samedi 22 juillet 2023

A-t-on un Destin ? Le tragique et la joie


Au fur et à mesure qu'on avance en âge, on ne cesse de réinterpréter sa vie, de chercher à lui donner une signification et d'échafauder, à partir de là, une autre trajectoire. Et si j'avais fait ci ou ça ? Où en serais-je aujourd'hui ?


Ca a toujours été particulièrement fort chez moi. Peut-être parce que je me suis toujours sentie un peu "ballotée" par l'histoire et les événements.


J'ai d'abord toujours été étonnée d'avoir échappé au cloaque soviétique. De ne pas patauger dans ce monde de mes parents contaminé par une pourriture complète: matérielle, intellectuelle, morale. L'ambiance générale, c'était vraiment "Stalker" d'Andreï Tarkovsky. La "grande putréfaction" avec un sentiment de décrépitude, d'effondrement lent et continuel. Jusqu'à un retour à une espèce de bourbier originel qui finit par tous nous absorber dans une indistinction complète.


Mais aujourd'hui encore, même si le système économique a été bouleversé, je pourrais très bien vivre dans une quelconque barre HLM d'une lointaine ville de Sibérie. Avec pour seul horizon les deux grands plaisirs du week-end : la bouteille de vodka, les randonnées dans la neige et la glace en hiver et les cours d'eau infestés de moustiques en été. Et que dire du mec que j'aurais dégoté? Probablement le spécimen russe de base, une brute inconséquente, exaspérante. Quant à la marmaille hurlante, aux tâches domestiques, j'en frémis rien que d'y penser.


Mais c'est vrai aussi que j'aurais pu pareillement me casser la figure en France. Adolescente, j'étais dans le grand n'importe quoi, je n'étais attirée que par les 400 coups, la transgression. Je m'habillais à faire peur, une véritable allumeuse, je me tapais des vieux que je prenais plaisir à torturer, j'étais hantée par l'anorexie et les médocs.


J'étais tellement toquée que ça reste un peu une énigme pour moi que j'aie pu faire des études supérieures. Le pire, c'est que j'ai pu réussir de grands concours sans y être préparée (parce que je n'avais pas idée en quoi ça consistait). Comment ça a pu être possible alors que je n'avais vraiment pas le niveau ? Aujourd'hui encore, ça me turlupine. Je comprends l'amertume de tous les autres bien plus méritants que moi qui se sont vu voler une place par la pécore que j'étais.


Et aujourd'hui, ce qui me torture, c'est la guerre en Ukraine. Qu'est-ce que je fais là, bien peinarde à Paris ? Est-ce que je ne devrais pas vivre, moi aussi, sous la menace des bombes russes ? Parfois, dans des moments d'exaltation, j'ai envie de tout plaquer et de partir là-bas. Et puis, je trouve plein de bonnes et de mauvaises raisons pour ne rien faire.


Au total, je crois qu'on éprouve tous des sentiments mêlés par rapport à son passé. 


Il y a d'abord ceux qui éprouvent un sentiment d'échec, celui d'une vie ratée. Ces gens là sont généralement épouvantables pour leur entourage, toujours à ruminer leur infortune, à en vouloir à la terre entière, à ressasser si j'avais fait fait ci, si j'avais fait ça. C'est l'homme du ressentiment, celui de la société des "frustrés", du type psychologique malheureusement le plus répandu aujourd'hui. Ils sont  incapables d'admettre que leur malheur, ils l'ont généralement voulu, sciemment construit. Rater sa vie, c'est souvent une attitude délibérée l'a souligné Freud. C'est s'interdire de surpasser ses parents, de sortir du modèle familial.


Je ne rentre bien sûr pas dans ce cadre. J'ai plutôt  voulu briser les codes et les convenances. Ne pas faire, ne pas être comme les autres, ça a toujours été ma préoccupation. Sortir du cadre et même savoir déplaire. Peut-être même que la mort prématurée de mes parents a constitué un atout. Je n'ai pas eu à trop les affronter. J'ai plutôt, je crois, cherché à les venger. Les venger d'une vie difficile entravée par la gêne matérielle.


