samedi 28 septembre 2019

Histoires russes - Le Mandchoukouo


Après l'Amérique,  je vais vous parler, cette semaine, des Russes en Chine, ou plutôt au Mandchoukouo.

Le Mandchou...quoi ?

C'est vrai que presque tout le monde a oublié cet État indépendant (reconnu par les seules puissances de l'Axe et ... l'U.R.S.S.) qui a existé de 1932 à 1945 au Nord-Est de la Chine sur un territoire recouvrant à peu près l'actuelle Mandchourie.


Ça a tout de même été le septième pays au monde par sa superficie et une grande puissance industrielle. Mais aujourd'hui, que reste-t-il du Mandchoukouo ? On s'est plus tard employés à le dénigrer totalement et toutes les traces en ont été soigneusement effacées. C'est pourtant un pays susceptible de faire puissamment rêver et qui pourrait servir de cadre idéal à un film ou à un roman.


Le Mandchoukouo, ça fait quelques années que j'essaie de m'y intéresser. Il faut dire que dans mon précédent boulot, j'étais pas mal sollicitée par mon D.G., même si ça n'avait pas grand chose à voir avec la finance, pour faire du relationnel à l'international. Je suppose que je devais être jugée émoustillante pour des interlocuteurs étrangers.


Je m'occupais comme ça de recevoir, occasionnellement, des Chinois qui venaient de Mandchourie et plus précisément du Heilongjiang. La Mandchourie, c'est tout de suite très évocateur pour des Russes. C'est quasiment l'unique  territoire chinois faisant frontière avec la Russie, au bord notamment du fleuve Amour (dont le nom n'évoque en rien l'amour en russe et en chinois et ne veut même à peu près rien dire), c'est à dire tout à fait à l'Est, presque jusqu'à Vladivostok.


La Chine et l'Asie en général, ça fait plutôt peur aux Russes, il faut bien l'avouer.

La première explication est bien simple. C'est le constat d'une formidable disproportion géographique et humaine. Tout l'Extrême-Orient russe, cette énorme zone de l'est de la Sibérie, n'est peuplé que d'un peu plus de 6 millions de personnes. En face, le district du Heilongjiang en Mandchourie comprend 40 millions d'habitants sur un territoire à peu près grand comme la France, c'est à dire 10 fois plus petit que l'Extrême-Orient russe. Si l'on ajoute que le climat est très hostile en Mandchourie (célèbre pour son festival de sculptures monumentales de glace et de neige), on comprend que les Russes entretiennent des fantasmes bien fondés d'invasion, submersion. Les Russes ont le territoire mais pas la population et la Chine, c'est exactement l'inverse.


Et puis, il y a le poids de l'histoire. Les Russes ont toujours entretenu une relation de défiance vis-à-vis des "Asiatiques",  terme dans lequel ils confondent Chinois et Japonais.

Ça a commencé avec la tentative d'assassinat, en 1891, du futur Tsar Nicolas II alors en visite diplomatique au Japon.  Il a échappé miraculeusement à un attentat au sabre qui lui a laissé une longue cicatrice sur le front. Curieusement, son agresseur a été gracié.


Et puis, il y a eu la traumatisante défaite contre le Japon (1904-1905). Pour la première fois, un pays occidental de "race blanche" était vaincu par des "Jaunes".

Il faut dire que la Mandchourie était tombée sous influence russe avec la construction du chemin de fer de l'Est chinois, dernier tronçon ferroviaire du Transsibérien qui permettait de rallier plus rapidement Vladivostok en prenant un raccourci par la Chine. Une grande ville russe, Harbin, venait d'être fondée et la Russie s'était ouvert un port en eaux libres sur la Mer du Japon : Port Arthur (aujourd'hui Lüshun). En bref, la Russie était en train d'annexer,en catimini, un grand morceau de Chine. C'était intolérable pour le Japon qui voulait pour sa part annexer la Corée.


Après cette guerre meurtrière (71 000 morts Russes et 85 000 Japonais), la Mandchourie est demeurée un champ de bataille politique et militaire entre la Russie, la Chine et le Japon. Après la révolution bolchevique, des milliers de Russes Blancs fuient pour trouver refuge en Mandchourie. Harbin devient alors une ville importante que l'on a surnommée, selon les points de vue, le "Moscou de l'Orient" ou le "Paris de l'Extrême-Orient". On y parlait russe et les noms des magasins comme des rues étaient en caractères cyrilliques. On n'y trouvait pas seulement une grande église orthodoxe mais des rues commerçantes avec des boutiques de mode, des restaurants et des boîtes de nuit, des distilleries d'alcool et, enfin et surtout, d'innombrables lieux de plaisir avec une foule de prostituées, magnifiquement belles et bon marché.


