samedi 27 novembre 2021

Prendre son envol

 

Une petite pause aujourd'hui en matière de portraits féminins parce que je vais évoquer un homme.

Mais un homme dont la figure est peut-être (c'est mon hypothèse toute personnelle), le contrepoint, dans l'imaginaire européen du début du 20 ème siècle, de l'image de la belle noyée. 


Disons pour simplifier qu'à cette époque, la forme du Destin tragique, ça semble, pour une femme, de se noyer et, pour un homme, de s'écraser en tombant du Ciel. Ce sont deux manières de revisiter les mythes d'Ophélie et d'Icare.

Il faut en effet rappeler que c'est seulement à cette époque que le monde moderne découvre  deux éléments naturels : l'Eau ( la mer, la natation) et l'Air (le Vol, l'aviation). Avant le 20 ème siècle, en effet, presque personne (et surtout pas les femmes) ne savait nager et ne fréquentait les plages; quant à imiter les oiseaux, presque tout le monde était convaincu qu'un plus lourd que l'air ne pourrait jamais voler.


Mais ces activités nouvelles qui s'ouvraient à l'homme n'étaient évidemment pas sans risque. Entre le premier vol d'un avion à moteur  en 1903 (les frères Wright) et la première traversée aérienne de l'Atlantique en 1919 (Alcock et Brown ou Lindbergh ?), il ne s'est écoulé que 16 ans. Mais cette courte période d'avancées techniques prodigieuses a été agrémentée d'une foule d'inconscients et de trompe-la mort, d'hurluberlus ou de génies aux commandes d'appareils approximatifs, qui, dans une belle hécatombe, se cassaient tous joyeusement la figure.


 Parmi eux, il en est un qui m'émeut profondément. Il n'a, en tous cas, vraiment rien d'un héros. Son Destin est certes tragique mais on pourra aussi juger qu'il est grotesque et risible. Il n'est pas non plus un glorieux aviateur. Plus modestement, il s'est préoccupé de confectionner un simple parachute destiné à réduire l'effroyable mortalité des meetings aériens.


Il s'agit de Franz Reichelt, un émigré tchèque provenant d'un petit village de Bohême. Ca veut dire qu'il était, à l'époque, un Autrichien comme je l'aurais moi-même été si j'étais née un siècle plus tôt.

Quelqu'un de très modeste qui est venu, à 21 ans, s'installer, en 1900 à Paris. Venant de son bled tchèque, confronté à la chatoyance de la vie parisienne, il se sentait évidemment un plouc. Et puis, il parlait à peine français et subissait l'opprobre alors jeté sur les Allemands.

Mais qu'importe, il était tailleur pour dames et croyait en sa bonne étoile dans la capitale de la mode. Il a finalement réussi à s'installer à son compte tout près de l'Opéra dans un petit salon où il recevait ses clientes.

S'il fallait dresser son portrait psychologique, on dirait qu'il était un petit monsieur, un peu perdu, timide et discret, craignant toujours d'importuner les autres. Tétanisé par les Parisiennes, ces grandes dames appartenant à un autre monde, il vivait bien sûr seul, secondé toutefois dans son travail par une employée allemande, Louise Schillmann, qui avait à sa charge une fille handicapée. A ces deux femmes, il accordait une attention et une bienveillance constantes.


 Le destin de Franz Reichelt va basculer le jour où il découvre dans la presse (en 1908) l'annonce d'un concours ouvert à tous et doté d'un prix de 5 000 francs offert à qui inventerait un parachute adapté aux aviateurs. 

Franz Reichelt se persuade alors qu'il va remporter ce concours. C'était évidemment une idée folle puisqu'il n'était ni scientifique, ni ingénieur et ne souciait d'ailleurs nullement d'acquérir une compétence technique. Il ne savait que couper et coudre des tissus mais ça lui semblait amplement suffire. Il se présente alors comme "inventeur".


 Il se met au travail avec un mètre et des ciseaux. Quelques mois de labeur aboutissent à la réalisation d'un costume extravagant à mi-chemin entre la chauve-souris et la tente de camping. Les premiers essais effectués avec un mannequin en bois se révèlent désastreux mais ça n'entame nullement la confiance de Reichelt absolument convaincu de l'efficacité de son invention.

C'est à tel point qu'il sollicite l'autorisation du Préfet de Paris pour un essai en grandeur nature depuis le 1er étage de la Tour Eiffel. Une autorisation pour un mannequin mais quand celle-ci lui est enfin donnée, il s'empresse de convoquer la presse et les journalistes pour une expérimentation réelle, le 4 février 1912, avec lui-même dans le rôle de l'homme-oiseau.

