samedi 10 novembre 2018

Eloge des frontières: transgenres, animaux et mourants

Nos sociétés semblent d'une compassion et d'une sollicitudes infinies. Jamais, sans doute, on ne s'est montrés autant "à l'écoute".

Il s'agit surtout de "faire droit" à des revendications qui semblent entièrement légitimes, il s'agit d'abolir tout ce qui sépare, tout ce qui divise.

Si j'en juge d'après les piles de livres de la FNAC au rayon "société", on se passionne, en ce moment, pour le droit inconditionnel au changement de genre, pour le droit des animaux, pour le droit à l'euthanasie. Si on ose exprimer des réserves sur ces questions, on est tout de suite qualifié de brontosaure ultra-réactionnaire, de cul-bénit catho, de défenseur des prédateurs sexuels, des bouchers et des chasseurs.

Moi, j'aime bien les animaux, je trouve "sympas" les fêtes LGBT et je suis bien sûr sensible à la souffrance des mourants. Mais je ne suis pas sûre que cette étrange et soudaine passion pour l'abolition des différences (entre l'homme et la femme, entre l'homme et les animaux, entre la vie et la mort) n'ait un sinistre revers: celui de l'effacement de l'homme autonome, responsable (tel que l'avait défini la philosophie des Lumières), capable d'affronter son destin.


La proposition qui suscite le plus d'enthousiasme, c'est celle relative à la légalisation de l'euthanasie. Comment, en effet, ne pas souhaiter une mort apaisée, une mort "digne" (?), aux malades en phase terminale? Et d'ailleurs, n'y-aurait-il pas des vies qui ne valent plus d'être vécues ?

Peut-être ! Mais quel est aussi ce besoin irrépressible de confier à d'autres, à des "experts médicaux", le soin de fixer la date et les modalités de notre mort ? J'ai toujours considéré avec suspicion ces lobbies et groupes de pression, évidemment constitués de gens bien portants, qui font campagne pour abréger la vie des malades (qui, eux, n'ont évidemment pas été consultés).

Une bureaucratisation de notre mort, voilà à quoi l'on aspire aujourd'hui. Une mort administrée par un État tout puissant, une mort sans souffrance et sans angoisse. L'idéal, ce serait de mourir de manière totalement imprévue (une simple injection létale) et durant son sommeil.



L'attitude générale, c'est maintenant celle d'une certaine lâcheté avec le refus d'affronter la dimension la plus personnelle du tragique de notre existence. Il y a déjà longtemps que la vie a été désacralisée, maintenant c'est la mort que l'on veut désacraliser: en faire un événement banal, anodin, aussi insignifiant, aussi médiocre, que l'a été notre passage sur terre. La mort en continuité parfaite, sans rupture, avec la vie. Et d'ailleurs, les morts, on se dépêche de les évacuer, on ne leur offre même plus de sépulture, on disperse leurs cendres dans la nature.

L'expropriation de notre mort, c'est la face ignominieuse de notre rage à légiférer. A ceux qui invoquent une mort digne, on peut rétorquer qu'existe, de toute manière, cette possibilité; librement choisie, elle est, certes, en dehors de toute réglementation: c'est celle du suicide.

En réalité, face à la mort, la conduite à tenir ne s'énonce pas en réglementations et en propositions abstraites mais en attitudes concrètes, tant du côté du malade que du médecin.



Notre passion à légiférer concerne aussi, aujourd'hui, les animaux.

Comment être insensible à la souffrance animale ? Comment ne pas être révulsé par les conditions faites aux animaux d'élevage, leur tuerie atroce dans les abattoirs. Ça ne m'est jamais arrivé mais c'est sûr que j'aurais du mal à fréquenter un boucher, un charcutier ou volailler.

On a donc tous applaudi quand un amendement au Code Civil a reconnu, en 2015, que "les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité" et non plus, comme auparavant, "des biens meubles".


 C'est très bien mais on cherche ensuite à aller bien au-delà. Il y a maintenant une forte pression pour que soient reconnus "des droits" aux animaux.

Des droits ? Même si personne ne sait comment les animaux pourront être amenés à faire valoir ces droits. Et si ces droits concerneront tous les animaux ou les seuls animaux domestiques et d'élevage. Quid des moustiques, des mollusques, des bêtes sauvages ou des prédateurs qui n'ont qu'une vision très confuse du Code Pénal ? Et sur quoi vont porter ces droits ? Le droit à la protection ? Le droit d'occupation d'un territoire ? C'est compliqué, compliqué.



