samedi 20 mars 2021

Back to U.S.S.R. 2

 

Ma copine Daria, elle me dit : "En Russie, de plus en plus de gens ont la nostalgie de Brejnev".

Brejnev ? Quoi ? Cette momie, cette baderne ?


 A mes yeux, la principale qualité de ce père Ubu, bête mais pas méchant, ça a été  de fournir à tout le bloc communiste une inépuisable source de plaisanteries. On ne l'appelait pas Brejnev d'ailleurs mais "Lionka" (en accentuant sur le o). Quelles bonnes parties de rigolades on a pu avoir, parents, enfants, copains, avec Lionka ! C'est d'ailleurs le seul dirigeant soviétique dont on ait rigolé.

Brejnev, il était perçu, dans le bloc soviétique, comme incompétent, médiocre, s'exprimant laborieusement en faisant plein de fautes. Et puis paresseux, jouisseur, collectionnant les belles bagnoles occidentales. Et aussi ridiculement infantile et narcissique, persuadé d'incarner un modèle de séduction virile. Et que dire de ses embrassades avec les dirigeants des "pays frères" (cf. l'image iconique avec Honecker) et de ses uniformes recouverts d'un tapis de médailles et de décorations ?  

 Le grotesque le disputait au sinistre. Comment peut-on donc regretter ça, cette époque de sénilité générale, celle d'un dirigeant et d'une société toute entière ? Peut-être qu'il peut y avoir, en effet, "une aspiration au totalitarisme, un goût de la soumission" (Annette Wiewiorka) ? Peut-être qu'on a parfois envie de s'abandonner au Pouvoir, qu'on se met alors à préférer un peu de tranquillité à l'incertitude et que, pour ça, on renonce à soi-même : "on se débarrasse de soi, on laisse les autres penser à votre place".


 De ce point de vue, les années 60/70 ont en effet offert aux sociétés communistes une relative stabilité et un certain réconfort. Ça intervenait d'abord, il faut le rappeler, à la suite de plusieurs décennies d'épouvante. Qu'on nous fiche la paix, qu'on nous laisse tranquilles, c'était devenu l'aspiration principale.

 A cette préoccupation, la société communiste offrait une réponse adéquate. Fini de s'inquiéter, l'Histoire, avec ses incertitudes venait de s'arrêter, on était embarqués pour un avenir de toute manière radieux.

Et c'est vrai que, dans la société communiste, tout devenait entièrement prévisible. Les affres du chômage, on ne connaissait pas. Un boulot, même s'il était minable, on était sûrs d'en avoir un jusqu'à sa retraite et d'ailleurs la Direction du Plan vous adressait régulièrement un plan d'évolution de carrière et de rémunération sur plusieurs décennies.

Et puis, c'était généralement cool. Beaucoup pratiquaient la résistance passive en faisant semblant de travailler pour un État qui faisait semblant de les payer. 

Même des vacances, on n'avait pas à se préoccuper. Les syndicats y pourvoyaient avec leurs centres de repos.


 Il était donc facile de s'abandonner, de renoncer à toute initiative propre et de se laisser guider sur les rails d'une vie tracée par le Parti. C'était d'autant plus tentant qu'on ne se sentait nullement comptable de la médiocrité de notre vie. Si celle-ci était nulle, ce n'était pas de notre faute, c'était celle de l'Autre, d'un Parti stupide et incompétent, incapable de reconnaître nos qualités propres. C'était ça le premier génie du communisme : déculpabiliser les hommes, les déresponsabiliser de leur Destin. En faire des opprimés accommodants, ayant bonne conscience.

 La seconde force du système communiste, c'est qu'il avait réussi à promouvoir, il faut le reconnaître, un égalitarisme général. Ça trouvait une traduction dans l'échelle des rémunérations vraiment très resserrée (et un ouvrier gagnait effectivement mieux sa vie qu'un médecin ou un professeur) mais aussi dans la possibilité pour chacun d'accéder à l'université (grâce, notamment, au système des bonifications sociales) ou plus simplement à l'Opéra, au théâtre, au cinéma. Je sais bien qu'on parlait, à l'Ouest, de "nomenklatura", d'une caste privilégiée qui bénéficiait d'une multitude d'avantages matériels. C'était sans doute vrai pour ceux qui détenaient les rênes du pouvoir mais c'était quand même très limité et le niveau de vie d'un Bonze du Parti, ça n'était pas grand chose, ça n'était même pas celui d'un cadre occidental.

