samedi 6 février 2021

De la souillure

 

J'ai quelques côtés bizarres. 

Dix fois par jour, je me lave les fesses. Je me suis dépêchée d'installer un bidet dans ma salle de bains. Je ne comprends pas que les femmes occidentales se contentent de papier dit hygiénique. L'horreur, ce sont les douches fixes aux États-Unis : impossible de s'y laver le bas,comment n'a-t-on pas songé à ça ?

Les règles, c'est pour moi une abomination, je change sans cesse mes tampons. J'ai aussi en horreur les poils, je me suis toujours totalement et impitoyablement épilée. Enfin, je déteste transpirer, puer c'est impossible.

Ce qui me révulsait beaucoup dans le monde communiste, c'était l'humiliation infligée par son extraordinaire saleté et puanteur. On renonçait à fréquenter les toilettes publiques, on préférait les parcs et les bosquets.


 Au Japon, j'ai trouvé un Paradis de propreté. Les toilettes, avec leurs multiples jets réglables selon la force et la température, ça laisse rêveur. Et puis les Japonaises, elles font comme moi (pas comme les Françaises) : elles se lavent les cheveux tous les jours.

Enfin je n'évoque pas mes habitudes alimentaires. Je suis compliquée. Je trie, je sélectionne : pas de sel, pas de sucre, pas de graisses. 

Tu es bien triviale aujourd'hui, ce sont tes côtés obsessionnels, me direz-vous. 

Peut-être mais je pense quand même que c'est aussi très culturel. C'est mon côté musulmane ou plutôt, c'est l'influence de l'Iran sur moi.


 Au delà de ma petite personne, en effet, on peut se rendre compte que toutes les sociétés sont hantées par une frontière entre le propre et le sale ainsi que par la crainte de la pollution et l'aspiration à la pureté. C'est très marqué dans l'Islam et le Judaïsme avec des tabous multiples et très concrets.


 Ça a été génialement démontré par le livre bouleversant (1967) de l'ethnologue Mary Douglas: "De la souillure". Ça se retrouve aussi dans l’œuvre de Georges Bataille : la culture humaine se construit dans le refoulement de l'obscène (l'hétérogène). Il s'agit notamment de tous ces déchets "insignifiants", tout ce que nous excrétons : la morve, le crachat, les rognures d'ongle, une touffe de cheveux, la pourriture, le cadavre. Tout cela nous révulse sans raison ni objective, ni hygiénique. On n'a de cesse de tracer des frontières, de séparer des éléments.

C'est ce qui m'a marquée le plus en pays d'Islam. J'y commettais de multiples impairs. On est obsédés par les questions d'hygiène corporelle, d'excréments, de menstrues, de sueur, de propreté des sols, d'animaux purs et impurs (je me souviens d'avoir presque provoqué une émeute quand, enfant, j'avais apporté mon hamster dans une clinique vétérinaire de Téhéran). L'impureté matérielle entraine l'impureté spirituelle.


 C'est à peu près pareil  dans le judaïsme avec des tabous alimentaires très complexes (très proches néanmoins de ceux de l'Islam). Manger vraiment kasher, ça peut être vraiment très compliqué parce que ça ne concerne pas seulement les aliments autorisés mais les modalités et même les ustensiles de leur préparation.

On peut aussi évoquer l'hindouisme et le shintoisme japonais, eux aussi obsédés par la pureté. 

On sait bien aujourd'hui que tous ces tabous matériels, exigeants et profondément ancrés, n'ont rien à voir avec des considérations pratiques d'hygiène et de santé (manger du porc ou des fruits de mer ne compromet guère votre espérance de vie). Ce n'est qu'un classement, un ordonnancement, quasi mythologique, du monde. C'est ce qui permet de lui donner une signification, de le rendre parlant. Ça permet de penser le rapport de l'homme à la Nature et aux animaux, ses attractions-répulsions.

On a tendance à croire qu'on est débarrassés de ça, nous les Modernes. Des tabous, on n'en aurait plus. Et d'ailleurs, l'un des mérites du Christianisme, ça aurait été d'avoir mis fin aux tabous notamment alimentaires, d'avoir transmuté nos fautes : elles ne sont plus matérielles mais spirituelles.

On peut en douter et même penser que, dans l'Occident moderne, jamais les croyances se rapportant à la pureté et à la pollution n'ont été aussi fortes. Inutile d'aller jusqu'à évoquer la "race pure" de l’idéologie nazie et  la pureté religieuse  dans le fondamentalisme islamique. 

