2023

La Finance honnie

 

Au rang des haines collectives, figure, en bonne place, celle vouée aux banquiers et à la Finance.

En France, chaque grande manifestation se conclut par la vandalisation d'une agence bancaire.


Pourtant, on sait bien qu'on ne va rien trouver dans ces agences. De l'argent concret, de l'or, des pièces, des billets, il n'y en a plus. Et bientôt même, dans un avenir très proche, on n'utilisera même plus de papier-monnaie, rien que de la monnaie électronique. L'argent est devenu immatériel, une simple forme pure et abstraite comme le disait Marx, en réalité une simple écriture comptable. Cette disparition de toute forme tactile de l'argent bouleverse largement notre relation à la dépense: on achète plus facilement parce qu'on ne voit pas fondre nos liquidités. Il n'y a plus de lingots, plus d'once d'or, tout est dans un grand ordinateur. On peut avoir le sentiment d'une immense fiction. Ca explique peut-être qu'il y aurait plus d'1 million d'interdits bancaires en France.


Mais cette abstraction de l'argent n'a à peu près rien changé à la haine entretenue envers les banquiers et le "monde de la finance": des escrocs, des voleurs. A titre anecdotique, on peut rappeler que le footballeur Eric Cantona, grande gueule emblématique, avait appelé, il n'y a pas si longtemps, à ce que l'on retire tout notre argent des banques. 

Ou bien encore, s'intéresser aux banques, à la finance, c'est considéré comme extrêmement dévalorisant. Il m'apparaît d'ailleurs significatif que les économistes aujourd'hui portés au pinacle (tendance Piketty) négligent totalement ce rouage essentiel de l'économie. 

Pour ce qui me concerne, je suis toujours très évasive sur ce que je fais. Jamais, je n'oserais, par exemple, raconter, au cours d'une soirée d'amis, que je m'intéresse aux cours de Bourse depuis presque toujours. Ce serait presque le même scandale que si je déclarais être pédophile: comment peut-on porter attention à des choses aussi triviales, aussi sales ? Quand j'évoque mon boulot, on ne manque pas de me rappeler que, selon Freud, la relation à l'argent est liée à la fonction excrémentielle. Pour schématiser, ce sont les constipés qui aiment l'argent parce qu'ils y trouvent une occasion d'affirmer leur narcissisme et leur pouvoir. Mais ça n'est justement pas du tout mon cas. Et d'ailleurs, pour gagner, il faut aussi savoir accepter de perdre.


Il y a surtout ces deux idées, dans l'opinion publique, que les banquiers se nourriraient de la misère des peuples et que le vrai pouvoir, serait entre leurs mains; les gouvernements n'en seraient que les marionnettes. On est en plein complotisme: ce seraient les banques qui dicteraient la conduite du monde. Le véritable ennemi, le responsable de nos malheurs, c'est la finance. Un ancien Président de la République a d'ailleurs été élu sur ce slogan démagogique.


Quant à l'actuel Président, on ne cesse de rappeler qu'il est un ancien banquier de Rothschild. On ne s'émeut même pas de la sombre connotation de l'insulte.


Mais la haine des banquiers, elle n'est pas seulement française. Elle est quasi universelle et, surtout, ancestrale. Les militants d'extrême-gauche qui s'en prennent, aujourd'hui, au "Grand Capital", à l'argent qui engendre l'argent, ne font que reproduire la haine et la réprobation morale vouées aux prêteurs d'argent jusqu'à la fin du Moyen-Age. L'église catholique vouait ainsi à l'Enfer tous les usuriers. Dante voit même les banquiers en compagnie des sodomites au sein des cercles de l'Enfer. Quant à Shakespeare, il présente, dans sa pièce "Le marchand de Venise", un épouvantable usurier juif qui réclame une livre de chair à son débiteur. Ça faisait évidemment frémir. Quant à l'Islam, Mahomet a, d'emblée, banni le prêt avec intérêt.


Dans ce contexte, ne se risquaient à être prêteurs que des minorités ethniques (les Juifs en Europe, les Chinois, en Asie, qui, les premiers, ont inventé le papier-monnaie) aux quelles on interdisait l'accès à d'autres métiers plus respectables. Les premiers banquiers étaient, en fait, des apatrides rejetés par les religions dominantes. C'est l'une des grandes sources de l'antisémitisme: tuer son banquier était le meilleur moyen de se débarrasser de ses dettes et ça n'avait rien de répréhensible puisqu'on ne faisait qu'exterminer des suppôts du Diable.


Cet interdit religieux sur le prêt à intérêt a ainsi considérablement pesé sur la croissance économique au Moyen-Age. Ce n'est qu'à partir du moment où l'interdit a été progressivement levé, quand les banquiers ont pu espérer accéder au Paradis, qu'on a assisté à un véritable décollage de l'Europe. On peut dater ce moment de bascule de manière précise : quand les Lombards ont inventé la comptabilité en partie double puis qu'à Florence, les Médicis ont échafaudé un premier système bancaire. Un peu plus tard, Jean Calvin, en Europe du Nord, jugeait le prêt acceptable. 


