samedi 14 mai 2022

Complicité passive

 

Aussi étonnant que ça puisse paraître, la population russe continue de soutenir, dans son ensemble, Vladimir Poutine. Pire, elle adhère à sa thèse absurde des crimes commis par le pouvoir ukrainien sur sa population, crimes aux quels tenterait de s'opposer l'armée russe. Quant à cette armée, les défections y sont, finalement, peu nombreuses, preuve que le moral tient. Pas de doute, la propagande de Poutine, aussi grossière et surréaliste soit-elle, fonctionne plutôt bien. 

C'est d'abord lié à un apolitisme assez général de la population russe. Depuis longtemps, depuis toujours (?), elle a choisi de ne pas se sentir concernée par les affaires publiques, de se recroqueviller sur la sphère privée. On se replie sur soi, sur son univers proche, la famille et les voisins. On subit souvent mais on a appris à endurer. Avec le temps, les choses finissent toujours par se tasser, dit-on.

Et puis, pour encore plus de tranquillité, on préfère donner son soutien, même sans ferveur, aux dirigeants en place. C'est d'abord facilité par la conviction générale des Russes d'être l'incarnation supérieure des Slaves parce qu'ils seraient porteurs d'une spiritualité et d'une civilisation millénaires. 

Les autres, ce ne sont que des succédanés que l'on déteste plus ou moins. Sur l'échelle de la haine russe, il y a ainsi, au sommet, les Polonais. Un symbole : Vladimir Poutine, toujours en mal d'absurdités historiques, a ressuscité, en 2005, la fête tsariste de l'unité nationale russe (4 novembre), commémorant la libération de Moscou des envahisseurs polonais. Pourquoi pas ? Sauf que cette libération date tout de même de 1613. Et puis, on accuse maintenant la Pologne de vouloir restaurer l'ancienne République des deux Nations et donc de réannexer l'Ukraine. 

Après les Polonais, qu'on déteste mais redoute tout de même, viennent les Ukrainiens. Eux, ils ne sont pas vraiment nos égaux, ils ont toujours été des esclaves, des paysans, des simplets; d'ailleurs on les appelle des bottes de foin (des khokholy, par analogie avec les meules très verticales des Carpates, évoquant une forme humaine). Viennent ensuite les Slovaques, les Tchèques, les Slovènes qui sont quantités négligeables et trop germanisés. On commence à aimer un peu les Croates et les Monténégrins et on apprécie franchement le Serbes et les Bulgares qui nous vouent reconnaissance éternelle.

Cette fâcheuse mégalomanie explique évidemment le manque de compassion pour les Ukrainiens, des frères peut-être mais tout de même d'un rang inférieur. Comment d'ailleurs s'apitoyer sur des "bottes de foin"? L'humour n'est pas toujours drôle, il est souvent discriminant et déshumanisant.

Mais je ne veux pas davantage accabler les Russes. La principale raison affichée de leur soutien à Poutine, c'est qu'il aurait rétabli l'ordre en Russie et permis à la population de retrouver fierté (on est puissants, on nous respecte) et prospérité économique (même si c'est surtout lié à l'envolée des cours des matières premières et si ça n'a concerné que les grandes agglomérations).

En effet ! Mais ça me rappelle les propos du grand cinéaste allemand Volker Schlöndorff qui racontait qu'au lendemain de la chute du nazisme, la majorité des Allemands estimaient que si Hitler n'avait pas fait la guerre, l'exercice de son pouvoir aurait été positif pour l'Allemagne et on le considérerait même, aujourd'hui, comme un grand homme politique. 

Une terrible manière de s'absoudre, de se mentir à soi-même et aux autres. Mais quel comportement aurait-on nous-mêmes si on vivait dans l'Allemagne nazie ou la Russie de Poutine ? Impossible, bien sûr, d'apporter une réponse tranchée mais est-ce qu'on ne préférerait pas qu'on nous fiche la paix, quitte à devenir complices par passivité ?

L'une des clés de compréhension du dilemme est fournie, je crois, par le livre "Les désarrois de l'élève Törless" de Robert Musil. C'est l'histoire d'un jeune homme qui fréquente, au début du 20ème siècle, un internat autrichien austère et huppé. Il y côtoie des élèves sages et disciplinés le jour qui se transforment ensuite en tortionnaires sadiques et pervers avec un collègue doux et tranquille. Törless choisit d'abord de ne rien faire et il assiste passivement aux sévices exercés. Quand il se décide enfin à intervenir auprès des enseignants, il est trop tard. La direction du Lycée le juge alors lui-même trop sensible et intellectuel.