Plus simplement, on est aujourd'hui obnubilés par le « manger sain », on achète des produits "bios" supposés plus naturels. On a une trouille bleue de tous les produits « chimiques » et des OGM qui compromettraient gravement notre santé. On se sent submergés par un tueur silencieux, la pollution, qui attaque insidieusement et de toutes parts: on suffoque, on étouffe, on est déjà condamnés. 

 On cherche désespérément un refuge, dans la Nature, les grands espaces vierges, les déserts (c'est devenu le programme privilégié des agences de voyages), pour pouvoir se ressourcer, retrouver l'authentique, l'essentiel. S'enfermer dans une cabane en pleine Sibérie, comme Sylvain Tesson, c'est présenté comme une expérience essentielle, refondatrice. 

Plus simplement aussi, on choisit d'effectuer une retraite spirituelle ou on se rend dans une clinique de "désintoxication". Nul ne pointe le caractère régressif et la morale à deux balles de ces démarches : se mettre à l'abri du monde et de sa pollution, c'est comme ça qu'on affronte aujourd'hui la vie.

 On fuit les villes et leur pollution mais personne ne mentionne que, dans tous les pays du monde, les citadins ont une espérance de vie supérieure d'environ 2 ans à celle des ruraux. Mieux vaut vivre à Paris qu'en Lozère si l'on ambitionne de faire de vieux os.

Nos "déchets", ils nous obsèdent pareillement. L'idéal, ce serait leur niveau "zéro", leur recyclage intégral. Même nos eaux usées, celles de nos cuisines et de nos toilettes, on se vante de les retraiter et de nous les resservir à nos robinets. Et le déchet le plus épouvantable, on conjure aujourd'hui l'horreur de sa putréfaction en préférant l'incinérer. 


 On se croit modernes mais on vit dans un même registre de peurs et de fantasmes que celui des peuples que l'on qualifie de "primitifs": les mêmes hantises d'invasions par de mystérieux "agents polluants", la même peur de la souillure et l'obsession de la corruption, la même quête de la pureté. 

On ne ferait ainsi que reproduire un trait universel de l'esprit humain. Sans cesse, on opère des classifications, on élabore des concepts en revenant toujours à ces distinctions entre la pollution et la pureté. Cette opposition binaire a vite fait, hélas, de se teinter de morale et c'est alors la porte ouverte à l'intolérance et au totalitarisme.

Tableaux de Giorgio de CHIRICO (1888-1978).  Une belle exposition lui était consacrée à l'Orangerie mais elle a eu la mauvaise idée de se tenir cet automne dernier. Très peu de gens l'ont donc vue. Il se considérait comme un peintre italien et un peintre métaphysique. Il a beaucoup influencé Apollinaire et André Breton.

Ce post s'inscrit dans le prolongement du livre essentiel (1967) de Mary Douglas : "De la souillure" (Purity and Danger). Un grand livre d'ethnologie. Attention toutefois : si son approche générale, structuraliste, a été validée, on a critiqué sa prétention à faire de la hantise de la pollution l'affect de base expliquant le symbolisme humain. Je recommande néanmoins, outre "De la souillure", "Comment pensent les institutions".

On peut lire également un petit livre qui vient de sortir : "L'abécédaire de Claude Lévi-Strauss". Une excellente introduction à son œuvre.

Je recommande également :

- Ayatollah Khomeiny : "Principes politiques, philosophiques, sociaux et religieux". Un petit livre sans doute difficile à trouver aujourd'hui mais très instructif concernant l'islam au quotidien. Khomeiny m'a toujours fascinée tant le personnage était énigmatique.

- Massimo Montanari : "La chère et l'esprit - Histoire de la culture alimentaire chrétienne". Quoiqu'on en pense, il existe bien un régime alimentaire chrétien et occidental. Relations à la viande, au sang, au gras...un sujet bien d'actualité.

9 commentaires:

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla !

Le sale et le propre, le tout sans graisse, sans sucre et sans sel, éthéré comme un cirrus de haute altitude. Ainsi va la vie pour vous Carmilla!

Le sale plus naturel et normal que le propre mérite notre attention. Après la naissance d'un bébé, nous le nettoyons. Les vaches lèchent leur veaux et mangent le placenta (délivre), il ne faut pas laisser de trace, les prédateurs au nez fin rôdent.

Être sale ne demande aucun effort, puisque né sale nous pouvons le demeurer ; par conte, la propreté relève de l'apprentissage donc de la culture. Rappelons qu'il y a différent niveau de culture. J'en conviens se torcher n'est pas se laver.