Ce fut la véritable naissance du capitalisme, une naissance favorisée par une évolution libérale des mentalités. Mais c'est aussi à partir de ce moment que s'est creusé un écart entre l'Europe et le monde islamique enfoncé dans la pauvreté car dépourvu de crédit bancaire. Et il faut bien constater que les pays pauvres aujourd'hui (notamment ceux du continent africain) sont ceux où la population n'a que faiblement accès à un réseau bancaire (le grand espoir, c'est à cet égard Internet).


Mais l'hostilité envers les banques, les financiers et l'argent d'une manière générale, n'a jamais cessé. On évoque régulièrement les affreux 1% (largement composés de financiers) qui s'accapareraient une grande part de la richesse nationale au détriment des vertueux 99%. Marx considérait lui-même les Juifs comme les promoteurs du capitalisme, une malédiction dont ils ne pourraient se libérer que par la Révolution. Quant à l'argent, c'était la forme de l'aliénation capitaliste, "la prostituée universelle, l'entremetteuse générale". Et les banques, Marx ne s'en est tout simplement pas préoccupé, n'y a prêté aucune attention. Ca explique que dans le communisme soviétique, le système bancaire était quasi inexistant. Ce qui s'est traduit par les brillants résultats économiques que l'on sait.


Et aujourd'hui même, on ne cesse de vanter les mérites des crypto-monnaies (notamment le bitcoin). Ca commence même à alimenter un courant anarcho-libertaire. Le bitcoin, ça permettrait de s'affranchir de la gestion étatique de la monnaie et de la rapacité des banques. J'y vois surtout l'ébauche d'une économie mafieuse favorisant les transactions illicites et un véritable attrape-gogo, la valeur de ces crypto-monnaies ne reposant que sur du vent.


Mais les choses sont plus compliquées que ça. Les Français, par exemple, détestent, comme tout le monde, les banquiers mais ils ne répugnent pas à leur confier leur argent. Depuis plusieurs décennies, ils comptent même parmi les plus gros épargnants au monde: bien plus que les Américains et Britanniques, autant que les Japonais ou les Allemands, juste derrière les Suédois ou les Suisses.


Et on peut même ajouter que si les Français bénéficient d'un niveau de vie qui demeure enviable, c'est justement parce qu'ils continuent d'avoir un comportement de fourmi, qu'ils thésaurisent et font des économies. Ils pourraient même être encore beaucoup plus riches si l'Etat français ne siphonnait une grande partie de leurs économies en leur fourguant la masse énorme de ses obligations destinées à financer ses déficits abyssaux. C'est un détournement, un véritable "racket", qui n'est jamais dénoncé alors qu'il est extrêmement préjudiciable. La richesse d'un pays est largement corrélée à la quantité de son épargne, ai-je souligné; mais si celle-ci est, malheureusement, utilisée pour financer des déficits publics, alors elle se perd dans des sables mouvants et stériles. Et finalement, cette équation épargne = investissement est, hélas, très mal comprise à une époque où l'on encourage plutôt à faire chauffer sa carte bancaire et où l'on ne cesse de réclamer davantage de services publics financés "quoi qu'il en coûte". 


Et d'ailleurs, les "économistes" adoubés par les médias se dépêchent de déplorer l'excès d'épargne: c'est vraiment dommage, tout ce bel argent déposé dans des Banques ! Il faudrait inciter à le dépenser bien vite pour encourager la "consommation populaire". Et les récalcitrants, ceux qui s'obstinent à entretenir un "bas de laine", il faut les taxer lourdement.


L'épargne, c'est condamnable, la consommation, ça fait marcher le commerce, c'est, partout, le grand Credo populaire.


Il n'y a pourtant pas d'idée plus pernicieuse. Tout simplement parce que la vraie croissance, le vrai développement économique, ne reposent pas sur la consommation mais sur l'investissement. Ça se comprend d'autant mieux que la plupart des biens de consommation courants sont aujourd'hui importés: les roses du Kenya, les berlines allemandes, les smartphones chinois, les téléviseurs coréens. Vider son compte en Banque pour ce type d'achats, ça n'est bien sûr pas répréhensible mais ça n'apporte à peu près rien à l'économie d'un pays. 


La croissance, ce n'est pas l'éphémère, ce qui est rapidement dilapidé. C'est le durable, le long terme: construire des routes, des voies ferrées, des hôpitaux, des lycées, des logements, des réseaux d'eau, d'électricité, de communication, financer des entreprises innovantes.
 