Mais aujourd'hui, je suis loin d'être sereine. Je me sens souvent illégitime, coupable de m'en être sortie, de vivre plutôt mieux que la moyenne, de ne pas être moche, d'habiter un joli quartier parisien. Je me demande parfois comment serait ma vie si j'étais pauvre, bête et laide. Peut-être que je ne serais pas plus malheureuse.


J'avais perçu puis compris ce sentiment de culpabilité qui m'habitait quand j'avais remporté, il y a quelques années, complétement par hasard, un jeu-concours qui m'avait permis de faire un voyage en Asie. Loin de me réjouir, j'avais, en fait, mal vécu ça. Qu'est-ce que c'est que ce monde ? Toi qui n'en as pas besoin, tu gagnes, en plus, à un jeu idiot. C'est injuste.


J'avais également été marquée par un film de Jessica Hausner, une réalisatrice autrichienne que j'aime beaucoup. Il s'agit d'une jeune handicapée (incarnée par Sylvie Testud) qui accompagne un jour, par simple opportunité, un groupe de grands malades qui se rend à Lourdes dans l'espoir insensé d'une guérison. Sylvie Testud n'en a rien à fiche de la religion et ne croit pas du tout aux miracles. Elle accompagne donc avec nonchalance son groupe. Et pourtant, c'est elle qui, un jour, soudainement, se lève de son fauteuil et guérit.


Mais cet événement extraordinaire, loin d'être une joie folle, la plonge plutôt dans des abîmes de doute.


Pourquoi moi et non un autre beaucoup plus croyant et plus méritant ? C'est le syndrome du survivant, celui qui affecte les personnes ayant échappé à l'Enfer: un attentat, un accident d'avion, des combats armés, les camps nazis.


On a l'impression que cette survie miraculeuse, cette élection du Ciel, on va forcément, un jour la payer. On va, tôt ou tard, être un jour ramené à la duré réalité. Et ce ne sera que justice.


Je ne me considère évidemment pas comme une survivante mais le sentiment d'imposture me taraude souvent. Qu'est-ce que je fais là ? Ce n'est pas juste. Plus arrogante que moi, il n'y a pas. Un jour, je vais royalement me casser la gueule et je n'aurai pas d'autre solution que de partir, d'essayer de me faire oublier dans un village galicien. Une vie facile et tranquille, ça doit forcément se payer un jour.


"Arrête de ruminer tes idioties" me dit ma copine Daria. "Le plus important dans la vie, c'est de ne pas être mort".

Elle a raison. C'est vrai qu'on ne cesse de ratiociner, de chercher une logique à notre vie. Il faudrait que tout s'enchaîne avec des causes suivies d'effets. Et, in fine, des malheureux récompensés et des méchants punis.


Ce qu'on est, en fait, presque tous incapables d'admettre, c'est la brutalité de l'existence. Le Réel, on le prend, tout à coup, en pleine gueule. Il nous frappe soudainement avec violence et cruauté.  Mais à cette effraction, on ne sait opposer que des constructions intellectuelles tendant à l'expliquer, voire la justifier. On se voile la face, on voudrait presque que tout soit écrit d'avance: "C'est le Destin, Dieu l'a voulu".


Que le hasard gouverne le monde, que le Réel soit forcément tragique, c'est une idée qui nous est généralement intolérable. Et c'est pour ça qu'on ne cesse d'habiller le Réel d'interprétations et spéculations fumeuses. Presque tout la pensée religieuse et philosophique s'est construite là-dessus: c'est "le Réel et son double".


Le Réel, on ne cesse de chercher à le contourner même quand il nous écrase impitoyablement. Attitude vaine et stérile puisque, quoi qu'on lui oppose, il nous emporte en toute indifférence. C'est ce qui nous rend dépressifs et malheureux.


Parvenir à comprendre qu'on est des "êtres sans Destin", simplement emportés par le grand flux de la Vie, une vie qui est donc forcément tragique, c'est peut-être ce qui peut nous aider à sortir de cette épouvantable morosité, de ce terrible cafard. D'accéder même à une forme de joie.


