samedi 17 avril 2021

Des marchés

 

Chaque samedi matin, aussitôt après avoir posté sur mon blog et servi leur petit-déjeuner à mes merles, je me rends, en toute hâte, à mon marché des Ternes, près de l’Étoile. On va évidemment me dire que c'est un détestable marché de "bourges" mais, en fait, rien n'y est plus cher qu'à Saint-Denis ou à Mende. Et puis, là-bas, les vendeurs interpellent les clients en les appelant "ma princesse" ou "Monsieur le directeur". Curieusement, ça semble faire plaisir à tout le monde et personne ne proteste. Il est vrai qu'on se connaît tous plus ou moins et qu'on passe autant de temps à bavasser qu'à acheter. 

Je suis d'abord fascinée par la variété des produits offerts. C'est comme si le monde entier se déversait dans quelques rues : des clémentines de Jaffa, des melons du Sénégal ou du Brésil, des roses du Kenya, de l'agneau de Nouvelle-Zélande, du bœuf d'Argentine. Et puis je ne peux pas résister au plaisir de goûter des "bizarreries" : des mangoustans, des litchis chevelus (le ramboutan), des papayes, des fruits du dragon (pitaya), des fruits de la passion, des caramboles, des kumquats, des physalis, etc... Et aussi, parmi les poissons et "fruits de mer" : des ormeaux, des pouces-pieds, des légines, des vives (aux dangereuses piqûres), du crabe d'Okhotsk. L'attrait de la nouveauté est souvent pour moi décisif.

 C'est d'abord le spectacle de ces étals magnifiques que j'adore. Évidemment, il y a tout, là-dedans, pour faire hurler des "écolos". Quel scandale de faire venir de si loin toutes ces marchandises superflues ! Il ne faudrait manger que local et de saison, privilégier, à tout prix, les circuits courts et savoir ainsi se contenter de pommes, de pommes de terre, de betteraves et de choux en hiver. Tant pis d'ailleurs si les produits français sont plus chers que les produits importés, le consommateur devra s'adapter.


 Et puis, je ne manque pas, de manière presque militante, d'acheter aux "illégaux" qui guettent anxieusement une descente de police :  des fleurs aux Roumains, de la charcuterie et de l'anguille fumée aux Polonais, des condiments  aux Indonésiens.

En France, on a en suspicion les échanges, le commerce, les marchés (de biens et financiers). On est convaincus de se faire toujours gruger (par les producteurs ou par les intermédiaires) et puis, de toute manière, on est "au dessus" de toutes ces basses besognes.  De basses besognes qui ne suscitent d'ailleurs guère de compassion (qui va oser avouer qu'elle est caissière ou manutentionnaire dans un magasin ?). Qui s'émeut des horaires et contraintes démentiels du plus petit commerçant ? Son temps de travail est pourtant deux fois supérieur à celui d'un salarié. 

 

Je m'exprimerai peut-être brutalement. Cet état d'esprit, c'est largement la survivance de l'esprit aristocratique et du moralisme religieux, bref de l'ancien régime, celui des petits marquis et des curés qui prétendaient mépriser les biens de ce monde. C'était au point que les activités financières, les prêts à intérêt, vous condamnaient à l'Enfer (c'est d'ailleurs toujours un peu perçu comme ça). 

Bien sûr qu'on peut, comme le voudraient les écolos, se passer d'objets et de produits superflus, de bijoux et parures, de mangoustans et litchis, bien sûr qu'on peut prétendre vivre frugalement, en auto-subsistance, en se contentant des produits du terroir. 

 

 Sauf que les sociétés, leur économie, ne fonctionnent pas comme ça. Leur richesse, leur dynamisme, elles le tirent d'un geste fondamental, celui de l'échange et du commerce (aussi bien des objets de subsistance que des objets de luxe). L'Europe est ainsi sortie de la société figée et strictement hiérarchisée du Moyen-Age (celle des nobles et des religieux) lorsqu'elle a commencé, grâce à la sécurisation des voies de transport, à échanger des produits avec le monde entier et à installer dans ses villes des marchés et foires renommés : la Champagne (Verdun, Troyes), les Flandres, Lyon, les villes de la Hanse etc...


 De prime abord, aller jusqu'en Chine acheter de la porcelaine, des soieries et des épices, ça pouvait sembler aberrant, un énorme gaspillage, ça semblait ne rien apporter au peuple. On peut également évoquer, plus près de nous, l'histoire de la ville d'Amiens qui a accédé à l'opulence en faisant le commerce (tellement lucratif qu'il lui a permis de financer sa cathédrale) d'une chose aussi inutile (même si elle était rare) et peu nourrissante qu'une couleur (le bleu d'Amiens, obtenu à partir d'une plante, la waide). Cette vaste conquête de marchés mondiaux, ça a pourtant été le point de départ de la domination économique et culturelle de l'Europe.