La suite, elle est bien connue. Elle a été immortalisée par les premières actualités cinématographiques réalisées par la firme Pathé devant un nombreux public. En tapant sur n'importe quel moteur de recherche "Franz Reichelt", on peut découvrir les images de l'effroyable crash qui creusa un trou de 25 cms sur l'Esplanade du Champ de Mars. La première "Mort en direct" de l'Histoire, celle d'un homme de 33 ans.

Ce petit film (durée 1mn 37s), je l'ai sans doute visualisé plusieurs dizaines de fois, comme hypnotisée. J'en ai surtout retenu 3 choses : le magnifique sourire, la confiance initialement affichée, de Franz Reichelt; la longue hésitation (40 s) avant de sauter depuis un ridicule tabouret; la passivité des spectateurs : personne ne s'interpose alors que le saut d'un homme n'était pas autorisé; visiblement, le public avait soif de sang et d'émotion.

 Tout cela me glace, me pétrifie. D'abord parce que j'ai une peur effroyable du vide, de la chute. J'ai souvent des rêves dans les quels je tombe depuis un immeuble, une montagne, un avion. Mas il ne s'agit pas d'un accident, ce n'est pas involontaire. C'est délibérément que je me jette dans le vide parce qu'il m'attire, me fascine. C'est la pulsion de Mort en moi, attrayante-repoussante.

Et puis "Franz Reichelt" incarne bien la "folie humaine", la capacité à refuser le réel, à s'illusionner envers et contre tout. A sa décharge, il a toutefois une excuse très émouvante.  Il avait en fait, semble-t-il, une motivation amoureuse. Lui, le timide étranger qui venait tout juste d'être naturalisé Français, qui vivait seul dans une petite chambre, lui qui se sentait incapable de susciter l'attention d'une femme, il espérait pouvoir conquérir, à la suite de cet exploit insensé, le cœur d'une dame, la veuve bourgeoise de l'un de ses rares amis, une Parisienne forcément inaccessible. 

Ca en dit long sur la détresse affective de beaucoup de misérables. La seule issue entrevue, c'est un véritable "geste romanesque", un acte d'amour. Un "fou d'amour" qui effectue un saut à dimension fortement sexuelle. Il est vraiment emporté par "les ailes du désir".

Mais c'est, hélas, la folie d'un pauvre homme qui a alors rencontré la folie des médias naissants, des médias déjà prêts à racoler un public avec un spectacle, quelle qu'en soit l'issue.

L'avant dernière image, c'est Cléo de Mérode, la magnifique danseuse qui faisait tourner toutes les têtes à l'époque et qui a probablement fait aussi rêver Franz Reichelt.

Ce post a été inspiré par le tout récent livre d'Etienne KERN : "Les envolés". Un livre humain qui nous immerge dans le Paris du début du 20 éme siècle.

Je recommande également de Bruno LEANDRI : "Les ratés de l'aventure". On ne parle que des exploits, jamais des échecs. Mais au total, ceux qui échouent sont aussi intéressants que ceux qui réussissent.

 