 

La Réalité, c'est qu'on vivait tous pauvrement mais de manière très égalitaire.  Pas besoin de décrire son logement à des amis, il était le même que celui de tout le monde. Même les bibelots qui le décoraient, ils étaient pareils. On n'avait rien à envier, rien à jalouser. Le preuve ? Les vols, les cambriolages, ça n'existait quasiment pas.

 

Les rancœurs, les haines sociales, elles étaient bien tièdes et réservées aux membres du Parti. L'ambiance générale, c'était plutôt la solidarité et la convivialité. Les gens passaient leur temps à bavasser ensemble et à se rendre visite.

Certes, la vie matérielle était minable, c'était la pénurie généralisée, on ne mangeait que des cochonneries (des cornichons, des harengs, un bout de saucisson, le tout arrosé, évidemment, de vodka).

 Mais personne ne mourait non plus de faim. Et puis la misère, elle n'était pas issue d'un manque d'argent. De l'argent, ce n'est pas ça qui manquait et d'ailleurs, faute de possibilités d'emploi et d'une énorme inflation déguisée, on n'y attachait guère d'importance. Si on voulait devenir riches, il suffisait de se livrer à un petit trafic minable, au marché noir qui rapportait davantage que n'importe quelle activité salariée (mais ne donnait pas  non plus accès à grand chose). Un monde sans argent ? La prophétie marxiste avait été quasiment réalisée dans le bloc soviétique.

Et puis la pénurie réservait de multiples petites joies. Dénicher un produit introuvable, un tire-bouchon, un arrosoir, du papier hygiénique, des oranges, suffisait à vous mettre de bonne humeur et on s'en vantait tout de suite auprès des voisins.

 Le monde était totalement prévisible. Les règles du jeu, tout le monde les connaissait. Ces règles, on savait d'ailleurs comment les assouplir (pour obtenir un logement ou une voiture par exemple) : en utilisant l'arme de la petite corruption. La corruption, c'est universellement décrié aujourd'hui dans les pays démocratiques mais il ne faut pas oublier que ça contribue aussi à nouer des liens symboliques forts entre les parties prenantes. Ça renforce paradoxalement les solidarités.

Un monde stable et bien identifié, délivré des angoisses de l'avenir, c'est ce qu'offrait le système communiste. Les médias eux-mêmes (télévision, presse) étaient réconfortants : tout allait bien, on était les meilleurs, il n'y avait que de bonnes nouvelles : que des trains qui arrivaient à l'heure et que des prouesses économiques, sportives et scientifiques.Ce contraste complet avec les médias occidentaux, tellement anxiogènes et qui ne connaissent que les catastrophes, me laisse d'ailleurs parfois rêveuse. Est-ce qu'on n'aurait pas besoin de ça, quelquefois, à l'Ouest ?


 On s'en fiche de toutes tes histoires, Carmilla. Tout ça, c'est du passé !

Sans doute mais j'ai l'impression que, même dans les sociétés, l'aspiration à un monde gelé, pétrifié, sans incertitudes, est de plus en plus forte. Être tranquille, ne plus avoir à lutter pour son destin, être débarrassés des élites honnies, beaucoup de gens sont prêts à sacrifier leur liberté pour ça.

Tableaux d'Oskar RABIN (1928-2018), Gueorgy NISSKY (1903-1987) et Nadia LEGER (1904-1982), l'épouse de Fernand Léger, d'origine biélorusse et peut-être injustement oubliée. Il ne faut pas non plus omettre d'évoquer l'effroyable misère culturelle et artistique de l'URSS (hormis durant la décennie qui a suivi la Révolution).

Un post qui se veut un hommage à tous ceux (famille, amis, rencontres) qui m'ont fait le récit des temps soviétiques. Je précise, en outre, que l'adhésion au système variait beaucoup selon les pays. On peut même parler d'une dissidence massive dans les "satellites" (Pologne, États Baltes, Hongrie, Roumanie, Tchécoslovaquie). L'adhésion était sans doute plus forte en RDA, Bulgarie, URSS, sans jamais être totale.

