samedi 13 novembre 2021

Louise Brooks ou "le chemin de l'Enfer"

  

Je poursuis ma galerie, entamée avec Emily Brontë, de femmes qui m'inspirent. Vous avez peut-être noté qu'aucune n'est admirable ni, non plus, absolument repoussante. C'est peut-être d'ailleurs comme ça que s'éprouve chaque femme, moi-même en particulier : comme radicalement étrangère à soi-même, comme détachée de toute catégorisation et des diktats de la bien-pensance. 

De "Surmoi" ou d'"Idéal du Moi" freudiens, les femmes en ont sans doute beaucoup moins que les hommes. C'est peut-être pour cette raison qu'elles sont généralement moins angoissées. Et puis, n'avoir pas à se préoccuper de ce que l'on est ou devrait être, c'est ça qui fait avancer, qui donne de la force. Ça permet surtout d'emprunter d'autres chemins qui ne sont pas uniquement pavés de bonnes intentions. Chaque femme est, en fait, une fripouille.

Cette étrangeté, l'actrice américaine Louise Brooks (1906-1985) l'a sans doute éprouvée plus que nulle autre. On l'a largement oubliée aujourd'hui. Pourtant c'est elle qui a inventé "le jeu moderne", sans emphase ni surexpression, avec une grande économie. Louise Brooks se plaisait à ne pas sourire devant un appareil photo. On n'en a pas besoin, ni même de crier ou de pleurer pour s'exprimer. "Il n'y a pas de Garbo, il n'y a pas de Dietrich, il n'y a que Louise Brooks" affirmait Henri Langlois, le génial directeur de la cinémathèque de Paris.


 Être transparente, évidente, c'est ce dont était précisément incapable Louise Brooks. Ça interroge d'ailleurs  notre époque, celle d'aujourd'hui même qui ne cesse de ressasser un idéal, voire une exigence, d'authenticité dans tous les domaines, depuis l'alimentation jusqu'aux sentiments. Louise Brooks prend l'exact contrepied de cette tendance en demandant de manière obsédante : "Qu'est-ce qui fait de nous des êtres faux, amers et jaloux ?".


Sa jeunesse, elle l'a consacrée à la débauche. Née dans le Kansas, à Vichita, elle a été abusée par un voisin, Mr Flowers, ce dont la rendra responsable sa propre mère (pourtant ultra-féministe et femme éduquée, pianiste de talent) qui l'accusera de l'avoir aguiché et d'être une petite putain. A partir de là, elle se détestera, se jugeant nulle et moche, mais se conformera, plus ou moins, à cette appellation et vivra dans la fascination de sa déchéance.

Elle a d'abord pratiqué la danse moderne et a été vite reconnue pour sa beauté étrange avec sa coupe carrée aux cheveux noir ébène (mais "j'étais une blonde aux cheveux noirs" dira-telle pour exprimer l'importance qu'elle attachait à sa beauté). Elle incarnera la parfaite "flapper" des folles années 20, dont les attributs sont les cheveux à la "garçonne", les jupes courtes et les mœurs légères. Mais dès cette époque, elle se met aussi à lire les philosophes allemands ( en particulier Schopenhauer) et la littérature française (Marcel Proust). 

Elle débutera son rêve américain en interprétant, dans ses premiers films, les rôles d'une femme libre et peu scrupuleuse.  Elle fuira vite Hollywood comme elle avait fui sa province américaine et comme elle fuira, toute sa vie, la gloire et la reconnaissance. Elle est choisie par le grand réalisateur allemand Georg Wilhem Pabst pour être la vedette de Loulou (1929). Elle se rend donc en Allemagne et y participe activement au mouvement de l'expressionnisme dans le cinéma. Pabst sera fasciné, subjugué, par Louise Brooks et exploitera, en elle, son espèce de spontanéité naïve dans le vice qui fait son charme vénéneux.

 «A Hollywood, j'étais une jolie poupée. A Berlin, je devins une actrice», dira-t-elle. Elle tourne donc Loulou puis "Le journal d'une fille perdue", deux films, deux chefs-d’œuvre qui sont les récits d'une déchéance. Loulou est une poule de luxe qui détruit un mariage, est convoitée par une lesbienne, s'enfuit avec le fils de son amant pour finir dans les bas-fonds de Londres, assassinée par Jack l'éventreur. 