Le clan des écolos en conviennent très bien, vive le végétarisme, la salade, les légumes bouillies, l'épilation, la consommation minimale qui flirte avec diverses idéologies inacceptables. L'obsession débouche souvent sur le dogme. Caractéristique très humaine.

T E Lawrence parle de cette saleté chez les bédouins du désert dans les Sept piliers de la sagesse. Là, l'eau ne sert pas à se laver, mais à boire, il raconte cette habitude qui se transforma en tradition. Manger avec la main droite et se torcher avec la main gauche.

Je viens de terminer la lecture de : La Bataille de Patrick Rambaud, livre qui raconte La Bataille d'Essling (1809), où les soldats de Napoléon partageaient souvent la même gamelle souvent sans eau, ni pour se laver les mains, ni pour laver la gamelle. (En passant, excellent roman historique, je vous le recommande si vous ne l'avez pas lu)

Sans oublier ma lecture précédente : Le crépuscule et l'aube de Ken Follett, où il relate les conditions de saleté dans le Haut Moyen Âge.

Peut-être que le Japon demeure le paradis de la propreté ce qui ne rachète pas leur racisme et leur hypocrisie. À leurs yeux, nous demeurons de sales démons étrangers.

Combien de fois, j'ai entendu de la part des blancs traiter les indiens de (sales indiens). Les indiens seraient sales ? Tout comme les sales nègres ? La propreté serait morale, et la saleté immorale ? Je pense que je vais prendre la défense des nègres et des indiens.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

À bien y penser, dans mon existence fabuleuse, un jour je me suis posé la question : Qu'est-ce qui était le plus sale ? Étais-ce lorsque j'étais obligé de fouiller le cul d'une vache pour l'aider à vêler ; ou bien, lorsque je vidangeais l'huile hydraulique ou encore celle du carter du moteur d'un tracteur ? Valait-il mieux avoir les mains trempées de liquide placentaire ou d'huile hydraulique ? Sans oublier dans le nord, avant le premier vol de la journée, il fallait drainer les réservoirs d'essence de nos avions où l'essence nous coulait sur les mains. Par chance que j'étais né sur une ferme et que j'en avait vu d'autre.

Peut-être que le sale n'est pas aussi sale qu'on ne le pense et que la propreté laisse toujours à désirer.

L'extrême c'était de manger avec des indiens assis par terre dans la tente. Je l'ai fais et je n'en suis pas mort. Il y avait aussi un autre extrême, manger avec des foreurs, surtout en plein hiver, alors qu'il fait moins trente à l'extérieur, ces types-là, ne se lavaient que les mains et le visage pendant des semaines.

Rien ne valait un repas offert généreusement chez mon ami Alfred, qui était d'une nature proverbiale mais sale. Si je voulais savoir si une personnage avait bon cœur, je l'amenais manger chez Alfred.

Vous Carmilla qui être selon vos dires une grande séductrice, je me demande comment vous faite, lorsque vous séduisez un homme ? Est-ce que vous le renifler avant de le mettre dans notre lit, à moins de le faire tremper dans l'acide muriatique et de le récurer à la brosse d'acier ?

J'en arrive à l'odeur, ce qui est très particulier. Tout le monde connaît cette expression : Lui, je ne peux pas le sentir. Nous les humains nous ne sommes pas très forts en olfaction notre nez ne sent pas toujours ce que notre cerveau sent. C'est ainsi qu'on est incapable de sentir certaines personnes.

Effectivement, sans graisse, sans sel et sans sucre, il devient problématique de vivre dans ce pays qui est le mien, surtout pour les travailleurs de forces qui opèrent au grand air par des températures froides. Les Montagnais, et ils n'étaient pas les seuls, avait un très grand respect pour la graisse. Jamais la graisse d'un animal n'était gaspillée.

Bonne nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Au-delà de ma propre personne, je voulais surtout souligner que les perceptions du propre et du sale diffèrent sensiblement selon les cultures.

Les Occidentaux considèrent ainsi les pays musulmans comme sales. Mais ils ignorent que les Musulmans les considèrent également comme sales. Les critères ne sont pas les mêmes. Simple petit exemple : quand un occidental rentre pour la première fois dans une pièce, il considère d'abord les murs puis accessoirement le sol. Un musulman, à l'inverse, regardera d'abord le sol puis les murs. Un sol tâché, c'est grave pour un musulman alors qu'un occidental y prête à peine attention. Ce n'est pas un hasard si la culture du tapis est surtout islamique.