Dans le prolongement de ce post, je recommande : 

- Andreï Kosovoï : "Brejnev - L'anti héros". Un livre tout récent, une des premières biographies françaises consacrées à ce dirigeant qui ne fait vraiment rêver personne. Kosovoï montre cependant qu'il était moins bête et plus habile qu'il n'en avait l'air. Il le compare même, en conclusion et de manière éclairante, à Poutine. Un bon livre mais que je recommanderai seulement aux passionnés de l'histoire soviétique.

- Amandine Regamey : "Prolétaires de tous pays, excusez-moi" (2007). Un florilège de blagues sur les dirigeants communistes. On peut aussi se reporter au site :  Blagues soviétiques - librecours.eu

- Vladimir Fédorovsky : dans ses nombreux livres, l'écrivain et diplomate évoque souvent, à petites touches, Leonid Brejnev dont il a été le traducteur et le conseiller. C'est souvent féroce. 

- Jean-Jacques Marie : "Vivre dans la Russie de Lénine" (avril 2020). Un livre que je recommande à tout le monde. Terrifiant. Ça peut sembler loin de Brejnev mais c'est bien à ce moment qu'ont été jetées les bases d'un système qui ambitionnait de renverser le capitalisme.

20 commentaires:

Anonyme a dit…

Anonyme Richard a dit...

Bonjour Carmilla

Il n'y a pas d'offense, mais la peur tisonné aux rumeurs débouche souvent sur une augmentation de son intensité.

Est-ce que les russes votent pour Poutine parce qu'ils l'aiment ou bien parce qu'ils le craignent? Je sais, Poutine ce n'est quand même pas Staline. Cependant, je me souviens d'une certaine conférence de presse où il s'exprimait sur un certain, Alexeï Navalny. Fallait voir le sourire de cousin Vladimir qui disait : Si on avait voulu le tuer on l'aurait déjà fait. Dire une telle chose en riant me laisse une impression macabre.

Par contre j'ai du mal à comprendre les décisions de Navalny. Empoisonné en Russie, puis exfiltré en Allemagne pour être soigné, il revient en Russie pour être condamné et emprisonné. Je ne veux pas vous offenser, mais j'ai du mal à comprendre les motivations de l'opposant de Poutine. C'est quoi le scénario ? Peut-être qu'il n'y a pas de plan, ni scénario ? Navalny serait-il un perdant magnifique ? Si c'est cela l'opposition, alors je trouve que ce n'est pas très fort.

Les Russes ont peut-être moins peur aujourd'hui, mais je sens qu'ils sont habités par une peur qui ne se dit pas. Pour le dire autrement, vivre en Russie, ça n'a pas l'air d'être la joie. Est-ce que la peur et la tristesse seraient les deux mamelles de leur existence. Dans tous les cas, si l'humour russe existe, moi je ne le connais pas.

D'après vos textes vous n'avez pas l'air de les porter dans votre cœur. Je reconnais que pour un occidental que je suis, je trouve difficile de comprendre les Russes.

Quoi qu'il en soit, pour revenir à la peur, cela se sent présentement. Avec ce qui se passe en Europe, lorsqu'on prend connaissance des chiffres, il y a de quoi avoir peur. Angoisse et incertitude générale pour se retrouver avec des histoires de complots. Comment raisonner une personne qui a peur ? Par exemple il y a 35 % des gens qui voyagent en avion qui ont peur. Se sont des propos que j'ai glané sur Radio-Canada hier, alors que le sujet de discussion était les vaccins. Les gens ont peur des vaccins. Une petite rumeur roule en grosse peur. C'est comme la boule de neige qui dévale la montagne.

Heureusement que le pire n'est pas certain !

Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

17 mars 2021 à 08:39

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je n'ai pas d'hostilité envers la population russe mais envers Poutine et le système politique qu'il a mis en place.

Un système qui repose sur la haine de l'Occident et de l'Europe en particulier. Il est dommage de ne pouvoir accès aux médias russes et à la propagande qu'ils déversent continuellement. Les insultes pleuvent : l'Ouest, ce ne sont que des dégénérés, des LGBT, des fiottes. En plus Poutine n'arrête pas de raconter que l'Ouest menace la Russie, qu'on les déteste, qu'on cherche à les encercler et à les occuper militairement. Les armées de l'OTAN seraient prêtes à défiler sur la Place Rouge. La paranoïa est totale mais ce qui est grave, c'est que la population russe finit par croire, plus ou moins, à ces âneries.

