samedi 24 octobre 2020

"Vivre heureux sans espoir"

 

Passés l'effroi, l'horreur, la compassion, les hommages suscités par le  crime terroriste de Conflans-Sainte-Honorine, est-il possible, est-il autorisé, de s'interroger sur nos attitudes, nos mots d'ordre ? Autant l'avouer : je ne partage pas l'unanimisme de rigueur, cette posture bravache qui consiste à affirmer, sans discussion possible, notre liberté de pensée et d'expression, le droit absolu à la critique et à la caricature. C'est très bien mais je trouve quand même ça un peu étrange dans un pays où les sensibilités sont exacerbées, où chacun se sent tout de suite insulté, méprisé, rumine ses petites haines et rancœurs, se vit comme une victime. Essayez de critiquer publiquement, en France, n'importe quelle communauté ou catégorie socio-professionnelle (à l'exception, bien sûr, des banquiers et financiers) et vous verrez le Déluge qui s'abattra sur vous, on vous poursuivra tout de suite pour diffamation ou incitation à la haine, tant pis pour votre Droit à l'expression. La critique, on aime bien l'exercer, on est d'ailleurs les champions du persiflage, mais on déteste la subir. 


Comme il est agréable d'avoir bonne conscience ! Est-ce que ça a un sens d'affirmer notre liberté de pensée face au terrorisme, est-ce qu'on pense sérieusement convaincre quelques djihadistes, surtout quand on commence par déclarer que l'Islam est une religion de cons alors même qu'en bon athée laïc, on s'est bien gardé de jamais ouvrir le Coran ? 

Les "discours contre l'obscurantisme", les poses martiales, les coups de menton, c'est non seulement grotesque mais c'est d'une morgue et d'une fatuité insupportables. Et puis, il faut être honnête, "Charlie-Hebdo", c'est devenu une vache sacrée mais ça n'est tout de même pas le sommet de la pensée française, ce n'est pas Voltaire, ce n'est pas l'esprit encyclopédiste des Lumières. Des "beaufs" qu'ils dénoncent, ils ont souvent hérité l'assurance ricanante et une vision tourmentée des femmes. Et d'ailleurs, combien Charlie a-t-il de lecteurs et pour quelles raisons, autres que financières, a-t-il cru bon de rééditer, début septembre, ses fameuses caricatures ? J'ose le dire, elles ne m'ont jamais fait rire et ont toujours suscité en moi un malaise. Je les ai toujours trouvées d'une odieuse arrogance, une arrogance de beaufs justement. C'est quand même une manière de cracher à la gueule des déshérités qui n'ont que la religion pour conquérir un peu de dignité.

J'arrête là... J'en ai assez écrit pour me faire fusiller. Je préfère laisser la parole à l'un de mes écrivains et essayistes préférés, Nancy HUSTON. Il s'agit d'un entretien diffusé en 2016 mais qui reste entièrement d'actualité. A quelques nuances près, je souscris entièrement à ses propos.

"Quel regard portez-vous sur la période actuelle marquée notamment par les attentats ?

Nancy Huston : Pour Charlie Hebdo, ma première réaction a été, comme tout le monde, l’incrédulité, la stupéfaction, un pan de ma jeunesse qui partait…. J’avais beaucoup lu ce journal étant jeune, avant de prendre mes distances. De façon générale, je n’ai plus envie d’absorber le persiflage. Notamment  à l’endroit des femmes et des homosexuels, je suis convaincue que l’humour graveleux et agressif de Charlie a fait du mal à la sexualité des Français parce que ça la trivialise. C’est une façon de ne pas habiter son corps, de ne pas valoriser la tendresse.

 Je suis allée immédiatement place de la République mais je n’ai pas été d’accord avec les slogans. On ne peut pas dire « Liberté d’expression » à des terroristes. C’est comme dire « Droit de propriété » à un voleur. On demande la liberté d’expression à un gouvernement. Charlie Hebdo avait la liberté d’expression. Ils l’ont utilisée, ça a blessé, rendu fou de rage des gens et le résultat est là, atroce, tragique. Jamais je ne dirais : ils méritent ce qui leur est arrivé, mais j’avais trouvé la publication des dessins antimusulmans innommable.

Vous pensez qu’on ne peut pas tout dire ?

NH : Evidemment ! On ne peut pas plaisanter sur l’Holocauste. Plein de choses sont interdites. Et si on parle de liberté d’expression, qui a accès aux moyens d’expression ? qui a accès à la presse ? qui peut publier ? Pas tout le monde. On ne parle jamais de ça. On brandit la liberté d’expression et on placarde des corps de femmes nues dans nos villes, ça fait vendre…

Pourtant dans vos livres, vous ne vous censurez pas.