 Moi, j'aime bien les marchés et surtout la profusion des marchandises qu'ils offrent. Je me garderais bien d'en juger certaines inutiles, somptuaires ou d'un luxe insultant. J'étais fascinée par les grands bazars orientaux (Téhéran, Ispahan, Istanbul). Je m'y suis perdue des semaines entières, que ne pouvait-on y trouver (j'y ai même découvert plein de magnifiques objets de la Russie tsariste) ? 

 Et puis, je n'ignore pas que ce qui a fait exploser le système communiste dans le bloc de l'URSS, ça a été le développement, à grande échelle, d'une incroyable inventivité commerciale à travers le marché noir et de multiples trafics. Parce qu'on rêvait là-bas, non pas de davantage de kacha, mais de bananes, d'ananas, de kiwis, de jeans, de parfums et de rouges à lèvres français. Et puis aujourd'hui même, en Ukraine par exemple, l'un des pays les plus pauvres d'Europe, il y a plein de magnifiques marchés où l'on trouve absolument tout. Parce qu'on y a compris que les produits superflus, les produits de luxe, sont aussi essentiels à une économie que les produis strictement utiles. 

 On dénigre sans cesse les marchés, on dénonce leur férocité. Les marchés seraient impitoyables, écraseraient les hommes. Cette opinion a servi de point de départ à l'idéologie communiste. Mais que veulent en réalité les misérables, les exclus ? N'en déplaise aux écolos et aux repus de la consommation qui voudraient les cantonner à une économie de subsistance et d'assistanat, les pauvres revendiquent avant tout les mêmes droits d'accès que tous les autres aux marchés (des biens, du travail, du crédit). 


 

Un accès sans condition à tous les marchés qui leur permettra d'améliorer leur sort par l'échange de menus biens ou de produits coûteux, voilà ce que veulent les pauvres. Parce que les marchés sont avant tout facteurs d'émancipation. Ils ont libéré les serfs du Moyen-Age, renversé l'ordre aristocratique, favorisé la naissance d'une grande classe moyenne. Ils ont ainsi émancipé les pauvres mais les femmes en leur permettant d'accéder à la responsabilité par l'échange, le commerce, la gestion du budget, voire du crédit. Le marché libérateur plutôt que le marché oppresseur, c'est ce qu'il faut peut-être parvenir à penser.

Pour répondre à la demande, je poste ici quelques unes de mes petites photos parisiennes de ces dernières semaines (je rappelle qu'il y a eu quelques flocons de neige sur Paris en février dernier). Mes photos, je les fais sans le souci d'une belle image, irréprochable. Disons que c'est un simple bloc-notes;  je les poste, en fait, parce qu'elles disent, peut-être, quelque chose de moi.

Un post, de caractère économique, qui déconcertera peut-être. J'avais autrefois envisagé un blog consacré à l'économie (c'est ma formation). Mais j'y ai vite renoncé tellement c'est un sujet conflictuel. Je n'ai pas envie de me faire assassiner à chaque fois. C'est l'intolérance générale parce que chacun est convaincu de son absolue compétence en la matière.

Dans le prolongement de ce post, je conseille néanmoins :

- Adam SMITH : "La richesse des nations". Tout le monde lit Marx mais néglige les économistes classiques. "La richesse des nations", c'est la première réflexion articulant  la politique et l'économie. C'est aussi une illustration de la pensée des Lumières et une une magnifique description, remarquablement écrite, de la naissance du monde moderne.

- Laurence FONTAINE : "Le marché - Histoire et usages d'une conquête sociale" (Gallimard 2013). Un grand livre d'économie politique malheureusement trop peu connu. A lire absolument. C'est d'abord une critique décisive de Max Weber et de "L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme". Et puis le livre s'applique à résoudre un paradoxe : d'un côté, le monde serait plongé dans les crises par le comportement erratique des marchés financiers, de l'autre des millions d'êtres miséreux rêvent d'avoir accès aux marchés, de troquer un petit rien contre un autre qui le tirerait du besoin.

- David LANDES : "Richesse et pauvreté des nations". Ce livre, publié en 1998, est devenu un classique. Je ne souscris pas à sa thèse qui voit dans des facteurs culturels le développement économique inégal des sociétés. C'est en fait un lieu commun assez proche finalement de Max Weber pour qui le protestantisme est à l'origine du capitalisme. C'est de l'économie de "bistrot" qui se plaît à évoquer la psychologie des peuples ou la "société de confiance". Néanmoins, cet ouvrage est soutenu par une remarquable érudition et chaque lecteur apprendra plein de choses sur l'histoire économique du monde.