Et puis, en 1931, survient l'invasion japonaise de la Mandchourie qui est alors formellement détachée de la Chine et devient un État indépendant, le "Mandchoukouo". A sa tête, était placé le dernier empereur mandchou de Chine, Pu Yi. Les Mandchous avaient régné sur la Chine depuis le 17ème siècle et, comme leurs protecteurs japonais, ils avaient l’intime conviction d’être supérieurs aux Chinois et d’avoir le devoir de les civiliser. 


Cet empereur Pu Yi était, contrairement à ce qu'on imagine, un homme raffiné et éduqué, d'une distinction très british. Il n'était pas un vrai tyran et d'ailleurs, il ne sera, plus tard, jamais condamné pour crimes de guerre. Il sera ensuite gracié par Mao dans la Chine populaire où il finira misérablement sa vie en 1967. Simplement, il ambitionnait de reprendre bientôt le trône de ses ancêtres dans un Pékin japonisé.


La création du "Mandchoukouo" a donc reposé sur un idéal civilisateur: il s'agissait de sortir l'Extrême-Orient de la misère et de la déchéance morale et d'initier, au-delà, la modernisation de la Chine. A cet égard, ça a été une grande réussite initiale parce que le Mandchoukouo est rapidement devenu l'une des premières puissances économiques en Asie et une grande base industrielle du Japon. 


Une véritable effervescence a saisi ce pays emporté par une croissance vertigineuse, un nouveau Far-West ou plutôt un nouveau Far-East. Le plus frappant était, paraît-il, l'extraordinaire métissage et mélange des races, des cultures, des langues, des histoires qui caractérisait les grandes métropoles du Mandchoukouo : des Coréens, des Japonais, des Mandchous, des Russes blancs et rouges, une foule de communautés qui vivaient toutes en bonne entente, un peu comme autrefois dans l'ancienne Vienne impériale.


Le "Mandchoukouo", ça a été la première éclosion du luxe et du plaisir en Asie: le raffinement japonais, le goût de la fête russe, l'attrait de la débauche avec une présence féminine très forte. Près de Harbin, les Japonais ont commencé à construire une nouvelle capitale, Hsinking, appelée à devenir un nouveau Tokyo, d'une modernité époustouflante.


Tout n'était pas reluisant cependant. Les rares témoignages dont nous disposons relatent tous l'extrême brutalité de l'armée japonaise et surtout sa "haine des autres" et particulièrement des "Blancs".

Pour beaucoup de Russes, ça a été quand même une période extraordinaire et un lieu d'espoir où ils se sont parfaitement intégrés. 


Ça s'est mal terminé cependant. En août 1945, l'Armée Rouge est entrée dans Harbin. Tous les Russes qui y résidaient, aussitôt considérés comme anticommunistes ou collaborateurs, ont alors été arrêtés et envoyés immédiatement en camp de travail (au Goulag) en U.R.S.S.. Les Soviétiques ont également démantelé toute l'infrastructure industrielle du Mandchoukouo pour se l'approprier.

C'est ainsi qu'Harbin et la Mandchourie sont aujourd'hui vides de Russes.  Cependant, il subsiste toujours aujourd'hui, paraît-il, de nombreux monuments, églises orthodoxes et rues bordées d'immeuble pastel. Et puis la Chine s'attache à développer un tourisme de masse avec un "musée russe en plein air".  


Peu importe cette pacotille à vrai dire. L'ascension puis la chute brutales du Mandchoukouo, c'est une belle illustration des soubresauts de l'Histoire, de ses hauts et de ses bas, de sa grandeur et de sa décadence. Est-ce que c'est vraiment rationnel tout cela, est-ce que ça n'est pas simplement emporté par le Hasard ? 

La totalité (hormis les affiches de propagande et la photo de Pu-YI)  de ces images est de Paul Jacoulet (1896-1960), artiste français ayant vécu la plus grande partie de sa vie au Japon et qui a renouvelé l'art de l'estampe gravée sur bois (ukiyo-e).

Il y a assez peu de littérature, du moins à ma connaissance, consacrée au Mandchoukouo.

* On lira quand même en priorité les mémoires fascinantes de PU-YI dans son livre :"J'étais Empereur de Chine" (c'est en poche et facile à trouver) et puis on reverra le film magnifique de Bernardo Bertolucci : "Le dernier Empereur" (1987). C'est ce film qui m'a donné envie d'aller à Pékin.

* Il y a quand même un livre de référence de la grande écrivain-voyageur suisse Ella Maillart : "Envoyée spéciale en Mandchourie" (dernière édition en 2009). C'est à mes yeux l'un des meilleurs livres d'Ella Maillart. Il a bien sûr inspiré ce post.

* On peut lire aussi : "Les nuits de Sibérie" de Joseph Kessel qui décrit très bien l'ivresse, luxure et la barbarie d'une époque. Mais ça se passe à Vladivostok qui est quand même tout  près de la Mandchourie.

Je signale enfin que je suspends provisoirement mon blog. Je pars en effet en Ukraine (via Cracovie en Pologne-Galicie) mercredi prochain pour une quinzaine de jours. Mes histoires russes reprendront donc plus tard. Prochain post, au plus tard le samedi 26 octobre.