 Ce bouquin m'avait remuée parce qu'au lycée, j'avais moi-même été témoin de séances odieuses de harcèlement par des meutes crapuleuses, ivres de meurtre psychologique. Mais je n'avais rien fait. Il est vrai que j'étais très hautaine à l'époque, je détestais les clans, les groupes, je me considérais vraiment "au dessus de la mêlée". C'était peut-être pour me protéger moi-même mais je me rends compte aujourd'hui que mon indifférence était presque criminelle. On peut tuer avec des mots, de simples moqueries, des plaisanteries, . Oserais-je le dire ? Je déteste ainsi, en France, cette manie du persiflage, tellement prisée dans les milieux "cultivés".

Comment se transforment des gens normaux en criminels de masse ? Il semble que ce que l'on appelle le conformisme de groupe joue un rôle déterminant. C'est la crainte de se faire remarquer, de croiser le regard réprobateur des autres. C'est surtout l'effort, la difficulté, d'une simple affirmation de soi-même, de sa singularité, dans un contexte où toutes les valeurs sont bouleversées.

Etre non-conformiste, ça devient au-dessus de nos forces. On trouve plus facile de suivre les autres. Surtout parce qu'on a l'impression que si on se met en retrait, on laisse aux autres le "sale boulot". On devient "planqué", asocial. On est condamné à la solitude. Confrontés à cette perspective, on a, tout à coup, peur de trop perdre, de se retrouver complétement isolés.


 Comment secouer cet effrayant poids du groupe ? Ceux qui y sont parvenus, ce sont ceux qui ont su faire preuve d'une capacité de désobéissance. Une capacité de désobéissance qui, comme le précise Pierre Bayard ("Aurais-je été résistant ou bourreau ?"), est d'abord une capacité à sortir du cadre imposé par la société. 

Et ça ne signifie pas simplement bouleverser cette société qui nous entoure, mais ça implique surtout de se transformer, de se recréer soi-même. Notre moi social n'est probablement qu'un moi étriqué. En chacun de nous, il y a sans doute un autre moi. Il s'agit donc de se réapproprier la plénitude de notre personnalité en ayant le courage d'emprunter une déviation, une bifurcation, par rapport aux chemins prescrits.

 Œuvres du peintre Maryan (Pologne/USA 1927-1977) que l'on redécouvre aujourd'hui et qui fait l'objet de plusieurs expositions à Paris. Une peinture tourmentée, absolument dérangeante, qui n'a que faire des normes du joli et du bon goüt. Curieusement Maryan refusait, avec véhémence, qu'on la mette en relation avec son expérience du camp d'Auschwitz.

La 5ème et la 6ème images ne sont cependant pas de Maryan. J'ai évoqué que les Russes traitaient les Ukrainiens de "bottes de foin" (« khokhol », хохол). De leur côté, les Ukrainiens (et les Polonais) appellent les Russes des "katsapés" (каца́п en ukrainien et kacap en polonais). Ca signifie des boucs, par analogie avec les barbes qu'ils arborent.

Quant à l'affiche ukrainienne, elle dit: les 10 commandements à une jeune fille. 7ème commandement: ne jamais s'enticher d'un Katsap.

Mes conseils de lecture :

- Giulano Da EMPOLI : "Le mage du Kremlin". Les livres écrits par des non-Russes sur la Russie, je suis généralement réservée. J'y détecte tout de suite plein de clichés. Mais ce bouquin, inspiré par Vladislav Sourkov longtemps éminence grise de Poutine, a une réelle qualité d'écriture et est assez convaincant même si Poutine est plutôt présenté comme un chef mystique (alors que d'autres sources le présentent généralement comme un médiocre et inculte bureaucrate du KGB).

- Evgenia BELORUSETS: "Il est 15 H 30 et nous sommes toujours vivants". J'ai déjà évoqué Evgenia Belorusets. Il s'agissait d'un blog maintenant publié en français. La vie quotidienne à Kyïv, entre horreur et grâce, depuis le 24 février. Une approche incarnée et l'impossibilité de concevoir la guerre, un guerre tellement ahurissante.