Ce qui est sûr, c'est que Poutine, lui, rêve de détruire l'Europe et pour cela, il table sur notre lâcheté. Il a appris qu'il pouvait agir en toute impunité et il sait qu'on ne réagira pas (le Caucase, l'Ukraine, la Syrie, la Biélorussie, etc..). Il travaille tranquillement à la constitution d'un grand axe des dictatures (Turquie, Chine, Russie).

Je suis très sceptique quand j'entends souvent qu'il faut dialoguer avec la Russie, chercher une entente, un accord. On dit que les sanctions sont inefficaces mais il n'y a quasiment pas de sanctions à l'encontre de la Russie. Pour Poutine, c'est la démonstration de notre faiblesse, il exploite cela à fond. Il ne connaît de toute manière qu'un langage, celui de la force, il est bien un tueur.

Sinon, la vie en Russie dans les grandes villes n'est vraiment pas désagréable (si l'on fait abstraction du contexte politique). Je vous assure qu'on peut s'amuser autant à Moscou qu'à Paris (voire plus). Les petites villes, la campagne, c'est autre chose.

L'humour des Russes ? En effet, ce n'est peut-être pas leur qualité première.

Quant à Navalny, il a pensé qu'il serait privé de toute influence s'il restait à l'Ouest. Il est sûrement très courageux mais le pari est risqué car Poutine semble décidé à le maintenir longtemps en prison. Heureusement, il y a son épouse qui semble très bien et entretient le combat. Je reconnais cependant que je ne connais pas le programme politique de Navalny.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

On s'en fiche de toutes tes histoires, Carmilla. Tout ça, c'est du passé !
Sans doute mais j'ai l'impression que, même dans les sociétés, l'aspiration à un monde gelé, pétrifié, sans incertitudes, est de plus en plus forte. Être tranquille, ne plus avoir à lutter pour son destin, être débarrassés des élites honnies, beaucoup de gens sont prêts à sacrifier leur liberté pour ça.

Bonjour Carmilla !
Que se soit l'histoire quotidienne des quidams, ou bien, l'histoire avec un grand H, ce qui importe, c'est de ne pas oublier.
Ce qui nous dérange présentement, c'est l'incertitude, parce que nous croyons que la certitude c'est le paradis. Au fond de nous-mêmes, nous savons, souvent sans nous l'avouer, ou encore pire, en nous le cachant que sur cette planète, la certitude reste un concept abstrait. L'incertitude, c'est la réalité, que ça nous plaise ou non. C'est dans l'épreuve qu'on se prouve, qu'on parvient à éprouver notre valeur, à surmonter nos angoisses et nos paresses. Ce n'est pas le gouvernements qui composent les peuples, se sont les peuples qui composent leurs organisations, gouvernementales ou autres. Nous avons cette fâcheuse tendance à nous en remettre aux gouvernements, aux dirigeants, dans un certain sens, pour nous en laver les mains. Ce que je déplore. À la longue, ce genre de situation est éreintante. Nous voguons sur un océan de déresponsabilisation. Il faudrait peut-être se le dire, même si ce n'est pas très agréable : nous sommes tous imputables ! La situation sanitaire, aussi désagréable puisse-t-elle être souligne ce genre de laisser-aller. Nous venons d'être poussé hors de notre zone de confort et tout ce que nous trouvons à faire c'est de nous plaindre. Lorsque j'entends des gens affirmer : moi je ne m'occupe pas de politique, je ne vote pas, je me mêle de mes affaires, mon sang ne fait qu'un tour. Voilà des personnes qui sont prêtes à sacrifier leur liberté pour un peu plus de sécurité. Voilà une bonne raison de se souvenir, de raconter, de ne pas oublier. (Surtout de ne pas oublier). Je suis en train de relire encore une fois : Les Bienveillantes. Nous retrouvons Maximilien Aue qui interroge un commissaire du peuple, Pravdine Illia Semionovich que les Allemands viennent de capturer dans le Kessel de Stalingrad. À vrai dire ce n'est pas un interrogatoire mais un échange entre un National Socialiste et un Communiste. Ils comparent leur système politique, mais sur le fond, ils s'interrogent sur la nature humaine. En lisant votre texte ce matin Carmilla, je me suis souvenu de ce passage. Pourquoi lit-on, si ce n'est que pour se souvenir ? Et puis, c'est le temps de lire ce genre d'ouvrage qui est beaucoup plus qu'un roman, il me semble que l'époque s'y prête bien !

