samedi 31 octobre 2020

Besoin de Japon

 

Au Proche-Orient, Erdogan ne se rêve plus seulement en Sultan mais maintenant en Calife et s'apprête à écraser le Haut-Karabakh dans la passivité générale, voire avec le consentement du Grand Blond et du Colin froid. En Europe, se déplacer, voyager, faire des rencontres, toutes ces activités élémentaires, tout cela devient quasi impossible. On n'a plus qu'à vivre cloîtrés, à contempler ses quatre murs. 


  Tout cela est bien déprimant et je commence à ruminer beaucoup.

"Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose qui est de ne savoir demeurer en repos dans sa chambre" a écrit Blaise Pascal. Je crois que c'est l'exact contraire de mon tempérament. Je ne trouve mon bonheur que dans l'ailleurs, le mouvement, l'autre.

 Alors, j'ai beaucoup de rêves d'évasion : sortir enfin de cette sinistre cage, retrouver un peu de beauté, d'aventure. Irrésistiblement, ce sont des images du Japon qui s'imposent alors à moi. Je me souviens que j'y étais partie en 2006, toute jeune encore, seule et au hasard. Je n'y connaissais rien, c'était simplement le Japon "why not ?" C'était à vrai dire un contexte personnel de désespérance amoureuse et j'avais alors besoin de me perdre, d'effacer mes repères. Ça a été un choc et ça m'a sans doute sauvée, ça m'a permis de repartir. Après, pendant de longues années, je n'ai plus eu envie que d'aller au Japon.

Mais je me garderais bien de dire que j'ai compris le pays tellement il est complexe. Du Japon, on peut dire à la fois tout et son contraire : 

- c'est magnifique et c'est affreux. On dit que beaucoup de Japonais  fraîchement arrivés à Paris et déçus de découvrir une ville salle, bruyante et rude, si peu conforme à leurs rêves, seraient frappés d'un "syndrome de Paris". Mais on pourrait aussi parler d'un "syndrome de Tokyo" pour les Parisiens étourdis par la laideur et le manque d'harmonie de la ville. 

Des lieux magiques, des havres de paix où chaque mousse, chaque fleur, chaque arbre sont ciselés par la main d'un jardinier, des temples respirant la paix, sont environnés d'immeubles monstrueux alignés sans souci de cohérence. C'est laissé à la fantaisie de chaque architecte. Il n'y a pas de véritable plan d'urbanisme au Japon et ça donne lieu à des juxtapositions bizarroïdes, faites de tunnels, passerelles, ponts routiers, autoroutiers, bâtiments de tous styles ou plutôt sans style. Et que dire des petites villes de province, sinistres de chez sinistre?  Finalement, au Japon, la Beauté n'est pas une beauté d'ensemble : elle procède plutôt par éclairs, fragments, illuminations.


 - c'est hyper-moderne et c'est archaïque. Il faut visiter la Gare de Kyoto ou bien Akihabara, le quartier temple de l'électronique pour Geeks et Otaku de Tokyo pour comprendre que l'Europe est en retard de quelques années. J'y ai découvert une foule de gadgets que je ne comprenais même pas. Quant à leurs smartphones, ils vous préparent depuis longtemps votre thé et votre café. A contrario, on continue d'aimer payer avec des billets de banque, la plupart des Japonaises possèdent un beau kimono et s'essaient à l'art du thé et à l'arrangement floral, on pratique largement une religion primitive, polythéiste et d'inspiration animiste (le shintoïsme) et enfin on continue de trouver une foule de petits commerces, ouverts jour et nuit, et de petits métiers (y compris des cireurs de chaussures) depuis longtemps disparus à l'Ouest. 

- c'est le pays du travail et de l'inefficacité. On le sait bien, les journées de travail au Japon sont interminables. On se fait un point d'honneur de quitter le plus tard possible son bureau. Mais il semble aussi qu'on regarde beaucoup voler les mouches durant ces longues heures. On est plus soucieux de présence et d'ardeur affichée que d'efficacité et de résultats concrets. La preuve : la productivité des travailleurs japonais est l'une des plus faibles, voire la plus faible, des pays de l'OCDE. Il est vrai aussi que continuent de subsister au Japon une multitude de petits boulots (accueil, gardiennage, petits services)  et que le chômage est quasi inexistant.