NH : Effectivement, mais pour me lire, les gens doivent le choisir. C’est très différent de recevoir un dessin en pleine figure. Et je n’écris jamais pour me « payer la tête » des gens… Pour en revenir à la situation mondiale, je partage le point de vue du journaliste américain Chris Hedges. L’Occident est en train de recevoir sur la tête les tuiles qu’il a lancées. D’abord, l’histoire de la colonisation mais surtout, depuis le 11-Septembre, on a conduit des guerres, déstabilisé et renversé des régimes au Moyen Orient, cassé l’Irak, tué 500 000 Irakiens depuis 2003. L’an dernier, la France a lâché 2000 bombes achetées aux Etats-Unis. Je suppose qu’elles ont fait plus de 120 morts mais on ne montre jamais en gros plan les sœurs, frères, mères musulmans en train de pleurer parce qu’ils ont tout perdu par notre faute.

« C’est très facile, quand les garçons sont pauvres et sans avenir, de les transformer en révolutionnaires aux yeux de feu. »

Mais la plupart des terroristes qui ont frappé ici sont Européens…

NH : En effet, et là se pose la question du masculin : si vous êtes un garçon basané qui grandit en région parisienne, comment faites-vous pour devenir un homme ? comment faites-vous pour séduire une femme ? qu’avez-vous à lui offrir ? Rien. Je pense que c’est très facile, quand les garçons sont pauvres et sans avenir, de les transformer en révolutionnaires aux yeux de feu. On l’a fait en Russie. On l’a fait à Cuba. Quand ils n’arrivent pas à exister sur le plan social, les hommes sont extrêmement vulnérables à ce genre de propagande. Les filles arrivent mieux à tirer leur épingle du jeu. D’abord, elles savent que pour donner un sens à leur vie elles ont la maternité en dernier recours si ce n’est en premier. Ensuite, elles réussissent mieux leurs études, elles décrochent  des emplois, elles « tombent » moins hors de la société parce qu’elles sont toujours prises dans les soins des aînés ou des enfants à travers la ligne des générations.

Est-ce qu’on n’en revient pas aux stéréotypes sur les femmes ?

NH : Je parle de ce qui existe. Si vous regardez uniquement la société française, mais c’est sans doute vrai partout, ce n’est pas seulement que les hommes occupent encore les postes les plus élevés. Ils occupent aussi le bas de l’échelle de façon hyper majoritaire. Ils sont majoritaires parmi les chômeurs, et hyper majoritaires parmi les intoxiqués à l’alcool ou à la drogue, les incarcérés, les suicidés…. C’est très difficile d’être un garçon de nos jours ! Au temps des chasseurs-cueilleurs, pour être un homme, il fallait tuer des animaux, être guerrier, fort, bien entraîné, des rites vous faisaient entrer dans le monde viril. Depuis la Révolution industrielle, la majorité des hommes ont du mal à se sentir fiers de ce qu’ils font.

« Chaque œuvre d’art est un miracle relatif mais jamais je ne dirai que la beauté sauvera le monde. Je pense que rien ne sauvera le monde. »

Vous sentez-vous une responsabilité en tant qu’écrivain ?

NH : Romain Gary, qui est mon modèle absolu, ou Victor Hugo, qui était le sien, avaient une compréhension très profonde des injustices, mais les politiques ne vont jamais puiser de la sagesse chez les littéraires ! En tant qu’écrivaine, je suis invitée dans des lieux comme des prisons, des écoles, des bibliothèques, où là, peut-être, à un niveau individuel, je peux avoir un impact sur des gens. Je ne crois pas aux grandes solutions. Je crois aux miracles relatifs : l’amour, la beauté, le partage de la beauté, les rencontres. C’est déjà un miracle relatif que les journaux culturels soient ouverts aux femmes, que les écrivains soient aussi des femmes, qu’on ne soit pas en guerre ni en période de famine. Lire un bon roman aussi. Chaque œuvre d’art est un miracle relatif mais jamais je ne dirai que la beauté sauvera le monde. Je pense que rien ne sauvera le monde.

La culture en tant que transmission ou apprentissage ne permet-elle pas de donner un sens ?

NH : Il y a eu de nombreuses tentatives et réflexions en ce sens mais, encore aujourd’hui, quand on va dans les maisons de la culture, on ne voit presque que des Blancs. Le problème des non-Blancs, c’est comment faire pour manger ou payer son loyer, pas comment enrichir son esprit. Un garçon qui naît dans une banlieue, il est fichu. Et sous prétexte qu’on est laïc, on décrète que les femmes qui portent le foulard sont opprimées. Les musulmans se sentent pointés du doigt : pour eux le mot « laïc » signifie antimusulman. Personnellement, les images omniprésentes de femmes nues m’agressent au moins autant que le foulard islamique. On sous-estime le fait que la vue d’une belle jeune femme trouble les hommes. Comme les êtres humains interprètent tout, l’homme pense qu’il y a une raison à cela et que c’est « la faute de la femme ». Ce n’est pas « la faute des femmes » mais ce n’est pas « la faute des hommes » non plus. Cette réaction physique est génétiquement programmée pour la reproduction de l’espèce. On est dans la dénégation de l’animalité. En revanche, l’industrie pornographique tire de cette vulnérabilité masculine des bénéfices gigantesques !