Je séjournerai principalement au "Swiss Hotel" à Lviv. Si vous voulez avoir une idée de la vie à Lviv, beaucoup moins morose qu'on ne l'imagine, je vous conseille le site You Tube d'une jeune amie lvovienne: Tetyana Zoobko. Elle a réalisé de nombreuses vidéos sur ses voyages et on en trouve aussi de nombreuses sur Lviv. Vous trouvez son site en tapant simplement Tetyana Zoobko-You Tube. C'est souvent excellent et j'aime bien la personnalité, très représentative et pleine d'humour et d'allégresse, de cette fille. Elle illustre bien également ce qui distingue une Ukrainienne d'une Française. Évidemment, vous n'y comprendrez peut-être pas grand chose mais les images et la musique peuvent suffire à vous emporter. Je vous conseille notamment celui-ci réalisé pour une grande part dans les cafés que je fréquente. Copiez-collez ci-dessous :

Заведения Львова, с выходами на крыши


samedi 21 septembre 2019

Histoires russes - L'Alaska et la Californie


 

J'en ai déjà parlé. Ce qui est enseigné, à l'école, comme de l'Histoire, ça diffère profondément d'un pays à l'autre. On a vraiment l'impression que l''Histoire universelle ça n'existe pas. Elle est toujours mise au service des nationalismes, de la gloriole et du chauvinisme local. Il n'y a que des héros et des martyrs, rien que des récits édifiants, et puis les autres pays, ça n'existe quasiment pas.

Pour ce qui me concerne, je connais plutôt davantage l'Histoire russe que la française.  C'est surtout parce que l'Histoire russe, elle diffère de toutes les autres et c'est absolument fascinant. Elle est pleine de crapules et de traîtres qui n'ont vraiment rien d'exemplaire. Ça vaut tous les récits d'aventure et tous les romans policiers. Si on ne parle que des Tsars, de Rurik à ... Poutine, on ne rencontre, au masculin et au féminin, que de grands cinglés, des fous criminels, des débiles, des dépravés, des incestueux, des cyniques, des cruels, des mégalomanes. Il n'y a eu que deux gentils, deux "démocrates" : Nicolas II et Gorbatchev mais ça ne leur a pas réussi et ça explique sans doute qu'ils aient mal fini. Quand j'étais enfant, ça a été mon éducation à la vie.


Je me propose donc de vous raconter, à partir d'aujourd'hui, quelques histoires russes peu connues à l'Ouest. Pas celles de tsars débauchés sur les quels on trouve tout de même une littérature abondante mais celles de périodes, de moments critiques de l'histoire, à la suite des quels le destin du monde aurait pu basculer.

Je commence par les Russes en Amérique. Presque tout le monde semble l'ignorer mais les Russes ont failli conquérir l'Amérique du Nord, du moins sa côte Ouest. Ils ont commencé par annexer l'Alaska et ont ensuite essaimé jusqu'en Californie, à San Francisco. Ça n'est pas si vieux que ça puisque ça s'est passé au début du 19 ème siècle.


Tout a commencé avec la conquête de l'immense Sibérie et la découverte du détroit de Bering.

La Sibérie d'abord, il ne faut pas croire que ce sont les victoires militaires qui ont permis aux Russes de se l'approprier. D'ailleurs, il faut bien le reconnaître, en dépit de la propagande actuelle, les Russes sont d'assez piètres soldats. Dès qu'il s'est agi de livrer une bataille directe, ils ont été battus. Presque tout le monde les a vaincus : les Mongols, les Polonais, les Suédois, les Turcs, les Anglais, les Français, les Finlandais, les Afghans ... Leurs deux défaites les plus humiliantes : contre le Japon en 1905 et en Crimée (1853-1856) contre les Français et les Anglais [entre parenthèses : c'est drôle, les Français ne savent même plus à quoi correspondent "le pont de l'Alma", le "boulevard de Sébastopol" ou la ville de "Malakoff"; il serait pourtant bien qu'ils rappellent aujourd'hui à Poutine leur droit sur la "Crimée" à la suite de leur victoire de 1856; ça changerait la donne actuelle et les prétentions russes].


Dans l'histoire, les victoires russes, elles n'ont été obtenues que parce que l'adversaire n'avait quasiment pas d'armée (l'Asie Centrale au 18 et 19 ème siècles, l'Ukraine et la Géorgie aujourd'hui) ou bien en raison de l'épuisement, enlisement moral et matériel des troupes adverses, dépassées par l'immensité du pays : les Suédois, Napoléon, l'Allemagne nazie. La stratégie russe, elle table aujourd'hui encore sur la défense, le long terme, la dissimulation, la lassitude, presque jamais sur l'offensive directe : on ment et on fait le dos rond en attendant que les choses se tassent. Les Russes sont vraiment les champions des conquêtes territoriales sans combattre.


