Je n'aime pas trop l'introspection, l'auto-analyse. C'est très prisé dans la littérature contemporaine française (Doubrovski, Ernaux, Millet etc...) mais on a évidemment tendance au plaidoyer pro-domo, à se présenter sous les abords les plus flatteurs, à s'auto-justifier.
En fait, les gens dont je me méfie le plus, ceux dont je me détourne immédiatement, ce sont ceux qui se prétendent vertueux, exemplaires. Généralement, il n'y a pas pires crapules et corrompus. Et puis, ils m'ennuient et me culpabilisent.
Vis à vis de moi-même, j'essaie d'être lucide. Je ne suis vraiment pas une sainte et je sais que l'un de mes plus gros défauts, c'est l'arrogance; j'espère seulement que c'est d'une manière que j'espère relativement subtile. J'essaie de ne pas jouer ça sur le plan social, financier, mais plutôt sur celui de l'intellect et du comportement. Malgré tout, je sais que plein de choses sont détestables en moi: mon apparence, ma façon de parler, de m'habiller, mes goûts bizarres.
Je crois que j'irrite beaucoup avec mon attitude générale. J'essaie de donner toujours l'impression que je suis au dessus de la mêlée, hors d'atteinte. C'est ma manière d'affirmer ma supériorité sur les autres, de faire comprendre que je n'appartiens pas à la même catégorie. Essayer de nouer une relation avec moi, ça doit vraiment être déstabilisant. En fait, je ne supporte que les gens qui ont un grain de folie.
A ma décharge, je dirais quand même que l'arrogance, c'est aussi un mode de défense, une condition de survie. Les femmes privilégiées sont généralement arrogantes. Et pas seulement arrogantes mais aussi cruelles. Ça va de pair.
C'est sans doute désolant mais je ne sais pas trop comment on peut s'en sortir autrement. Les filles sympas, les gentilles, se font rapidement laminer: on les écrase, on les asservit. Je crois que l'un des plus grands services que peuvent rendre des parents à leurs filles, c'est de leur apprendre à être dures et cruelles, c'est ce qui contribuera à leur liberté. Sinon, elles vivront sous l'entière dépendance et la terreur d'un idiot, éventuellement très brave et plein de bonne volonté.
L'équité, la complicité dans les relations humaines et notamment dans les rapports entre les sexes, c'est, de toute manière, une fiction. Il n'y a, en réalité, que des jeux de pouvoir, d'assujettissement. Mais c'est aussi ce qui fait l'aliment du désir, de la séduction.
Moi-même, ça me tourmente sans cesse. Je m'en veux souvent de ma cruauté. Combien de dizaines de types, souvent gentils, aimables, j'ai du jeter de manière impitoyable! Comme ils doivent me détester, me haïr! Mais comment faire autrement ?
Si une fille succombe à la pitié, la compassion, elle est fichue. C'est elle ou c'est l'autre. "La pitié dangereuse", c'est la leçon de Nietzsche et de Zweig.
Notre destin est donc la distance et la froideur.
Tableaux de Glatz, Kolo Moser, Edward Mc Knight Kauffer, Serapion Grab et communiqués par Lotus Green.
6 commentaires:
Hello Camilla,
Cruelle Camilla ;-) , une coquille qui rends plus humaine.
------ Une jolie coquille en gras ci-dessous -----
Me reviennent souvent en tête les nombreuses pages de Nietzsche consacrées au poisson dangereux de la pitié.
Pierre
Merci Pierre!
Bien sûr que je suis humaine et il ne faut jamais d'ailleurs me prendre au premier degré.
Des fautes, j'en laisse toujours un peu traîner. Et c'est vrai que je vis presque ça comme un aveu de faiblesse.
Bien à vous
Carmilla
Carmilla, tu me disais ne pas devoir te prendre au serieux... Il ne s'agit que d'un blogue! Mais quelle pepite ce blogue ... Je me nourrit a le lire!
N'est ce pas là l'âme (doucha) slave? Ce suptil coktail de savoir et de caractere ... Un slouffle de vie si seducteur! Thierry
Grand merci Thierry pour tes appréciations louangeuses même si c'est sans doute excessif.
Je souligne en effet que je n'ai de prétention ni littéraire ni d'essayiste. Un blog, ce n'est qu'un blog: un support d'échanges; mais ça n'est pas pour ça qu'on est écrivain ou artiste.
J'essaie quand même de m'appliquer et ça me fait évidemment plaisir d'avoir réussi à réunir quelques lecteurs réguliers. Mais j'ai bien conscience de mes limites.
Si j'ai une petite originalité, c'est peut-être lié, en effet, en partie, à ma culture slave (ou plutôt d'Europe Centrale). Mais attention! j'ai aussi plein d'énormes trous culturels. Par exemple, je me sens toujours un peu perdue dans les pays latins.
Bien à toi
Carmilla
Et pourtant ce que tu ecrivais sur l'Italie est tellement si bien dit/ecrit et subtil ... Je suis pourtant pas Marsellais si perçu comme exagéré!
Thierry
Merci! mais c'est peut-être le hasard ou l'avantage du regard étranger parce que je connais vraiment très mal l'Italie même si, comme tout le monde, j'y ai fait du tourisme.
Carmilla
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