-Tetiana ANDRUSHCHUK et Danièle GEORGET : "Dictionnaire amoureux de l'Ukraine". Il y a encore peu de temps, je n'osais pas dire que je venais d'Ukraine parce que ça ne disait absolument rien. Je racontais plutôt que j'étais Russe ou Polonaise. Triste bénéfice de la guerre: à peu près tout le monde a maintenant entendu parler de Marioupol, de Kharkiv, de Lviv, d'Odessa, de Tchernigov. C'est au point que les éditions Plon viennent de sortir, dans leur excellente collection des "Dictionnaires amoureux", ce volume consacré à l'Ukraine, son histoire, ses écrivains, ses artistes. Je recommande absolument ce livre pas du tout ennuyeux et bien fait. Quelques omissions étonnantes toutefois : Isaac Babel, Vassili Grossman, Bruno Schulz, Sacher Masoch. 

Enfin, je pars la semaine prochaine à Istanbul. Je devais y être le 2 janvier dernier. Bien des choses ont changé depuis cette date. C'est notamment devenu une ville refuge pour des Russes et, dans une moindre mesure, pour des Ukrainiens. Décidément, on a du mal à échapper à ses origines. Pas de post donc la semaine prochaine mais, bien entendu, on peut toujours m'écrire.

8 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!
J’écoutais ce matin une entrevue de Céline Galipeau, chef d’antenne de Radio Canada, avec la débuté Ukrainienne Lesia Vasylenko, qui affirmait qu’on ne pouvait pas reculer devant les sacrifices à faire, elle a évoqué en autre, les viols commis par les militaires russes, les meurtres de civils, les destructions. Elle a souligné avec une franchise désarmante, que les viols vous marquaient pour la vie entière. Qu’il valait peut-être mieux mourir que d’être violé. Au coeur de Kiev, l’une devant l’autre dans un parc de la ville de Kiev, sous un soleil éclatant, nous pouvions sentir l’émotion. Madame Galipeau, grande reporter international qui en a vu beaucoup dans sa fabuleuse carrière, pour l’une des rares fois, est venue sur le bord des larmes. Vasylenko continuait de raconter de sa voix calme, dans son excellent français, l’état actuel de la situation en Ukraine. De ce calme, transpirait sa détermination. La voilà la différence entre les Ukrainiens et les russes.
Les Ukrainiens, la semaine dernière, ont bloqué une tentative russe de traverser la rivière Donetsk en établissant une tête de pont. Comment, ont-ils effectué ce coup? Tout simplement en improvisant, en prenant des initiatives. Il semblerait que le bataillon russe a subi des lourdes pertes. Les photos satellitaires sont très évocatrices.
Deux exemples pour corroborer votre sujet de la semaine. Comment des peuples peuvent accepter et soutenir de telles actions? Je doute du soutient de Poutine dans la population russe. Celui qui règne par la terreur récolte toujours le mensonge, ce qui est et fut le lot de bien des dictateurs. Je m’explique mal comment nous sommes toujours surpris par l’effondrement de tels régimes? Oui, les gens suivent, puis font semblant de suivre, enfin comme vous le soulignez, ils finissent par se réfugier dans leur famille, dans leur petit milieu, dans une totale indifférence. Il est facile de suivre le troupeau pendant un bout de temps, puis discrètement de lui tourner le dos, lorsque le vent tourne et que la situation se détériore. Je souligne, par expérience, qu’il y a beaucoup plus de suiveux dans toutes nos sociétés, que de libres penseurs. Voilà pourquoi, je me méfie des grandes manifestations, des foules en colère, des grands défilés militaires, des idéologies mur-à-mur. Votre exemple du livre de Robert Musil est très évocateur. Pour reprendre vos mots; serions-nous devant des meutes crapuleuses ivres de meurtres, dans le genre assouvissement de bas instincts bestiales où la psychologie s’est évaporée depuis longtemps?
« Comment se transforment des gens normaux en criminels de masse ? » Je me pose cette question depuis longtemps. J’ai tellement peu de réponse, que j’en suis arrivé à me demander : Mais, qu’est-ce que des gens normaux? Et, qu’est-ce que la normalité? À quoi pensait Vadim Shishimarin, jeune soldat russe âgé de 21 ans qui passait devant des juges Ukrainiens la semaine dernière pour meurtre de civils? Maigre, l’air absent comme si tout cela ne le regardait pas, pas plus émotif qu’une pierre. C’est cela le soldat russe? Un pauvre conscrit malheureux, qui finalement se défoule de toutes ses frustrations sur un champ de bataille en assassinant des civils. Il n’est pas le seul à avoir agit ainsi.
Je reprendrais ici cette phrases lu hier soir :
« L’indépendance d’esprit, sur cinquante mille ans de guerre perpétuelle, est une grâce sans cause. »
Pascal Quignard, Sur le jadis, page 24.
Bonne nuit Carmilla et surtout bon voyage!

