- Renata Salecl : “La
tyrannie du choix”. J’ai consacré un post à ce bouquin lumineux d’une
philosophe slovène. Une critique de l’idéologie dominante : celle de la
liberté que nous aurions de choisir dans tous les domaines
- Anne Serre : « Petite table sois
mise ». Un bouquin stupéfiant. Il ne fait que 60 pages mais c’est vraiment
un grand livre. Un magnifique conte érotique inspiré des frères Grimm. A lire
absolument en ces temps de moralisme sexuel. Ca démarre comme ça : « La
première fois que je vis mon père vêtu en fille, j'avais sept ans. ». Un
peu plus loin: « Maman était nue la plupart du temps. » « Tu n'as pas de
pudeur, disait papa. » On est chez une aimante famille bourgeoise
provinciale qui pratique avec allégresse l'inceste. Ca n’est ni du Christine
Angot ni de l’auto-fiction. C’est plein d’allégresse et ça a une espèce de
puissance lumineuse. Ca répond à cette question essentielle :
« comment on se construit ? ». Il y a une magnifique scène
originelle : « la table au disque luisant ».
- Emmanuelle
Guattari : « La petite Borde ». Un autre récit très bref mais
parcouru de fulgurances. Il a pour cadre la célèbre clinique La Borde dans les
années 60. Qu’est-ce que c’est, être la fille de quelqu’un qui devient plus
tard célèbre (Felix Guattari) ? Evidemment pas du tout ce qu’on imagine.
L’enfance, ses souvenirs, ce n’est pas un long fleuve tranquille. C’est
complètement discontinu : des images coup de poing et des moments
d’inquiétude, d’angoisse, mais aussi une espèce de paradis perdu, enchanté et
vénéneux.
- Nahal Tajadod :
« Elle joue ». La confrontation de deux iraniennes : Nahal
Tajadod, l’épouse de Jean-Claude Carrière, qui a grandi dans l’Iran du Shah des
années 70 et une jeune comédienne, née après la Révolution, au succès
grandissant. La complexité et la richesse intellectuelle d’un pays que l’on
croit obscurantiste.
- Alexandre Adler Vladimir
Fedorovski : « L’islamisme va-t-il gagner ? » En France, on
s’excite beaucoup sur l’Islam mais on n’en a qu’une vision très restrictive, du
moins sur le plan géographique. Ca se limite pour l’essentiel aux pays du Nord
de l’Afrique. Le premier mérite de ce bouquin, c’est d’avoir une vision
beaucoup plus vaste englobant aussi l’Asie Centrale, l’Iran, l’Irak, la
Turquie, la Syrie. Est aussi rappelé le rôle historique important de la Russie
(moins nocif qu’on ne l’imagine). Beaucoup d’analyses très innovantes.
Est même évoquée la constitution possible d’un nouveau bloc rassemblant la
Turquie, l’Iran et l’Irak face au sunnisme arabe. De très loin, l’un des
meilleurs livres sur la question.
- Tobie Nathan :
« Ethno-Roman ». Les souvenirs du grand ethno-psychanalyste, disciple
de Georges Devereux. Une vie passionnante : Le Caire, Rome, Paris en 68. Une
native complicité avec les mythes, les légendes et, d’une manière générale,
avec la “pensée magique”
- « Les derniers jours
des dictateurs » sous la direction de Diane Ducret et Emmanuel Hecht. Les
derniers jours de Mussolini, Ceausescu, Staline, Franco, Brejnev, Amin Dada,
Ben Ali etc…Un demi-siècle d’histoire, ponctué par le mensonge et le crime,
raconté par les meilleures plumes historiques et journalistiques.
- Josef Schovanec :
« Je suis à l’Est ». Un récit étonnant, peut-être pas un grand livre
mais qui m’a appris plein de choses sur la réalité concrète de la
schizophrénie et sur les difficultés de la socialisation. Ce qui nous
semble simple, évident (parler, échanger, se débrouiller dans la vie
quotidienne) ne l’est en fait pas du tout. Un jeune autiste, d’origine tchèque,
génial et inadapté social. C’est aussi le récit révoltant d’une prise en charge
psychanalytique et psychiatrique dont les préoccupations semblent avant tout
mercantiles.
- Eugen RUGE : « Quand la lumière décline ». Un grand roman
historique à l’allemande couronné par le « Deutscher Buchpreis »
(l’équivalent du Goncourt). De Mexico à Berlin en passant par Moscou, la vie
d’une famille et d’un monde sur quatre générations.
Enfin, à Tokyo, j’avais avec moi « 1Q84 » d’Haruki Murakami (les
2 premiers tomes), le plus célèbre et nobélisable des écrivains japonais. Ca a
déjà plus d’un an et ca dépasse donc le cadre de cette chronique. Ce très gros
bouquin est à bien des égards fascinant : qu’est-ce qui se passe quand les
portes du temps s’ouvrent ? Quand
s’établissent des voies de communication entre deux univers, deux ères. C’est
prodigieux mais il y a aussi quelques faiblesses. Je crois qu’il faut essayer
de le lire à toute allure.
Un mélange hivernal composé
de tableaux d’Andrew Wyeth, Arkhip Kuinji, Harald Sohlberg, Joseph Maria
Pilartz, Marianne Von Werefkin, Evgeny Kouznetsov, Zygmunt Waliszewski, Herbert von Reyl-Hanisch,
Ivan Shishkin, Ivan Bilibin
4 commentaires:
J'ai retenu Anne Serre et Tobie Nathan (j'ai dejà lu qqche) excellent . Où voyez-vs les tableaux ,expos (certains) en fouillant chez votre libraire ? ils sont tous intéressants , et permettent un oeil neuf ; vite, une suite ! Lola
En effet, Lola, Anne Serre, c'est vraiment un des grands livres de cet automne.
Sinon, c'est vrai qu'on me demande souvent où je trouve mes images.
En fait, je ne suis pas si originale que ça et ça ne me demande pas beaucoup d'efforts de recherche. Ce que je poste est, dans sa majorité, issu de la culture de l'Europe Centrale. C'est peut-être peu connu en France mais, là-bas, c'est tout de suite identifié. J'ai donc, tout simplement un autre cadre de référence.
Carmilla
Bonjour CARMILLA
Vous avez oublié de citer le peintre en tête de post: RAFAL OLBINSKI... sublime et minimaliste tableau "criant" de vérité, dans une belle inspiration de MAN RAY....
Comme dirait...KARL....J'adore!!! (Comme le café et le COCA mélangés ...j'adore!!!)
JEFF
Non, non, Jeff !
Ce n'est pas un Olbinski en tête de ce post. Je ne sais plus qui, à vrai dire. Il faut que je recherche.
Cela dit, j'aime bien Olbinski. Il est l'un des grands affichistes, illustrateurs polonais.
Carmilla
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