Cette confrontation avec Jack l'éventreur a d'ailleurs été érigée comme le fantasme érotique absolu par Louise Brooks. Son rêve était de mourir poignardée par un maniaque sexuel : il n'est d'acte d'amour que de mort ! Tout le reste, ce n'est que sentimentalisme, bluette, mièvrerie romantique. Rien de plus puissant pour une femme que le regard d'un mauvais garçon qui vous vrille les tripes. 

On se situe ici évidemment bien loin du féminisme victimaire. Ce n'est pas pour rien que Louise Brooks était adepte de Schopenhauer. La vie comme souffrance, aucun amour, l'antinomie du bonheur. Elle devient une icône de la vie et la mort. "Auriez-vous l'obligeance de m'indiquer le chemin de l'Enfer ?" était l'une de ses phrases favorites.


 Fidèle à elle-même, elle  abrègera (à 32 ans) sa carrière cinématographique. Elle vivra ensuite modestement, seule, sans famille, sans enfant, lisant et écrivant beaucoup (mais elle a détruit tous ses textes).

Tableaux, principalement, de l'expressionnisme allemand : Ernst Ludwig Kirchner, Emil Nolde. Louise Brooks est, en effet, inséparable de ce mouvement artistique allemand.

On peut trouver les films numérisés de Louise Brooks dans un coffret de 3 DVD, chez Carlotta Films.

Je recommande en outre les livres suivants :

- Roland JACCARD : "Portrait d'une flapper". Un très bel essai par un penseur iconoclaste et cultivé qui, hanté par le suicide, vient de passer, fin septembre dernier, à l'acte (à la veille de ses 80 ans).

- Gilles Lipovetzky : par le penseur de la Révolution individualiste ("L'ère du vide", "L'Empire de l'éphémère"), le tout nouvel essai : "Le sacre de l'authenticité". Une authenticité fallacieuse qu'aurait justement dénoncée  Louise Brooks. On est d'autant plus faux qu'on se proclame authentiques. La seule attitude honnête, c'est de reconnaître sa fausseté.

7 commentaires:

Michael a dit…

Vous m'apprenez la mort de Roland Jaccard dont j'avais découvert le blog grâce à vous puisqu'il figurait dans votre liste "Nuages". J'appréciais beaucoup ses billets...

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Michael,

Oui, c'est très triste. Ce post lui est d'ailleurs en quelque sorte dédié puisque son livre "Portrait d'une flapper" m'avait fait découvrir Louise Brooks.

Il évoquait certes son suicide depuis fort longtemps mais ça a malgré tout été une surprise. Il se désolait à vrai dire qu'on ne le lise plus, qu'on ne semble plus comprendre ses textes, son ironie, son humour, sa légèreté. Son ultime provocation dans son blog : dire qu'il appréciait Zemmour. On le prenait au 1er degré, il devenait "inactuel". Ca en dit long sur notre époque qui s'enfonce dans l'esprit de sérieux. Personnellement, Roland Jaccard m'amusait beaucoup, il avait un extraordinaire sens de l'auto-dérision.