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

Pierre Lorrain, dans son livre sur l'histoire de l'Ukraine (remarquable, d'ailleurs), évoque le mot "Khokhol".
Je cite : "Les Russes, de leur côté, traitent les Ukrainiens de Khokhols, par référence à la coupe de cheveux des Cosaques : tête rasée sauf une longue mèche (tchoub ou khokhol) sur le sommet du crâne."

Je ne me prononcerai évidemment pas là-dessus...

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Outre les crimes de civils, il y a bien sûr les viols commis en masse par l'armée russe. C'est toute une éducation, ou plutôt une absence d'éducation, qui ressort. Il est d'ailleurs à noter que la population russe d'aujourd'hui ignore généralement tout des exactions commises par l'Armée Rouge durant l'invasion de l'Allemagne.

Ne pas voir, ne pas savoir, c'est souvent l'attitude de repli qui est choisie. Mais ce ne sont pas seulement les Russes qui se comportent ainsi. A l'Ouest même, beaucoup de gens continuent de soutenir les Russes. Je m'en rends compte en écoutant les conversations ou en consultant les réseaux sociaux. Il n'y a pas du tout unanimité dans la condamnation. Il est vrai que ça se combine avec un anti-américanisme prononcé. Ca rejoint aussi cette idée que si Hitler n'avait pas fait la guerre, ça aurait été bien, il aurait été un grand chef.

Oui ! En ce moment, l'armée ukrainienne enregistre des succès. Kharkiv est ainsi mise à l'abri des bombardements. Quant à la traversée aventureuse de la rivière, ça semble, en effet, avoir été un véritable "carnage". Mais le mouvement peut-il se poursuivre ? Le risque, c'est l'enlisement dans une guerre très longue de tranchées qui pourrait convenir à Poutine. Il adore les situations "pourries" (Georgie, Transnitrie, Donbass). Ce serait une autre manière d'entretenir le désordre et la misère matérielle en Ukraine, de mettre obstacle à ses aspirations démocratiques et de développement économique.

Quant à mon voyage en Turquie, c'est un autre problème. Voilà encore un pays d'explosion du nationalisme. Quelle plaie !

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Si vous en avez la possibilité, je vous souhaite vivement de vous rendre dans les Carpates. Les polonaises sont les plus faciles et les mieux équipées pour accueillir des touristes. En Ukraine, c'est beaucoup plus spartiate. Mais dans cette région de l'ouest de l'Ukraine, l'association est bien faite entre ces curieuses meules de foin et les Ukrainiens. Je ne vous garantis pas cependant qu'à Moscou, tout le monde parle de khokhol à propos des Ukrainiens, mais d'une manière générale, on les considère comme des benêts, des simplets, d'anciens esclaves.

S'agissant de Pierre Lorrain, j'ai reparcouru son livre ce week-end. Je me souviens aussi de nombre de ses articles. Sa vision m'apparaît quand même trop "historiciste", pas assez culturelle, littéraire, artistique. Pour moi, l'Ukraine, c'est plutôt d'abord ça. De ce point de vue, le récent "Dictionnaire amoureux de l'Ukraine" pose bien la question de l'ukrainité, de sa signification, de sa culture.

Enfin, le point de vue de Pierre Lorrain est, tout de même, très russo-centré et il y a bien des points de vue que je ne partage pas. On a complétement effacé ça, mais l'Ukraine, c'est aussi, dans toute sa très grande partie Ouest, la Pologne et l'Autriche-Hongrie (ce n'est pas seulement la Russie). Je puis vous assurer que ces influences majeures n'ont pas du tout disparu et il faut peut-être les rappeler.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Je progresse dans le livre de Pierre Lorrain, et je ne trouve pas du tout qu'il minore les influences polono-lituaniennes et autrichiennes, au contraire. Cette dualité de destins et de parcours historiques entre les différentes parties de l'Ukraine me semble constamment rappelée et analysée. Ce qui est frappant, c'est la complexité du processus de formation d'une identité nationale.
Les nations n'existent pas de toute éternité, elles se forment (ou pas) au travers de long processus.