Ça s'est passé de la même manière pour la conquête de la Sibérie. On n'y a dépêché aucun corps d'armée. La fabuleuse expansion de la Russie vers l'Est, elle a en fait été réalisée, à partir du 16 ème siècle, par des trappeurs et marchands de peaux, cupides mais courageux. La fourrure, c'était en effet le grand business, "l'or en poils", à destination de l'Europe et de l'Asie et petit à petit, les trappeurs et marchand ont obtenu l'aval des tsars pour coloniser, avec l'appui de mercenaires, les régions à l'Est de l'Oural. En contrepartie, il leur était simplement demandé de collecter l'impôt (en fourrures) auprès des populations nomades. Bien sûr, ça n'était quand même pas si facile parce qu'il fallait affronter des conditions extrêmement hostiles : le froid, les animaux, les maladies, les peuplades hostiles. Mais petit à petit, les marchands et chasseurs ont construit des bastions et forteresses au sein d'un espace gigantesque.


Ça a pris une telle extension qu'au début du 18 ème siècle, on ne savait pas très bien où la Russie se terminait. C'est alors que le Tsar Pierre le Grand, le plus moderne de tous, a décidé de dépêcher une expédition chargée d'établir une carte du littoral russe. C'est le Danois Vitus Bering, qui servait dans la marine russe, qui a été désigné chef de cette expédition.

Une première expédition de 5 ans (1725-1730) le conduisit jusqu'au Kamtchatka puis à proximité du fameux détroit de Bering. Une seconde expédition lui permit enfin, au bout de 8 années de voyage, de découvrir, en 1841, la route maritime orientale vers l'Amérique. Mais la joie de la découverte fut de courte durée parce que Bering et la plupart de ses matelots sont morts peu après d'épuisement et du scorbut. Quoi qu'il en soit, Bering est devenu le Christophe Colomb Russo/Danois, l'homme qui a découvert, 349 ans après, la façade Ouest de l'Amérique.


Ensuite, les choses sont allées très vite et la Russie a entrepris de conquérir l'Amérique avec l'Alaska pour base de départ. Elle a créé à cette fin la Compagnie Russe d'Amérique. Elle a donc commencé par coloniser l'Alaska en faisant commerce de peaux avec les autochtones. Il semble d'ailleurs qu'elle ait surtout exterminé, comme les anciens conquistadors, la plupart de ces autochtones en exportant les maladies européennes. Quoi qu'il en soit, les Russes n'ont jamais été très nombreux dans leur colonie de l'Alaska (guère plus d'un millier). L'actuelle ville de SITKA (anciennement Nouvelle-Arkhangelsk) est cependant devenue la capitale et la base de l'Amérique russe. On y trouve aujourd'hui, pour seul souvenir, la réplique d'une tour de guet russe.


C'est alors qu'intervient un homme d'exception, Nicolaï REZANOV (1764-1807) : diplomate (premier ambassadeur russe au Japon), polyglotte d'exception, aventurier, il s'est attaché à la colonisation de toute la côte Ouest d'Amérique via cette Compagnie Russe des Fourrures dont il a pris les rênes et qui est devenue extrêmement prospère. Le rêve de Rezanov, c'était de bâtir un Empire russe du Pacifique s'étendant de la Sibérie à la Californie avec une émigration massive de Russes depuis la mère patrie. Avec quelques navires, à la tête d'un contingent de repris de justice et d'officiers frondeurs, il est ainsi parvenu, en avril 1806, jusqu'à San-Francisco (rattachée alors à la Nouvelle-Espagne). Il y a alors entamé immédiatement des négociations avec le gouverneur espagnol.


C'est alors qu'il rencontre la fille du gouverneur, une femme d'une beauté ensorcelante, Conception Arguello, dont il tombe immédiatement amoureux. L'habileté diplomatique de Rezanov fait alors des miracles et il parvient à obtenir du Gouverneur un contrat commercial et la promesse de sa fille. A ce moment, on peut considérer que Rezanov a gagné : grâce à son mariage et à son traité commercial, la Russie va pouvoir créer une colonie en Californie. Le fiancé rentre ainsi à cette fin à Saint-Pétersbourg pour faire parapher par le Tsar ces accords. Malheureusement, il meurt d'épuisement et de maladie sur la route du retour (à Krasnoïarsk en mars 1807) et son projet d'Empire russe du Pacifique ne survit pas à sa personne. Les traités n'ont jamais été signés et la jeune fille espagnole est entrée au couvent. Il n'existe plus que quelques traces (une chapelle et quelques tombes) de cette épopée russe : à Fort Ross en Californie.


C'est évidemment une histoire terriblement romanesque mais on ne peut s'empêcher de rêver : sans la mort prématurée de Rezanov, qu'auraient été les destins de la Russie et des États-Unis. Parlerait-on russe à Los-Angeles ? A quoi ressembleraient Hollywood et la Silicon Valley (je signale quand même que, par une étrange revanche de l'histoire, c'est un Russe, Sergueï Brin, qui est cofondateur de Google) ?