6 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!
Inspirant votre texte, et dire qu’on a appelé cela : La Belle Époque. Visite à la morgue pour regarder les morts, observer des types de jeter du haut de n’importe quoi, s’amouracher de Grandes Horizontales, pour finalement plonger dans l’horreur de la Première Guerre mondiale. Est-ce que la vie manquait de piquant pour en arriver à ce point de non retour?
Faut-il penser pour oser imaginer que les plus lourds que l’air allaient s’envoler un jour? Voir un Clément Ader, un Louis Blériot, ou un Santos-Dumont s’élancer avec leurs machines de toile et de bois, pour cahoter dans des champs qui n’avaient rien d’un aéroport, pour finalement s’élever dans l’air, de peine et de misère. Ce n’était pas tout de décoller, il fallait revenir pour atterrir. Pourtant, ce n’était qu’un début, cependant l’évolution serait rapide surtout avec l’avènement de La Première Guerre mondiale. En 1918, les avions n’avaient plus rien à voir avec ceux de 1914. On y avait cru, maintenant, on savait, et le savoir n’allait pas s’arrêter là!
Fallait quand même être timbré pour s’embarquer à bord de ce bombardier bimoteur en 1919, alors que Alcock et Brown entreprenaient au printemps 1919, la traversée de l’Atlantique Nord. Ils ont réussi, mais ils ont foiré leur atterrissage en Irlande.
Charles Lindbergh, c’est une autre histoire beaucoup plus étoffé. Il a fait construire son appareil à Santiego en Californie, puis il a traversé les États-Unis pour se rendre à New-York et préparer son voyage pour Paris. Ce n’était pas simplement de traverser un océan, c’était de relier deux grandes villes, ce qui allonge considérablement le voyage et multiplie les difficultés. Le prix de ce concours organisé par des millionnaires de la presse : $25,000. Si Alcock et Brown mirent, 16 heures pour traverser l’Atlantique, Lindbergh allait mettre 33 heures pour couvrir la distance entre New-York et Paris. Et ce fut la gloire. Il faut lire une biographie de Lindbergh, parce que la vie ne s’est pas arrêté pour lui. La gloire est très éphémère, il en a toujours été ainsi. Son jeune fils sera kidnappé et retrouvé mort. Il travaillera pour la Pan American pour ouvrir des routes. On l’avait presque oubliée en 1939, alors qu’on l’a entraîné dans cet espèce de mouvement abstentionniste, alors que 50% de la population américaine refusait que leur pays s’engage dans ce conflit. Pearl Harbor allait changer la donne et plusieurs allaient se rappeler de la prise de position de Lindbergh. Il a quand même fait son service militaire, isolé au fond du Pacifique sur un lightning P-38, le même appareil avec lequel Saint-Exupéry a disparu. Ce n’est pas parce que tu es populaire que tu peux prendre des positons hasardeuses. On se souviendra du cas de Mermoz qui a folâtré avec les mouvements de la droite dans les années 30 avant de disparaître lui aussi.
Étrange notoriété, héros un jour, zéro le lendemain. Qui est-ce qui a tué Elvis Presley et Marylin Monroe? Leur notoriété! Ils n’étaient pas assez fort mentalement pour supporter leur notoriété. Il en allait de même pour tous ces aviateurs, qui revenaient, lorsqu’ils revenaient couvert de gloire. Qui voudrait reconnaître Harmattan le blond chevalier d’Allemagne avec ses 352 victoires? Franz Reichelt, courait peut-être après la notoriété? Être reconnu de tous, riche et adulé par les Grandes Horizontales? Tout cela en valait-il la peine pour terminer au pied de la tour Eiffel? Il ne savait pas, mais il y croyait. Ce qui était le lot de plusieurs de ces pionniers en aviation. Ce qui vous permet de prendre l’avion aujourd’hui comme on embarque dans un wagon de métro, se sont tous ces gens, connus comme inconnus, qui ont fait ce que nous connaissons de l’aviation.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