Et c'est par rapport à tous ces projets de long terme qu'intervient justement une banque. On peut croire à de la magie noire mais le moindre sou déposé sur votre compte bancaire n'est jamais précieusement conservé. Il est immédiatement prêté à quelqu'un d'autre: un particulier, une entreprise voire même des structures publiques: vous déposez 100  sur votre compte courant, simultanément votre banque ouvre un crédit de 80 à un tiers extérieur. L'argent, votre argent, se retrouve alors à deux endroits différents simultanément. 
 

Cet argent, celui sur votre compte, ça demeure bien le vôtre mais il appartient également, en même temps, à celui qui vient de contracter un emprunt auprès de votre banque. Et rien n'interdit à ce dernier d'aller déposer l'argent de son emprunt (qui est aussi le vôtre) dans une autre banque qui, elle aussi, peut en prêter une partie à quelqu'un d'autre et ainsi de suite. Sans que vous le sachiez, votre argent se retrouve alors dans plusieurs endroits à la fois. Vertigineux, n'est-ce pas ?
 

Ça peut vous faire frémir mais c'est bien ce miracle de la multiplication des crédits qui alimente l'essentiel de la création monétaire (bien plus que les pièces et billets ou les chèques et la monnaie électronique). C'est aussi un puissant moteur de la croissance économique: 1 euro déposé dans une banque stimule celle-ci environ 4 fois plus qu'1 euro consacré à l'achat de biens de consommation.


 Vous ne le savez donc pas mais votre argent prend tout de suite la poudre d'escampette ! Essayez toutefois de vous consoler en pensant qu'il sert aussi à financer l'acquisition par un jeune ménage d'un appartement ou à aider un petit entrepreneur en difficultés. C'est pour cette raison que les appels à boycotter les banques sont irresponsables.


Dans ce contexte, le métier de la banque, c'est un jeu d'équilibriste périlleux: entre ses fonds en dépôt et ses engagements externes : particuliers, entreprises, investissements publics, actions, placements financiers. Et il s'agit, cette fois ci, des miracles de la comptabilité et des équilibres bilantiels.


Mais il est vrai qu'il y a toujours une prise de risque et que dans des contextes de plus en plus incertains, on a vite fait de se casser la figure. Une banque peu faire faillite dès qu'une défiance s'installe (ce qui se traduit par ce que l'on appelle le "Bank Run" au cours du quel, dans une espèce de prophétie autoréalisatrice, tout le monde se précipite, en même temps, aux guichets pour retirer son argent). La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) et les déboires du Crédit Suisse viennent de nous le rappeler. Et puis, on a tous en mémoire la grande crise financière de 2008, avec une contagion généralisée, des défaillances en chaîne et un effet domino.


Mais il faut se garder de considérer qu'on est dans la répétition de 2008. Il y a 15 ans, le système financier était submergé de créances pourries (regroupées en produits financiers à risques) issues d'une politique extrêmement accommodante de prêts-logements consentis aux classes défavorisées américaines. 


Aujourd'hui, on sort d'une grande décennie de paresse financière avec des politiques gouvernementales d'argent gratuit. Jamais, on n'a fait fonctionner, à un tel régime et avec autant d'irresponsabilité, la "pompe à Phynances" du Père Ubu. Les grands dirigeants se sont comportés en pompiers pyromanes en rendant l'argent gratuit. Prêter et épargner n'avaient quasiment plus aucun sens dans ce contexte. On pouvait même tout faire et parfois..., n'importe quoi: acheter n'importe quoi à n'importe quel prix. Mais pour l'essentiel, les liquidités qui ont afflué dans les banques ont été placées en obligations du Trésor. Et ces fichues obligations, elles se sont évidemment dépréciées avec la remontée des taux d'intérêt rendue nécessaire par la résurgence de l'inflation. D'où des déficits potentiels importants pour les banques.


C'est maintenant la fin des réjouissances procurées par l'argent magique. Il y aura évidemment de la casse, dans l'immobilier, dans les start-up notamment. Avec des taux qui passent de 0% à 4%, c'est inévitable. Mais c'est peut-être aussi un retour salutaire au principe de réalité, à un fonctionnement plus sain de l'économie.


Images de Jan Provoost, Massysm Quentin, Jan Van Eyck, Giorgio Vasari, Ludwig Von Langenmantel (Savonarole), Honoré Daumier, Gustave Doré, Vermeer, Jan Massijs, Salomon Koninck, Quentin Metsys, Marinus Van Reymersvale, Paraskeva Clark, Alain Rolland ("L'intrique ou le banquier").

Un post que j'ai longuement hésité à publier. Que l'on pourra juger ridicule ou prétentieux. Mais tant pis ! Toutes ces élucubrations, que j'ai quand même essayé de rendre claires, ça fait aussi partie de ma vie quotidienne, c'est aussi un peu moi. Je ne cacherai pas non plus que j'ai un point de vue "orienté" en économie. Mais est-ce qu'on n'aborde pas toutes les choses de la vie selon une perspective ?

