Cette chaleur,
cette lumière, ça me rend folle. Heureusement, je sais que depuis le 21 juin,
on perd chaque jour 2 minutes de soleil. On a donc déjà gagné près d’1 H 30 de
nuit. Bientôt, ce sera supportable.
Voilà ce que j’ai
lu pendant cette période éprouvante :
Agnès
DESARTHE : « Comment j’ai appris à lire ». Lire et aimer lire,
ce sont deux choses bien différentes. Le passage de l’un à l’autre ne se fait
pas mécaniquement. Il a sûrement fallu du courage à Agnès Desarthe pour avouer
ça : pendant longtemps, elle n’a pas aimé lire et ne lisait pas, ce qui ne
l’a pas empêchée d’intégrer Normale Sup ! Ca m’a vraiment étonnée, moi qui
ai toujours été une boulimique. Qu’est-ce qui peut entraver le désir de lire,
comment naît la passion de la lecture, Agnès Desarthe donne là-dessus des
explications très personnelles : le «décalage » lié à la langue, la
culture, le sexe.
Louis-Henri de La Rochefoucauld :
« La Révolution
française ». Pas facile de porter un nom pareil à une époque de triomphe
de l’esprit républicain. LHDLR s’amuse à s’en prendre à la Révolution française,
un tabou absolu. Ca pourrait être déplaisant mais c’est hilarant. La Révolution française,
c’est aussi l’esprit de sérieux, l’éradication de la fantaisie et de la déviance,
la normalisation complète de nos vies et pensées.
Roman GRAF :
« Monsieur Blanc ». Un écrivain suisse. Le récit glaçant d’une morne
existence, illuminée simplement par un souvenir amoureux en Angleterre et un
voyage à Cracovie.
Florence
DUPONT : « L’Antiquité, territoire des écarts ». Les humanités
classiques, le latin, Rome, ça m’est toujours apparu poussiéreux et ringard.
Mais il est vrai que je n’y connais pas grand-chose. Florence Dupont est
latiniste et anthropologue, dans la lignée des penseurs de 68 : Foucault,
Deleuze, Levi-Strauss. Son livre n’a évidemment pas suffi à me remettre à
niveau mais m’a au moins fait comprendre que la passion du latin pouvait être
une passion de l’altérité et une remise en cause de soi-même, de ses schémas de
vie et de pensée. C’est aussi une salubre dénonciation de toutes les illusions
et mythologies dont on affuble aujourd’hui le monde romain. C’est un énorme
abus de penser que celui-ci serait à l’origine des valeurs de la civilisation
occidentale.
Un peu de littérature russe
Ludmila SHTERN : « Bye BYE Leningrad ». Ludmila SHTERN a quitté l’Union Soviétique en 1976
pour s’installer aux Etats-Unis. Un humour ravageur surtout quand elle
confronte l’absurdité soviétique à l’absurdité américaine.
Evguéni
Grichkovets : « Le taquet ». Un des grands noms de la
littérature post-soviétique. Connu aussi comme dramaturge. 6 nouvelles qu’on
lit d’une traite. La Russie
profonde, morne, triste, couverte de neige. Des héros ordinaires. La pesanteur
du monde mais aussi, malgré tout, sa drôlerie et sa tendresse.
Alexeï
OLINE : « La machine de la mémoire ». Un portrait
ébouriffant de la jeunesse russe dans une ville de province.
Et enfin de la littérature de voyage
Sanjay SUBRAHMANYAM
:”Comment être un étranger Goa-Ispahan-Venise- XVI-XVIII° siècle”. Trois
étonnants destins, trois grands personnages, entre l’Europe, l’Iran et l’Inde
moghole. Est-ce qu’on n’est pas tous étrangers, membres d’un groupe auquel nous
n’appartenions pas à l’origine ?
Jan BROKKEN :
« Les âmes baltes ». Le très beau récit des voyages de l’écrivain
néerlandais dans ces pays magnifiques aux cultures entrecroisées, marqués par
le poids très lourd d’une histoire tragique.
Nathalie
COURTET : « De la jungle birmane à la taïga russe – L’Asie à vélo
couché ». C’est le troisième et dernier tome de cet invraisemblable
voyage. C’est un récit sans prétention mais d’autant plus juste. On traverse
cette fois-ci la Birmanie ,
la Thaïlande ,
le Cambodge, le Viet-Nam, le Laos, la
Chine , la
Mongolie , la
Russie , les Etats baltes, la Pologne …
Lorette
NOBECOURT : « Patagonie intérieure ». Un écrivain intéressant
mais peu connu en raison, sans doute, d’une écriture trop complexe. Un petit
livre avec plein de fulgurances : « Bien sûr, Santiago m’est
indifférente. Le tourisme ne m’intéresse guère ». Un récit de voyage au
Chili mais le plus important, c’est la découverte de cette « Patagonie
intérieure » que nous portons tous, cette part de nous-mêmes, libre et
sauvage.
Tableaux de Robert
DEVRIENDT (1955) peintre belge contemporain. Images extraites de séries :
Victimes de la passion, The Jerusalem Church Crime, Le chasseur de fétiches, Le fils du taxidermiste, Le nouveau rituel.
Au cinéma, je
conseille « Gold » de Thomas ARSLAN avec Nina Hoss et « La chair
de ma chair » de Denis DERCOURT.
Enfin, mercredi prochain, ne manquez pas « Les salauds » de
Claire DENIS, au moins pour la bande-son des Tindersticks.
2 commentaires:
Je suis sûrement différent de vous sur bien des points, mais je partage votre aversion pour l'overdose de chaleur et de lumière que nous subissons actuellement. Beurk !
Merci pour ces conseils de lecture. "La vie sexuelle des cannibales", de J. Maarten Troost, que vous m'avez conseillé, était un régal. Après 400 pages, j'ai même trouvé ça trop court !
Bonjour Nuages,
Ce qui m'énerve en France c'est qu'on se sente obligé d'afficher un air réjoui quand on meurt de chaleur et d'être catastrophé quand il fait un peu frais. Quant à la neige, c'est perçu comme une abomination, un drame.
Sinon, c'est sûr qu'on est tous très différents. Heureusement d'ailleurs ! Mais ce n'est pas ça qui interdit le dialogue, bien au contraire.
Quant à Maarten Troost, c'est un livre à offrir à tous ceux qui ne rêvent que de vacances sur une île paradisiaque, Seychelles ou Ile Maurice. Bien sûr, les Kiribati, c'est bien pire mais c'est ça aussi.
Carmilla
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