Après Rezanov, la Russie s'est désintéressée de l'Amérique et a renoncé à un projet de colonie. La guerre de Crimée lui a en outre fait prendre conscience de ses faiblesses militaires et elle a alors décidé de vendre l'Alaska. Ce fut chose faite en 1867 par le Tsar Alexandre II (le "Tsar libérateur" qui a aboli le servage), alors que le commerce des fourrures commençait à décliner. L'Alaska aurait été vendu aux États-Unis pour la somme de 7,2 millions de dollars. C'était évidemment un prix ridicule, ça ne représentait que 4 dollars au kilomètre carré, mais les Russes n'avaient pas non plus d'autre titre de propriété à faire valoir que celui d'être déjà là.


Ce qui est amusant, c'est que cette acquisition a d'abord été vivement dénigrée par la presse américaine : une folie, quel besoin a-t-on d'acheter ce congélateur ! Et puis les critiques se sont tues quand on a commencé à découvrir de l'or en Alaska.

Aujourd'hui, on peut même considérer qu'il s'est agi de la meilleure opération foncière de tous les temps. C'est peut-être à cette fantastique affaire que pensait Donald Trump quand il a récemment proposé au Danemark de racheter le Groenland.

Mais le plus drôle, c'est que les Russes sont aujourd'hui amers que l'on ait bradé à ce point l'Alaska. Il existe même des groupes nationalistes qui réclament sa restitution voire sa reconquête. On peut alors se poser la question : est-ce que Poutine ne va pas rééditer en Alaska, proclamé terre russe immémoriale, l'opération réalisée sur la Crimée ? Et est-ce qu'il ne faudra pas alors, après le mur du Mexique, construire un nouveau mur entre l'Alaska russe et le Canada ?


Tableaux de Nicolas ROERICH (1874-1947), grand peintre symboliste russe qui a notamment parcouru toute l'Asie. Un musée est consacré à son œuvre à New-York.

Je vous ai peut-être ennuyés avec cette première histoire russe. Mais c'est aussi une manière de parler de moi-même et de ce qui me fait rêver.

Si vous vous intéressez à l'histoire des Tsars et Tsarines russes, je vous recommande :

- Bernard Féron : "La galerie des Tsars"
- Simon Sebag Montefiore : "Les Romanov". Très complet. Il se trouve en poche.
- Tous les livres d'Henri Troyat, tous vivants et addictifs. Ils sont également tous en poche.

Si vous vous intéressez à l'Amérique russe, il y a un livre de référence publié en 2016 :

- Owen Matthews : "Nikolaï Rezanov - Le rêve d'une Amérique russe".

Je termine enfin avec mon habituelle petite recommandation cinématographique, le dernier film de Woody Allen : "Un jour de pluie à New-York". Un Woody Allen, c'est toujours jubilatoire même si ça n'est pas son meilleur film.


samedi 14 septembre 2019

Collapsus planétaire


Ce que j'apprécie quand je me rends en Russie ou en Ukraine, c'est que je sais que je ne vais rencontrer aucun curé écologique qui va me bassiner avec son prêchi-prêcha et sa morale à 4 sous comme quoi il faudrait faire pénitence avant l'Apocalypse toute proche.





















L'écologie, le réchauffement climatique, ce ne sont vraiment pas des préoccupations majeures là-bas.  D'ailleurs, on aime bien les grosses voitures (avec des moteurs 6 cylindres au minimum), on a le souci du confort domestique poussé jusqu'à un chauffage saharien en hiver et à l'installation, pour l'été, de climatisations sophistiquées à peine utilisées. Quant au tri des déchets, on commence seulement à le pratiquer (mais il est vrai qu'on ne manque pas de place pour les jeter).

















Ce sont des pays arriérés, vous allez me dire. Peut-être mais je pense aussi que ce sont des pays lucides. Certes le climat change mais le réchauffement n'est pas forcément une mauvaise nouvelle pour tout le monde. On l'oublie trop mais pour certains pays (la Russie, l'Europe du Nord, le Groenland, le Canada),  ça peut aussi être une chance, l'ouverture de nouvelles opportunités.

















De nouveaux territoires (toute la Sibérie, le Grand Nord) vont s'ouvrir à l'agriculture et aux forêts. On n'arrête pas de se lamenter sur la diminution du "poumon vert de la planète", la forêt amazonienne. Mais il est fort probable que de nouveaux poumons verts vont bientôt apparaître, dans l'immense Sibérie ou en Alaska, dans des zones où l'espace n'est pas compté. Et cette nouvelle production végétale se fera au bénéfice pas seulement des populations locales mais de l'ensemble de la planète.


Grâce à ces nouveaux espaces libérés, on ne va pas forcément mourir de chaleur et on ne sera pas forcément trop nombreux.

