Savoir simplement apprécier le bonheur et la réalité de l'existence. De chaque instant vécu.

Avec ma copine Daria, je cesse donc, instantanément de me lamenter et de ruminer. Finies, balayées, les angoisses. Notre grand plaisir, c'est de nous fringuer avec recherche et audace puis d'arpenter ensemble les rues de Paris. C'est sûr qu'on ne passe pas inaperçues et qu'on n'hésite pas, alors, à croiser le regard des passants. Peut-être qu'on passe pour d'insupportables connasses mais on en retire, pour notre part, un incroyable sentiment de force. On se repaît de l'attention qui nous est portée, du pouvoir que l'on exerce. Le sentiment de vivre n'est alors jamais aussi fort.



Images de Vlastimil HOFMAN, Aron WIESENFELD, Anita REE, Pike KOCH, John LUKE, Jean-Pierre CASSIGNEUL, Jacob KRAMER, Edward POVEY, Robert DICKERSON, Kees VAN DONGEN, Bruno SCHULZ.

On me dit parfois que l'on ne perçoit guère le rapport entre mes images et le texte. C'est vrai que je répugne aux choses évidentes. Mas il n'y a pour moi rien d'arbitraire dans mes choix. Disons simplement que la correspondance relève de ma propre intimité mentale.

Conseils de lecture :

La dernière partie de mon texte est inspirée par le philosophe Clément Rosset qui a développé une approche originale du tragique dans l'existence. Je renvoie donc d'abord à son œuvre parfaitement accessible à des non-initiés.  Je recommande également un excellent livre d'introduction: 

- Santiago ESPINOSA: "Rosset philosophe du tragique"

Le tragique, c'est aussi, bien sûr, la réflexion première des deux grands philosophes Nietzsche et Schopenhauer. Les concernant, je recommande vivement deux remarquables biographies:

- Rüdiger SAFRANSKI: "Schopenhauer et les années folles de la philosophie: une biographie" et "Nietzsche: biographie d'une pensée".

Je rappelle aussi un très bon bouquin récemment évoqué de Frédérique LEICHTER-FLACK: "Pourquoi le Mal frappe les gens bien ?"

Je termine avec une biographie remarquable qui vient d'être actualisée en prenant en compte les textes récemment découverts : "Céline à rebours" d'Emile BRAMI. Disons le tout net: je déteste absolument le personnage Céline. Sa crasse, sa geignardise perpétuelle, son égoïsme absolu, sa profonde misogynie, son misérabilisme. Et je n'ose évoquer son épouvantable antisémitisme. Sur ce point, il serait, je crois, édifiant qu'un éditeur ait le courage  de republier "Bagatelles pour un massacre" parce qu'on a aujourd'hui de lui une image tronquée, édulcorée, trop aimable. Je le perçois comme mon antithèse absolue et c'est peut-être en cela, justement qu'il peut m'intéresser. Et puis, je suis bien obligée de reconnaître qu'il a, malgré tout, bouleversé la langue française, révolutionné le roman. Une énigme: comment peut-on être, à la fois, aussi médiocre et aussi aérien ?

4 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Il appert que votre amie Daria a entièrement raison : Le plus important dans la vie, c’est de ne pas être mort. Avec ces propos, tout est dit. Pourquoi devrait-on se sentir coupable de ses succès, de ses réussites? Être coupable de sa plénitude, c’est très religieux, très judéo-chrétien, c’est être coupable sans raison, coupable avant le péché, coupable par procuration. Il y a deux organisations qui ont pratiqué ce genre d’auto-angoisse, l’église catholique et les communistes en Russie.