D’après les photos, il a l’air pas mal comme homme Franz Reichelt. C’est vrai, si vous étiez née un siècle plutôt vous auriez été autrichienne, on dirait un sentiment de regret, de ne pas être née à la bonne époque, comme une nostalgie qui vous colle au coeur. Après la Première Guerre mondiale, c’était loin d’être la joie en Autriche. La France restait une destination désirable, et quoi qu’on en dise, elle le reste. Je ne connais pas beaucoup de français qui émigrent en Allemagne ou en Autriche, encore moins en Russie. À bien y penser ce n’est peut-être pas si mal que cela : La France! Franz n’était peut-être pas si plouc que cela. Ce qui ne signifie pas que le manque de séduction est une preuve d’imbécilité. Preuve qu’il n’était pas si mal, il a réussi à se lancer en affaire. Il avait sans doute du coeur et de la générosité de s’occuper de cette femme avec son enfant handicapé.
L’idée du parachute était dans l’air depuis l’arrivé des ballons. Il faut voir ses observateurs en ballons lorsqu’ils se faisaient mitrailler, sauter en parachute d’un ballon en flamme. Ces ballons à l’époque étaient gonflés à l’hydrogène, gaz dangereux et très volatile. Si Franz n’a pas trouvé la solution, d’autres allaient la trouver rapidement. Il n’y a rien de tel qu’une bonne crise ou une bonne guerre pour évoluer rapidement. Au chapitre des découvertes la Deuxième Guerre mondiale n’allaient pas contredire cet axiome. On allait passer de la bombe de 250kg à la bombe nucléaire. Même avant le premier conflit, lorsqu’on a la chance de mettre la main sur des journaux de l’époque et des magazines qui étaient très populaires, on constate qu’il y a comme une émulation, une frénésie d’inventions de toutes sortes.
En 1905 à Signal Hill à Terre-Neuve, tout près de St. John’s , Marconi a envoyé son premier message morse sans fil. Moteur à explosion, communication, aviation, aide à la navigation, maritime comme aérienne, ça bouillonnait. À lire les vieux documents nous sentons l’effervescence. Si jamais vous passez par St.Johns, grimpez sur Signal Hill, où l’Édifice qui servait de laboratoire à Marconi s’élève sur ce piton rocheux, cela vaut la peine. C’est de Terre-Neuve que sont partis Alcock et Brown, ainsi qu’Amelia Earhart pour leur traversée Atlantique. Lindbergh lui n’a survolé que le territoire de Terre-Neuve, qui n’était pas encore à l’époque une province canadienne, mais une colonie Britannique.
Il y a un groupe de femmes dont je voudrais signaler la contribution lors de la Deuxième Guerre. Elles œuvraient dans le (Ferry Command), qui avait été institué pour convoyer les bombardiers jusqu’en Angleterre, tous ces quadrimoteurs que produisaient les USA et le Canada. Les chasseurs qui n’avaient pas assez d’autonomie pour cette longue traversée étaient mis en boîte, et envoyé par cargo; mais les bombardiers, eux étaient réceptionnés à Montréal, puis envoyé vers Terre-Neuve où ils faisaient une escale technique pour les dernières vérifications et bourré de carburant avant le grand départ. Plusieurs de ces pilotes étaient des femmes, toujours seules à bord, où il fallait tout faire, piloter, naviguer, surveiller, et s’occuper de quatre moteurs. Bien sûr, il y a eu des pertes à cause des conditions météorologiques, ou de pannes mécaniques, n’empêche que les livraisons ont eu lieu. Se sont des bouts d’histoires oubliées. C’était sans doute moins spectaculaire que de se planter aux pieds de la tour Eiffel, mais ces aviatrices et aviateurs ont été bien utiles. Aujourd’hui, plus personne ne pense à ces humains.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Que dire des humains qui ont un goût immodéré pour la morbidité? Cela me laisse pantois. On aime bien assister en réel au spectacle de celui qui va se casser la gueule, ou bien décéder. Il faut arriver sur le lieu d’un désastre, pour voir s’agglutiner une foule, plus souvent qu’autrement, nuisible pour les secouristes et ambulanciers. Ils sont tous là à se régaler du spectacle. Cette pulsion de mort comme vous dites, attrayante-repoussante. Situation qui me dépasse. C’est étrange, lorsque je pilotais, jamais je ne pensais à la mort, encore moins à l’accident, j’étais beaucoup trop occupé par mon plaisir de voler, par ma joie d’être dans les airs. J’ai toujours été fasciné par le vol des oiseaux. Ce matin dans le ciel froid, seul un pygargue survolait la rivière bousculé par les turbulences en provenance du nord après une petite tempête de neige nocturne qui nous a laissé notre premier tapis blanc. Que voulez-vous, l’automne commence en été et se termine en hiver. J’ai suivi du regard ce pygargue énorme jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
Depuis six semaines, j’avais deux bernaches, qui venaient brouter l’herbe, la dernière avant l’hiver. C’était deux oiseaux blessés, l’une à l’aile droite, l’autre à la patte gauche. J’étais malheureux pour elles, parce qu’elles ne pouvaient plus voler. Une fois qu’elles avaient terminé leur repas, elles descendaient à l’eau pour nager en direction de l’île afin d’assurer leur sécurité. Mais, le lendemain matin, elles revenaient pour leur déjeuner. Je pense qu’elle ont été blessées par des chasseurs, mauvais coups de fusils. J’espérais toujours qu’elles s’en remettraient. À chaque matin après mon réveil je me dirigeais vers la fenêtre, et ça ne manquait jamais, elles étaient bien présentes. Plus le temps passait, plus l’automne avançait, je pensais : elles ne voleront plus jamais, elles sont condamnées. J’observais celle qui était blessée à l’aile, son aile pendait comme si elle était cassée, et jour après jour cette partie de son corps semblait se détériorer. Pourtant, elle ne renonçait pas, la vie était encore forte, elle faisait sa toilette minutieusement, nettoyant ses plumes, traînant son aile qui pendait, toujours accompagné de l’autre qui se déplaçait sur une patte. Elles n’avaient pas abandonnées la lutte. Nous pouvons être fasciné par la mort, parce que c’est notre fin inéluctable; mais il me semble que nous pourrions mieux nous accrocher à la vie, la célébrer avec ferveur. Nous ne luttons pas pour la mort, nous luttons pour la vie. Je ne rêve jamais que je tombe, pourtant je suis tombé deux fois de la toiture d’une grange. Je me suis fais brassé rudement en avion. J’ai fais des atterrissages forcés. Et, je suis toujours présent, je suis là, je suis vivant. Le soir, lorsque je me couche, je m’endors immédiatement. Comment expliquer pour essayer de comprendre, que des millions d’hommes peuvent se sauter à la gorges et se massacrer dans la boue des tranchées? Et comme le soulignait Piketty dans son dernier ouvrage, (une brève histoire de l’égalité), nous pouvons en être certain, il y aura d’autres crises et d’autres guerres. On dirait que l’humain est conçu pour fonctionner à son plein potentiel seulement dans les crises les plus graves.
C’est bien connu, les aviateurs racontent des histoires d’aviateurs. Je n’ai jamais rencontré un tel corps de métier qui parlait autant de leurs expériences bonnes ou mauvais, à part peut-être les pêcheurs dans le Golfe St-Laurent ou bien sur les Bancs de Terre-Neuve. On ne se sentaient jamais aussi vivant que lorsqu’on racontait, et le lendemain matin, on grimpait dans nos appareils et ça repartait. Maintenant que la neige est tombée, j’ignore ce que sont devenus mes deux bernaches. Sont-elles soumises à la tyrannie de l’agoni?