Mais les problèmes ne sont peut-être pas là. L'impression est en effet que l'affichage exacerbé d'un amour inconditionnel pour les animaux, la revendications de "droits" en leur faveur, vont de pair avec une haine et une dépréciation de l'homme.

On croule en effet, aujourd'hui, sous les études, les publications, les bouquins, vantant les capacités extraordinaires des animaux: pas seulement leur intelligence (qui serait supérieure, dans la plupart des cas, à celle des enfants ou des personnes âgées), mais leur sociabilité, leur esprit de famille, leur solidarité, leurs capacités de communication etc....

Il s'agit, en bref, de nous faire comprendre et de nous persuader que les animaux ont autant de capacités que nous, qu'ils sont, en fait, des humains comme nous ou plutôt que "les humains sont des animaux comme les autres".

Il y a une sombre délectation à affirmer cela. C'est le credo du mouvement anti-spéciste (incarné en France par le suffisant et insuffisant Aymeric Caron). On voudrait faire croire que l'homme est totalement immergé dans la Nature, qu'il ne s'en différencie pas, qu'il lui est soumis. Il y aurait donc une continuité, et non une rupture, entre l'homme et l'animal.

Au final, compte tenu de cette identité de nature, les droits à accorder aux animaux devraient être les mêmes que ceux accordés aux hommes, ce qui revient à dire que les droits accordés aux hommes devraient être réduits à ceux des animaux.


Après les mourants et les animaux, on est, enfin, pleins de compassion, pour les transgenres. Certes, les réticences sont un peu plus marquées mais ce n'est qu'une question d'accoutumance. Bientôt, les couples modernes s'interdiront de préciser le sexe de leur enfant qui vient de naître. Il faut savoir respecter et ne pas forcer le choix qu'il sera amené, plus tard, à faire.

J'en ai déjà parlé la semaine dernière et, en ce moment, est projeté, sur les écrans parisiens, un film "Girl" de Lukas Dhont. C'est d'une totale nunucherie mais personne n'ose le dire et il n'y a que des éloges. L'idéologie transgenre, ce n'est en fait que le refus du corps et de la sexualité.

On préfère vivre dans le rêve, dans le déni du réel, on préfère croire que tout est possible. Pourtant, il faut le dire tout net: la revendication transsexuelle est exorbitante, elle n'est qu'un fantasme. Et un fantasme, comme l'a souligné Jacques Lacan, c'est l'impossible.

Jamais donc, un homme ne sera une femme et inversement. Le transgenre, dût-il subir de multiples interventions chirurgicales, est condamné à un éternel inassouvissement. On s'empresse cependant aujourd'hui d'offrir une réassignation sexuelle à toute personne qui éprouve une dysharmonie entre son corps et son psychisme.


Au total, le sentiment prévaut que l'humanité se sent à bout de souffle et qu'elle est rongée par l'inquiétude de sa disparition avec le catastrophisme écologiste.

L'homme refuse aujourd'hui d'affronter la mort, il se détourne de la sexualité et il rêve de faire l'animal. C'est pourquoi, il abolit aujourd'hui, avec rage, toutes les frontières, il quitte son piédestal, il rêve de sombrer dans l'indistinction. Il organise ainsi sa disparition programmée.

Rappelons pourtant que c'est en luttant contre la mort, en affrontant son destin, en s'arrachant à la Nature que l'humanité s'est constituée.

Images de: Amadeo de Souza Cardoso (Portugal), Kwon Kyung Yup (Corée du Sud), Leonor Fini (Argentine, France), Ernst Haeckel (lithographie de sciences naturelles), Ferdinand Bauer (1760-1826), Hashimo Kansetsu (Japon), Okusaï (Japon), Paul Klee (Suisse), Deborah Van Auten (USA).

Ce post m'a été inspiré par l'excellent livre de Jean-François Braunstein: "La philosophie devenue folle".
Je conseille également le livre d'Etienne Bimbenet: "Le complexe des trois singes: essai sur l'animalité humaine".

Enfin, dans le prolongement troublant de ce post, je recommande vivement le film de Claire Denis: "High Life". Le sombre pressentiment de la fin de l'humanité.