Ici, la situation se résume en deux phrases. Allez rôtir dans le nord au coeur de feux de forêts. Ou bien, dans le sud, venir nager dans la boue de la rivière Saint François. Ce n’est pas l’été, c’est l’horreur, du jamais vu! J’ai vu passer l’amorce de la tempête en direction de la Nouvelle-Écosse avant qu’elle ne déverse ses 300mm de pluie en quelques heures sur cette province de l’Atlantique. Ce qui représente trois mois de précipitation à cet endroit. J’ai vu passer ces lourds nuages noires qui se dirigeaient à l’est, le ciel était très spectaculaire. Pour le reste, nous avons vécu au bout du Chemin de la rivière, une tornade qui a causé beaucoup de dommages, cela s’est déroulé à moins de dix kilomètres de ma tanière. On l’a échappée belle. Pour le reste, mon potager sur les rives de la rivière a été noyé sous 50cm d’eau, ce qui est juste une petite inondation, des routes ont été endommagées, des ponceaux emportés, aucun tracteur de ferme ne circule dans le champs, on répare à un endroit, on rafistole, on improvise, en attendant le prochain désastre.

J’espérais faire un vrai road trip, une tournée du nord de la province, en passant pas l’Abitibi, Chibougamau, le Lac Saint Jean, de Saguenay, et une partie de la côte nord. Lorsque les feux ont débuté en juin, il n’était plus question de partir afin de ne pas nuire sur les routes qui étaient protégées pour les évacués. Puis la pluie est arrivée sur le sud…

Tant qu’à être réduit à regarder la boue dans la rivière, alors j’ai choisi quelque chose que je voulais faire depuis longtemps. Je me suis procuré : Traité des vertus par Vladimir Jankélévitch. À défaut de plonger dans la rivière, j’ai plongé dans cet ouvrage, 1,500 pages de réflexions sur les vertus, et qui parle de vertus, se doit de toucher le vice. De cette lecture exigeante, j’ai trouvé un refuge. C’est un regard réaliste sur ce que nous sommes, écrit par un auteur très érudit, lecture exigeante qui demande silence et concentration, où j’ai retrouvé quelques citations que j’avais glanées par hasard dans d’autres ouvrages.

La volonté du courage, ou bien, le courage de sa volonté?

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Heureuse d'avoir de vos nouvelles parce que je commençais à m'inquiéter.

On a parlé en France (un peu) des incendies qui ont ravagé le Canada. Mais les inondations, je ne crois pas. 300 mm, je n'arrive même pas à imaginer ce que ça peut donner vu que 10 mm en une journée, c'est déjà beaucoup.

A Paris, alors que toute l'Europe méditerranéenne suffoque avec des températures de 40°, on a bénéficié, étrangement et exceptionnellement, d'un mois de juillet modéré : 25° environ, ce qui me suffit largement. Mais l'été est loin d'être fini, il y a encore deux mois à supporter.

En Ukraine même, il n'a pas fait trop chaud et les pluies ont été importantes (ce qui donne, hélas, des récoltes abondantes dont on ne saura trop que faire).

On peut penser qu'à l'avenir, il va y avoir une réorientation des flux touristiques. Les vacanciers vont se détourner des pays autrefois prisés mais devenus invivables en été.

Quant à Jankélévitch, j'avoue que je ne connais quasiment pas. Le personnage était, sans nul doute, très sympathique. Je ne sais trop pourquoi mais beaucoup de livres et études lui sont aujourd'hui consacrés. Le petit bouquin de Cynthia Fleury (assez renommée en France), "un été avec Jankélévitch", est sans doute très intéressant.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Merci de vos attentions à mon égard. C’est un besoin incontournable chez moi de vivre ces périodes où je m’isole complètement de la société, où tout ce qui compte c’est de vivre pour moi-même, c’est l’un des fondements de ma liberté. Ce qui me permet, de me refaire, et de progresser. Faire le plein et le vide à la fois. Ce qui n’a rien à voir avec ce qu’on nomme des vacances, parce que c’est un état d’esprit.

Pour en revenir à Vladimir Jankélévitch penseur exceptionnel, philosophe original, il a été méconnu parce que contrairement à beaucoup d’auteurs en France, occuper le devant de la scène ne l’intéressait pas, contrairement à un personnage comme Sartre qui soignait sa présence, tout ce qui importait à Jankélévitch, c’était de comprendre et d’enseigner, d’écrire, de lire, de jouer de la musique, il était en autre musicologue, il a écrit plusieurs ouvrages sur des compositeurs français comme Gabriel Fauré, Maurice Ravel, Claude de Debussy, Erik Satie. Né dans une famille très cultivée, son père médecin aura été le premier traducteur de Freud en France, sa mère enseignait, c’était un milieu tout à fait particulier.