Lectures: 

- Honoré de Balzac: toute son œuvre est traversée par cette question de l'argent, lancinante au 19ème siècle. On pourra lire notamment "La maison Nucingen", "Melmoth réconcilié" et bien sûr "Gobseck" (portrait terrible de l'avare et de l'usurier).

- Emile Zola: "L'argent". Un bouquin que j'ai lu il n'y a pas si longtemps et qui m'a étonnée: Zola s'est parfaitement documenté sur les marchés financiers et les mécanismes de la Bourse pour écrire ce livre. Il n'écrit jamais de bêtises sur ces sujets. Les rares romanciers qui se risquent aujourd'hui à parler de la finance sont beaucoup plus désinvoltes mais sombrent généralement dans la caricature.

- Jacob Goldstein : "La véritable histoire de la monnaie - De l'âge de bronze à l'ère numérique". La monnaie comme histoire fabuleuse, la fiction la plus remarquable de l'histoire de l'humanité".

- Jean-Marc Daniel: "Il était une fois l'argent magique" et "Vivement le libéralisme". Un anti-Piketty assumé, clair et percutant.

- Jacques Delarosière: "En finir avec l'illusion financière".

Ces deux derniers auteurs sont des "libéraux", bien loin donc des idées dominantes aujourd'hui. Mais c'est aussi comme ça que je me définirais.

samedi 18 mars 2023

Les ruses de l'Histoire

 

Je l'ai souvent remarqué: c'est une illusion commune de penser que l'Histoire est enseignée de la même manière dans tous les pays. On peut constater, en fait, que c'est la matière scolaire dans la quelle les différences sont les plus abyssales. Ce qu'apprend un écolier espagnol, polonais, allemand, anglais, russe, n'a à peu près rien à voir avec ce qui est enseigné à un jeune Français. Et que dire en dehors de l'Europe, en Turquie, en Iran, en Chine, au Japon ? C'est à peine si on entend parler de la Révolution française, de Louis XIV et de Napoléon.


L'enseignement de l'Histoire, c'est quand même, dans chaque pays, la construction d'un grand roman national. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une discipline "idéologique" parce qu'on n'est pas obligés d'adhérer à tout ce qu'on nous raconte mais ça doit quand même nous inciter à la modestie et à relativiser les choses.


L'Histoire française, elle est quand même grande et elle a contribué à façonner le monde. J'avoue n'en être nullement une spécialiste mais, du fait de ma position décalée, j'ai été étonnée de constater qu'on opérait forcément une sélection des événements et qu'on en oubliait, effaçait complétement, certains. Pourquoi donc alors qu'il s'agit parfois même de victoires françaises ?


1) L'exemple le plus emblématique, c'est pour moi "la guerre d'Orient" ou de Crimée (1853-1856). J'ai été toute contente de découvrir à Paris le métro Crimée, le pont de l'Alma, le boulevard de Sébastopol, la ville de Malakoff. Tous les Russes, tous les Ukrainiens, savent à quoi ça fait référence. Léon Tolstoï a, lui-même, consacré plusieurs récits à cette guerre qui a été un véritable traumatisme pour la conscience russe (mais a permis d'initier une évolution démocratique de l'Empire). Mais je n'ai encore jamais rencontré un Parisien capable de me dire ce que c'était que cette fichue guerre de Crimée et que Diable, pouvait bien y faire un corps expéditionnaire français en compagnie d'Anglais. 


Si je précise alors qu'il s'agissait de la protection des Catholiques d'Orient et du contrôle des lieux saints à Jérusalem, je me heurte à une franche incompréhension. En fait, les Russes rêvaient d'annexer Constantinople et les détroits de la Mer Noire; quant aux Anglais et Français, disons qu'ils sont venus au secours de l'Empire ottoman. 

C'est bien oublié tout cela; pourtant, cette guerre a fait, des deux côtés, des dizaines de milliers de morts. Elle s'est néanmoins conclue par une victoire franco-britannique. Etrangement, les deux vainqueurs se sont montrés magnanimes à l'égard de la Russie. Ils étaient pourtant alors en droit de faire de la Crimée un protectorat ce qui aurait peut-être permis d'éviter les problèmes actuels que l'on sait.


2) Autre guerre baroque complétement oubliée en France, "la guerre du Mexique" (1862-1867). Elle est tellement insensée que je la trouve fascinante. Aller si loin et y faire tuer tant d'hommes, qui firent l'apprentissage des "guerillas", pour faire du Mexique une espèce de protectorat français. Ca a pris la forme d'un Empire catholique, et non d'une République, en mettant sur le trône de Mexico le frère de l'Empereur d'Autriche, Maximilien. 

Ca relevait vraiment de la haute stratégie diplomatique et il faut reconnaître qu'on n'avait vraiment pas peur, au 19ème siècle, d'aller faire la guerre dans les pays les plus lointains (il est, par contraste, sidérant d'entendre, aujourd'hui, que l'Ukraine ou l'Iran, c'est trop loin pour qu'on se sente concernés). Il est vrai que c'était alors une manière d'affirmer la puissance européenne, et notamment de la France, face à un pays émergent, les Etats-Unis.