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Anonyme a dit…

Anonyme a dit...

Bonjour Carmilla,

je reviens par ici et je suis vraiment saisi par ce que je lis. C'est dingue les différences culturelles que les histoires nationales ont pu creuser.

Vous écrivez : "ça donne lieu à des politiques intrusives irritantes". C'est une blague? Je pense que non. Mais d'où venez vous? D'URSS? Des plaines du Nord confinées 6 mois depuis des milliers d'années par le vortex d'Est (ici, et à l'Ouest ailleurs).
Avez vous des enfants en âge de d'étudier ou de travailler?
Non, je ne pense pas.

Vos compétences dans la Gestion hospitalière, on s'en fout, si je puis me permettre.
Ici, 52 lits sont occupés sur 550000 habitants... et sur un potentiel de 75. Ils étaient 125 il y a dix ans.

Les cliniques (dont la clinique Pauchet) en offrent 20 avec une fin de non-recevoir de l'ARS. D'ailleurs, 50% seulement des patients dits réanimés sont intubés... On se fout vraiment de notre gueule! Et vous y participez.

Les jeunes ne sont pas au bord du chaos. Ils sont au bord d'une rupture politique fondamentale, celle de la confiance, ce qui qui permet, notamment, de faire fructifier son patrimoine ; vous le savez mieux que personne.

De la frousse des uns à la violence des autres, il n'y a bien souvent qu'un pas de côté...

Vous comprendrez que boire, fumer des clopes et manger du pâté de tête est ici radicalement hors sujet.

Vous souhaitant à l'aise dans vos valeurs.

Aves mes sentiments choisis.

Alban

PS : cette réponse vaut également pour le commentaire incompréhensible de Richard sur le billet du samedi et les révoltes de clavier de nuages9 à mon endroit.

16 mars 2021 à 15:16 Supprimer

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Je ne suis pas sûre que votre colère s'adresse bien à moi,... ou à Richard ou à Nuages. C'est pourquoi, je ne m'en offusque nullement. Et puis je revendiquerai toujours le droit de dire des bêtises, c'est la source du débat démocratique.

D'où je viens ? En effet de pays qui me permettent de relativiser beaucoup de choses. Ça explique peut-être que j'ai parfois du mal à m'apitoyer sur certaines victimes autoproclamées et que j'essaie toujours de m'adapter tant bien que mal. C'est vrai que la vie des jeunes est aujourd'hui difficile mais on sait que c'est provisoire et qu'ils bénéficient de "chances" inconnues jusqu'alors : accès à des études supérieurs, communications, voyages... De toute façon, les inconvénients du confinement sont vécus par tous, jeunes ou vieux.

S'agissant de la gestion hospitalière, vous me permettrez d'émettre des doutes sur vos chiffres (125 lits de réanimation il y a 10 ans ?). Je préciserai, en outre, que le nombre de lits n'est absolument pas l'indice d'une qualité de l'offre hospitalière. Trop de lits, c'est un gaspillage financier et, souvent, une mauvaise prise en charge. Il s'agit plutôt d'ajuster continuellement capacités, durée moyennes de séjour et entrées.

J'assume la violence technocratique de mes propos mais je n'aime pas l'indignation facile, celle des médias notamment. Du reste, vous n'ignorez pas qu'à Amiens, vous bénéficiez d'une offre hospitalière plutôt privilégiée.

Bien à vous,

Carmilla

17 mars 2021 à 08:15 Supprimer

Anonyme a dit…

Arrêtez de jouer avec les mots et gardez pour vous vos interprétations ; je ne suis pas en colère, je suis vif, informé et très habile dans l'exercice du vrai.

Vous ne mesurez pas je crois, car vous ne le pouvez pas, je le crois aussi, avoir accès à la violence de vos propos à l'égard de ceux qui souffrent en ce moment. Le réel n'est pas fait que de tableaux comptables et de bouquins plus ou moins bons quand on se projette dans le monde depuis l'écrit. Je ne doute pas un seul instant que vous aurez bien vécu vos confinements, avec vos commentateurs. Vous vous êtes d'ailleurs vantée d'avoir coffré un max de blé et livrer votre pitance balconnée à une armée de merles qui occupe l'un des endroits parmi les plus chers du monde, n'est-ce pas? 25000 le m cube? Ce n'est pas un reproche, en ayant moi-même largement profité mais, de grâce, ne dites pas de façon générale que le sanitarisme en cours est juste "irritant" pour les autres... Car les autres, vous n'y avez pas accès. Et je suis juste là pour vous dire qu'ils existent et que ça va brasser.