Comment fait-on aujourd’hui pour être libre ?

NH : Si on regarde l’Histoire, on est forcé de conclure que pour la majorité des humains la liberté n’est pas d’une importance primordiale ! La sécurité oui, savoir que nos enfants ne seront pas pris dans une guerre ou des attentats en sortant de la maison, c’est ça qu’on demande à nos politiciens. On se flatte beaucoup à dire que la liberté est notre valeur sine qua non. Les gens n’y tiennent pas tant que ça, ils ne savent pas quoi en faire. La liberté est très angoissante. Je suis très pessimiste. Très heureuse dans ma vie personnelle et très pessimiste".

 Tableaux de la grande Marjane SATRAPI née dans les années 70 à Téhéran.De sa liberté, elle a su trouver de multiples expressions : la bande dessinée, le cinéma, l'écriture, la peinture. Elle expose aujourd'hui au 24, rue de Penthièvre.

Un post qui va à l'encontre de la "doxa" et qui déplaira peut-être. Je ne suis sûrement pas islamo-gauchiste mais de ma vie en Iran (merveilleuse sous beaucoup d'aspects), j'ai retenu au moins ne chose : la force de l'Islam; c'est qu'il fait de chaque croyant, même le plus humble et le plus déshérité, un interlocuteur direct de Dieu. Ce dialogue continu, très concret, très pratique, permet à chaque musulman de conquérir une dignité. C'est cette fierté que nous ne savons pas prendre en compte et repecter.


23 commentaires:

Nuages a dit…

Un peu en contrepoint à votre billet, celui-ci, de Nadia Geerts, militante laïque républicaine belge, dont vous avez apprécié les écrits, en d'autres temps. Je me sens très proche de son point de vue.


http://nadiageerts.over-blog.com/2020/10/ils-sont-trop-forts.html

Alban Plessys a dit…

Bonjour Carmilla,

je suis en désaccord complet avec vos ressentis, en particulier avec la définition que vous partagez d'une masculinité que, semble-t-il, vous ne connaissez pas. Eriger de cette façon l'homme, viril puis effondré, comme un objet simplissime de connaissance, depuis sa perte de virilité consécutif à l'obsolescence de son arc et de ses flèches, n'est pas seulement intellectuellement insoutenable ; c'est à la fois délirant et hilarant. Mais je ne vais pas pour autant vous cribler de balles de 5.56 comme ce fut le cas pour mon ami Bernard Meurisse, ni vous décapiter, d'autres savent très bien faire sur ce terrain.

Si vous connaissez Mme Houston, rassurez-la, les chasseurs-cueilleurs sont de retour :-D
https://www.franceinter.fr/bande-organisee-le-nouvel-hymne-de-marseille

Bien à vous.

Alban

Richard a dit…

Archipel de Godthab
Été 1724

« Je suis Aappaluttoq, le Rouge. Je peux aller partout, comme le dit le pasteur. Il le dit avec dédain, mais c'est la vérité, et il le sait fort bien, même s'il l'admettra jamais. En fait je possède un trou, pas le trou de balle ni le trou pour bouffer, ni un de ces orifices que l'on voit, mais un trou invisible, et je suis capable de me retirer en moi-même par ce trou, comme un maelström qui se dévore lui-même et je lâche mon âme, ma tarniga, si bien qu'elle s'envole tandis que je reste inconscient, cloué par terre. »

Kim Leine
L'homme rouge et l'homme en noir
Page -17-

Ce livre de Leine, c'est beaucoup plus qu'un roman, c'est une espèce de somme d’anthropologie entre deux univers, les Danois d'une part qui essaient de civiliser le Groenland et les Inuits qui vivent sur cette terre qu'ils habitent depuis des siècles. Ce qui dépasse la simple lutte, concurrence, haine, et violence entre les deux personnages principaux, Aappaluttoq le chaman et Hans Egede le missionnaire danois luthérien.

Il appert qu'on peut faire le lien avec ce qui vient de se produire en France et ce qui s'est produit voilà des siècles dans d'autres endroits dans le monde sans exception dans toutes les tentatives de colonisation. L'un désire dominer l'autre, et l'autre ne veut pas se laisser dominer. L'un veut faire de l'argent et l'autre s'accroche à sa terre natale, à sa culture, à sa conception du monde.