Les Français ont certes réussi à conquérir difficilement Mexico (en 1863) mais ils se sont ensuite épuisés en combats incessants et ça s'est finalement terminé tragiquement, quelques années plus tard, avec l'exécution, en 1867, de l'Empereur Maximilien. En France, c'est aujourd'hui complétement effacé de la mémoire collective, on ne trouve plus rien qui célèbre cette folle expédition mexicaine (mais qui ne manquait pas de panache). 

Mais le destin tragique de Maximilien (qui était, semble-t-il, un progressiste) en a fait un véritable héros romantique en Europe Centrale et en Belgique (il était l'époux de Charlotte de Belgique, une femme très cultivée, une seconde Sissi en plus intelligente, qui a sombré peu à peu dans la folie). Il a suscité une importante postérité littéraire  et artistique: Marche Funèbre de Franz Liszt et, surtout, le très célèbre tableau d'Edouard Manet : "L'exécution de Maximilien" (sur lequel Napoléon III est caricaturé par le soldat figurant à droite).


3) Et puis, il y a eu les guerres de la France en Chine. J'ai déjà parlé de la scandaleuse guerre de l'opium (1856-1860). Celle-ci, destinée à libéraliser complétement le commerce de la drogue en Chine, a, certes, été une victoire franco-britannique mais s'est achevée avec la mise à sac du Palais d'été de Pékin, une des "merveilles" de la Chine. 

Il faut y ajouter "la guerre des Boxers". Les "Boxers", une secte adepte des arts martiaux (la boxe chinoise) et violemment opposée aux colons étrangers ainsi qu'aux mouvements réformistes. 


En 1900, à Pékin, les "Boxers" commencent, avec l'appui des troupes impériales, à faire le siège des légations occidentales avec l'intention de détruire tous les étrangers. Il commence à y avoir des massacres précédés de tortures. L'émotion commence à être énorme dans le camp occidental. Il faut alors la constitution d'une véritable armée de 8 nations (dont la France) pour libérer les légations et réprimer la révolte. Les représailles et expéditions punitives seront ensuite terribles pour imposer le respect aux Chinois et prévenir toute autre révolte. Je crois qu'en France, ça a été complétement effacé, "zappé", mais ça n'est pas du tout le cas des Chinois qui ne cessent de ruminer cette humiliation.


4) Autre exemple, plus contemporain: celui de la Hongrie. L'image de ce pays diffusée dans les médias français est franchement négative. Il est vrai que la personnalité de son leader, Viktor Orban, est loin d'être engageante. Mais les Français savent-ils qu'on ne les adore pas beaucoup non plus en Hongrie et qu'on entretient une vieille rancune à leur encontre ? Ca remonte au Traité de Trianon (1920) à l'occasion duquel on a complétement disloqué l'Empire des Habsbourg et réduit la Hongrie (qui s'étendait jusqu'à l'Adriatique) à un tout petit Etat privé même de nombre de ses "magyarophones" (plus de 3 millions) qui se sont retrouvés, tout à coup, pour la plupart en  Roumanie (pays honni) mais aussi en Serbie et en Ukraine. 


On a "puni" avec une implacable et incompréhensible rigueur la Hongrie au lendemain de la 1ère guerre mondiale. La Hongrie qui n'était tout de même pas le principal fauteur de troubles. Et il faut bien reconnaître que la France était alors principalement à la manœuvre. C'est pour la Hongrie une "blessure historique" que l'on ne cesse de ressasser. Mais qui a conscience de cela en France et qui connaît encore le "Traité de Trianon" ? C'est vieux me direz-vous ! Mais imaginez qu'il y a un siècle, on ait réduit de 2 tiers le territoire de la France et distribué les parties restantes à ses voisins. On s'en souviendrait encore aujourd'hui.


Je termine enfin avec trois "étonnantes" petites histoires : 

5) On sait que Napoléon a eu cette idée, peut-être malencontreuse, de vendre, en 1803, la Louisiane (4 fois le territoire de la France, près de 25% de celui des Etats-Unis). Mais on ignore généralement qu'il a eu, dans le même temps, le projet de conquérir les Indes en en boutant les Anglais. Ca s'est d'abord traduit par un accord avec le Tsar, un peu dément, Paul 1er. Un premier détachement de cosaques, que devaient rejoindre des troupes du Général Masséna, était déjà en route vers l'Afghanistan. Mais l'assassinat de Paul1er a mis fin à l'opération. Ensuite, après le renversement des alliances de la Russie, Napoléon s'est rapproché de la Perse et a entrepris des pourparlers pour que ses troupes puissent traverser son territoire. C'est un projet qui apparaît insensé aujourd'hui mais à l'époque, ça ne l'était, en fait, pas tant que ça: les forces anglaises en Inde y étaient alors très réduites.