Et il ne s'agit pas de "petites haines" comme vous l'écrivez plus haut. Ca c'est du discours de magazines féminins quand il se confronte à l'"hubris" comme vous me l'avez écrit ailleurs. Vous êtes condescendante, et donc méprisante. Un peu d'empathie? Un gros gros boulot...

Les jeunes, de fausses victimes, bénéficieraient aujourd'hui de "chances inconnues jusqu'alors"... c'est une nouvelle blague? Ouvrir autant de lits nécessaires que la "médecine de guerre" de M.cron a fait semblant de mettre en oeuvre en les réduisant encore c'est juste "un gaspillage financier"? C'est une énième blague? :-))))

Pour le reste, ne doutez pas de mes chiffres sans avancer les vôtres ;-)

Bien à vous et sans rancune aucune.

Alban

17 mars 2021 à 19:26 Supprimer

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban,

Je ne sais trop que vous répondre parce que je ne me sens pas concernée par vos propos. J'ai l'impression que vous êtes à côté de mon blog et, peut-être, de vous-même.

Il est en effet tendance, aujourd'hui, d'exhiber ses malheurs et son infortune. C'est le temps des victimes mais, à ce jeu là, on a tous quelque chose à faire valoir. Et puis, on abhorre l’État mais on demande son intervention croissante. Je veux bien admettre que j'ai des efforts à faire en matière de compassion mais j'ai d'autres références, une autre histoire; on a vite fait de sombrer dans la démagogie. Je ne suis pas sûre que les "jeunes" (une entité bien abstraite) soient les vrais malheureux aujourd'hui. Les aider, oui, pleurnicher avec, non.

La violence, c'est celle du mépris, je vous l'accorde, mais c'est aussi celle qui dénie à d'autres (supposés privilégiés) toute légitimité à s'exprimer. C'est encore plus dangereux

Bien à vous,

Carmilla

20 mars 2021 à 10:16

Anonyme a dit…

Anonyme a dit...

Vous vous êtes restaurée et vous avez bien fait.

Vous écrivez : "j'ai l'impression que vous êtes à côté de mon blog" : oui, radicalement, et j'y ai appris beaucoup.

Puis, "peut-être, de vous-même" : et là vous me faites marrer. Mais qui êtes-vous pour écrire une telle connerie? Pour qui vous prenez-vous? On se connait? Dehors!!

20 mars 2021 à 20:00

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Alban pour votre message dont, je l'espère, vous êtes satisfait.

"Dehors !!" me dites-vous. Est-ce à dire que je dois retourner là-bas, d'où je viens ? C'est peut-être dommage d'écrire ça.

On ne se connaît pas, c'est vrai mais la courtoisie me semble davantage de rigueur.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

L'incertitude suscite en effet l'angoisse. Elle caractérise en particulier les sociétés démocratiques et elle explique sans doute la tentation que beaucoup peuvent avoir de se raccrocher à un pouvoir qui leur offrira sécurité et prévisibilité. Mais le Réel revient toujours et finit par s'imposer (même si ça a pris 7 décennies en URSS).

"Les bienveillantes", c'est effectivement un très grand livre. La confrontation de deux totalitarismes est intéressante d'autant plus qu'il s'agissait de deux systèmes criminels. On découvre alors que beaucoup s'accommodent de l'état de guerre, voire y trouvent une certaine satisfaction.

Je pense également qu'il ne faut pas abandonner son droit de vote. J'ai été parfois réservée mais je sens bien, aujourd'hui, que la démocratie est de plus en plus en danger.

Bien à vous,

Carmilla

Anonyme a dit…

"Satisfait"? ce n'est pas le sujet. Les temps vont devenir très Politiques en France et mes désirs n'importent pas. Je sais ce que j’aurais à faire dès demain. Vos réactions à mon égard ont été systématiquement politiques et il n’y a pas lieu de s’étonner que vous ailliez eu à faire face à une opposition. Cela participe de ce que vous appelez les Lumières ; vous avez d’ailleurs encore beaucoup à en apprendre. Pour moi, c’est juste un jeu mais aussi une question de valeurs. Il n’y a donc pas lieu de se fourvoyer dans la courtoisie en cette semaine où on fête, dans la France qui me concerne, les 150 ans de la Commune. Nous sommes francophones, certes, mais avec des habitus incompatibles.