A un autre niveau, je recommande également "Un amour  impossible" de Catherine Corsini adapté d'un roman de Christine Angot.

Et enfin, un très beau film du Kazakh Samal Esljamova: "La tendre indifférence du monde".

15 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Dame Carmilla !
En tant que campagnard, néandertalien professionnel, grand mâle dominant triple A, je tiens à mon régime carné.
Je souligne que je veux être respecté pour mon régime et je ne porterai pas de jugement, ni de dénigrement sur le végétarisme. Athée je respecte les croyants, alors j'attends que les croyants respectent mon athéisme.
Nous sommes dans une société de droit, mais là je trouve qu'on ambitionne sur le droit avec plusieurs couches de réglementations. Ça devient insupportable.
Vous l'aurez deviné, je suis fier de mes racines terriennes. D'autant plus fier qu'on m'a appris à tuer proprement, et à débiter un animal. Pour moi cela fait partie de la récolte, comme le foin, l'avoine ou le maïs.
Je m'élève contre cette état d'esprit que les animaux sont bons, qu'ils ont une sensibilité. Ils possèdent des instincts, d'accord, mais les comparer à des humains ou a des sentiments humains c'est autre chose. Si vous avez une chance un jour de fréquenter des Montanais, des Crees, ou des Iroquois, ou toutes autres nations indiennes, dites leurs que ce n'est pas bien de tuer les animaux. Ils se pourraient bien qu'ils vous regardent de haut. Cessons de critiquer les abattoirs, dans ces établissements au Québec comme au Canada, la mort est rapide, les animaux ne souffrent pas. Habituellement un animal qui meurent dans la souffrance hurle. Un cochon par exemple mal assommé qu'on saigne peut hurler, c'est le cas de le dire à mort.
Dans mon patelin j'avais une tâche. Les gens venaient me voir lorsqu'ils devaient se débarrasser d'un animal. Les gens disaient va voir Richard, il va te faire cela. Un jour un de mes voisins avait coupé les quatre pattes de son chien avec sa faucheuse. C'était un accident et ce voisin avait bon cœur. Il est venu me voir. Nous sommes allés ensemble au champ et j'ai liquidé ce chien parce qu'il était encore vivant.
Les gens ont de la difficulté à assumer leur condition d'humain, tout doit être réglementé, ce qui fait qu'ils ont des difficultés avec la responsabilité d'être des humains à part entière. Il me semble qu'on a perdu cette vieille qualité de bon sens. Le gros bon sens comme disait ma grand-mère. Lorsqu'on pénètre dans une zone d'ombre sans règlement, les gens semblent perdus. Ils font appel aux spécialistes, à la loi, à la réglementation. J'affirme que c'est une capitulation. Ce qui explique peut-être un certain laxisme dans nos sociétés. Vous sacrifiez votre liberté, votre libre arbitre, voir même votre nature profonde. Sommes-nous face à l'homme dénaturé ? La question reste posé.
Merci d'avoir choisi ce sujet Carmilla.
Richard St-Laurent

