Cette semaine, c’est ma dernière séance
de photos ukrainiennes.
D’abord, parce que je n’en ai plus beaucoup; ensuite
parce que j’ai peur de lasser.
Je termine avec des images de la
campagne que j’ai pas mal parcourue en empruntant ses petits chemins.
La
campagne en Ukraine, ça n’a vraiment rien à voir avec ce qu’on connaît à
l’Ouest.
C’est plutôt vide, sauvage, exubérant et c’est plein d’animaux, des
vaches, des oies, des chiens qui se promènent un peu partout et au hasard dans
les villages.
Je me suis toujours demandé comment leurs propriétaires
arrivaient à les retrouver.
Mais ça n’a peut-être pas tellement d’importance
parce qu’un village ukrainien, c’est avant tout une grande famille et tout le
monde vit avec tout le monde.
L’univers de Gogol demeure présent, celui des « Ames
mortes » et des «Soirées du hameau ».
Quelques mots encore à propos de
l’Ukraine : à la fin du mois d‘octobre, ont lieu les élections
législatives.
L’enjeu est énorme puisque le résultat peut décider du
basculement du pays dans l’un ou l’autre camp, russe ou pro-occidental.
On s’en
fiche complètement à l’Ouest, de même que des récentes élections en Géorgie, mais
les élections ukrainiennes peuvent engager une nouvelle configuration de
l’Europe.
C’est peu dire que l’Ukraine est, politiquement, profondément divisée :
entre les partisans d’une association avec l’Europe (Ioulia Timochenko) et ceux
d’une inféodation à la Russie et à son régime autoritaire et mafieux
(Yanoukovitch).
Cette division recoupe à peu près celle, géographique, de
l’Ouest et de l’Est du DNIEPR. Il va de soi que je suis absolument
Timochenkiste même si la langue ukrainienne me passe un peu au dessus de la
tête.
Malheureusement, le rôle de l’Ouest est
très ambigu. Il faut tout de même rappeler qu’en avril 2008, la France et l’Allemagne
s’étaient opposées à un plan d’action pour l’adhésion de l’Ukraine et de la
Géorgie à l’OTAN.
La France expliquait son refus par la nécessité de respecter
l’équilibre européen, en clair, de ménager la Russie et la Turquie.
Le château Potocki, grands magnats polonais et parents du grand écrivain ("Le manuscrit trouvé à Saragosse")
Certes, il ne s’agit que de l’OTAN mais
ça augure très mal de la possibilité pour l’Ukraine de rejoindre un jour l’Union
Européenne. L’opinion publique à l’Ouest est de toute manière très hostile même
si ça ne repose sur aucun argument rationnel.
Mais c’est sûr que cette attitude
a priori négative risque de raviver de
vieux conflits. L’ignorance et l’indifférence ne sont pas sans conséquences.
Photos
de Carmilla Le Golem sur Sigma DP2 Merrill
La fameuse Terre Noire ukrainienne
Je
termine avec une dernière photo de ma petite voiture qui m’a accompagnée tout
au long de ce voyage et qui est maintenant remisée à Kiev jusqu’à l’année
prochaine.
2 commentaires:
Une belle série d'images, rafraîchissante, qui me rappelle mes séjours dans les campagnes roumaines, et aussi (un peu) polonaises et russes.
Quant aux enjeux des prochaines élections, je crois que ça fait plusieurs fois que ce basculement s'est produit, non ? En tout cas, passionné de longue date par la géographie électorale, le cas ukrainien me fascine : la coupure Est-Ouest est profonde, avec des pourcentages incroyables, plus de 90 % parfois, pour un camp ou l'autre, avec l'extrême ouest d'un côté (Lvov / Lviv) et le Donbass de l'autre...
Et cette coupure ne semble pas pouvoir s'aligner avec les concepts habituels de "gauche" et de "droite".
Merci Nuages,
Oui, la campagne ukrainienne ressemble à la polonaise (surtout) et un peu à la roumaine. La différence, c'est qu'elle est beaucoup moins peuplée. C'est encore plus vide en Russie.
La bataille politique aujourd'hui en Ukraine,ce n'est pas seulement un combat entre pro-russes et pro-Europe, c'est un combat entre la démocratie (Ioulia Timochenko) et la dictature (Yanoukovitch), entre la modernité et l'archaîsme.
Ce qui est sûr, c'est que Ioulia Timochenko n'est pas une personnalité de droite. Elle est plutôt de gauche mais elle sait ce qu'est l'économie.
Ce serait une catastrophe si les pro-russes gagnaient. Ils dominent malheureusement la scène politique et pratiquent aujourd'hui une politique maffieuse.
A cet égard, je pense que l'Europe de l'Ouest a une grande responsabiité. Elle n'a jamais laissé entrevoir aux Ukrainiens la plus petite possibilité d'intégrer un jour l'Europe.
Je trouve ça incompréhensible et j'interprète ça comme de l'ignorance et du cynisme.
Je rappelle simplement que l'Ukraine est associée aux plus grands noms de la littérature et de la création artistique européennes et que son niveau actuel de développemenent économique et culturel est sensiblement supérieur à celui de la Bulgarie, de la Roumanie ou de la Turquie.
Oserais-je le dire ? Il y a aujourd'hui une importante classe moyenne en Ukraine qui ne vit sans doute pas plus mal qu'en France. Pour vous en rendre compte, je vous invite à visiter Kiev. La ville est maintenant très propre, tout fonctionne, la sécurité est très grande, il y a profusion de services et de commerces avec des produits de qualité, les gens sont bien habillés. Ca n'est pas toujours le cas à Paris.
Carmilla
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