6) Qui sait que la France a eu pour Reine une Ukrainienne, Anne de Kiev (de 1051 à 1060) ? C'est évidemment complétement anecdotique parce que l'Ukraine et la France, ça n'avait alors pas grande signification. Et puis, on ne sait vraiment pas grand chose de cette Anne de Kiev si ce n'est qu'elle a bien fait le grand voyage, long et périlleux, depuis là-bas, cette contrée si lointaine, et qu'à l'époque, la couronne de France, ça n'était pas si prestigieux que ça. On notera toutefois que la ville de Senlis s'attache aujourd'hui à célébrer son souvenir (on y a inauguré sa statue et une chapelle ukrainienne, donné son nom à un lycée et établi un jumelage avec un quarter de Kyïv).


7) Et enfin, sait-on qu'un roi français Henri III de Valois  (1551-1589) a aussi été roi de Pologne et Grand Duc de Lituanie (1573-1575) ? Il a été "élu" sur cette fonction parce que c'était le principe révolutionnaire d'une monarchie élective qui gouvernait alors la République des deux Nations. C'était très prestigieux à l'époque parce que la Pologne était alors l'une des principales puissances européennes. Mais ça s'est mal passé, ça a vraiment été le grand choc des deux cultures. D'un côté, les Polonais trouvaient leur roi Henryk 1er bizarre et frivole, de l'autre, celui-ci ne supportait  pas le climat glacial du pays, ses mœurs austères et surtout la reine qu'on lui destinait, un laideron de 28 ans son aînée. Epouvanté, il s'est finalement enfui honteusement du pays, dans la clandestinité. Il n'a donc pas été un roi très glorieux, plutôt un personnage grotesque. En Pologne, tout le monde connaît cette espèce de comédie de boulevard qui continue de faire rire et ça y a durablement façonné l'image peu sérieuse des Français. Mais qui connaît cette histoire en France ?


Voici donc quelques-unes de mes petites élucubrations historiques. Je suis sans doute barbante, presque professorale, et puis je ne suis vraiment pas une spécialiste. Mais voilà:  j'adore la puissance évocatrice de l'Histoire, ça vaut souvent les meilleurs romans.

Et l'Histoire, c'est  bien, en effet, un grand roman national. Mais ce que l'on exhibe, ce que l'on met en avant, tout ce qui tisse le grand discours officiel, est irrémédiablement doublé de tout ce que l'on tait, oublie, efface. Et ce grand refoulé n'est pas moins intéressant.



Images du douanier Rousseau ("La guerre"), de Vereshtshaguin (peintre russe qui dénonçait les horreurs de la guerre en les exhibant), Marcel Gromaire, Edouard Detaille ("Le rêve"), Edouard Manet, Jozsef RIPPL RONAI grand peintre hongrois (1861-1927). La dernière image, historique, s'intitule : "La Barbarie et le Choléra entrant en Europe". C'est d'actualité, me semble-t-il.

Lectures :

- Léon TOLSTOI : "Récits de Sébastopol" . Tolstoï relate ici son expérience propre, faite d'angoisse et d'effroi, de la guerre de Crimée.

- William T. VOLLMANN : "Dernières nouvelles et autres nouvelles". Par le grand écrivain américain, un ensemble magistral de nouvelles horrifiques, roman d'aventures et thriller politique parcourant le monde entier. L'une de ces nouvelles évoque la fin du duc Maximilien. 

- Iradj AMINI : "Napoléon et la Perse - Préface de Jean Tulard"

- Sylvain VENAYRE : "Les guerres lointaines de la Paix - Civilisation et Barbarie depuis le XIXème siècle". L'auteur souligne un étrange paradoxe: alors qu'on était à peu près en paix en Europe depuis 1815, on n'hésitait pas à aller faire la guerre dans les pays les plus lointains. Toutes ces aventures alimentaient largement la presse et les informations. L'opinion publique se préoccupait ainsi davantage des affaires internationales. Mais ça faisait aussi de nous, Européens, les spectateurs fascinés de la souffrance des autres.

samedi 11 mars 2023

Le bonheur dans le crime

 

Je déteste la violence mais, comme beaucoup de gens, je porte attention aux faits divers et aux affaires criminelles. J'ai pour héroïne Pauline Dubuisson (que Philippe Jaenada a magistralement évoquée dans "La petite femelle"). Mais je suis également fascinée par Violette Nozière, cette jeune parricide de 18 ans dont les surréalistes ont fait une héroïne (cf le beau film de Claude Chabrol). Et dans le domaine de l'horrible, de l'incompréhensible, il y a, évidemment, les sœurs Papin, ces deux "bonnes" de la ville du Mans qui, en janvier 1933, ont sauvagement assassiné leurs maîtresses, en leur infligeant d'effroyables souffrances (cf le film "Les blessures assassines" de Jean-Pierre Denis). 