- c'est l'ordre et c'est le chaos. On est impressionnés par le parfait fonctionnement de tous les services au Japon. Jamais un train n'est en retard, jamais aucun objet ne se perd, chaque engagement est scrupuleusement honoré. A chacune de vos demandes, on s'efforce de répondre immédiatement, on ne se défausse jamais en invoquant le "c'est pas moi". La bonne volonté et l'empressement de chacun forcent l'admiration comme si tout le monde était imprégné du sentiment de remplir une fonction essentielle à la société et de s'y sentir parfaitement à l'aise. Le Japon, c'est une société fluide, sans heurts, même au sein de foules immenses, personne ne se bouscule .

 Par contraste, les villes japonaises sont aussi un effrayant labyrinthe pour les occidentaux puisque, hormis les grandes artères, les rues ne portent pas de nom et simplement des numéros déroutants (la date de construction de l'immeuble). Il n'est nullement envisagé de changer le système mais je m'y suis curieusement vite adaptée : un bon sens de l'orientation, c'est souvent plus efficace et rapide qu'un GPS. 

 Et puis, il y a les suicidés, les évaporés et les reclus.Le Japon est un pays où on se suicide beaucoup parce qu'on n'y a pas vraiment le droit d'être dépressif.La maladie mentale, dans une société hyper codifiée, ça n'est pas très bien compris. Et puis, se développe le phénomène des "évaporés", ces disparus volontaires qui, brusquement, quittent tout, famille, travail,amis. Il seraient plusieurs dizaines de milliers, chaque année, qui tenteraient ainsi d'échapper à la honte sociale. Et il y a enfin les reclus volontaires, les hikikomori, principalement de jeunes garçons qui refusent de sortir, pendant des années, de leur chambre. Leur nombre atteindrait le chiffre effarant de plus de 500 000 personnes.

- c'est le pays de l'athéisme et de la bigoterie. Trois religions principales coexistent : le bouddhisme, le confucianisme et surtout le shintoïsme. En fait, les Japonais ne sont pas très religieux et les spéculations morales et métaphysiques ne les préoccupent pas beaucoup. On demeure très prosaïques et comme on le dit volontiers : "Personne ne croit mais tout le monde pratique". Le Bien et le Mal, ça n'est pas une torture morale, de même que la faute et la culpabilité; Dostoïevsky n'est pas Japonais. On adore, en revanche, les petits rites, les offrandes, on y consacre quelques instants chaque jour. Moi-même, je me suis mise à fréquenter les sanctuaires shinto, à tirer une cloche pour invoquer un esprit (ça n'a pas beaucoup marché), émerveillée par cette religion qui n'en est pas une (sans texte fondateur), un polythéisme et un animisme qui rend hommage aux "esprits de la nature".

  - ils sont affreusement machistes et très libéraux envers les femmes. Incontestablement, les hommes japonais sont machistes et monopolisent l'intégralité des pouvoirs. Les sexes ne se mélangent pas et il est frappant de croiser ces bandes séparées de mecs ou de nanas qui, le soir, partent s'amuser. Un garçon et une fille se tenant la main dans une rue, c'est rare. Quant à s'embrasser en public, c'est aussi fréquent qu'en Iran. Le romantisme n'est pas leur fort. Mais les types sont aussi incroyablement timorés, très peu entreprenants.  Ils sont certes machistes mais pas du tout testostéronés. 

Du coup, les femmes jouissent d'une paix royale, c'est même un vrai paradis féministe: aucun sifflement, très peu de drague, de harcèlement, juste quelques honteux "frotteurs" dans le métro. Là-bas, je m'y suis toujours sentie transparente même s'il est vrai que ma taille y est un sacré handicap.Ça ouvre aux Japonaises des espaces de liberté extraordinaires.Comme en plus, elles ne sont pas soumises aux contraintes d'une vie professionnelle réussie, elles peuvent s'adonner à des activités gratifiantes (Art, mode, design). Dans ce contexte, la vie des Japonaises est souvent plus enviable que celle des hommes et elles évitent d'ailleurs, de plus en plus, de se marier.

- ils sont asexuels et "pervers polymorphes". De ce peu d'appétit des Japonais pour "l'amour" en son sens traditionnel témoignent des statistiques ahurissantes. Selon celles-ci, un tiers des Japonais (hommes et femmes) seraient encore vierges à 30 ans. De plus en plus également, les jeunes choisiraient de vivre chez leurs parents. Ce sont des données à prendre avec réserves, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a un désinvestissement libidinal massif au sein de la société japonaise. En témoigne un taux de fécondité des femmes devenu dramatiquement bas : 1,2. 