J'ai découvert que les préoccupations d'hygiène corporelle étaient très importantes dans l'Islam et que cela peut être source de multiples incompréhensions. Et que dire du Japon ? On a vite fait de passer pour dégoûtant.

Tout cela n'a rien à voir avec des données objectives. Le propre et le sale relèvent en fait d'un classement culturel. Mais il est vrai qu'il y a un progrès général de l'hygiénisme dont la logique du pur et de l'impur relève quasiment d'une religion primitive. Cette soif de pureté, qui imprègne notamment l'écologie, est inquiétante. Jusqu'où ira-t-on ?

Enfin, en ce qui me concerne, je pense être assez maniaque. C'est sûr que les brutes, ça ne m'attire pas du tout; je n'aime pas, d'une manière générale, ce qui est trop concret. Mais je suis différente, en la matière,des Françaises (je me déchausse dans un appartement, je me lave tout le temps les cheveux et les fesses). J'ai conscience d'être influencée par les cultures slave et musulmane.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla !


« J'ai remarqué, pendant que j'étais esclave, que dès que mon sort s'améliorait, cela avait pour effet non pas de me rendre heureux, mais au contraire d'accroître mon désir d'être libre et de me faire élaborer des plans pour m'enfuir. J'ai compris que pour faire un esclave content de son sort, il faut faire un esclave qui ne pense pas. Il faut absolument obscurcir son sens moral et son esprit et, autant que possible, tuer en lui tout capacité à raisonner. Il faut qu'il lui soit impossible de déceler des contradictions dans l'esclavage ; il faut qu'il croie que l'esclavage est juste, il ne peut croire qu'il cesse d'être un être humain. »

Frederick Douglass
Mémoire d'un esclave
Page -116-

Mémoire d'esclave, un grand livre, écrit par un homme qui a appris à lire et à écrire par lui-même, qui en était venu à comprendre que la lecture était la connaissance, et que cette connaissance était le chemin qui menait à la liberté. Véritable autodidacte Frederick Douglass est sorti de sa condition d'esclave. Voilà un livre qui se lit en une seule fois, pas moyen de s'arrêter.

Sur le même sujet : Les confessions de Nat Turner par William Styron. Un autre ouvrage remarquable sur l'esclavage et surtout sur une révolte qui précède La Guerre Civil Américaine.

Dans un tout autre sujet, je suis en train de lire : Mémoires du Cardinal de Retz. C'est plein de flagorneries, le ridicule n'est pas très loin. Mais, nous pouvons aussi le lire pour le plaisir de la langue... et aussi pour le contexte politique.

Bonne fin de nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla !

Les humains de la campagne ne s'expriment pas comme les habitants des villes, qui plus est, les esclaves et les affranchies sont plus directes que les citadins, pour preuve cette citation :

« Toute l'histoire des progrès de la liberté humaine démontre que chacune des concessions qui ont été faites à ses nobles revendications ont été conquises de haute lutte. Là où il n'y a pas de lutte, il n'y a pas de progrès. Ceux qui professent vouloir la liberté mais refusent l'activisme sont des gens qui veulent la récolte sans le labour de la terre, la pluie sans le tonnerre et les éclairs ; ils voudraient l'océan, mais sans le terrible grondement de toutes ces eaux.

Frederick Douglass

Mémoires d'un esclave

Page -1-

L'esclavage, c'est aller plus loin dans la souillure.

Bonne nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Le cardinal de Retz, ses mémoires, ça fait partie de ces livres que je me promets d'essayer de lire un jour. Le problème, c'est que c'est pour moi effroyablement volumineux. Et puis, je préfère à tout la littérature française du 18 ème siècle, absolument extraordinaire, qui témoigne d'une incroyable liberté de mœurs et de pensée. J'ai le sentiment qu'on a régressé depuis.

Frederick Douglass, je ne connais pas. Styron, je connais de nom mais n'ai pas lu.

Quant à la souillure, je l'envisage ici dans un sens beaucoup plus prosaïque que celle qui peut s'attacher à l'esclavage.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !


7 heures 11 heure local, un vrai matin d'hiver dans la blancheur et la glace, par -26 degrés. Les tuyaux d'échappement des véhiculent crachent de la fumée blanche. Le soleil se lève dans le brouillard glacée. La neige craque sous les bottes des marcheurs. Les mécaniques rouspètent. Paix dans le matin glacée où je me sens très vivant. Nous sommes dans le cœur de l'hiver, où le froid ne ment jamais dans un réalisme bien ressenti.