Richard a dit…

La mort assistée.
Mourir semble difficile. Que veut dire cette expression : il a eu une belle mort ? La mort est-elle belle ou laide. ? En fait nous n'en savons absolument rien, parce que nous sommes vivants et que nous ne mourons qu'une fois et que les morts lorsqu'ils sont morts, sont vraiment morts et qu'ils ne reviennent jamais à la vie. Je ne crois pas plus à la résurrection des corps qu'à une réincarnation. N'empêche qu'elle nous fatigue cette mort. Elle empoissonne même notre vie. Pourquoi se préoccuper de la mort ? C'est la seule certitude sur cette terre. J'espère que vous avez déjà accompagné une personne qui allait mourir. C'est une expérience unique. Une grande expérience. J'ai vu des gens lutter jusqu'à la dernière extrémité, jusqu'au dernier carré ; d'autres ont glissé dans la mort comme une main glisse dans un gant, enfin d'autres ont demandé de l'aide, et finalement certains se sont suicidés. L'humain dit : c'est ma vie ; il ne dit jamais c'est ma mort. Étrange non. Je vais vous faire une révélation, ici au Québec certains médecins pratiquent l'assistance, ils ne décident pas, mais ils aident, ( dans les faits ils l'ont toujours fait) d’autre part si un patient veux mourir de sa belle mort, on lui offre le confort de ne pas souffrir dans les dernières heures, ils rendent le patient confortable autant que cela se peut, comme par exemple lorsqu'il ne reste qu'un seul poumon en fonction qui fonctionne à 40 % La personne perd connaissance et s’éteint doucement. Alors, une grande paix s'installe autour du cadavre, c'est sans doute la plus grande paix que je n'ai jamais senti de toute ma vie. Vivons cette vie à fond, passionnément, jusqu'au bout, puis mourons en plénitude.
D'autre part, comment ne pas évoquer la souffrance ; cette souffrance qui est un signe, mais pas une obligation. Si certains le désirent, et il faut respecter leur choix, alors ils peuvent mourir par une mort provoquée, dans les pays qui offrent ce service. Si mes souvenirs sont bons, je pense que la France n'offre pas la mort assistée, mais la Belgique et la Suisse et la Hollande l'offrent.
J'abonderais dans l'esprit de Taleb qui dans : Risquer sa peau ainsi que dans Antifragile écrit : Laissons les gens prendrent leurs décisions.
Je dis : Ne soyons des voyeurs moraux de ceux qui vont nous quitter.
Allez donc faire la fête, boire un coup, rire et danser et faire l'amour en attendant, je pense qu'il n'y a pas de meilleure alternative. Mettez vos angoisses de côté qui empoisonnent vos vies.
La vie vous appartient malgré sa fragilité ; la mort n'appartient à personne.
Bonne fin de soirée à tous
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Transgenre...
Je vais sans doute en choquer plusieurs, cette histoire de transgenre est une prolongation des tatous, piercings, opérations de toutes sortes. Une affaire de riche, de ville, quelque chose qu'on ne rencontre pas ou moins dans nos campagnes. Un faux problème créer de toutes part. Il faut vraiment avoir du temps à perdre. Je me rappelle les paroles de David Bowie qui disait : J'ai tellement habité de personnages que je ne savais plus qui j'étais. Pendant que certaines personnes revendiquent et font leurs choux gras de certaines idéologies qu'ils désirent défendre mon regard porte ailleurs. Par exemple, tous ces Africains qui traversent La Méditerranée dans des conditions dangereuses sur des rafiots de fortunes. Tous ces personnes en Syrie qui risquent leur peau. Nous avons beaucoup de vrais problèmes sur cette terre pour nous arrêter à des lubies futiles. Souvenons-nous de cette photo insoutenable qui a fait le tour du monde l'an passé, ce petit corps d'enfant étendu sur une plage.
Sommes-nous trop confortables dans nos sociétés de consommations à outrance ?
Ô ! Lassitude des lassitudes.
Avons oublié ou renier ce que nous sommes ?

Merci Carmilla

Richard St-Laurent

KOGAN a dit…

Bonjour Carmilla

Un spot d'actualité...allumant l'autre à nouveau, comme une véritable réaction atomique.

Faire face à la mort,il n'y a pour ma part que deux "éventualités":
-l'accident brutal qui vous laisse définitivement sur le carreau,
-ou l'injection létale en cas d'absolue nécessité pour abréger les frais d'hôpitaux entre autre, et pour faire économiser de la fausse compassion.

Je tiens aussi à être enterré debout, la raideur cadavérique s'y prêtant et permet de distinguer plus vite sa tombe des autres pour les visiteurs, dans un carré parfait, et de préférence noire...une seule rose blanche posée, sans vase, à renouveler.

Comme vous le souligner très judicieusement, la folie de la protection animale gagne de plus en plus de terrain et enfle à vue d'oeil, plus que pour celle des "droits de l'homme".

J'aime également les animaux , je nourris les 2 chats de la nouvelle voisine, c'est mon animal préféré, car très indépendant, venant chercher son lait et ses croquettes, puis disparaître, le câlin sur le dos terminé...

Tout cela est du 3ème degré...forcément.

Bon dimanche
Bien à vous.
Jeff

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je le répète: j'aime bien les animaux et je suis sensible à leur souffrance. Je serais bien incapable d'en tuer un. C'est à tel point que si j'aime bien par exemple manger des crabes, des crevettes, des écrevisses ou des homards, je n'ose pas les préparer moi-même. Il faut les découper ou les châtrer vivants ou alors les ébouillanter progressivement, ça me rend malade.

