Ca y est ! J'ai maintenant mes billets d'avion et de train pour aller bientôt en Ukraine.
Mais ce n'est pas tout de suite. J'ai encore un mois à attendre avant de partir en vacances. Enfin, bien sûr, des vacances en Ukraine, ça risque d"être sportif.
Mais je souffle quand même un peu, en ce moment, dans mon travail. Je suis toujours contente quand arrive cette période de l'année. J'ai un peu moins de pression et j'ai le sentiment, à chaque fois, d'avoir passé un cap : je suis toujours là, je n'ai pas été virée, j'ai encore du temps devant moi. Le krach n'est pas encore pour demain et j'espère qu'on va continuer à s'en sortir cahin-caha.
Je dois l'avouer: je ne rigole pas tous les jours à mon boulot même si je n'oserais avoir l'impudence de me plaindre. Les harceleurs, c'est un thème à la mode; j'en suis, en principe, à l'abri mais, en fait, j'en ai tout un paquet sur le dos qui me pourrissent la vie : pas seulement mon DG qui me demande des choses extravagantes ou infaisables mais surtout l'armée de tous ces gens dont la seule profession est d'embêter les autres, les contrôler, les traquer, les prendre en défaut.
D'abord ces innombrables employés de l'Etat, services fiscaux ou de la Sécu, qui m'exhibent des textes aux quels je ne comprends rien, ou encore ces commissaires aux comptes, maniaques de la comptabilité et de procédures stériles, ou alors ces avocats, pleins de ressentiment, qui rêvent de me traîner devant les tribunaux, ou enfin ces bataillons de contrôleurs qui me demandent de justifier la plus petite dépense.
Que beaucoup de Français soient convaincus de vivre dans une société ultra-libérale, ça me laisse toujours songeuse. Pour moi, on est plutôt confrontés à l'extension sans limites de la domination et de la coercition exercées par l'Etat. Contrôler, culpabiliser, punir, c'est aujourd'hui le mode de gouvernement étatique. Ca s'adresse bien sûr en premier lieu à toute l'activité économique mais ça envahit jusqu'à notre vie intime. C'est d'autant plus insidieux que ça se fait sous des dehors protecteurs au nom du Droit, de l'intérêt général, de la lutte contre la corruption et de l'équité entre citoyens.
Certes ! mais c'est aussi incroyablement stérilisant. C'est l'esprit de la société bureaucratique et de son juridisme à outrance. Quand vous avez réussi à intérioriser toutes les petites bêtises de l'administration, les arcanes de la réglementation, à les considérer même comme normales, vous êtes bien sûr devenu un parfait citoyen, obéissant et docile.
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Le Droit ne nous est pas extérieur, il façonne profondément nos mentalités. On ne voit plus le monde qu'à travers les catégories du licite et de l'illicite, du permis et du défendu; on est ultra-pétochard, on agite sans cesse le principe de précaution. Et puis, c'est aussi tout un mode de pensée. On apprend à écrire de manière parfaitement neutre, aseptisée, en maniant la langue de bois et en bannissant tout excès.
Enfin..., moi, là dedans, j'essaie de surnager. J'avoue que, pendant longtemps, j'ai eu du mal avec l'esprit juridique. Pour moi, ce qui était important, c'étaient les maths, les chiffres, la finance. Après, c'étaient des problèmes de fonctionnaire.
Le Droit, j'ai longtemps eu ça en horreur ! Mais finalement, je considère ça aujourd'hui comme une espèce de comédie, un jeu dont il faut bien accepter les grandes règles. Ensuite, j'essaie de composer avec tout ça. Quand on a un peu compris l'ordre formel dans le quel on nous demande de nous situer, on trouve de nouveaux espaces de liberté.
Tableaux de Conroy MADDOX (1912-2005), peintre surréaliste anglais.
2 commentaires:
En attendant les vacances,bonjour,Carmilla.Vous connaissez sûrement " les bains" de Maîakovski,désopilant.C'est une pièce de 1929 et ça se passe en Russie .Bon feu d'artifice!Lola
Bonjour Lola,
Je connais cette pièce de Maïakovski mais pas plus que ça. Il faudrait vraiment que je la relise. Je sais que c'est une satire de l'appareil bureaucratique mais je ne sais pas si elle demeure actuelle.
Quant au feu d'artifice sur Paris, je n'y vais plus depuis longtemps. Trop de monde pour moi.
Bonnes vacances à vous aussi.
Carmilla
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