La relation empoisonnée que la France entretient avec les musulmans n'est pas différente, de celle des danois entretenaient avec les Inuits. Nous pouvons ajouter les anglais, les espagnols, les portugais. La liste est longue. Je puis même évoqué les québécois avec les diverses nations autochtones, dans ce débats qui vient de resurgir avec le décès de cette femme Atikamekw dans un hôpital de Joliette qui avait filmé le racisme dont elle avait été victime à l'aide de son téléphone avant de mourir.

Je ne pense pas que je sois hors sujet à l'image de Kim Leine qui a vécu 15 ans au Groenland parce que j'ai vécu 12 ans dans le nord du Québec. Leine connaît son affaire et je me suis reconnu dans ses propos, parce que la vie des autochtones dans le nord du Québec ressemblent à ceux du Groenland.

Richard a dit…

J'ai retrouvé dans cette lecture, la même désolation, la perte, la peine, la souffrance, le déni, le mensonge, à ce chapitre nous les canadiens nous ne sommes pas meilleurs que les danois, et je peux même avancer que nous avons été aussi racistes que les autres. Nous traînons tous un lourd tribut.

Comment instaurer et surtout entretenir un dialogue lorsque tu es témoin d'un jeune autochtone couché ivre mort dans la neige, où tu transportes une jeune indienne victime d'un viol qui va accoucher à l'hôpital ? Ou bien le corps d'un suicidé. J'ai retrouvé tout cela dans le livre de Leine. Même scénario à quelques siècles de distances. Entre le bateau à voile et l'avion, on dirait qu'il n'y a pas eu de changement dans nos mentalités. Certes, nous voyageons plus rapidement, mais certainement pas en plénitude.

D'autre part, les réflexions de Nancy Huston sur les exclus tombent à point, elle aussi sait de quoi elle parle, elle a été une exclue dans sa famille lorsque sa mère est partie alors qu'elle n'était qu'une enfant. C'est un autre genre d'exclusion, mais ça reste une exclusion. L'abandon et l'indifférence peuvent blesser aussi. La reprise en main est toujours difficile. On sent cette exclusion dans plusieurs pages de madame Huston, ça laisse des traces.

Mais l'exclusion n'est pas seulement l’apanage de deux entités qui se heurtent, même à l'intérieur de nos sociétés, nous retrouvons cette exclusion. Dans le chapitre de Nielsus Egidius Groenlandicus, Leine décrit la fin de la vie d'une vieille femme inuit qui sera assassinée par les femmes de sa communautés, parce qu'elle est trop vieille. Le fils du pasteur tente d'empêcher ce meurtre, mais Aappaluttoq lui dit : « Et bien, laisse-les la tuer, dit-il. Sa vie ne vaut plus rien. Ce n'est qu'une vieille bonne femme. » (page -449-) Que dire des filles qu'on supprimait immédiatement après leur naissance ? Après, comment parle-t-on d'un dieu d'amour ? Comment convertir ? Le pasteur Egede en a plein les bottes.

La France pendant les deux derniers siècles a intégré une foule d'étrangers qui provenaient d'une multitudes de pays. Et, elle les a bien intégré, certains sont devenus même célèbres comme Emil Cioran, Romain Gary, Milan Kundera pour n'en nommer que quelques uns. Et que dire des russes qui sont arrivés en France fuyant le révolution. Qu'est-ce qui ne fonctionne pas, ou bien, n'a pas fonctionné avec les musulman ?

Richard a dit…

Madame Huston évoque la liberté de choisir ses lectures, mais encore puisse-t-il y avoir ce choix et surtout la liberté du choix qu'on tente de gommer dans le (politiquement correcte). Elle l'avoue, elle ne s'est jamais censurée. Qui plus est, elle évoque ce bon vieux Chris Hedges qui en connaît un bout sur l'exclusion parce qu'il a déjà été congédié par certains journaux américains. Perdre son emplois, c'est être exclus. Perdre la possibilité de choisir, c'est aussi être exclus. Je ne veux pas perdre le choix de lire madame Huston, ou Chris Hedges, et le Coran si cela me chante un jour, parce que j'ai déjà eu la possibilité de lire Primo Levi, et aussi un certain Adolphe Hitler, que j'ai connu La Bible de proche. J'ai déjà feuilleté Charlie Hebdos, ça m'avait laissé froid ; mais j'ai été très sensible aux propos de Philippe Lançon dans son livre : Le Lambeau, lorsqu'il évoquait ceux qui sont morts à ses côtés. Je ne veux pas limiter ma réflexion parce qu'on limite mon choix, cela fait partie des valeurs individuelles, la responsabilité de chaque être humain. Une caricature reste une caricature ; mais lorsqu'on commencent à compter les morts de chaque côté, ça c'est l'horreur. En tant que grand escogriffe, infidèle, et athée, je n'empêcherai jamais un musulman ou tout autre humain de lire le Coran, mais je vais certainement les encourager à lire Madame Huston.