« Dehors !! »… vous n‘avez rien compris et vous ne me ferez pas pleurnicher sur votre situation de Française "étrangère". Vous l’avez élaborée toute seule. « Dehors !! » réfère à ce que j’écrivais plus haut, soit à votre prétention à juger sur la seule base de ce que vous avez appris par cœur depuis une posture de bourgeoise assumée et de libérale contradictoire. Vous faites partie de ces gens dont je ne veux plus de la compagnie, aussi lointaine soit-elle que dans des mots.

Faites vos guerres, vampirisez les autres, dominez le monde, mais « dehors !! ».

Evidemment, à chaque rebond sur ce qui vaut d’être exprimé, comme en cet instant, je serai présent. Et, pour le reste, je sors.

Alban

Carmilla Le Golem a dit…

J'en prends bonne note Alban.

Mais je n'ai pas du tout envie d'échanger avec quelqu'un qui pratique la violence et l'insulte. Mon "vortex de l'Est", comme vous le dites de manière si effrayante, ne le supporte pas. Vous me faites carrément peur.

Carmilla

Anonyme a dit…

i.e. :
Ce que j'écris :
"Vous écrivez : "ça donne lieu à des politiques intrusives irritantes". C'est une blague? Je pense que non. Mais d'où venez vous? D'URSS? Des plaines du Nord confinées 6 mois depuis des milliers d'années par le vortex d'Est (ici, et à l'Ouest ailleurs)."

Ces précisions :
Vortex Arctique :
- à l'Ouest au Canada ;
- à l'Est (ou plutôt au Nord-Est pour être précis) en Europe.

Soit un image météorologique ici expliquée
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vortex_polaire#:~:text=Normalement%2C%20le%20vortex%20arctique%20est%20allong%C3%A9%2C%20avec%20deux,plus%20prononc%C3%A9%20et%20plus%20persistant%20que%20celui%20l%27Arctique.

Carmilla Le Golem a dit…

Ne cherchez pas à vous dépêtrer de vos insinuations malgré tout xénophobes,

Vous en excuser, oui, essayer de les justifier, non !

Merci,

Carmilla

Anonyme a dit…

S'excuser... De quoi? D'être en désaccord politique radical avec vous? D'avoir été vif dans la tradition française de l'opposition politique? De devoir me sentir fautif pour cela? Merci de me permettre de réitérer ma question : Mais dans quel monde vivez-vous ? Vous ne vivez donc entourée que de laquais? :-D

Alors comme cela, ne pas être d'accord avec vous me rendrait "xénophobe"? De quoi parlez-vous? Vous m'avez déjà dit "eugéniste" sur mon blog à propos du désastre administratif français dans la gestion du virus.

Vous pouvez donc tout vous permettre, et notamment verser dans la diffamation sur le média que vous administrez. Je sais très bien à qui j'ai à faire.

Comprenez bien qu'ici cela ne change rien, que vos frousses, vos incompréhensions et vos irritations n'ont pas d'autre manifestation qu'une tempête de clavier tactile, semble-t-il.

Merci.

Alban.

Carmilla Le Golem a dit…

Vous excuser ? Au moins de votre grossièreté.

Mais votre violence est telle qu'elle interdit tout échange rationnel.

Je n'avais pas conscience, en effet, que mon blog était un pur instrument de propagande politique au service des intérêts du Grand Capital. Vous avez su me démasquer et vous m'en voyez confuse.

Votre fibre sociale vous honore mais je ne pense cependant pas en être moins pourvue que vous. J'ai conscience d'oeuvrer activement pour que les gens aient un emploi et un meilleur niveau de vie. Ce que je fais est peut-être plus efficace que de grandes déclarations. Je ne peux pas souscrire à la vision d'une société partagée entre quelques exploiteurs et une masse d'opprimés. Des entrepreneurs, on en a bien besoin.

Enfin, je n'ai bien sûr pas de laquais ni ne "vampirise" et ne vis aux dépens de personne (mon emploi n'est notamment pas financé par les contribuables). Je ne suis évidemment pas non plus une "héritière" et je pense être aussi utile que d'autres à la société française. Mais si le désir de gens aussi sympathiques que vous est de me voir "dehors", j'aviserai bien entendu.