Dans quelques décennies, Greta Thunberg pourra peut-être consacrer sa retraite à l'entretien de ses vignes ou de ses champs de canne à sucre près de Stockholm. Ça la déridera ! Et puis, si j'ai un conseil à donner à tous ces jeunes constipés-catastrophés qui défilent dans la rue en culpabilisant leurs parents, c'est d'apprendre le russe, ou une langue scandinave, voire l'Inuit, le tchouktche ou le groenlandais, ou tout simplement l'anglais. Profitez d'ailleurs dès aujourd'hui du marché immobilier extrêmement bas dans ces régions. Pour ce qui me concerne, j'ai une affection particulière pour les villes de Norilsk ou de Touroukhansk (Туруханск district de Krasnoïarsk, là où ont été exilés Staline, Kamenev, Sverdlov et la fille de Marina Tsvetaïeva).

















"Tu déconnes complétement encore une fois" vous allez me dire. Pas sûr ! Ce ne sont d'ailleurs pas des idées qui sortent de mon seul chapeau (même si j'en ai  quelques-uns magnifiques) mais de géographes sérieux (notamment Sylvie Brunel). Il ne faut pas croire que les écosystèmes ont été, sont ou seront figés une fois pour toutes. Vouloir les protéger à tout prix, les mettre sous cloche, n'est pas forcément la bonne solution.  Et d'ailleurs, on continue bien de pratiquer une sélection des espèces, des "nuisibles" : quid des moustiques, des puces, des puces, des rats ? Voire même les virus et les bactéries : faut-il "préserver" ceux du SIDA, de la tuberculose, du choléra ? On trace toujours des exclusions, des "lignes rouges".

















Les paysages, les cultures, les civilisations ont toujours été mouvants, avec leurs évolutions, régressions, ruptures. Le prisme le plus déformant, la vision  la plus pernicieuse, c'est de considérer que le monde sera, peu ou prou,  le même dans 50 ans avec simplement une population plus importante et davantage de gaz d'échappement. En réalité, on n'a à peu près aucune idée du mode de vie des générations futures, de ses attentes, de ses besoins, de la manière dont les révolutions technologiques à venir vont l'affecter.

















De ce point de vue, l'écologie politique est une véritable démission de l'intelligence. Elle dénigre les innovations techniques, elle maudit l'ingénierie, elle sanctifie l'immobilisme et la pauvreté. En bref, elle rompt avec cette idée merveilleuse du "Progrès" qui alimente depuis 2 siècles la pensée occidentale, avec cette confiance en la capacité de l'homme à trouver de nouveaux assemblages, de nouvelles solutions.

















Mais à quoi sert  l'écologie aujourd'hui ? Sûrement pas à nous fournir une information scientifique, à nous inciter à mobiliser nos cerveaux. Elle remplit en fait une fonction purement politique, celui d'un affrontement généralisé entre groupes sociaux et classes d'âge. La lutte des classes, ça commençait à être trop ressassé, alors l'écologie en fournit une actualisation, avec des clivages encore plus marqués : "il y a les bons, ceux qui vivent conformément au respect de la planète, et les mauvais qu'il faudrait excommunier, voire éliminer. La haine se déchaîne".

















En plus l'écologie parvient à recycler les résidus les plus rances de la morale chrétienne. Il faut à tout prix se sentir coupables, forcément coupables, et on doit faire pénitence. On prend plaisir à conspuer les autres, on trouve même son bien être en les rabaissant moralement. On nous promet un futur invivable mais on semble s'en délecter. Ce sont les élucubrations de dépressifs qui illustrent bien cette expression anglaise : "La misère aime avoir de la compagnie". La principale ambition de ces gens immatures et sinistres, c'est de vivre à la campagne dans une ferme de subsistance; ça change évidemment beaucoup de "la route des Indes"; plus de curiosité, plus de regard critique, rien qu'un catéchisme de conduites vertueuses et obsessionnelles laborieusement ânonné.


















 "Les jeunes sont des cons", disait-on autrefois. Maintenant, ils sont devenus, à l'image de leur égérie Greta Thunberg, des dépressifs chroniques plus pantouflards et timorés que leur parents. "Quel monde allez-vous nous laisser ?" ont-ils l'impudence de leur reprocher. Imaginent-ils que cette question ait été posée par les enfants nés immédiatement après la 2 nde guerre  mondiale ? Sans doute pas et ça a probablement contribué à l'extraordinaire développement économique et culturel qui s'en est suivi.



Images (les 4 premières) du triptyque "Le jugement dernier", exposé à Gdansk (Pologne) de Hans Memling, primitif flamand (1430-1494).

Photographies de Daniela EDBURG, artiste américaine née en 1975 au Texas.

Mes petites réflexions sur l'écologie sont inspirées par la géographe Sylvie Brunel dont je recommande particulièrement le récent dernier livre : "Toutes ces idées qui nous gâchent la vie". C'est très rafraichissant, c'est le cas de le dire, ça change des torrents d'âneries et de catastrophes déversées, chaque jour, sur les médias. Je recommande aussi les travaux d'un écologiste américain "sensé" qui n'est nullement apôtre de la décroissance : Michael Shellenberger, fondateur du "Breakthrough Institute".