Les médias au Canada, n'ont pas manquer d'instrumentaliser les propos d'une attachée de cours à l'université d'Ottawa, parce qu'elle avait utilisé le mot nègre dans l'un de ses cours et cela par ses étudiants, à ce que je sache, le mot nègre est dans le dictionnaire tout comme le mot chien qui n'a jamais mordu personne. Pierre Vallière à bien écrit : Nègre blanc d'Amérique, en parlant des québécois et à l'époque pas plus qu'aujourd'hui, je m'en suis senti offensé et Dany Laferrière a bien intitulé l'un de ses romans : Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer. Cela se rajoute au sujet. Supprimer un mot, rendre une expression tabou, déboulonner une statue, réécrire l'histoire, à défaut de se lancer dans des réformes, de se souvenir même dans la honte, afin de ne pas oublier nos coups tordus et nos erreurs.

Reste le silence des imams, des ayatollahs, des autorités musulmanes. Qui ne dit mot consent. Le pluralisme se ne serait bon que pour nous. J'ai hâte de voir des autorités religieuses musulmanes se lever avec courage et de mettre le poing sur la table. Il ne semble pas y avoir de véritable débat à l'intérieur du monde musulman. C'est dommage parce que des portes demeurent fermées, que des possibilités d'évolutions se perdent, je ne puis que le déplorer.

Richard a dit…

NH : Si on regarde l’Histoire, on est forcé de conclure que pour la majorité des humains la liberté n’est pas d’une importance primordiale !

Et lorsqu'ils perdent leur liberté, ils pleurent. C'est vrai que pour une majorité de personne la liberté n'est pas une importance primordiale, pour le russes, les polonais, les hongrois, les chinois, les turcs, les syriens, les algériens, les iraniens, les irakiens, et j'en passe.

J'avoue que je suis déçu de Madame Huston à ce chapitre, elle d'origine canadienne, où la liberté devrait être le fondement de ce que nous sommes et de ce que nous voulons devenir. On s'est battu pourquoi au cours des deux guerres mondiales ? Tout simplement pour la liberté parce que c'est la base de la démocratie, du libre arbitre, de l'entreprise, l'espoir d'une vie meilleure, de progrès, et que sans cette liberté l'homme demeure un handicapé. J'inclue ici la liberté de culte. Mais, on n'impose pas la liberté, pas plus que les danois pouvaient imposer la religion luthérienne aux Inuits, pas plus qu'on pouvait imposer la religion catholique aux québécois. Impossible d'imposer la liberté, parce qu'il faut la conquérir et que ce n'est pas donné. Toute conquête est angoissante, là je suis d'accord avec Madame Huston, mais pour le reste, je suis prêt à négocier, sauf que la liberté qui n'est pas négociable. Oui, les gens veulent la sécurité même au prix de la liberté. Si tu n'as plus de liberté, la sécurité devient aléatoire.

Il y a une petite phrase que j'ai retenu dans cet immense bouquin :

« On ne possède éternellement que ce qu'on a perdu. » 
Kim Leine
L'homme rouge et l'homme noir
page -469-

Je me suis demandé : Ce que nous avons perdu nous possède-t-il éternellement ?

Les regrets peuvent être plus lourds à porter que les chaînes. Et croyez-moi, je n'ai pas envie de me prosterner devant personne, encore moins devant un déité dont j'attendrai une dignité, car la dignité et la liberté c'est mon affaire !

Bonne nuit Carmilla, merci pour ce texte.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Il me semble que ce que j'écris n'est pas en contradiction avec les propos de Nadia Geerts. L'éducation, l'enseignement constituent, bien sûr, des tâches prioritaires dans la lutte contre l'islamisme radical.

Je dénonce simplement l'assurance bravache avec la quelle on assène nos certitudes et nos ignorances. Et puis la proclamation de notre droit à la liberté d'expression doit se faire avec un minimum de tact. Je trouve excessif de faire de Charlie-hebdo le flambeau de la culture et de l'esprit critique français. Personnellement, je ne me reconnais pas dans leur assurance ricanante d'adolescents boutonneux.

Les évolutions récentes (propos injurieux d'Erdogan et manifestations dans les pays musulmans) montrent d'ailleurs bien que nos belles proclamations du droit à la liberté de pensée sont totalement inaudibles.

Il faut tout de même bien se poser cette question : est-ce qu'on n'est pas un peu trop arrogants ?

