samedi 4 août 2012

« You have no idea how much you move me »



Lu et aimé :

Nicholas JUBBER : « A la barbe des Ayatollahs – Dans l’Iran et l’Afghanistan d’aujourd’hui ». Formidable : sûrement l’un des meilleurs livres que j’ai jamais lus sur la culture persane et, croyez-moi, je m’y connais. Nicholas Jubber, un jeune britannique baroudeur, révèle l’influence persistante, sur l’Iran et l’Afghanistan d’aujourd’hui, de la culture préislamique (du zoroastrisme en particulier) et de l’épopée persane du XI ème siècle, le Shahnameh ou Livre des Rois de Ferdowsi. Surtout, la culture persane, ça ne se limite pas à l’Iran. Ca s’étend aussi à l’Afghanistan, au Tadjikistan et à l’Ouzbekistan. A Samarkand et à Douchanbé, on parle persan, ne l’oublions pas.


Paolo RUMIZ : « L’ombre d’Hannibal ». Là encore, un grand livre. Moi qui n’y connais pas grand-chose à l’Italie et encore moins à Hannibal, j’ai été fascinée. Quelle fabuleuse épopée depuis  l’Afrique jusqu’en Espagne, en France, en Italie, au Moyen-Orient, en Crète, en Turquie, en Arménie ! J’avais déjà dit du bien de Paolo Rumiz et de son précédent livre : « Lisières d’Europe ». Il est vraiment un grand écrivain-voyageur. Son l’inspiration rappelle celle de Ryszard Kapuscinski (dont il était ami). Ce qui est dommage, c’est que l’on n’ait traduit que deux de ses livres en français.



Paolo d’IORIO : « Le voyage de Nietzsche à Sorrente ». Nietzsche, j’ai des réserves ; ou plutôt, je me méfie de tous ceux, innombrables aujourd’hui, qui se proclament nietzschéens. Mais j’aime bien le personnage et l’histoire de sa vie et je connais bien certains des lieux qu’il a fréquentés : Naumburg, Sils-Maria, Orta San Giulio (ça vaut vraiment le détour). Il s’agit ici d’un récit de voyage et d’histoire. En 1876, Nietzsche se rend pour la première fois en Italie avec Malwida Von Meysenburg et plus précisément à Sorrente où se trouvent Wagner et Cosima. La découverte du Sud est une révélation pour Nietzsche et cela décidera de l’orientation à venir de sa pensée et de sa rupture avec Wagner. Un bouquin facile, agréable, stimulant qui m’a appris plein de petites choses sur Nietzsche et l’Europe au 19ème siècle.


Muriel JOLIVET : « Tokyo instantanés ».  Des chroniques du Japon quotidien à Tokyo. Des flashs relevés dans la rue, les couloirs du métro ou dans les grandes surfaces un peu à la manière du « Journal du dehors » d’Annie Ernaux.




Bernard SCHLINK : « Mensonges d’été ». 7 nouvelles consacrées au mensonge par l’auteur du « Liseur ». On se retrouve bien en Europe Centrale et j’adore : c’est concis, aiguisé et ça ouvre, en peu de mots, sur les abîmes de l’identité. La première nouvelle m’a particulièrement intéressée : la rencontre d’un type moyen et d’une femme riche. C’est cruel parce que le type s’enferme inévitablement dans le mensonge en croyant pouvoir effacer la distance.




Christine BRUSSON : « Le génie du sexe ». J’ai acheté ce livre après en avoir feuilleté 3 ou 4 pages à la Fnac. J’ai trouvé l’écriture magnifique. Comment « parler du sexe sans tomber dans l’hystérie de la pornographie ou de la pudibonderie ? » Les souvenirs personnels et littéraires s’entrecroisent. A lire absolument. Exemple, la 1ère page : « Je vivais dans un studio à Paris. Un matin, alors que le ciel avait cette teinte jaune que j’appelle la lumière-de-fin-du-monde, je suis entrée dans une boucherie. Je respirai l’odeur forte de la viande. Je vis la chair crue éclairée par les néons. Je sentis le sperme de mon amant couler dans mon slip. L’association de ces trois choses me donna la nausée. »


Philippe Simonnot  Charles Le Lien : « La monnaie Histoire d’une imposture ».  Difficile, en France, de trouver de bons bouquins d’économie : 90 % de ce qui est publié relève de la vulgate marxisto-keynésienne. Les media et les politiques assurent le relais : on n’arrête pas de nous seriner que l’origine de la crise de 2008 est à trouver dans la folie des marchés financiers. Philippe Simonnot et Charles Le Lien remettent les choses à l’endroit en pointant les excès de la Puissance Publique avec l’interventionnisme extrême d’Etats irrespectueux de la vraie nature de la monnaie : on pratique la politique de l’hélicoptère (on déverse aveuglément de grands sacs de billets) et on  fait fonctionner à plein la planche à billets. Allons même plus loin : contrairement à ce que raconte le clan des purs, il y a une collusion des banquiers et du pouvoir politique pour détourner et piller l’épargne nationale, seule source effective de richesse.  L’une des solutions : retrouver l’étalon-or avec, pourquoi pas, un euro-or. Philippe Simonnot est l’un des grands économistes français (il faut absolument lire, en poche, « 39 leçons d’économie contemporaine ») mais le caractère inactuel de sa pensée fait qu’on ne le sollicite guère dans les media.


Tableaux, « de circonstance », de Kasia Domańska (née en 1972). Cette peintre polonaise commence à être connue, notamment aux Etats-Unis où elle vient d’exposer.

La plage, évidemment ce n’est pas trop mon truc; je m’y ennuie vite mais il y a, quand même, une esthétique de la plage, un jeu fascinant de formes et de couleurs. La photographe française, Sylvie Hugues, a réalisé un très beau livre sur ce sujet.

Mais je n’ai peut-être pas les mêmes références. Voici les plages que j’ai fréquentées et aimées ces dernières années : Sopot (Pologne), Palanga (Lituanie), Jūrmala (Lettonie) et bien sûr Yalta (Crimée i.e. Ukraine). Dans quelques jours, vous pourrez me retrouver à Odessa.


2 commentaires:

nuages a dit…

Je suis toujours impressionné par le grand nombre (sans compter la qualité) des livres que vous lisez !
Je ne pourrais pas lire autant, ni si vite.
Je viens de relire, avec intérêt et plaisir, "Retour d'URSS" d'André Gide, et "Les enfants modèles", de Paul Thorez.

Carmilla Le Golem a dit…

Je fonctionne comme ça en général. Je veux aller toujours vite et à la synthèse. Je ne m'appesantis donc pas ce qui me permet de lire au moins 2 ou 3 livres par semaine.

Il y a de l'entraînement mais il faut reconnaître aussi que c'est sûrement un peu superficiel.

Autre défaut : je suis très à la remorque de l'actualité.

Mais je préfère lire beaucoup en survolant que lire peu même si c'est de manière approfondie.


Par ailleurs, je connais bien sûr les livres de Gide et de Thorez. La description du camp d'Artek était très réussie.

Carmilla