Pourtant, les Japonais ne sont ni puritains, ni frustrés sexuels. D'ailleurs, en matière de tolérance et de sexualités "déviantes", ils peuvent nous en apprendre beaucoup. Il suffit de recenser les multiples "Love Hotels" ouverts à tous les gens de passage et d'arpenter quelques quartiers chauds (Shinjuku est mon préféré). On n'a pas peur du glauque de chez glauque, même moi, ça me retourne. Mais je ne vais pas développer là-dessus, je ne suis pas experte puisque j'ai eu zéro amant japonais. J'ai toutefois l'impression que les Japonais sont en train d'inventer de nouvelles formes de la sexualité. Celles-ci porteraient moins sur le choix d'objet que sur la quête d'identité. J'en veux pour preuve le goût des jeunes Japonais pour le déguisement et le travestissement souvent sous des formes extravagantes. Être un autre, échapper à la cage de son moi social entièrement formaté, se réinventer une nouvelle vie, une nouvelle identité, est-ce qu'on n'aspire pas tous un peu, en fait, à ça ? Sur ce point, les Occidentaux sont infiniment plus timorés que les Japonais.

 - ils sont à la fois racistes et bienveillants. On met généralement tous les Asiatiques dans le même panier : tous jaunes, tous à peu près les mêmes. Sur place, ce n'est pas du tout ainsi que sont vécues les choses. Les Japonais sont généralement mal-aimés, voire détestés, par les Coréens et les Chinois. Ça s'explique en grande partie par l'Histoire et les guerres de conquêtes japonaises mais il est vrai aussi qu'il y a des différences immenses entre les différentes cultures qu'on ne mesure pas du tout en Europe. Il est vrai également que la culture japonaise est imprégnée de l'idée de sa pureté et de son caractère exceptionnel voire supérieur. 

 Cette illusion d'une spécificité n'est pas loin de l'idée d'une race japonaise à préserver. Et d'ailleurs, l’État japonais se caractérise par la très grande homogénéité de sa population. C'est notamment l'un des pays qui accueille la plus faible proportion de travailleurs étrangers (juste quelques Coréens). Pourtant quand on arrive au Japon, on ne se sent, à aucun moment, ni rejetés ni observés avec trop d'attention, comme si être étranger ne conférait ni privilège ni réprobation. Une attitude neutre, une attitude juste, appropriée, en fait, qui fait de vous un égal de vos interlocuteurs. Et on y bénéficie en effet de la même écoute attentive, du même souci de vous venir en aide, qu'à l'ensemble des citoyens japonais.
 

- ils aiment et torturent la Nature. La Nature, c'est un élément central de la culture japonaise, ils sont convaincus que nul n'aime autant qu'eux la Nature. C'est vrai que j'ai moi-même eu des chocs esthétiques extraordinaires au spectacle des cerisiers en fleurs ou des érables arborant leurs couleurs d'automne. Pourtant, j''ai déjà exprimé à quel point j'avais en horreur les écologistes européens mais il s'agit de toute autre chose au Japon. Le bio, les pesticides, ce n'est pas la première préoccupation. C'est d'abord l'esthétique de la Nature qui est recherchée et pour ça, on n'hésite pas à la retravailler, l'arranger, la disposer autrement.

 La Beauté de la Nature repose beaucoup sur son bon ordonnancement et non sur son développement foisonnant. Il est vrai aussi qu'on la massacre parfois allégrement et sans états d'âme au gré des réaménagements et nouvelles constructions. Mais surtout, la Nature au Japon n'est pas une matière inerte, elle est vivante, elle parle, elle fait signe, elle est peuplée d'une multitude d'esprits qui la hantent. Plus essentiellement même, elle n'est pas pensée en opposition à l'homme mais dans sa continuité.Les Japonais sont en fait presque spinozistes : la Nature est partie intégrante de l'homme et  les mêmes lois s'appliquent à l'un et à l'autre.

Mélange de peintres japonais du 19 ème siècle et contemporains : Kaï Higashiyama, Okada Yoshio, Shimomura Kanzan, Kazuko Shiiashi,Shiori Eda,Takehiko Sugawara,Sei Arimori, Yayoï Kusama.