Enfin, puisque mes photos sont consacrées à Paris, je recommande vivement le très beau livre de l'écrivain et psychanalyste belge Lydia FLEM : "Paris Fantasme". Ça ne parle que d'une rue, la rue Férou, mais ça convoque toute l'histoire culturelle et artistique de Paris. Un livre qui enchantera tous les amoureux de Paris. Ça peut également vous inciter à lire tous les livres de Lydia FLEM, magnifiques et inspirants.

Et pour terminer, je ne résiste pas au plaisir de vous communiquer la photo de l'une des merlettes récemment née dans mon jardin. C'est l'une des premières sorties de cette jeune Parisienne hors du nid. Elle est gauche et maladroite et sait à peine voler. Curieusement, elle n'a absolument pas peur de moi. Elle passe ses journées presque sans bouger, à contempler le monde, un peu ahurie, comme fascinée. Le mystère de la vie naissante ! Combien de temps parviendra-t-elle à survivre ?

En dessous, ce sont évidemment la mère puis le père dégustant leurs horribles vers de farine (importés d'Allemagne).






4 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Félicitation pour votre texte, mais surtout pour vos photos qui ouvrent la porte aux rêves. Hemingway avait raison : Paris est une fête, aller au marché aussi. Québec oblige, nous devons nous contenter des marchés champêtres en la si courte saison estivale. Comme vous l'exprimez, ce n'est pas seulement pour acheter, mais pour échanger, conter des histoires, rire, se moquer. J'ai toujours aimé les marchés extérieures c'est beaucoup plus chaleureux que les grandes surfaces sous les néons. Dites-moi, en cette période de crise sanitaire, comment ils s'en sortent vos petits commerçants ? Ici, je ne vous le cacherai pas, il y en a qui sont en train de perdre leur fond de commerce.
Aller au marché, c'est partir en voyage, même si le marché est au coin de la rue. J'ai été habitué très jeune d'aller au marché. Mon grand-père Adonaï m'amenait au grand marché de Sherbrooke tenu le vendredi, où se croisaient les maraîchers et les bouchers, et je me souviens qu'il y avait une gentille dame toute en douceur, qui ne manquait jamais de m'offrir des morceaux de sucre d'érable. Mon grand-père était connu de tout le monde et il connaissait tous ces gens souvent de la terre, qui se transformaient en marchands une journée par semaine. J'étais toujours surpris du respect qui était manifesté à l'endroit d'Adonaï. J'entends encore : Bien le bonjour monsieur St-Laurent. Dans ma tête de gamin j'essayais de comprendre pourquoi on l'appelait monsieur St-Laurent, parce que pour moi il restait mon grand-père, ce qui était dans mon échelle branlante de mes valeurs de beaucoup supérieur, un grand-père dépassait de beaucoup un monsieur. Et puis, on me présentait à tout le monde. J'étais, j'existais, je faisais parti de cette communauté de gens simples durs au travail, ne reculant devant aucun effort pour non seulement gagner leur vie, mais souvent pour l'arracher. Adonaï n'achetait pas beaucoup, il vivait seul et ses besoins étaient modestes, mais il s'intéressait à tout et pas seulement aux produit en vente. Je pense que c'est en ces occasions des explorations du vendredi au marché des Basses Terres, (en anglais Lands Downs), au cœur de la ville de Sherbrooke, sur les rives de la rivière Saint-François, que j'ai commencé à m'intéresser à la vie, et à la politique, ce fut mes premières ouvertures sur le monde. Payer un prix pour un bien c'est de l'économie, mais aussi de la politique. En prendre connaissance, en être conscient, à probablement été mes premiers cours d'économies politiques. D'autre part, il y avait l'importance des liens, la sœur de mon grand-père, Imelda, était marié avec un maraîcher, ils passaient leur semaine à se préparer pour cette journée de ventes du vendredi, préparer les légumes et les fruits, en plus de s'occuper du rucher, des serres, de l'étable et du restant de la ferme. Vous avez raison Carmilla et vous en êtes très consciente, la plus part de ces marchands travaillent beaucoup plus que bien des salariés. Ce n'est pas tout monde qui en sont conscients, mais vous avez cette qualité d'observer le monde autour de vous ce qui vous honore.

Merci Carmilla pour cette part du rêve et bonne fin de journée.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Je m'en voudrais de passer sous silence Paris sous la neige. Paris mystérieuse, captivante, ensorcelante, Paris sera toujours Paris, et encore plus formidable sous la neige. J'avais bien aimé Amsterdam sous la neige, mais Paris possède ce qu'elle chose d'unique qui m'échappe, qui dépasse toutes les autres villes de par le monde.

Et voilà aussi votre ménagerie, c'est une espèce de merles différentes des nôtres, plus sombre. Est-ce que vous avez eu seulement un oisillon ?