Je me sentais enfin un point commun avec Roland Jaccard : son intérêt pour l'Europe Centrale.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla
Les femmes vous inspire, moi aussi, surtout depuis une semaine, alors que je suis en train de lire le pavé de Christiane Taubira qui s’intitule : Mes Météores. Combats politiques au long cours. Très inspirante cette femme, issue d’une famille éclatée, mère de quatre enfants, puis provenant de ce qu’on appelle les Territoires Outres-Mers, et finalement parce qu’elle est noire et a connu le racisme. Partout elle a livré combat, autant en Guyane qu’en France, et elle le pourrait encore. C’est un ouvrage très instructif et intéressant qui est rudement bien écrit et qui témoigne d’une vaste culture. Je vous le recommande.
L’autre femme, c’est une heureuse surprise politique. Évelyne Beaudin, après avoir été conseillère pendant quatre ans, a été élu le 7 novembre dernier Première Mairesse de la ville de Sherbrooke. Économiste de formation, à 33 ans elle accède à la plus haute fonction de cette jolie ville voisine de notre municipalité de campagne. Pendant quatre ans, rude travailleuse, elle a subit toutes les attaques, mais elle demeurait impassible, parce qu’elle étudiait ses dossiers à fond. Il faut souligner que pendant ces quatre années elle en a fait voir de toutes les couleurs au maire sortant, qui en a eu souvent plein ses bottes. Elle n’a pas baissé les bras. Elle ne s’est pas apitoyée sur son sort. Elle a fait front devant le Maire sortant et un autre candidat masculin. Et, elle a gagné ses élections. J’ai de l’admiration pour ce genre de femmes, que dire, devant cette personne qui a relevé le défit. Qui plus est, elle a fait élire six candidats de son partie politique : Sherbrooke Citoyen, dont trois sont d’origines étrangères. Résultats plus qu’honorable!
Ce ne fut pas un cas isolé, un accident de parcours, non, des 12 plus grandes villes du Québec, six seront dirigées par des mairesses. Alors si cela n’est pas un accident, c’est un tendance que je salue, parce que les femmes font de la politique différemment des hommes. Ce qui devrait nous changer des vieux roublards de la politique. Tout ce que j’espère, c’est que ce vent de fraîcheur et de renouveau va tenir. C’est la première fois depuis 25 ans que nous sentons que quelque chose, encore indéfinie, est en train d’advenir. Il était temps.
Maintenant, nous allons voir de quel bois elle se chauffe. Est-ce que ses futures réalisations rencontreront, ses espérances, ses convictions, ses projets? C’est une personne qui possède un grand potentiel. Tôt ou tard se posera la question d’aller plus loin, en politique provinciale ou fédéral. Tous les espoirs sont permis. Et, pourquoi pas!
Vous vous rappelez Carmilla, que nous avons parlé déjà au cours d’un commentaires récent, de politique municipale comment ces postes étaient peu attrayant et mal payés et nous voilà avec plusieurs femmes au pouvoir. Mais d’autre part, les politiques municipales, communales, cantonales, peut importe le vocable, c’est la base d’une nation, lorsque les problème font surfaces, comme élu tu es aux premières loges. C’est plus facile de parler à un maire ou à un conseiller que d’approcher son député, et encore moins un ministre.
Que penser de Valérie Plante qui a été réélue Mairesse de Montréal? Une autre qui a été vilipendée, critiquée, méprisée; pourtant elle a résisté pendant quatre années. Donné perdante par les sondages au début de la campagne électorale, elle a terrassé l’ancien maire, un vieux libéral qui se représentait et qu’elle avait déjà battu une première fois. Ces femmes ne sont pas étrangères à elles-mêmes, pas de temps pour ce genre d’exercice futile…

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla!

Une autre femme m’inspire, et à chaque fois que j’ouvre l’un de ses ouvrages, j’ai le désir irrésistible de souhaiter qu’elle se rendre encore plus loin. Elle n’est pas la moindre, puisque que sa dernière publication s’intitule : Je suis parce que nous sommes. Elle sait toucher le lecteur. Son réalisme nous entraîne dans maintes cheminements. Provenant du même pays, mais certes pas de la même régions, parce que le pays est tellement vaste que chaque canadien pourrait avoir sa propre région personnelle. Elle parle de l’ouest, non seulement du point de vu géographique, mais elle creuse sur cette masse d’humains qui courent, travaille et souffre, entre la province de l’Ontario et celle de la Colombie-Britannique. C’est la fille de l’ouest, qui est devenue la femme de Paris. La très inspirante Nancy Huston a fait son chemin, donné la vie, vécu bien des tribulations amoureuses, soulignée le quotidien dans ce qu’il y a de plus banale. Consciente, elle est devenue plus qu’une activiste de l’environnement, car ses textes sur l’environnement sont devenues des réflexions incontournables dont nous devons tenir compte, ça ressemble plutôt à une accusation. Elle navigue entre l’accusation et la condamnation. C’est la mère-poule qui aurait pu faire de la politique. Être éduqué Par Nancy Huston, cela ne doit pas être banal. Être son amant doit être épuisant. Elle ressemble à ces genres de tornades qui dévastent les plaines dans l’ouest canadien. C’est aussi la mère protectrice lorsqu’elle nous pointe du doigt et nous accuse d’avoir saboté notre planète.
Le titre de son dernier ouvrage m’enivre : Je suis parce que nous sommes. Son être, fondamentalement, ne peut exister, parce que les autres existent. Sans les autres tu n’es rien, un homme solitaire dans la plaine face à une ligne d’orage n’est rien, pas plus que le chasseur sur les terres arctiques devant le blizzards qui se lève, peut disparaître à jamais, tellement il est vulnérable. Cette femme est forte et vulnérable à la fois, rires et larmes ne sont jamais éloignés, le drame campe à sa porte, les murs sont plein de trous, la vie se balance sur une branche cassante.
(Je suis parce que nous sommes), nous pouvons nous la répéter cette phrase, parce que s’il n’y avait pas eu les autres, nous ne serions pas nés. En toile de fond elle pose la question : Est-ce que nous méritons de vivre, d’exister, de dépenser comme des cons, de salir, polluer, et nous en foutre, de gaspiller comme si c’était une vocation? À ce chapitre la fille de Calgary est dérangeante. Peut-être qu’un jour il n’y aura plus de Je, puisque les Nous aurons disparus. Et, nous ne pourrons pas dire que la fille de l’ouest ne nous avait pas avertie.
Nancy Huston est dérangeante, déstabilisante, agaçante, et elle n’a pas fini de nous en mettre plein les yeux. Elle est très inspirante. Mais n’aller pas croire que nous allons traverser l’Atlantique Nord dans la même chaloupe. Cela serait beaucoup demander à son (Je) que de mettre ma patience à rude épreuve, mais nous ne sommes jamais très éloignés. Je trouve qu’elle n’est pas très éloignée de Siri Hustvedt non plus, une autre femme inspirante.