* Pour ce qui me concerne, je prépare déjà ma défense devant le futur Tribunal écolo qui devra statuer sur mon "empreinte carbone".  Je confesserai :

- parmi mes vertus : je mange très peu de viande, j'ai un jardin à Paris qui, en ce moment, est une vraie jungle mais qui contribue à la réoxygénation de la capitale et surtout, je n'ai pas d'enfant (de pollueur).

- parmi mes péchés : j'ai une grosse voiture (une 6 cylindres en ligne), j'aime les transports aériens intercontinentaux.

J'espère obtenir absolution. Ne pas avoir de gosse et entretenir un jardin, ça me donne tout de même bien droit, il me semble, à avoir une belle bagnole et à prendre l'avion.

samedi 7 septembre 2019

"Les astres, quel désastre !"

 On se prétend tous modernes,  éclairés.

Pourtant l'irrationnel, l'enfantin, affleurent en chacun de nous. La pensée magique ne nous a pas abandonnés.


J'en veux pour preuve ces petites "folies ordinaires" qui nous font adeptes du Loto, des courses, du casino, ou nous conduisent à prêter attention au vendredi 13, à croire en sa chance, sa bonne étoile. Et puis tous ces petits comportements obsessionnels qu'on a tous plus ou moins, destinés, de manière inavouée, à conjurer le "mauvais sort" : la couleur et l'apparence de mes vêtements, mon look, le rituel de mes habitudes et  manies, les lieux, en nombre limité, que je fréquente, ma difficulté à prendre des décisions. On craint, inconsciemment, d'irriter "les dieux".


C'est anodin, ça n'engage que chacun de nous, même si c'est révélateur.  Plus inquiétante m'apparaît la conviction qu'ont la majorité des gens en Europe que le "caractère" d'un individu s'explique largement par son thème astral.

Presque tous, on consulte ainsi avec intérêt, dans la presse, les prévisions de notre horoscope. Il est vrai que, généralement, ça nous réconforte, nous met du baume au cœur. Presque personne ne s'avise de ce que ces horoscopes ne comprennent que des "événements heureux". S'ils annonçaient que l'on va prochainement être atteint d'un cancer, jeté en prison pour escroquerie ou quitté brutalement par son conjoint, nul doute qu'ils rencontreraient beaucoup moins de succès.


Les horoscopes et l'utilisation du thème astral, c'est pourtant très récent. Ça date de la fin du 19 ème siècle et de l'émergence de l'individualisme et du narcissisme européens. Avant, on ne se préoccupait pas beaucoup de son "caractère".

Moi, ça m'a toujours rebutée et irritée. Il est vrai que je suis "Taureau" et que je n'arrive vraiment pas à me reconnaître (hormis le premier terme) dans cet animal grand, fort et bête.


Parce que c'est généralement ça, la force de l'astrologie. Ses amateurs se retrouvent immédiatement dans le portrait qui est dressé d'eux. "C'est exactement moi" comme me dit ma copine Daria. "Je suis bien rêveuse et fantasque". "Ça te va bien en effet d'être une Vierge, toi qui multiplies les amants", je lui réponds. "Ce sont de telles généralités que tout le monde peut s'y reconnaître d'autant plus qu'elles font plaisir. Imagine plutôt qu'on te dise que tu es menteuse et manipulatrice, tu n'aurais probablement pas le même avis".

Et puis, il y a la force du diagnostic du "spécialiste" ( l'astrologue, le médecin, le psychiatre), tous ces "sujets supposés savoir" : quoi qu'ils vous disent, ils vous "impressionnent" et vous êtes disposés à les croire, que ça vous indispose ou vous flatte. C'est là-dessus que se tissent de sombres rapports de pouvoir.


C'est comme ça qu'on en vient, au 21 ème siècle, à croire de telles absurdités comme quoi la Lune ou Jupiter ou Pluton détermineraient ma personnalité. Il y a vraiment en nous un fond irrépressible d'irrationalité. On n'est pas complétement "éducables".

"Mais ça n'est qu'un jeu, une distraction, c'est anodin, ça ne porte pas à conséquences", allez-vous me dire. Et puis surtout, ça permet de rêver un peu, de colorer le monde d'une touche d'optimisme, de sortir de la déprime ambiante. C'est aussi une sorte de retour au sacré et au religieux.



C'est vrai ! Mais ce bonheur en peau de lapin a un prix exorbitant : il nous place en état de dépendance et de sujétion par rapport à celui qui prétend savoir qui nous sommes, celui qui affirme connaître nos aspirations et désirs, celui qui prétend finalement diriger nos vies. Généralement c'est vrai, il s'agit de votre astrologue et de votre médecin mais ça peut aussi être un dictateur: la pente est facile et dangereuse.

