vendredi 4 juin 2010

De la beauté


La beauté, de même que l’art, est d’abord une insulte à l’esprit démocratique.

La souffrance, le sombre ressentiment, de la fille qui se sait laide. La vie lugubre et sans joie de celle qui ne suscitera jamais le désir.

L’assurance et souvent l’arrogance de celle qui se sait belle. Une vie pleine d’éclat, beaucoup plus facile. Imagine-t-on que Natalia Vodianova (Наталья Водянова) puisse être, à un quelconque instant, malheureuse ou même simplement triste ?

Cynisme de la vie en société : l’inégalité économique redouble souvent l’inégalité physique. Les riches sont généralement beaux ou du moins les beaux sont rarement pauvres.


Le plaisir premier d’une femme : capter l’attention, être admirée, regardée. Le délice de la séduction, de cela on ne se lasse jamais; d’où l’angoisse face à la vieillesse, au temps qui passe. Je pense à Isabelle Adjani, à Marlena Dietrich : quand on a cessé d’être belle et de séduire, on n’a pas d’autre choix que de se retirer de la vie sociale, de s’isoler pour dissimuler sa déchéance.

Quoi qu’on en dise aussi, la beauté n’est pas relative. Elle s’impose comme une évidence. On peut ne pas apprécier Kate Moss mais personne ne dira, sauf esprit mesquin, qu'elle n'est pas belle. La beauté est en ce sens un scandale, un scandale absolu. Elle transcende la banalité, la grisaille quotidienne. Elle est une pure élection au sein d'un monde égalitaire et indifférencié.


On peut même dire que la beauté est une provocation, une agression. Une très belle femme ne fascine pas seulement. Elle provoque surtout, sans qu’elle le soupçonne, une souffrance et une frustration immenses parmi les hommes. Une souffrance que rien ne permet d’apaiser.

Alors, la beauté est tellement dérangeante, tellement perturbante, qu’on a envie de la détruire, de l’éliminer.

La beauté suscite le terrorisme. Une très belle femme est un appel au meurtre.
Il y a des tueurs parce que la beauté insupporte.
La beauté à l'origine du crime...à méditer.


Desiree DOLRON, très grande photographe néerlandaise. Vous n'osez plus faire une seule photo après avoir vu ses oeuvres

6 commentaires:

Olga a dit…

Sublimes, tes images choisies!
Moi, je me suis jamais sentie belle, même si les gens disent le contraire. Je baisse le regard quand les hommes me regardent, je me sens gênée de provoquer une dispute au sein d'un couple, j'ai envie de dire à une femme française que ce n'est pas de ma faute qu'elle m'arrive à l'épaule.
Je ne mets presque plus de high heel shoes parce que j'ai envie de passer presque inaperçue, de me disperser en brouillard...

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Olga !

J'ai bien sûr pensé un peu à toi en écrivant ce post.

Ce qui est vrai, c'est que personne n'est jamais sûr de sa beauté, même les très belles femmes. On se sent toujours en décalage par rapport à une image parfaite.

Carmilla

Olga a dit…

Oh la, la,je n'imagine même pas à me comparer à des femmes qu etu as décris. Natalia Vodianova, isabelle Adjani... se sont des canons de beauté.

Carmilla Le Golem a dit…

Au risque de me contredire, je dirai qu'il y a, c'est évident, des femmes absolument belles et radicalement distinctes.

Parmi elles, tout est ensuite affaire de subjectivité.

Mais tu appartiens bien, Olga, à la spère des heureuses élues.

Carmilla

HélHorn a dit…

. Rien à voir avec l'article, je me demandais simplement pourquoi tu avais choisi ce pseudo ?

Carmilla Le Golem a dit…

Bonjour HélHorn,

Non, ta question n'est pas à côté.

C'est bien sûr par référence au livre "Carmilla" de Sheridan Le Fanu.

C'est la figure d'une femme-vampire, sulfureuse et séductrice; bref, tout ce qui est proscrit aujourd'hui.

Quant au Golem, c'est le livre du Gustav Meyrink et Le Golem de Prague.

Carmilla