Les
amitiés entre filles, c’est toujours compliqué.
Ca m'apparaît bien différent des relations entre hommes qui m'apparaissent plus distanciées.
Ca m'apparaît bien différent des relations entre hommes qui m'apparaissent plus distanciées.
Entre
filles, on se bouffe, on se dévore, on se déteste et on s’aime avec passion.
Moi, c’est comme ça avec ma meilleure copine Daria. Elle est évidemment russe; elle a, classiquement, épousé un Français friqué et elle s’ennuie, classiquement, à mourir.
Elle
envie mon indépendance. Moi, j’aimerais bien, quelquefois, me faire entretenir
en échange, simplement, de deux ou trois coïts hebdomadaires.
Elle
est l’une des seules qui connaisse mon blog. Elle me dit qu’elle n’y comprend
rien mais ça la fait rire. C’est la bonne attitude.
Quand
on se rencontre, on est des vraies louves : on se défie. On aime bien
jouer aux héroïnes, mode, sexy, ambitieuses. On pousse à fond les manettes de l’hyper
féminité et c’est vraiment agréable. C’est à laquelle épatera l’autre : la
plus élégante, la plus puissante, la plus fascinante. On se manipule, on se raconte des bobards, on
est peut-être un peu perverses ou jalouses mais c’est surtout du jeu.
On
aime bien échanger des vêtements, des parfums, des maquillages. On se fait des
cadeaux coquins, on se roule des pelles. On pleurniche, on se console, on
divague des nuits entières bien arrosées. On s’amuse à se faire peur au volant
de nos bolides.
Notre
plus grand plaisir, c’est de draguer ensemble et de nous laisser séduire en
même temps par des types. Sortir toutes les deux, ça nous rassure et nous rend
plus audacieuses à la fois. D’ailleurs, depuis qu’on se connaît, c'est-à-dire depuis
très longtemps, c’est ça qu’on aime le plus : partager, échanger des mecs.
Après, on en parle infiniment. C’est comme ça qu’on arrive à se sentir les plus
proches.
Bien
sûr, quelquefois on se fait la gueule, on se balance des horreurs, on s’inflige
des humiliations, on est prêtes à se tuer.
Tout
ça pour dire qu’on a une manière à nous de nous aimer mais on n‘est peut-être
pas si originales que ça. Chez les femmes en effet, je crois que le désir
mimétique fonctionne à plein. Si on aime être belles, hyper féminines, c’est
bien sûr pour séduire, mais ça correspond aussi à un profond besoin narcissique
d’identification. On est féroces, arrogantes, passionnées les unes avec les
autres parce qu’on veut être l’autre. On veut son corps, son job, son identité.
On vit dans le split complet : l’exaltation de soi-même s’accompagne d’un
besoin de se dédoubler.
Chaque
femme vit avec son double, sa duplication. Le plus souvent, c’est la copine
concrète qui nous ressemble tellement mais c’est aussi la figure idéalisée que
l’on projette de soi-même et par rapport à laquelle on se sent toujours en
tension.
On
s’idolâtre mais c’est insatisfaisant parce qu’on est aspirées par un abîme
vertigineux, la fille sublimée, effrayante et inaccessible, que l’on voudrait être.
On
est emportées par la duplication sans fin. C’est la pulsion qui nous anime.
Elle trouve en partie à se satisfaire dans la multitude des objets que nous
offre la société de consommation. Vivre avec des masques qui nous répètent à
l’infini, c’est ça qui nous fait jouir. L’orgasme, on ne l’atteint que lorsque
l’on se sent proches d’une image marmoréenne de nous-mêmes : irréelle,
hors d’atteinte.
Se
répéter, se dédoubler, voilà notre passion. Mais c’est tellement fort que ça
nous pousse parfois au crime. La femme et la mort, c’est un thème éculé. Mais
quand une femme tue c’est bien pour se reconquérir, s’évader de la cage
narcissique.
Tableaux
de Wieslaw WALKUSKI, Wiktor SADOWSKI, Wieslaw ROSOCHA, AndrzejPAGOWSKI, Mieczeslaw GOROWSKI, représentants de l’école graphique polonaise.
5 commentaires:
Pauvres petites créatures narcissique !
Cela doit être assez fatigant, ce n'est pas non plus de la dernière élégance et je ressens de la sympathie pour vous, ô femmes un peu trop femmes. Même si j'ai tendance à vous fuir ;-)
Oui, c'est effectivement épuisant mais est-il une seule femme capable de s'affranchir de tout narcissisme ?
Je conçois bien que mon post soit déplaisant mais il cherche simplement à avoir quelques "effets de vérité", comme on dit.
Bien à vous
Carmilla
Entièrement d'accord avec vous sur les "effets de vérité".
Votre post n'est pas déplaisant, son référent réel, lui, l'est... ou plutôt, déplaisant serait excessif, un peu ridicule !
Je repense à Nietzsche, qui conseillait, ironiquement, avec une injustice cruelle et jubilatoire, d'ôter aux héroïnes wagnériennes leurs oripeaux mythologiques pour y voir, ni plus ni moins... Madame Bovary.
Dans votre "cas" (et celui de votre copine), j'ai bien envie d'appliquer la même méthode, de faire abstraction du vampirisme revendiqué, de l'ambiance visuelle roman gothique, des déclarations solennelles, de l'inspiration dostoïevskienne revendiquée.
Mais je n'en ferai rien ;-)
Bien à vous,
Valancourt
Mon côté kitsch, je l'assume. Qui peut en effet sérieusement se prétendre une vampire et se réclamer de Dostoîevsky ? J'espère cependant qu'un peu d'humour transparaît dans mes textes.
Et puis c'est compliqué. Nietzsche en était venu à détester Wagner mais pour lui préférer...Bizet.
Malgré tout, je préfère l'ambiance néo-gothique, même si ça ne correspond pas aux canons esthétiques en vigueur. Ca a au moins une certaine puissance émotionnelle dont sont souvent dépourvues les productions formelles contemporaines.
Enfin, je veux surtout promouvoir une autre image de la femme en insistant sur ce qui me semble complétement occulté aujourd'hui : la lutte et la différence des sexes.
Merci pour vos remarques pertinentes.
Carmilla
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