Un post mille fois trop long mais tant pis ! Je regrettais depuis quelque temps de ne plus parler du Japon, comme si je l'avais effacé de mon imaginaire.

Mon petit texte fera peut-être ricaner les "japonisants". Il faut vraiment être prétentieuse  pour oser parler de ce pays si complexe sur la seule base de quelques voyages (mais quand même de beaucoup de lectures). Tant pis là encore, j'assume. Je raconte sans doute beaucoup d'âneries mais ça résulte de mes quelques observations et centres d'intérêts. Le Japon, c'est un pays tellement déroutant qu'il vous force à penser. Chacun se construit donc son Japon, complétement vrai et complétement faux à la fois. C'est donc éminemment subjectif mais au total, en parlant du Japon, je parle aussi de moi.

Enfin, les livres d'initiation au Japon, ce n'est pas ça qui manque. Il y a bien sûr de nombreux bouquins d'Amélie Nothomb qui me semblent très justes. J'ai récemment recommandé le dernier ouvrage de Muriel Barbery. On peut ajouter: "La flâneuse" de Lauren ELKIN, "Le Japon Un modèle en déclin en 100 questions" de Valérie NIQUET, "Les leçons du Japon. Un pays très incorrect" de Jean-Marie BOUISSOU (c'est mon livre préféré). Enfin, le livre dAgathe PARMENTIER : "Pourquoi Tokyo ?" est drôle et juste.


10 commentaires:

Nuages a dit…

Beau billet ! Joliment illustré, aussi.

Comme lectures, je conseille "Un automne à Kyoto" de Corinne Atlan.

https://www.albin-michel.fr/ouvrages/un-automne-a-kyoto-9782226437419

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla !
Inutile de ruminer, il faut raconter, le temps et l'époque sont propices à raconter, à parler, voir même à soigner ses liens, même hors des sentiers battus, si éloigné sont-ils. Pourquoi pas le rêve puissant ? Une terre lointaine, un peuple mystérieux, pour soigner un mal d'amour ou une désespérance amoureuse comme vous dites. Contempler ses murs, c'est bien maigre ; mais s'échapper par l'imaginaire vous fait oublier vos murs. Allez loin pour ne pas revenir, quoi de mieux ? Oui, c'est le temps de raconter, et vous le faites très bien présentement Carmilla. Vos textes sont plus longs, plus denses, plus intenses, je sens, que malgré tout, vous vous raccrochez. La moindre parcelle de joie réconforte.
Mystérieuse Chine, que je n'arrive pas toujours à comprendre ; mais fabuleux Japon qui me déroute complètement, un archipel à peine plus vaste que notre Terre-Neuve Labrador qui ne compte que 500,000 habitants, tandis que le soleil levant déborde, 125 millions de japonnais, avec à peine 2 % de son territoire cultivable. Il y a de quoi méditer sur nos façons de faire. Cette situation me fascine.
Vous évoquez cette modernité et cet archaïsme. Ces nouveautés électroniques, mais aussi ces petits métiers. Ces gens simples qui gagnent leur vie a cirer des chaussures en se faisant payer en argent comptant, au sanctuaire de la modernité électronique. Faut avoir une certaine sensibilité pour être conscient de ces genres d'existences, et vous en êtes dotée, vous sentez ces choses, c'est tout à votre honneur Carmilla. J'ai remarqué cela à chaque fois que vous raconter vos voyages. Il y a toujours un instant de grande sensibilité envers les gens simples, ceux qui triment quotidiennement pour gagner leur vie. Vous êtes très éveillée. J'apprécie beaucoup.
Nous n'avons pas une grande connaissance du Japon, nous les canadiens, sauf les vétérans qui ont été leurs prisonniers à la Deuxième Guerre mondiale et qui ont beaucoup souffert dans les camps. Comment un peuple aussi sensible a pu commettre des crimes aussi atroces ? Sont-ils trop obéissants, trop soumis ? À vous de répondre...
Ce qui expliquerait, ces taux élevés de suicides, que nous partageons nous les québécois, avec les japonais, sans doute pas pour les mêmes raisons. Une société codifiée n'est pas une garantie de bonheur. Je retrouve cette torpeur lorsque je lis ou relis Yukio Mishima, surtout dans son livre : Le marin rejeté par la mer. Il y a quelque chose d'inconfortable comme une humidité étouffante.
À l'automne 2019, j'ai acheté un calendrier 2020, un calendrier tout à fait exceptionnel, du moins pour moi, qui a chaque mois représente une peinture japonaise. J'aime l'art japonais, des dessins simples à première vue, mais qui plus on les regarde, plus ils nous envoûtent. Dans ces dépouillements ensorcelants, coulent une ferveur pudique, une simplicité et ne même temps une fureur de vivre, que je n'arrive pas à expliquer. C'est là, c'est tout, c'est comme cela. Rien à ajouter, une montagne, une vague, un arbre, une branche, un oiseau.