Cela étant, je crois qu'il ne faut pas perdre de vue les frontières qui nous séparent des animaux. L'homme n'est pas un animal comme les autres. Qu'on puisse penser cela de plus en plus souvent, qu'on multiplie les bouquins à ce sujet, m'apparaît inquiétant. On pourra en venir à préférer la compagnie des animaux et devenir soi-même un animal. C'est beaucoup plus simple et gratifiant d'avoir un caniche que des amis ou une famille toujours à problèmes.

Effectivement, il n'y a pas, en France, de droit réglementant l'euthanasie mais il y a une forte pression en ce sens. Il existe, cependant, dans de nombreux hôpitaux, des unités de soins palliatifs qui permettent d'accompagner le mourant. Je me méfie personnellement d'une légalisation trop libérale qui conduirait à éliminer précocement les vies qui ne valent plus d'être vécues.

Quant aux transgenres, je ne sais pas si c'est un problème de riches. Ca fait quand même bien partie, me semble-t-il, de tous ces bouleversements actuels de l'identité humaine (par rapport aux animaux, à la mort et au sexe biologique). Les transgenres ne sont aujourd'hui qu'une toute petite minorité mais qu'en sera-t-il dans quelques décennies ?

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Vous n'ambitionnez visiblement pas une mort héroïque. Je ne saurais vous condamner mais vous confortez mes analyses: on tend à évacuer, à tout prix, le caractère tragique de la vie.

Je ne suis pas sûre que l'on ait la possibilité d'être enterré debout. Les rites funéraires sont, en fait, très réglementés. De même pour la dalle carrée. Quant à la rose blanche à renouveler, on est dans le registre non plus de la réglementation mais de l'affectif.

Le chat, c'est effectivement un animal gracieux et peu envahissant. J'aime bien mais pour moi, c'est exclu. Qu'en faire quand je voyage ?

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Dame Carmilla !
Avec cette première neige véritable hier, plus de 15 cm, j'étais à la fête. Une belle grosse giboulée de gros flocons qui descendaient du ciel lentement. Le ravissement avec ce retour assuré vers l'enfance, la magie d'une condition d'espace temps contracté. Les nuages échoués dans les faîtes des arbres. Le vent nul. Tout mon temps pour moi, le ravissement total. C'est aussi l'époque de la fin des récoltes et dans ces récoltes, il y a les huîtres qui cette année sont grasses et salées, un pur délice. Ce qui me rappelle la saison du homard le printemps, où je prends plaisir à ouvrir, nettoyer, parce que le plaisir commence par le travail, la désarticulation, la boucherie, les rires, les regards complices, ce qui fait de nous des humains à part entière. Nous sommes deux êtres complètement différents, ce qui fait la beauté de la chose. Nous n'avons pas reçu la même éducation, nous n'avons pas vécu les mêmes événements, et pourtant nous sommes capables de discuter, d'échanger, de nous enrichir mutuellement.
Souvent lorsqu'on multiplient les bouquins, la tendance va vers une mode, ça tient plus de la marginalité que d'une vague de fond qui va nous renverser et nous emporter dans une direction qui nous répugne. Si La France n'a pas encore statué sur la mort assistée, cela tient à la fois du rationalisme, du conservatisme, qui se concrétise en immobilisme. Vous l'avez évoqué souvent dans vos propos : ne rien faire n'est pas toujours mauvais.
Je partage votre inquiétude au sujet d'une loi trop libérale. Ce qui exigera une grande vigilance de la part des citoyens. Ici le débat a été rude tout comme en Belgique. Les gouvernements changent et ils changent aussi les lois. En démocratie rien n'est certain, il n'y a pas d'acquis coulé dans le béton et l'on peut toujours changer la donne. Entre la mort assistée et la liquidation de masse, la ligne est mince. Nous avons intérêt à ne pas l'oublier.
Pour le reste, le transgenre entre dans le transhumanisme, des humains modifiés, sans identités, sans sexe, moitié robot, moitié humain, et ce qui est inquiétant, des humains qui errent présentement dans leur esprit et surtout dans leurs représentations sont prêts à sauter le pas. Ce qui m'inquiète ce n'est pas ce qui se passe présentement, mais ce qui s'annonce pour demain, parce que cela pourrait être irréversible. Harari dans son ouvrage Homos deus en parle d'abondance et c'est glaçant.
Je ne pense pas qu'un transhumain pourra apprécier ce vent froid du nord, ni les huîtres, ni les rires, ni la neige qui tombe.
Par une journée d'hiver sous un soleil froid.
Je vous souhaite la plénitude
Richard St-Laurent