En lisant votre commentaire Carmilla, j'ai pensé que se serait un beau projet que de lire des biographies ou des mémoires de Richelieu, Mazarin, et Retz et quelques autres.

Vous soulevez la question de régression, celle de la pensées et des mœurs que je trouve très intéressante. Je dirais que les ecclésiastiques s'en permettaient, autant en politique qu'en amour. Les famille voulaient toujours un de leur membre dans les rangs de l'église, ce qui était plus qu'une vocation, c'était un poste de pouvoir. Tant qu'à l'abstinence sexuelle on repassera.

Peu importe l'époque, les politiques de l'Église m'ont toujours passionnées. D'un côté des principes, et de l'autre, des actions qui bafouent ces principes. Je me demande si nous avons régressé ; peut être que nous avons évolué dans la finesse de nos défauts ?

Tant qu'à Frederick Douglass, c'est un incontournable dans l'Histoire des États-Unis d'Amérique au même niveau que Martin Luther King. Ce qui peut nous réconcilier avec la nature humaine.

William Styron est un bon écrivain, je vous recommande en plus des Confessions de Nat Turner, Le choix de Sophie.

Je viens de faire une découverte déconcertante un nouvel auteur que je ne connaissais pas, Paul Kawczak, (oui un polonais_ né en France), qui plus est, habite présentement le Québec, qui vient de publier : Ténèbre. Un roman qui se déroule au Congo sous la gouvernement de la Belgique de Léopold II dans un climat glauque où la colonisation cause des ravages (les mains coupées), avec un fond d'ésotérisme, de superstition, et de folie. Publié par une petite maison d'édition du Lac-Saint-Jean. Une belle écriture et des propos dérangeants qui s'étalent sur 300 pages. Il a été exporté en France.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla !

Je vous laisse sur un paragraphe d'une femme, Kim Thuy, originaire du Vietnam, qui vit au Québec depuis des années, qui écrit des petits livres qui n'ont rien de petits.

« Si votre cœur se serre à la lecture de ces histoires de folie prévisible d'amour inattendu ou d'héroïsme ordinaire, sachez que la vérité entière aurait très probablement provoqué chez vous soit un arrêt respiratoire, soit de l'euphorie. Dans ce livre, la vérité est morcelée, incomplète, inachevée, dans le temps et l'espace. Alors, est-elle encore la vérité ? Je vous laisse répondre d'une manière qui fera écho à votre histoire, à votre vérité. Entre-temps, je vous promets dans les mots qui suivent un certain ordre dans les émotions et un désordre inévitable dans les sentiments. »
Kim Thuy

Em

Page -11-

Un grand livre sur le Vietnam, sur ses souffrances, sur cette guerre cruelle, sur ces personnes qui ont réussi à fuir, et les autres qui sont restés. Écrit en français, mais avec la délicatesse de l'Orient, toutes en petites petites touches de délicatesse. Publié chez : Libre Expression à Montréal.

J'ai été enchanté et je vous en fait part ! Soyez sûr que je vais le relire.

Note de l'auteure : Le mot em existe en premier lieu pour désigner le petit frère ou la petite sœur dans une famille ; ou le plus jeune, ou la plus jeune, de deux ami(e)s ; ou la femme dans un couple.
J'aime croire que le mot em est l'homonyme du verbe (aimer) en français, à l'impératif : aime
Aime, aimons aimez.

C'est un livre qui vous transporte.

Bonne fin de nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Grande rigolade en ce moment en France.

Dans le Nord du pays, les températures viennent de chuter en dessous de zéro et il y a même eu quelques flocons. C'est aussitôt la catastrophe et la panique nationales et ça occupe l'essentiel des actualités. La circulation automobile est aussitôt paralysée et les chauffeurs qui se hasardent sont présentés comme des héros. Comme on se rend compte que les températures ne sont pas bien basses, voire un peu ridicules(- 2 °, - 3 °), on vient d'inventer les températures "ressenties" qui sont au moins 5 degrés plus basses. On parle alors d'un froid carrément polaire qui s'est abattu sur la France. Seul avantage : les femmes retrouvent le droit de mettre un manteau de fourrure.

Kawczak (prononcer kaftchak en accentuant le premier a), j'ai un peu entendu parler de son roman "Ténèbre" mais je crois que c'est surtout en Belgique qu'il a un certain retentissement. Sur l'Afrique et le Congo, j'aime beaucoup l'écrivain belge, d'expression flamande, Lieve Joris.

Merci pour vos conseils de lecture,

Carmilla