Bien à vous,

Carmilla

julie a dit…

Bonjour Carmillia.
Il est sans doute difficile d'être un garçon de nos jours, mais aussi pour certaines jeunes filles dont on marie de force, ou comme récemment on vient de tondre ma jeune "voisine" (à Besançon) pour le seul péché d'avoir tombée amoureuse d'un jeune chrétien. Puis, l'Iran n'est plus non plus ce qu'il était... ma meilleure amie depuis une quinzaine d'années arrivée en France en témoigne. Pour finir, si la société nous rejette, faudrait aussi s'en prendre à ses parents... on ne fait pas des enfants à gogo si nous n'avons pas (tous) les moyens pour les éduquer/élever/soutenir financièrement.
Billet fort, et sur le fond, je suis d'accord avec vous. Belles oeuvres également, Marjane SATRAPI vit actuellement en Europe... des femmes en robe on ne doit plus beaucoup croiser en Iran (rire). La cinquième photo me déplait, alors savoir pourquoi :)
Bon dimanche à vous. Bise raccourcie (covid oblige).




Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Je vous conseille particulièrement le livre de Nancy Huston : "Reflets dans un oeil d'homme" paru en 2012. Ce livre, très juste à mes yeux, a été vivement critiqué par les féministes, presque jugé réactionnaire. Il ose affirmer le caractère incontournable de la différence des sexes, des attitudes, relations de pouvoir et expressions symboliques qui en découlent.

Ça ne m'apparaît pas extravagant de dire qu'il y a, aujourd'hui, un malaise de la condition masculine. C'est aussi exprimer une considération-compassion envers les hommes. Plein d'hommes, en effet, se sentent aujourd'hui largués dans des sociétés où la compétition économique est redoublée par la compétition sexuelle. La frustration devient immense car, il ne faut pas se leurrer, les "déshérités" (les pas beaux, les pas riches) n'ont aucune chance sur ce marché. Pour le dire brutalement, un jeune banlieusard musulman peut toujours rêver des belles filles en papier glacé qu'il voit, chaque jour, affichées. La haine trouve ici l'une de ses sources. C'est peut-être à considérer.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Il m'est difficile de répondre en détails à vos longs commentaires. J'y reviendrai peut-être petit à petit.

Je préciserai simplement aujourd'hui que le modèle français de l'intégration est celui de l'universalisme, de la reconnaissance en chacun de sa part d'humanité indépendamment de ses caractères ethniques ou religieux.

C'est un modèle issu de la philosophie des Lumières dont le principe est magnifique. Mais c'est aussi un modèle auto-centré qui conduit souvent, aussi, à ignorer l'Autre, sa différence.

Oserais-je le dire ? Je suis souvent étonnée par l'ignorance des Français pour tout ce qui n'est pas la France (histoire, géographie, culture). La littérature, ce ne sont, par exemple, que les écrivains français. Quant aux religions (judaïsme, islam, orthodoxie), l'ignorance est carrément abyssale. Les Français sont réputés pour leur arrogance, ils feraient peut-être bien de prendre en compte cette critique.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Julie,

Bien sûr qu'il est difficile d'être une fille. Je ne voudrais sûrement pas être une iranienne des classes moyennes et pauvres. Je considère simplement que la vie dans un pays musulman n'est pas toujours aussi affreuse qu'on l'imagine à la fois pour l'ensemble de la population et pour les femmes des milieux privilégiés. On y trouve une hospitalité et une convivialité inconnues à l'Ouest. Quant aux Iraniennes aujourd'hui, je vous assure qu'elles sont plus élégantes et "fashionistas" que les Européennes. Dans un registre complétement différent, je connais aussi un peu le Japon et j'avoue que je ne sais pas si j'aimerais être Japonaise.

Mais le malheur d'être une fille ne doit pas nous détourner de considérer aussi le malheur d'être un garçon. Je ne pense pas que ce soit toujours drôle : alors que chaque fille bénéficie d'un minimum d'attention (simplement au travers des regards portés sur elle), une multitude de garçons n'en recueillent aucune et sont totalement transparents. J'imagine que c'est très difficile à vivre et ça explique peut-être beaucoup de rancoeurs.

Mais au total, vous avez raison : ce sont bien les femmes, les mères, qui éduquent leurs garçons, leurs fils, qui en font ou non des "machos".

Bises à vous,

Carmilla

Ariane a dit…

Je ne ferai pas de longs discours, tout a été dit dans ce que je viens de lire.
Bien sûr que les Français sont arrogants, arrogants et incultes (pour beaucoup)
Ils ignorent le sens des mots, et les religions pour eux n'a aucune signification, donc on peut se permettre de l'insulter puis qu'on ne les connait pas !

Bravo Carmilla, j'adhère à tout ce que vous avez écrit, et bien sûr au beau texte de Nancy Huston.