Et puis, j'aime les films d'horreur et d'épouvante.

Et quand j'ai lu le Marquis de Sade, Georges Bataille et Sigmund Freud, ça a été une révélation.



Et que dire de mon goût pour les romans gothiques ? Et puis aussi, quand j'étais enfant, adolescente, j'avais adoré la Comtesse de Ségur et les sœurs Brontë. J'avais perçu que l'amour, ça n'avait pas grand chose à voir avec la soupe bêtasse qu'on cherchait à nous servir. Vivre heureux en fondant une famille, je trouvais ça sinistre.


J'avais compris qu'il y avait, en chacun de nous, une part d'ombre inaccessible à la raison et au sens commun. La violence, la cruauté, on dit que ce serait inexplicable et scandaleux, complétement extérieur à la définition de l'humanité. On préfère croire qu'on serait globalement tous bons par nature. Il n'y aurait que quelques déviants qui s'écarteraient de ce schéma: en fait, quelques grands pervers ou manipulateurs, des paranoïaques narcissiques ivres de pouvoir. Le malheur, ce serait de tomber dans les griffes de ces gens là, d'en être, un jour, les victimes. 


Mais on se refuse à considérer que la réalité, c'est qu'on est tous travaillés par une "passion du négatif". On n'aime pas tant que ça, en fait, avoir une vie paisible faite d'ordre et de tranquillité. La vie bourgeoise nous ennuie vite et on prend alors plaisir à détruire les belles harmonies, l'entente et la cordialité. C'est ce qu'on appelle semer la zizanie, voire, plus trivialement, "foutre la merde".


On a tous, en fait, un problème avec autrui. "L'Enfer, c'est les autres", disait fort justement Sartre. Les autres que l'on perçoit comme hostiles, malveillants. Ce sont d'abord toutes les "histoires de familles", les engueulades explosives à l'occasion des repas du dimanche. On déclare aimer son conjoint, ses enfants. C'est probablement sincère même si cela affecte toujours une forme particulière. Mais on ne se prive pas de se quereller violemment avec eux, de leur dire leurs 4 vérités, de leur raconter les pires horreurs. Et que dire des "embrouilles" continuelles avec ses amis ou ses voisins. On aime, en fait, vivre dans le conflit permanent et dans l'insécurité affective.


Je me souviens qu'avec ma sœur, c'était épouvantable ce qu'on pouvait se balancer. Et aujourd'hui, avec ma copine Daria, on ne cesse de se critiquer l'une l'autre (comment t'es habillée, tu balances ton fric à des bêtises, tu bois trop, tu fréquentes des types nuls, tu ne fais pas de sport, secoue toi un peu, prends toi en mains, donne-toi des objectifs ...). Mais, curieusement, cette querelle incessante est constructive, elle semble même être le moteur de notre relation. Telles les gamines des "malheurs de Sophie", on se réconcilie finalement et on trouve, ensuite, notre bonheur commun à faire des bêtises ensemble.


Le Mal irrigue, en fait, toute la vie en société. On peut même dire qu'il y a une espèce de guerre de tous contre tous qui en est le principe de fonctionnement et le moteur. 


C'est particulièrement vrai chez Proust où, dans l'élégante société bourgeoise et aristocratique, on ne cesse de médire des autres, de "casser du sucre" dans leur dos et même de les humilier publiquement. La cohésion du groupe s'affermit par rapport à un souffre-douleur (cf. les Verdurin et "Saniette").


Chez le Marquis de Sade, c'est même poussé à l'extrême: il y a un véritable despotisme de la "nature" humaine qui nous porte, de manière irrésistible, à la violence.  

Et Freud va même plus loin. On ne saurait trouver le bonheur dans un quelconque système social (un État parfait) parce qu'on ne cherche pas nécessairement son bien et qu'on ne trouve de véritable satisfaction que dans la transgression des tabous de la morale et de la culture. Ces tabous qui nous éloignent de notre être pulsionnel.


On n'arrivera donc jamais à mettre fin à nos conflits, à unifier nos impulsions contradictoires. "Tous ensemble", c'est un slogan politique mensonger. On cherche, chacun, à s'affirmer par rapport aux autres, on est continuellement portés par un désir éperdu de reconnaissance. On se pense, alors, tous en amis et en ennemis et on ne cesse de vouloir la mort de l'autre (Hegel).


Il n'y a pas de Bien ou de Mal en soi, on n'est pas d'un côté ou de l'autre. Il n'y a que des situations à l'occasion des quelles on éprouve sa liberté de commettre ou non des actes effroyables aux dépens d'autrui.

La bienséance sociale nous empêche, certes, de mettre à exécution nos envies de meurtre. Mais on se rabat alors sur des moyens de satisfaction détournés.