Allez Carmilla, cessez de ruminez, et de fixer vos murs, vous avez mieux à raconter. C'est le moment ou jamais !

Bonne nuit

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Trouver de belles illustrations sur le Japon, ça n'est pas trop difficile.

Je prends bonne note du livre de Corinne Atlan en attendant l'hypothétique réouverture des librairies.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

J'ai effectivement choisi, il y a plusieurs mois, de faire évoluer mon blog en développant davantage mes textes. Mais je me demande vraiment aujourd'hui si je n'ai pas eu tort et si je ne devrais pas revenir à une forme courte. J'ai l'impression de devenir ennuyeuse, donneuse de leçons. A une époque de l'immédiateté, presque personne n'a envie de consacrer trop de temps à la lecture. Ça explique notamment le succès d'Instagram ; rien que des images, des instantanés.

Mon attention aux petits métiers ? Au Japon, il n'est vraiment pas besoin d'un grand sens de l'observation pour s'en apercevoir : on porte vos bagages, on vous fait vos paquets, on vous dirige dans la circulation. Et puis une multitude de petites boutiques et de petits restaurants qui ne seraient pas rentables en Occident. C'est un contraste immense avec les technologies très avancées (robotique) dont dispose ce pays. Mais c'est aussi le souci d'offrir un service de qualité au client et aussi d'entretenir le plein emploi (qui est un souci majeur au Japon).

Quant aux gens humbles, j'ai souvent l'impression que les sociétés occidentales sont constituées d'une part d'une grande classe moyenne qui ne vit pas trop mal sans trop travailler mais qui se plaint beaucoup et d'autre part d'une foule d'anonymes qui triment toute la journée sans rien dire et dont l'existence économique est très précaire. Comme on dit, il y a ceux qui rament et ceux qui brament. Ceux qui rament, on n'y prête pas suffisamment attention.

Quant à l'Art japonais, il ne faut pas oublier qu'il a eu une influence considérable (l'impressionnisme, Van Gogh, Sécession Viennoise etc..)sur l'Art Occidental, qui s'en est troué renouvelé, à la fin du 19 ème, début du 20 ème.

Bien à vous,

Carmilla

julie a dit…

Bonjour Carmilia,
Trop long votre texte, dites vous ?
Que nenni ! le l'ai dégusté d'une seule bouchée... tel un Sushi. Justement à se propos, si je puis me permette, vous omettez (volontairement peut-être) d'évoquer la malbouffe américaine qui menace la jeunesse nipponne.
Interessant billet, continuez de partager.
Bonne journée. Bise Wasabi (sourire).

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Julie,

La malbouffe américaine au Japon ? Je n'ai pas du tout remarqué. Il me semble que les Japonais continuent d'avoir un régime alimentaire très sain et mangent presque exclusivement leur propre cuisine : pas de graisse, pas de fromages et laitages, peu de sucres. L'une des expériences les plus déroutantes, c'est d'aller faire des courses alimentaires au Japon : on ne reconnaît à peu près rien de ce à quoi l'on est habitué. Les gens sont généralement minces et l'espérance de vie japonaise est l'une des plus élevées au monde. Évidemment,il faut beaucoup aimer le poisson et les fruits de mer sinon on est très malheureux. Je précise enfin que ce qui est servi dans les nombreux restaurants japonais qui se sont créés en France n'a, à quelques rares exceptions près, rien à voir avec ce qui est servi au Japon. C'est même horrible ce que l'on sert en France sous couvert de cuisine dite japonaise.

Bien à vous,

Carmilla

julie a dit…


Au temps pour moi ! Il me semblait avoir vue une émission diffusée par Arte sur des jeunes nippons bien portants dont le fast-food américain (entre autres) était pointé du doigt.