C'est le dernier mot que je vous adresse.

Carmilla

dominique a dit…

Bonjour Carmilla,

Je vois dans les commentaires que vous êtes tombée sur un représentant de la France Insoumise! attention, ils mordent.
Je comprends bien qu'ayant connu la vie dans l'ex-URSS, vous appréciez, de plusieurs façons, de vivre en France. Même si c'est loin d'être le Paradis.

Les dirigeants soviétiques en particulier Khrouchtchev, et Brejnev en effet,sont considérés ici comme plutôt stupides, sans culture, quoique très rusés. Le premier qui trouve grâce à nos yeux c'est Andropov, mort trop vite, puis Gorbatchev. Eltsine on le voit comme un poivrot rarement assez sobre pour prendre seul une décision concrète. Poutine est vu comme assez intelligent malgré tout, et manipulateur redoutable. C'est ainsi que l'opinion ici( dans mon entourage) voit les dirigeants qui se sont qui se sont succédé. Bien sûr notre vision est superficielle.

J'aime beaucoup les illustrations de votre post,en ^particulier les premières. ça ressemble un peu à Soutine.
Bien à vous
Dominique

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Dominique pour votre post réconfortant,

Ce type d'individu fait malheureusement partie des "mauvaises rencontres" d'un blog (hélas de plus en plus fréquentes) avec un déchaînement, en toute impunité, des petites rancœurs. "France insoumise" ou "Rassemblement National", je ne sais pas, les programmes politiques et économiques se rencontrent, étrangement, sur bien des points. Ces emportements sont, malgré tout, éprouvants, voire déstabilisants. A vous donner envie d'arrêter votre blog. Et puis, sans verser dans un "féminisme" outrancier, c'est une illustration de la violence banale faite aux femmes. Est-ce que ce monsieur, dans sa virilité outrée, oserait s'adresser ainsi à un homme ? Même si je suis, habituellement, très contrôlée, j'avoue, en l'occurrence, être très en colère.

Je me dis que l'état des mœurs devient carrément inquiétant en France et peut-être en Europe. Il y a une aspiration croissante au totalitarisme.

Khrouchtchev et Brejnev étaient, en fait, rusés et habiles mais ils faisaient honte aux Russes, de même que Eltsine. Andropov et Poutine ont d'abord exercé au KGB, il ne faut pas l'oublier. C'est essentiel car ils sont imprégnés de toute une culture du mensonge, de la duplicité et surtout de la force. Je ne crois pas à la possibilité du dialogue et de la négociation avec des gens pareils.

Quant au peintre Rabin, il est devenu un peu connu au lendemain de la chute de l'URSS. Ce n'est pas de la grande peinture mais elle illustre bien la grisaille de cette période d'effondrement.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

J'ai commandé la biographie de Brejnev que vous avez citée, et je la lirai avec intérêt.

Une certaine stabilité sociale, la pénurie chronique et la médiocrité mais sans mourir de faim, la sécurité de l'emploi, un logement certes médiocre mais sans devoir payer un loyer exorbitant, la satisfaction d'appartenir à une des deux grandes puissances mondiales, on comprend que ça pouvait être supportable, voire satisfaisant, pour une grande partie de la population soviétique.
On lit ça dans "La fin de l'homme rouge" de Svetlana Alexievitch.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

C'est un vrai livre d'historien qui montre un Brejnev matois et rusé.
La période Brejnev, ça a été en quelque sorte l'apogée du système. Les citoyens trouvaient enfin un peu de tranquillité et puis on n'arrêtait pas de ressasser que l'URSS était puissante et faisait peur et était respectée. Poutine rejoint sur ce dernier point Brejnev : il est important que la Russie continue de faire peur.

Quant aux difficultés économiques, on racontait qu'elles étaient imputables aux pays satellites (Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Pays Baltes) qu'il fallait sans cesse soutenir. Ce n'était bien sûr pas du tout l'avis des populations des pays concernés.

L'existence était médiocre mais tranquille, sans souci majeur. Et puis, on arrivait à se débrouiller. C'est de cette tranquillité, que ne connaît pas un régime démocratique, qu'il est tentant d'avoir la nostalgie.

Bien à vous,

Carmilla