Liberté d'expression ? Mais quelle liberté avons-nous, moi qui sur mon compte Twitter ne peux absolument rien dire qui ne sorte du consensuel sans me faire injurier de la pire façon !
L'assassinat de ce pauvre professeur est une chose abjecte, mais hurler avec les loups, se répandre en fausses larmes de compassion, en marches blanches et autres enfantillages ne résoudra rien, le problème n'est pas là, mais bien dans l'impossibilité pour les gens d'avoir une pensée propre et personnelle.

Bon dimanche à vous et ....encore merci d'oser !

Nuages a dit…

Salah Abdeslam, un des terroristes du 13 novembre à Paris, et plusieurs de ses comparses, ont mené, avant de virer terroristes djihadistes, des vies de flambeurs, dragueurs, noceurs, hâbleurs et petits délinquants. Abdeslam a, paraît-il, eu plein d'aventures avec des filles, peut-être pas Olga Kurylenko ou Ivanka Trump, mais des filles noceuses, faisant la fête (évidemment pas les filles à hidjab refusant le cours de gym et la piscine).

Ce qui est fascinant et intriguant, c'est le processus qui les ont ensuite entraînés vers le djihadisme.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Ariane,

Votre petit mot est réconfortant. Il est vrai que l'on prône la liberté d'expression mais, paradoxalement, en faire usage vous expose tout de suite à un déferlement d'insultes.

Je ne dirai pas que les Français sont incultes mais, d'une manière générale, je n'aime pas l'humour qui s'exerce aux dépens des autres, le persiflage. C'est largement l'humour de Charlie-Hebdo. J'ai vu, il y a quelques mois, un film qui, il y a 20 ans, avait eu beaucoup de succès : "Le dîner de cons". Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais ça pose bien le problème. On aime bien dénigrer les cons mais c'est finalement un humour glaçant et odieux. Les cons méritent en fait la même considération que les autres. Et puis, il ne faut pas oublier qu'on est toujours le con d'un autre.

Sur le fond, je trouve bien sûr odieux le crime de Conflans et je suis pleine de compassion pour ce pauvre professeur mais la posture bravache affichée m'apparaît inappropriée et productive. Croit-on vraiment avoir impressionné les terroristes ? C'est tout le contraire me semble-t-il.

Encore merci,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Sans doute, les voies qui mènent au terrorisme sont multiples. Ben Laden était lui-même quelqu'un d'absolument privilégié. Il y a cependant, me semble-t-il, un ressort commun : la Haine de l'Occident qui incarnerait le monde du désir et des femmes.

Que Salah Abdeslam ait eu de nombreuses aventures féminines ne signifie pas qu'il était féministe.

Je pense quand même que le terrorisme a pour principales sources la misère et la frustration (notamment sexuelle). Passer à l'acte, c'est éprouver, tout à coup, un sentiment de puissance jusqu'alors inconnu.

J'observe enfin que vous semblez apprécier ma compatriote Olga Kurylenko. Elle est moins hautaine que vous pouvez l'imaginer. Elle a été cet été l'actrice principale d'une excellente série télévisée : "Romance". Je vous la conseille vivement.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Bonjour Richard,

Pour faire suite à vos commentaires, je pense que Nancy Huston n'exprime pas son opinion personnelle mais le choix majoritaire dans l'opposition sécurité/liberté. On sait bien que privilégier la sécurité fait le lit de la dictature mais est-on toujours vraiment libres de choisir ?

Sur l'humour et sur Charlie-Hebdo, j'ai formulé à Ariane mes réponses.

Quant à la religion, je pense, effectivement, qu'elle est un élément important de dignité pour beaucoup de gens, surtout les plus humbles. Vous devenez un interlocuteur direct de Dieu, vous échangez presque continuellement avec lui, vous êtes finalement presque son égal et votre destin en est transfiguré. C'est très fort dans les religions monothéistes et particulièrement dans l'Islam. On peut bien sûr choisir de se passer de Dieu mais on s'expose au risque de l'insignifiance.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Je viens d'apprendre la nouvelle de l'attentat de Nice.

Je suis effaré.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

C'est bien sûr dramatique et inquiétant.

Mais n'était-ce pas prévisible ?

Ça relance la question : peut-on rire, se moquer, de tout ?
Je réitère mon point de vue : l'humour, la caricature, n'ont de sens et de pertinence qu'auprès de gens capables de les comprendre. Ce n'est évidemment pas le cas avec des Islamistes, voire des Musulmans ordinaires, dont les cadres culturels ne sont pas les mêmes et qui ne peuvent se sentir qu'offensés. Plutôt que de ressasser notre belle liberté d'expression, on doit aussi, de notre côté, savoir faire preuve d'un peu d'intelligence. Avec Charlie-Hebdo, j'ai l'impression de retrouver les sales gosses qui, dans une cour de récréation, prennent plaisir à embêter les filles. C'est l'esprit et le niveau de leurs caricatures, c'est pareillement trouble et malsain mais ça n'a pas les mêmes conséquences.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Certes inquiétant, vous n'aviez pas besoin de cela en France avec la crise sanitaire.

