Vous
êtes peut-être comme moi. Vous en avez déjà par-dessus la tête des querelles
sur le mariage homosexuel et l’homoparentalité.
Surtout,
vous n’osez pas vous exprimer de peur qu’on ne vous range tout de suite dans la
catégorie des crétins, à droite ou à gauche.
Des
deux côtés, l’outrance et la mauvaise foi sont bloquantes.
Mais
de toute façon, ça se fera, l’évolution est inéluctable.
On
présente ça comme une mesure progressiste. Peut-être… On peut voir ça aussi
comme une nouvelle étape de la bureaucratisation de nos vies. Sans cesse
légiférer, c’est la préoccupation première… cette irrépressible prolifération
juridique qui réglemente, régimente maintenant
jusqu’à nos corps, nos sexualités.
Pourquoi
diable vouloir à tout prix des textes de loi pour codifier ce que nous avons de
plus intime ? La discipline des corps, c’est devenu la réalité de nos
temps modernes; elle a été décrite par Nietzsche et Michel Foucault et ça n’a
pas grand-chose à voir avec l’histoire d’un affranchissement.
Marcel
Proust considérait l’homosexualité comme un crime mais il lui donnait ainsi une
splendeur bouleversante.
Aujourd’hui,
les homosexuels vont avoir droit au kitsch et au ridicule : celui du
mariage et de la bébémania avec le désir d’enfant ; la sexualité enfermée
dans les lois du couple. Drôle d’époque qui nous infantilise de plus en plus
mais il est vrai que chacun a le droit de bêtifier.
Notre
idéologie, c’est que la sexualité, c’est cool et c’est fun. On s’éclate
forcément et ça ruisselle de bons sentiments. On est pleins d’amour les uns
pour les autres.
Dans
ce contexte, comment refuser à certains les joies de la famille ? Se
priver du concours de toutes ces bonnes volontés pour l’édification d’une
société harmonieuse où chacun ne voudrait que le bonheur de l’autre, son
conjoint ou ses enfants ?
« L’égalité
pour tous », proclame-t-on alors. Bien sûr, sauf qu’on occulte que la
vraie différence n’est pas entre homosexuels et hétérosexuels mais, plus
essentiellement (n’en déplaise aux adeptes de la théorie des genres), entre les
hommes et les femmes. Et c’est tout de même bien de ça, de cette séparation
radicale, que naissent et le désir et l’imaginaire. Comment rêver dans un monde
où on est tous pareils ?
Et
puis on sait bien aussi que les rapports humains, la sexualité, ce n’est pas du
tout ça. Il y a aussi un côté sombre, une part cachée de nous-mêmes.Ca repose également
sur la force, la violence, l’assujettissement. Freud soulignait que la
perversion, le plaisir de faire le mal, étaient consubstantiels à la sexualité
humaine.
Etre
gay, ce n’est donc pas gai. Mais c’est exactement pareil pour les
hétérosexuels.
On
est submergés par l’angélisme et la niaiserie. Comme antidote absolue, je
conseille de revoir le film de Pasolini : « Salo ou les 120 journées
de Sodome ». Trente ans après, ça
demeure absolument immonde et scandaleux et ça recadre les choses. C’est
vraiment étrange : voilà un cinéaste homosexuel déclaré qui filme de
manière grotesque et hideuse des mariages entre hommes. De quoi vous secouer
complètement et relativiser ce qu’on vous présente aujourd’hui comme la plus
belle des choses. Et puis, ce lien du fascisme avec la pensée libertaire et
l’athéisme, c’est complètement inaudible aujourd’hui. Et enfin, cette idée que
la sexualité sans entraves, sans interdit, ça débouche sur le rien, sur la
merde; ça amène à bouffer ses propres excréments. Totalement réactionnaire ou
totalement lucide.
Tableaux
de Vasily Kotarbinsky (1849-1921), peintre polonais de la Russie tsariste. On
lui doit en particulier l’extraordinaire décoration de la cathédrale
Saint-Volodymyr à Kiev.
2 commentaires:
O la la carmilla ;vous êtes remarquable tant par l'illu que par
les textes ;vite , ouvrons les fenêtres ,respirons ,réfléchissons par tous les pores de la peau , sortons des lois ,des interdits ; c'est un beau cadeau à se faire en cette période de chocolaterie!
Lola
Ouah, Lola, c'est vraiment gentil, même si ça m'apparaît un peu excessif !
2 précisions cependant : j'aime bien critiquer ce qui fait consensus et, pour ça, j'exagère toujours un peu. J'ai donc moins de certitudes que je n'en affiche.
En plus, mon point de vue est très influencé par mon prisme Europe Centrale où, c'est vrai, ces questions sont perçues différemment.
Carmilla
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