Je suis, de près, l’actualité cinématographique et, bien sûr, j’ai été intéressée par le palmarès du festival de Cannes.
Tout le monde se félicite de la Palme d’or remportée par Abdellatif Kechiche pour son film "La vie d’Adèle", qui relate la recherche, par une jeune adolescente, de son identité sexuelle.
A l’heure du mariage pour tous, ce film dénoterait une véritable avancée dans la représentation de la sexualité à l’écran.
C’est tellement différent des films jugés réactionnaires et machistes de Francois Ozon, Roman Polanski et Guillaume Canet. Ozon qui déclare ainsi qu’il y a, chez toute femme, le fantasme de se livrer à la prostitution; Polanski qui rejette la confusion des sexes. De tels propos sont devenus scandaleux et inaudibles aujourd’hui.
Je n’ai, évidemment, pas vu le film de Kechiche. Il est probablement très bien mais j’ai l’impression que des films à la Kechiche, on va maintenant en être inondés. Il illustre en effet le bouleversement des sensibilités en cours.
La quête d’identité, la découverte de la vérité de son être, ça deviendrait la question essentielle.
La réconciliation avec soi-même, la pacification généralisée des relations entre les êtres, c’est maintenant le programme des nouveaux artisans du bonheur.
Vivre en accord avec ce que l’on est, c’est sans doute très bien mais, moi, cette clôture sur soi-même, de manière pacifique, je n’y crois guère. Il n’y a rien d’harmonieux et de paisible en nous, on est plutôt porteurs d’une « part maudite », d’une ambivalence essentielle, qui nous fait continuellement vaciller et nous pousse à la lutte avec les autres. Le crime (des autres, de nous-mêmes), c’est notre rêve profond.
Mais c’est sûr que cette duplicité, cette altérité, c’est devenu bien encombrant, aujourd’hui, à l’heure de l’échange indifférent des objets et des identités. On rêve d’une normativité douce dans le cadre de laquelle personne n’est coupable de rien.
C’est pour ça que l’idée antique de la lutte entre les sexes nous répugne maintenant et qu’on refuse les aventures et les risques du désir, de la séduction, de la conquête. On préfère se blinder dans une pseudo-identité à l’abri de laquelle on ne se remettra jamais en cause et on mènera une vie popote: hétéro-homo-lesbo-trans.
On comprendra évidemment que je suis du côté d’Ozon et de Polanski plutôt que de Kéchiche. La prostitution et le masochisme, ça m’intéresse plus que les troubles identitaires d’une jeune fille.
Raconter que, dans ces histoires, les femmes sont des victimes, ça me fait rigoler : les rôles, tous les rôles, sont réversibles. Polanski montre bien que, dans les relations entre les sexes, les relations sont de pouvoir. Mais dans ce jeu, les femmes sont, généralement, les plus habiles. Une « triviale idiote », une banale crétine, une « kretynka », peut, tout à coup, se métamorphoser en une irrésistible maîtresse.
Le risque et la peur, ça procure tout de même une autre jouissance, ça vous en apprend davantage sur la vie, que les interrogations sur l’identité.
Marine Vacth, dans Jeune & Jolie de François Ozon : "Ce que j’aimais, c’était prendre rendez-vous. Discuter sur internet. Parler au téléphone. Écouter les voix. Imaginer des choses. Et puis y aller. Découvrir l’hôtel. Pas savoir sur qui j’allais tomber. C’était comme un jeu. Mais quand j’y repensais après… à la maison ou au lycée… j’avais envie de recommencer."
Et puis,… le plaisir de l’humiliation auquel succède celui du triomphe…
Dessins de Bruno SCHULZ (1892-1942) très grand écrivain et artiste polonais qui a vécu à Drohobycz (aujourd’hui en Ukraine), à quelques kilomètres de Lvov, la ville de Sacher Masoch. Je me reconnais absolument en son œuvre. Il traduit beauoup de mes fantasmes. Un antidote absolu à l'esprit moderne.
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