Un lien qui justifie (en partie) le pourquoi de leur sveltesse :

https://www.cosmopolitan.fr/,l-obesite-est-devenue-illegale-au-japon,2077,1865252.asp#:~:text=C%27est%20au%20Japon%2C%20au,Japon%20est%20devenu%20totalement%20illégal.



Richard a dit…

Bonsoir Carmilla
En cette époque qui vient de se dégonfler, où l'immédiateté prend de la bande, pourquoi on se presserait en se soumettant à la vitesse qui n'a plus la cote, aux textes courts ? Aurions-nous perdu notre vocabulaire, où bien, avons-nous si peu à dire ? L'exclus que je suis peut en parler en long et en large. Celui qui ne s'est jamais soumis à une mode, qui a contesté ceux qui contestaient, qui a nivelé les traditions, qui s'est retrouvé solitaire dans son coin. Alors, Carmilla, pourquoi je ferais court ? Je n'en n'ai pas une maudite envie. Je n'ai pas envie de faire court. Je sais, on trouve mes commentaires très longs ; je vais vous épargner de lire mon journal, parce que là vous allez trouvé que mes commentaires sont des résumés. Pourquoi, on se limiterait ? C'est qui, qui a dit, qu'on devrait faire court ? En cette époque de crise, où nous avons besoin de tous nos outils, de tous nos mots, de toutes nos idées. On fermerait le couvercle comme des inconscients. Écourter le débat n'est pas une solution. Moi, je dis que c'est le moment de lire : La Guerre et la paix de Tolstoï, le Quatuor d'Alexandrie Lawrence Durrell, pour ceux qui sont capables de le sentir, tout Marcel Proust et, pourquoi pas Thomas Édouard Lawrence, Les sept piliers de la sagesse. Les mémoires de guerre de Winston Churchill. Olga Tokarczuk, Les livres Jacob. Je vais arrêtez ici ma liste serait sans fin.
Moi, je vous encourage à poursuivre dans cette progression, des textes plus longs, plus denses, plus forts, vous avez de quoi dans le coffre Carmilla, vous avez à dire. Vos propos sont toujours intéressants et pertinents. Il ne faut jamais craindre de s'exprimer, parole d'un exclus. J'aime celui qui se lève comme un vent de tempête pendant que tous restent assis.
Cette époque se prête très bien aux grands textes, aux long moments de silences, aux réflexions déstabilisantes et, aussi au doute, il faut bien le dire. Mais, il ne faut pas se laisser étouffer par la doute. Nous voulons faire court parce que nous avons oublié la patience du chasseur. Je n'ai rien à cirer des médias sociaux, de la vitesse, des textes courts.
C'est le temps de se raconter des histoires, de se parler, de s'encourager, comme je le faisais dans le nord avec des indiens sous la tente. Tradition orale, mais grande littérature, c'était parfois vérité, parfois mensonge, mais jamais inintéressant.

Sous un ciel gris, après une journée en forêt par grand vent.

Bonne nuit Carmilla, je vous attends sur une longueur de temps !

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Julie,

Attention, il n'est pas sûr que j'ai raison, je me trompe peut-être. Mais la viande grasse, les frites et la charcuterie, ce n'est vraiment pas ça qui attire les Japonais.

Les femmes, surtout, sont extrêmement soucieuses de leur apparence et sont très sveltes. A 60 ans, elles en font 40. Une Japonaise négligée, ça n'existe pas.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Il ne me semble pas vous avoir reproché de rédiger des commentaires trop longs. Je souhaite laisser la plus large expression possible à mes lecteurs. Je n'ai pas à juger ni de la forme ni du contenu. Les seuls messages que je rejette sont ceux d'insulte. C'est peut-être de la censure mais j'estime que les publier ferait trop plaisir à ceux qui les rédigent.

Le seul problème que me posent vos commentaires, c'est que je rédige généralement mes réponses avant de partir au travail. Et souvent, le temps presse. Je suis donc obligée de fractionner mes réponses et il faut donc que vous soyez un peu patient. C'est cela le véritable inconvénient mais pour moi, ce n'en est pas un. Continuez donc comme avant.

Je vous remercie également de vos remarques concernant mon blog. Je réfléchis à son évolution mais il est bien difficile de changer au sein d'un univers dominé par Twitter et Instagram qui privilégie les formules lapidaires.

Bien à vous,

Carmilla