Il fallait avoir une grande confiance en soi, et surtout du front tout le tour de la tête, parce qu’un jour vers 23 ans, il a écrit une lettre à Bergson et ce dernier, dans sa très grande modestie a lu, puis lui a répondu. Une amitié indéfectible allait s’établir entre les deux hommes. Bergson homme mature qui était en direction de sa fin, et le jeune Jankélévitch qui amorçait sa vie de penseur. Après cet épisode, Jankélévitch prendrait le chemin de Prague, où il enseignera pendant six ans avant de revenir en France.

Traité des vertus a été écrit en partie pendant la Seconde Guerre mondial, où il a été démis de ses fonctions de professeur d’université en France. Pour finalement se retrouver dans la clandestinité et même participer à la résistance. Pendant quatre années il s’est fondu dans la masse, il a œuvré comme correcteurs de textes, distribution de messages et le reste du temps entre deux planques écrire ces volumineux textes de réflexions. Je le soupçonne que la Genèse de ce vaste ouvrage remonte un peu avant la guerre. Ce qui est le plus étonnant, c’est qu’il a trimballé son paquet de papier pendant toutes ces années d’errance.

Après la guerre en France, le papier était rationné. Les éditeurs en manquaient pour publier. Jankélévitch avec son 3.2 kilos de papier, oui il avait pesé le tout, a été refusé par tous les éditeurs. Personne ne voulait prendre le risque de publier cette monstruosité de papier. Finalement, il aura été publié vers la fin des années 40. Par la suite, il y a eu plusieurs rééditions, revues, corrigées et augmentées.

J’ai eu beaucoup de chance, parce que pensais que cet ouvrage serait difficile à trouver. À ma grande surprise je l’ai reçu en moins d’une semaine. Mon édition date de 1970, se sont des volumes aux couvercles cartonnés de couleur verte et entoilés, ce qui me rappelle certains volumes d’école. D’après la tranche, je constate qu’ils n’ont pas été consultés souvent. Ils sont très propres sauf pour quelques traits de crayons, sans doute l’œuvre de professeurs ou d’étudiants. C’est étrange, une œuvre écrit dans la clandestinité voilà pratiquement un siècle, qui après maintes péripéties se retrouve entre mes mains, j’en frissonne de plaisir.

« On peut être fidèle sans fides, fidèle par décret arbitraire du vouloir. Le groupe peut imposer la fidélité, mais il doit mendier notre confiance, cette confiance sans laquelle la fidélité ne peut être que précaire. »
Vladimir Jankélévitch
Traité des vertus
Page 419

Bonne fin de journée à vous Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Les éléments biographiques que vous communiquez sont très intéressants. Quoi qu'on en dise, je crois qu'on ne peut pas détacher une oeuvre de la vie de l'auteur. Jankélévitch était, en effet, une personnalité multiculturelle et polyglotte. Et aussi un grand musicien.

J'ajouterai qu'après la guerre, Vladimir Jankelevitch a répété son divorce avec tout ce qui pouvait représenter l’Allemagne de près ou de loin : langue, philosophie, musique et sa décision de ne plus y mettre les pieds. Jankelevitch enfonçait le clou : « Les Allemands ont tué 6 millions de Juifs, mais ils dorment bien, ils mangent bien et le mark se porte bien (…), je n’ai jamais encore reçu une lettre qui fasse acte d’humilité. Une lettre où un Allemand déclarerait combien il a honte ».

C'est une position qui m'interroge beaucoup. Comment considérer les Russes aujourd'hui ? Et quelle attitude adopter après la guerre ? Ce qui me sidère, c'est que les rares Russes qui condamnent la guerre le font parce qu'il la juge absurde et contraire aux intérêts de leur pays mais ils n'expriment guère de compassion pour les Ukrainiens massacrés en toute indifférence.

Quant au "Traité des vertus", je suis quand même effrayée par le "poids" de l'ouvrage.

Bien à vous,

Carmilla