Ça explique sans doute l'extraordinaire prolifération du roman noir et du roman gothique au 19 ème siècle. Le relais a ensuite été pris, au 20ème siècle, par le roman policier et le cinéma. Tous ces supports nous permettent d'y jouer le rôle de "criminels par procuration".


Et puis, dans les relations amoureuses, est-ce qu'il n'y a pas d'emblée un rapport de force qui s'installe au sein d'un couple ? Il y en a toujours un qui cherche à dominer l'autre. Mais quand celui qui prétendait dominer se rend compte qu'il ne fait pas le poids, ça fait un beau grabuge. J'en sais quelque chose parce que je crois qu'on a toujours tendance à me considérer, initialement, comme une fille sympa, tolérante. Mais quand on découvre que je suis, en fait, très compliquée et qu'on n'arrive pas à vraiment m'identifier, ni à avoir prise sur moi, c'est le grand dépit, voire la rage de la déception ...


Les relations amoureuses sont affectées par des basculements continuels de pouvoir. C'est ce qui les rend très compliquées. D'autant que les objectifs des deux sexes sont bien différents. Un homme recherche, généralement, une femme décorative. Mais les qualités d'un homme ne sont pas toujours la première préoccupation d'une femme. La normalité est rebutante, les notaires et les fonctionnaires ne séduisent guère. C'est l'exaltation affective qui prime. 


C'est souvent la fascination du Mal, de l'inconvenance, qui entraîne une femme sur la pente dangereuse du désir, dût-elle, pour cela, endurer les pires avanies. Et que dire de celles qui sont attirées par des hommes violents ? C'est évidemment consternant et effrayant mais, pour la plupart des femmes, rien n'est pire que l'ennui. Mieux valent la fulgurance de l'émotion et même l'horreur des querelles et des conflits.


C'est pourquoi les couples les plus improbables sont souvent les plus solides et les plus stables. La détestation commune affichée est souvent à proportion de l'amour réel éprouvé. S'affranchir des conventions sociales, c'est aussi une manière de trouver une forme de bonheur, le "bonheur dans le crime", certainement pas sécurisant mais tellement plus intense.


C'est la logique terrible du désir humain dans le quel s'entremêlent, indissociablement, Éros et Thanatos, l'harmonie et la destruction.


Mais faut-il pour autant s'adonner à son seul être pulsionnel ? Est-ce la seule voie du bonheur ? On sait que Freud admirait Dostoïevsky mais éprouvait, en même temps, une antipathie pour lui. Son caractère est, à ses yeux, immuable, enfermé dans l'exigence des pulsions qui dictent, en fait, le destin de ses personnages. Mais les pulsions savent aussi se transformer et trouver d'innombrables objets de satisfaction: le savoir, la connaissance, l'Art, la création. Dostoïevsky s'en tient aux scènes primitives. Et il faut d'ailleurs savoir que, selon la légende, son propre père a été assassiné par ses serfs qu'il tyrannisait.


Images, tout d'abord, d'une école totalement oubliée: celle du néo-romantisme (1926-1972). Le musée Marmottan-Monet lui consacre, en ce moment, une exposition. L'une de ses figures principales est Eugene Berman (1899-1972), américain d'origine russe. Les autres images sont de la période symboliste: Carlos Schwabe, Félicien Rops, Alfred Kubin, Ilya Repin.

Un post qui pourra laisser penser que je suis, en tant que personne, éruptive et conflictuelle. C'est l'exact contraire. Je déteste tellement les conflits que je suis, plutôt, imperturbablement et continuellement lisse. J'essaie même d'en faire une règle de vie.

- "Le bonheur dans le crime", c'est évidemment une allusion au célèbre recueil de  Barbey d'Aurevilly, ce "déplaisant réactionnaire" mais, néanmoins, grand écrivain du 19 ème siècle. Chacun de ses livres est troublant.

- Je recommande, à nouveau, les lectures d'Hoffmann ("Les élixirs du Diable") et des sœurs Brontë.

Et en littérature contemporaine :

- les bouquins ("Crimes", "Coupables", "L'affaire Collini", etc...) de Ferdinand Von Shirach, grand avocat pénaliste allemand qui relate des cas, ahurissants, extraits de ses archives. On ne manquera pas non plus de s'interroger sur l'ascendance de Ferdinand: son grand-père était Baldur, le dirigeant des Jeunesses Hitlériennes.

- Florian ILLIES: "Comme ils ont aimé".  Un livre, tout récent, qui m'a enthousiasmée. Il enchantera surtout les germanistes mais pas seulement. Une foule d'histoires d'amour, compliquées et tortueuses, des artistes et écrivains des années 20-30. Florian Illies est journaliste au "Zeit" et ses bouquins (notamment "1913 Chronique d'un monde disparu") rencontrent un grand succès en Allemagne.

Et enfin, deux très bons essais :

- Jean-Bertrand PONTALIS : "Un jour, le crime"
- Michel ERMAN : "La cruauté - Essai sur la passion du Mal"