Thierry Mattart a dit…

Bravo ... Pensons d'abord a la souffrance humaine avant celle des animaux! Réel problème de puritanisme au sein de la République Française ... Lol

KOGAN a dit…

"Vous n'ambitionnez visiblement pas une mort héroïque"

Il y en a des millions allongés pour l'éternité et des estropiés qui attendent leur tour...je préfère de loin ...la petite mort et succomber par arrêt cardiaque.

Cela est du 1er degré...forcément.
Bien à vous.
Jeff

Anonyme a dit…

Bonsoir Carmilla,
J'étais en train d'écrire sur le film 'Bohemian Rapsody' et j'ai pensé : il vous plairait peut-être. Freddy Mercury, un homme qui a surpassé, refusé à chaque instant et sans faillir la médiocrité, l'ennui, la petitesse des rigides existences - de ses amis,de ses parents. Passer ses nuits à danser, écrire, se droguer, désirer sans cesse, porter des couronnes, se faire reconnaître par un inconnu, dire bonne nuit au petit matin... Oui c'est cela la vie et presque personne pour accompagner l'artiste. Punitions : la solitude, l'insupportable manque d'audace du monde.

La scène finale du concert du Live Aid, une sublimation de la mort, un bras d'honneur à la maladie est un super orgasme de cinéma.
Sagesse zoroastre aussi : "penser bien, parler bien, agir bien." Qu' en pensez-vous? Freddy a-t-il 'bien' vécu? Pour ma part, oui absolument. Et vous, qu' espérez-vous de la vie?
Olympe

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Ici en Europe, on n'est pas près de voir de la neige. Même à Moscou, il n'y a presque rien. A Paris, les arbres achèvent seulement de perdre leurs feuilles.

Bien sûr que l'un des aspects les plus agréables de la communauté humaine est que nous parvenions à échanger par delà toutes nos différences.

On assiste évidemment à de grands bouleversements. Il est inutile d'être nostalgique mais c'est vrai que le transhumanisme ne fait pas rêver. L'attrait de la vie, c'est tout de même son caractère tragique et le désir qui l'anime.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Thierry,

En effet mais je ne sais pas si le problème se présente sous forme d'une alternative.

Ce n'est pas ou l'un ou l'autre.

Jamais, de toute manière, on n'éradiquera ni la souffrance humaine ni la souffrance animale.

Alors, autant s'efforcer de faire preuve de compassion universelle.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Vous avez bien sûr raison: que votre mort soit héroïque ou misérable, le résultat est, de toute manière, le même.

Mais qu'en est-il de votre vie quotidienne: savez-vous affronter les épreuves ou adoptez-vous une position de repli ? C'est cela la véritable question.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Olympe,

J'ai longtemps hésité à aller voir "Bohemian Rhapsody" mais j'ai eu peur d'un trop grand décalage entre le personnage réel de Freddie Mercury et l'acteur du film. On vit sur des images, des rêves que l'on a façonnés et l'on craint d'autant plus d'être déçus.

Cela étant, j'admire beaucoup Freddie Mercury, l'homme, l'artiste, le musicien, son absence de préjugés.Il a sans doute, en effet, mené une vie accomplie.

Le personnage m'est d'autant plus cher qu'il est zoroastrien et que j'ai eu la chance de vivre chez des zoroastriens lorsque j'étais à Téhéran.

Quant à moi, je n'espère pas grand chose. En l'absence de talent particulier, mes ambitions sont limitées. Voyager dans le monde entier et faire des rencontres me suffira.

Bien à vous,

Carmilla

KOGAN a dit…

"savez-vous affronter les épreuves ou adoptez-vous une position de repli ? "

Les épreuves de la vie, je les affronte depuis l'âge de 15 ans et demi "up and down",
et avec de plus de lucidité, sans état d'âme, et pour l'instant, je suis toujours vivant...un terminator:-)

Bien à vous.
Jeff