Ici tout le monde est à la besogne, constructions de nids, préparation du terrain, les oiseaux sont très occupés. J'ai même deux corneilles qui viennent me rendent visite quelques fois. Nous avons tout le loisir de nous regarder. J'aimerais bien qu'elles parlent, nous pourrions échanger. Elles pourraient me raconter leurs aventures de corneilles. Je trouve qu'elles ont une étrange manière de me regarder. Elles sont farouches mais curieuses.

Moi aussi je prépare la terre du potager. J'ai retourné cette terre quotidiennement au cours de la dernière semaine, tout en surveillant l'île d'en face, où les bernaches préparent leurs nids. La terre est encore froide et il nous faudra attendre mai pour semer. Nous venons de vivre une semaine exceptionnelle avec des maximum au-dessus des 20 degrés, dire que voilà à peine un mois nous avons connu des -18. Mais cela c'est le Québec avec sa nature capricieuse et ses soubresauts caractéristiques. Je ne puis m'empêcher de sourire lorsque je regarde les fleurs sur les photos de vos oiseaux.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla !

Vos photos comme vos textes sont à revisiter. Ce n'est jamais aussi simple qu'on le pense.

La photo de cette équipe de télévision ou de radio, peu importe est vraiment sublime, tout d'abord les personnages, puis la tour Eiffel, puis les buildings dans le lointain et finalement le ciel nuageux qui se mire où pataugent les personnages sur un revêtement mouillé. Dans un instant vous avez saisie l'essentiel. Vous n'être peut-être pas Cartier-Bresson mais vous vous en rapprochez. J'aime bien cette photo. Elle est très évocatrice.

L'autre photo, c'est le couple devant la boutique.
Elle demande intempestivement :
Qu'est-ce que t'en pense ?
Et le type lui répond :
Je ne sais pas.
Mais comment tu ne sais pas on en avait parlé la semaine dernière. Tu aurais intérêt à te faire une idée.
Là, on est dans une scène à la Claude Lelouche

La deuxième photo, ce personnage qui marche dans ce parc, elle est vraiment très bien. Là où il y a de la neige, je suis chez-moi. La lumière est très belle. La pyramide ne gâche rien.

Merci Carmilla et bonne nuit !

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard pour vos commentaires élogieux mais qui me gênent un peu. Je suis lucide : je ne suis douée en rien et pour rien. Je suis juste un peu curieuse, un peu travailleuse et surtout très persévérante (mon blog en témoigne notamment).

La photo, donc, ça m'intéresse mais je sais bien que je n'ai pas de talent. Surtout, il faudrait que je puisse y consacrer davantage de temps. Cartier-Bresson, j'en suis à des années-lumière et d'ailleurs, je pratique peu la street-photography (qui peut vous valoir des ennuis). Je préfère avoir le consentement des gens. Sinon, sur l'esplanade du Trocadéro, il y a évidemment beaucoup d'équipes de télévision qui viennent y officier (il s'agit en l'occurrence de la télévision suisse). Quant aux échanges du jeune couple, ça peut être très trivial, du style : "est-ce que tu as bien changé la litière du chat ?". Enfin, Paris avec un peu de neige, c'est vraiment exceptionnel et ça ne dure que quelques heures. On s'empresse de la déblayer, presque avec rage.

Quant aux marchés, il en subsiste quand même de très beaux en France, surtout en province. Mais il y a une préférence accrue pour les grandes surfaces qui entraîne une disparition des petits commerces et une désertification des centres-villes. La périphérie des villes est occupée par les grandes chaînes commerciales. C'est la banalisation complète d'un monde sinistre, hideux et déprimant. Les marchés disparaissent donc, ils étaient pourtant des lieux d'échange, de convivialité et de démocratie.

A l'encontre de ce développement déprimant, j'ai été très étonnée par le Japon. On y constate une extraordinaire profusion de petits commerces, de toutes sortes. Ça peut sembler archaïque, anti-économique. Mais ça permet déjà au Japon d'avoir un chômage quasi inexistant. Ensuite, ça témoigne de l'attachement des Japonais à la qualité et à la fraîcheur des produits ainsi qu'au maintien du lien social.

Enfin mes oiseaux. Il semble en effet que les merles européens soient un peu différents des américains. En Europe, ils sont invariablement noirs (pour les mâles) et beiges (pour les femelles). Difficile de se tromper. La petite merle dont je donne la photo a moins de 3 semaines, elle vient juste de quitter son nid. Simplement, les oisillons grandissent très vite. En un mois et demi, ils atteignent leur taille adulte et s'émancipent, éventuellement, de leurs parents. C'est vrai enfin que certaines espèces d'oiseaux sont très curieuses. Mes merles passent ainsi, une grande partie de leur temps, à regarder, par les fenêtres, ce que je fais chez moi. C'est comme si j'étais pour eux un animal de zoo.

Bien à vous,

Carmilla