Toujours aussi vivant.
Bonne fin de nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

Plus fou et plus stupide, sûrement : un partisan américain de la Terre plate, Mike Hughes, est mort dans le crash de la fusée artisanale qu'il avait construite, dans le but d'atteindre 20 km d'altitude et de constater de ses yeux la platitude de la planète.

Petit article et vidéo consternante ici :

https://www.huffingtonpost.fr/entry/espace-terre-plate-mad-mike-hughes_fr_5e527ebbc5b6b82aa654613d

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Difficile de porter un jugement rétrospectif sur une époque. Transportés au début du 20 ème siècle, on jugerait sans doute insupportables les mentalités et les comportements.

Néanmoins la Belle Epoque, ça a vraiment eu une signification en France. Durant cette longue période (plus de 40 ans), la France a vraiment été à l'avant-garde dans les domaines de la recherche, de la science, des technologies et des Arts. La liberté politique, de mœurs et de pensée y était sans doute aussi plus grande qu'ailleurs. Cette prééminence française s'est ensuite, hélas, effacée.

Même en Russie, ça a été une époque privilégiée avec, enfin, le début d'une industrialisation rapide et un fort accroissement du niveau de vie.

Bien sûr que je regrette l'Autriche-Hongrie. C'était tout de même un pays riche et culturellement très évolué (probablement plus que la Prusse). Quand on constate ce que certains de ses territoires sont devenus ensuite, c'est à pleurer. Je crois qu'en Galicie, dans les années 1990 (i.e. au lendemain de 40 ans de communisme), les niveaux de vie et d'équipement de la région n'étaient pas supérieurs à celui de l'époque des Habsbourg.

Quant à la fascination humaine pour la mort, je ne sais si (à l'exception du meurtre) il faut la condamner même si elle peut revêtir des formes morbides. On la porte tous en nous mais il est vrai qu'on a tous, aussi, sa propre histoire et sa propre sensibilité à ce sujet. Je crois ainsi qu'il y a deux catégories de personnes : celles qui ont une famille et celles qui n'en ont pas. La seconde catégorie se sent moins en sécurité et est beaucoup plus anxieuse. Son rapport à la mort est forcément de plus grande proximité.

Mais c'est vrai qu'au final, ce sont les inconscients, les indifférents à la mort, qui font avancer le monde.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Je ne connaissais pas cette histoire toute récente. Il fallait quand même un certain génie technique pour construire une fusée (même défaillante) à propulsion à vapeur.

C'est ce mélange de génie et de bêtise (ou d'aveuglement, d'illusion) qui est souvent fascinant en l'homme. Le grand génie américain des échecs, Bobby Fischer, était ainsi persuadé qu'on le bombardait d'ondes magnétiques, qu'il était victime de complots du Mossad ou du KGB. Il a finalement refusé tous soins médicaux avant de mourir (il avait adhéré à l'Eglise Universelle de Dieu). Je vous conseille, vous qui aimez les "irrationnels", de lire "La folie Fischer" de Christian Carisey.

Bien à vous,

Carmilla