Une crise sanitaire, puis maintenant une crise sécuritaire, et peut-être une crise économique qui nous pend au bout du nez. Nous sommes tous mal barrés.

Cet événement, ne s'est pas déroulé dans un journal, ni dans la rue, ni dans une salle spectacle ; mais dans une lieu de culte, qui plus est, dans une cathédrale. Comme symbolisme difficile de faire mieux.

Je crains les dérapages. Ce n'est pas le temps de perdre les pédales. Patience, doigté, attention, réflexion avant de poser des gestes regrettables, oubliez la vengeance.

Hier soir j'étais plongé dans la lecture de : La fin de l'homme rouge, de Svetlana Alexievitch et j'ai été ramené à la réalité quotidienne.

« Malheur à celui qui bâtit sur le sang »
Citations d'Avvakoum
Tiré de : La fin de l'homme rouge, page 338.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

J'ai vu tout à l'heure un film sur Zineb El Rhazoui, collaboratrice à Charlie Hebdo. Je la trouve cohérente et pleine de cran.
Quant à l'équipe du journal, dont les regrettés Cabu et Charb, que l'on voit dans ce film, je ne trouve vraiment pas qu'ils soient des beaufs potaches.

https://www.dailymotion.com/video/x7r5f19


A part ça, ce soir, en Belgique, on annonce le reconfinement à partir de lundi. Pas d'"attestation dérogatoire de déplacement" à remplir, en tout cas. Fermeture des commerces "non essentiels", télétravail, limitation drastique des contacts privés (mais comment les contrôler ?). Et toujours le couvre-feu (minuit en Flandre, 22 h dans la partie francophone du pays).

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Bien sûr ! La dimension du blog et des posts ne me permet pas de nuancer. J'adore Cabu en fait. "La fille du Proviseur", ça m'avait inspirée quand j'étais lycéenne. Et puis l'adjudant Kronenbourg, ça avait renforcé mes convictions anti-nationalistes et anti-militaristes.

Mais, pour déplacer le sujet, ça m'intéresserait aussi de savoir ce que vous pensez des blagues des Français sur les Belges ? Est-ce qu'on peut vraiment dire que c'est intelligent, que c'est drôle, que ça n'est pas raciste ? Personnellement, j'ai toujours trouvé ça odieux et insupportable d'arrogance.

Les Belges parviennent à ne pas s'en offusquer parce qu'ils sont sur un pied d'égalité avec les Français et ils peuvent à leur tour se moquer des Français. Mais ce n'est pas du tout le cas des communautés musulmanes. Je crois qu'on ne peut rire des autres qu'entre égaux.

Je ne défends bien sûr nullement l'islamisme mais je regrette que l'on s'enferme dans des postures qui interdisent tout dialogue. Mais j'apprécie aussi Zineb El Rhazoui.

S'agissant enfin du confinement en France, ce que je trouve terrible, c'est qu'on ne peut pas du tout se déplacer : pas plus d'1 kilomètre depuis son domicile. Je comprends mal l'utilité de cette mesure. En plus, les librairies sont fermées. Sinistre.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Les jours sont en effet bien sombres. Que va-t-il sortir de tout ça ?

On rappelle parfois qu'au lendemain de la Grande Peste, les sociétés européennes avaient connu un nouvel essor économique et culturel (la Renaissance). Mais je ne crois vraiment pas que ce soit transposable.

Personnellement, je crois beaucoup plus au dialogue qu'à l'affrontement. C'est pourtant le second choix qui a été fait. Qu'on ne me dise pas qu'on ne peut pas discuter avec des Musulmans.

Je n'ai pas encore commencé le dernier Kim Leine. En plus, les librairies sont maintenant fermées en France !

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Les "blagues belges" des Français, c'est assez consternant, ça témoigne aussi d'une grande ignorance de ce qu'est la Belgique.
Ça m'énerve un peu, mais j'en connais une ou deux qui sont très drôles à leur manière, et que j'aime bien raconter à l'occasion. Il est vrai qu'en Belgique, l'autodérision est bien répandue.

Quant aux musulmans, les penser comme non égaux par rapport à "nous" me paraît assez réducteur. Ce serait bien qu'ils cultivent aussi le second degré, l'autodérision. J'aimerais aussi que des foules de Bangladais, de Palestiniens, de Syriens défilent, non pas parce que le président français a défendu le droit à la caricature, au blasphème, mais pour dénoncer avec force les crimes atroces (décapitations !) perpétrés au nom de l'islam par des fanatiques, et qui souillent leur religion.