Merci Carmilla pour cette lecture dérangeante, pour cette petite chronique du printemps 2020. À lire et à relire. Nous sommes tous, parce que nous sommes.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Disons plutôt que je m'intéresse à certaines femmes (et aussi à certains hommes) mais pas à toutes.

Ce qui m'intéresse en fait chez une personne, ce n'est pas sa force, sa vertu, sa puissance, ce sont ses failles, sa fêlure (selon le mot de Fitzgerald). Je n'aime pas, en ce sens, les gens qui adoptent une position victimaire, qui décrivent leur lutte pour réussir, qui se présentent comme des combattants, des héros. Ils confondent leur identité avec leur réussite sociale ou professionnelle, ce qui est parfaitement mensonger. Plus on s'affiche vertueux et sincère, plus on est faux et menteur.

C'est pour ça que je ne m'intéresse guère aux "politiques" et ne lis jamais leurs livres. Tout est construit, chez eux. Christiane Taubira, je ne la connais donc quasiment pas.

Je pense toutefois qu'il serait bon que la place des femmes en politique devienne plus importante. Les femmes sont tout de même moins violentes et guerrières, on risque moins des conflits meurtriers. Mais en France, la perspective d'une femme à la tête du pouvoir demeure très lointaine. Il est vrai, aussi, qu'on ne laisse pas les meilleures candidates émerger. Et que dire de la Russie ou de la Chine ? Il y a bien un problème d'excessive virilisation du pouvoir.

En revanche, je vous rejoins entièrement quant à votre admiration portée à Nancy Huston. Je l'adore moi-même, j'ai du lire à peu près tout de ce qu'elle a écrit : c'est un modèle de clarté, de simplicité et de pertinence. Son petit livre "Je suis parce que nous sommes" est vraiment percutant, même si j'ai trouvé ses dénonciations de la "Finance" un peu ridicules (mais ça n'est pas important). Je me dis quelquefois que je lui ressemble un peu mais c'est peut-être prétentieux. Je ne pense pas toutefois qu'elle soit une femme difficile à vivre; la vraie difficulté, c'est, probablement, d'être à peu près à son niveau.