Pourquoi s'adonne-t-on alors avec tant de facilité à l'irrationnel, pourquoi consent-on avec tant d'empressement à se faire cataloguer, pourquoi renonce-t-on complaisamment à ce qui fait notre singularité propre et notre identité ?


J'y vois surtout d'abord un besoin de se rassurer par rapport à soi-même et par rapport aux autres. On a besoin finalement de se sentir bien identifié, d'être quelqu'un d'entièrement prévisible. Ça fait partie des exigences du monde de la compétition sociale. Les gens qui sont "pas clairs" comme on dit, on les rejette impitoyablement. Un Taureau imbécile ou une Vierge fofolle, au moins on sait ce que c'est, on sait à quoi s'attendre.

Parce qu'au fond, on a d'abord peur de soi-même. On sait bien qu'on n'est pas entièrement fiables et qu'on est capables du pire. Sans cesse, on observe les abîmes qui s'ouvrent en nous. Se voir affublés d'un "caractère", d'une "personnalité", même si ça n'existe pas, ça nous rassure.

Le plus insupportable pour nous, c'est de penser que notre vie serait entièrement soumise au hasard et aux contingences, qu'on serait en continuelle dérive. Que Dieu puisse jouer aux dés, ça nous est intolérable. On aimerait que tout soit prédéterminé, écrit d'avance. On voudrait qu'"Inch Allah", Dieu l'ait voulu. On voudrait tous avoir un Destin, fût-il celui, minable, d'un signe du Zodiaque.


Cette angoisse de n'être pas fiable, "non conforme", on la retrouve évidemment bien au-delà de l'astrologie. Elle se manifeste aussi dans la médicalisation générale de nos vies et la psychiatrisation de nos comportements.

Les astres, c'est quand même un peu trop grossier, alors on se met à faire de la psychologie, on assène des diagnostics qui vous "vitrifient" définitivement. Le monde se remplit ainsi de dangereux psychopathes : des paranoïaques, des obsessionnels, des "pédophiles", des "pervers narcissiques".


Pour soi-même, on est évidemment beaucoup plus indulgents. On éprouve même beaucoup de sympathie pour les nouvelles pathologies à la mode, plutôt valorisantes: le bipolaire et maintenant l'"autiste Asperger" (au quel l'écolo Greta Thunberg vient d'apporter un éclairage médiatique). De ces "maladies" aux contours mal définis, entre la neurologie et le mental, je ne vais bien sûr pas débattre aujourd'hui. J'observe simplement qu'elles sont en accord avec "l'esprit du temps", la touche d'originalité, de créativité et d'excentricité aujourd'hui tolérées.
 

Surtout, ce qui m'a le plus frappée dans les confidences innombrables de ces bipolaires ou "autistes Asperger" recueillies sur Internet, c'est que les personnes concernées déclarent unanimement qu'elles ont éprouvé un soulagement et une sérénité nouvelle à partir du moment où on a établi le diagnostic de leur maladie. Bizarre pour des pathologies pour les quelles il n'y a pas vraiment de traitement. C'est le fameux "bénéfice" de la maladie et ça traduit bien ce besoin ambigu d'être identifié, encadré.



Au final, doit-on vraiment s'abandonner à tous ces charlatans ou à tous ces spécialistes et ces  maîtres qui prétendent tout savoir de nous et se dépêchent de nous étiqueter comme caractériels ? Notre part d'ombre, on la connaît en fait mieux que quiconque et il est sans doute préférable de d'abord travailler sur soi-même sans complaisance : on crée chacun son propre univers et on trace, chacun, ses propres lignes de fuite et il n'est peut-être pas nécessaire d'en référer à un autre ou de requérir son diagnostic. Ça peut permettre de nous protéger de tous ceux qui voudraient nous voler la beauté de nos vies, cette beauté justement faite de hasard et d'imprévisible. C'est aussi une manière d'affirmer notre droit à une certaine anormalité.


Tableaux principalement de John William WATERHOUSE (1849-1917) et de John William GODWARD (1861-1917), tous deux peintres britanniques, Préraphaélites.

Si vous vous intéressez à l'autisme Asperger, je recommande les livres de Josef SHOVANEC et notamment "Je suis à l'Est". J'ai toutefois certaines réserves : beaucoup de gens ont une élocution particulière, une très bonne mémoire, sont polyglottes, réservés en société, ont un talent avec les chiffres, sans pour autant éprouver le besoin d'exhiber tout cela sous le couvert d'une pathologie mal définie.

De même, le petit livre d'Olivier LIRON : "Einstein, le sexe et moi" est intéressant. Il vient de sortir en poche.

Je signale enfin l'excellent livre de Victoria MAS (fille de la chanteuse Jeanne Mas) : "Le bal des folles". Un livre sur les femmes "aliénées" à la fin du 19 ème siècle et internées à  l'hôpital de la Pitié dans le service du célèbre Professeur Charcot. Un très beau livre qui mêle l'histoire, la poésie et la réflexion anthropologique. Il est à ce jour sélectionné pour le Prix Renaudot.