J'aime bien aussi Siri Hustvedt mais je la trouve parfois laborieuse, s'enfermant dans la théorie pour ne rien livrer d'elle-même.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla
Lorsque j’ai lu votre texte sur Sisi, immédiatement j’ai pensée à Catherine II de Russie, qui elle aussi fut lancée en affaire dès l’âge de 15 ans. Et, quel destin elle allait connaître.
Si Sisi avait été vraiment une rebelle, elle aurait pu s’emparer du pouvoir en Autriche. Elle n’avait certes pas la formation de Catherine, mais elle aurait pu brasser les cartes, s’incruster dans cet univers décadent, le mettre à sa main. Elisabeth de Wittelsbach, aurait pu séduire, puis manipuler L’Empereur François-Joseph et puis s’en défaire. Elle aura manqué l’opportunité du moment. Je me demande même si elle était paresseuse intelligente? Catherine aura eu beaucoup moins de scrupules. Elle savait le pouvoir de la manipulation, qui vaut autant en amour qu’en politique. Elle a joué sur les deux tableaux.
Nous pouvons aussi penser à Théodora qui a fini au pouvoir.
Voilà qui est très intéressant. Vous écrivez que vous ne vous intéressez pas aux récits politiques; mais toutes ces histoires, ces personnages, c’est de la politique, de la haute voltige. Lorsqu’on y songe, c’est rudement intéressant. Certains et certaines peinent pour arriver à un certain niveau de pouvoir, d’autres n’ont qu’à saisir l’occasion lorsqu’elle se présente. Nous pouvons imaginer que si Sisi avait été aux affaires, peut-être qu’il n’y aurait pas eu le massacre de 1914? Peut-être, comme la Grande Catherine elle aurait agrandit son Empire? Qui sait ce qu’elle aurait réalité? Elle s’est contentée de faire cinq enfants en six ans, puis de se réfugier dans sa petite vie personnelle pour bouder.
Les monarchies ne m’intéressent pas, je me sens si éloigné de cet univers. Par contre toutes politiques m’intéressent, surtout si ce sont des femmes comme Christiane Taubira, ou encore Golda Meir, qui en ont bavées pour arriver au pouvoir. Vous avez raison lorsque vous écrivez que les femmes en général sont plus humaines et moins guerrières lorsqu’il s’agit d’appliquer des politiques. D’autre part, je n’oublie pas qu’elles peuvent être extrêmement cruelles dans d’autres circonstances où elles doivent défendre le pain de la famille, ou bien protéger leurs enfants.
Vous avez posé deux questions à la fin de votre texte sur Sisi; deux questions importantes, très significatives, qui nous interpelle tous autant que nous sommes.
Qu’est-ce qu’être une femme?
Je répondrais que c’est d’être un humain à part entière. Être née noire et femme dans un pays où l’homme domine, comme Christiane Taubira l’aura vécu en Guyane dans les années 50, et puis après, tout au long de son parcours politiques, c’est se sortir de sa condition première afin d’évoluer, et pour le dire pudiquement; donnez l’exemple.
Que veut une femme?
Paix, liberté, et sécurité, à partir de ce seuil, tout est possible.
C’est du moins ce que souhaitait Golda Meir.
Si nous ne sommes pas satisfaits des conventions sociales, c’est à nous de les changer. Je crois au changement. René Lévesque ne manquait pas de le dire : (Le changement, il n’y a que cela qui marche), alors nous nous devons d’être les véhicules de ces changements que nous souhaitons, peut-être mieux, de ceux que nous rêvons. Évelyne Beaudin, c’est peut-être, le renouveau dans le changement, tout comme l’aura été Christiane Taubira tout au long de son existence.
Bonne fin de nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je pense tout de même que Sissi n'avait pas la dimension de la Grande Catherine. En tous cas, sûrement pas son ambition ni sa culture.

Il faut noter que Catherine a fait assassiner son mari pour conquérir le pouvoir. Elle n'avait vraiment pas froid aux yeux et j'imagine mal Sissi dans le même rôle. A sa décharge, François-Joseph était sûrement moins manœuvrable que Pierre III dont la santé mentale, voire les capacités intellectuelles, étaient, semble-t-il, déficientes.

Mais Sissi vivait en dehors du monde et de la réalité. Elle s'intéressait peu aux affaires politiques et n'était sans doute pas une intellectuelle (elle est passée à côté de l'évolution culturelle, littéraire et artistique de l'Autriche-Hongrie). Catherine II était, en revanche, une grande lectrice (passionnée par la philosophie des Lumières) qui a entretenu des contacts étroits avec Diderot.

Ses principales occupations, c'était l'équitation, le sport et les voyages. Il s'agissait en fait d'une fuite perpétuelle et elle était sans doute une personnalité très tourmentée. Elle n'était peut-être pas très intéressante en effet, trop centrée sur elle-même. A son crédit, il faut toutefois porter son intérêt et même sa passion presque incompréhensible (tant elle contraste avec le reste de sa personnalité) pour la Hongrie. Elle a finalement joué un rôle indirect important dans la relative autonomie accordée à la Hongrie dans le cadre d'un compromis avec l'Autriche ratifié en 1867.

Bien à vous,

Carmilla