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

Carmilla vous avez une opportunité en or d’aller glaner des informations en Turquie, ce qui va étoffer votre réflexion et sans doute la nôtre. Ça promet d’être très intéressant, juste de savoir comment vivre les Ukrainiens et les russes, et ce qu’ils pensent de la situation.

On le sait, elle n’est pas très fiable la Turquie. Ce n’est pas très habile diplomatiquement de s’opposer à la venue de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN. Erdogan en voilà un autre qui protège son petit royaume. Personnellement tant que le Bosphore est fermé aux navires militaires russes, ça fait l’affaire des occidentaux et des Ukrainiens.

Je fais le même constat que vous, moi aussi il y a des gens de mon entourages et des voisins qui sont contre cette guerre. Ces grands amateurs de jouets énergivores comme les motos, les voitures de luxes, les gros camions, les hors-bord, et les motos marines, protestent contre les prix élevés des énergies, surtout du pétrole.

En général se sont les mêmes personnes qui s’opposaient aux mesures sanitaires l’hiver dernier. Mais, elles ne forment pas une majorité, et il sera intéressant de suivre les élections législatives en France en juin. Vous en avez quelques-uns dans ces groupes qui sont favorables aux russes. Bien sûr ça parle fort au bistro, ou devant la table de la cuisine, publiquement ils sont plus gênées. Où en serait l’Ukraine si les américains n’étaient pas présent à l’OTAN?

J’abonde dans le sens de Lesia Vasylenko. Il faut en finir le plus rapidement possible pour imposer ses conditions qui sont rien de moins que le retour aux frontières d’avant 2014, compensations pour les dommages physiques, pour ceux qui ont perdu des proches, et surtout pour ceux qui ont subi des dommages physiques, qui seront infirmes pour les restant de leur existence. Finalement, payer pour la reconstruction. Rien de moins.

Pour l’heure, les Ukrainiens semblent bien se débrouiller. Ils frappent fort. Sèment la terreur sur les lignes de ravitaillement russes. Il faut absolument qu’ils maintiennent la pression. Il faut installer la peur dans le cerveau du soldat russe. Vasylenko en a fait mention, ce qu’elle craint le plus c’est qu’une certaine lassitude s’installe chez les Ukrainiens, il ne faut pas, se serait à la fois regrettable et mortel.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Sans doute mais je rappelle que j'ai simplement parcouru très rapidement ce livre. Je me trompe donc peut-être. J'ai surtout le souvenir d'articles publiés dans la presse, avant la guerre, dans lesquels Pierre Lorrain reprenait largement les thèses russes avec la pression de l'Otan, les ambitions polonaises et la discrimination des russophones.

Mais c'est vrai que ce bouquin est quand même honnête et bien documenté et même érudit. Mais faire l'histoire d'un pays, c'est toujours exprimer un point de vue. C'est sûr que ma présentation (à supposer que j'ai les compétences nécessaires) serait bien différente mais j'ai une vision Ukraine de l'Ouest beaucoup moins russe et davantage polonaise et européenne. En fait, il y a un partage entre la zone à l'Est du Dniepr et celle à l'Ouest. J'avoue qu'hormis Kharkiv et ses environs (que je connais néanmoins assez bien), je n'ai jamais mis les pieds à l'Est. Et curieusement d'ailleurs, les Ukrainiens n'ont pas trop le souci de faire du tourisme dans leur pays.

Mais je vous conseille de vous rendre un jour dans le pays quand ce sera possible pour vous y faire vous-même votre opinion. Mais au vu des événements, c'est un projet qui risque d'attendre de longues années avant de pouvoir aboutir.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je pars demain matin (ce qui explique que, contrairement à mes habitudes, je vous réponds en soirée).

La Turquie est en effet un pays qui peut inquiéter. Il a, lui aussi, l'ambition de redevenir un Empire. Mais avec des territoires différents de ceux de l'ancien Empire Ottoman. Allant plutôt jusqu'en Ouzbékistan, via l'Azerbaïdjan et le Turkménistan.

Je suis fascinée, comme vous, par ces personnes disposées à adopter les thèses les plus absurdes ou à se réfugier dans une indifférence complète.

Quant à la contre-offensive ukrainienne, je viens de lire un article dans "le Monde" exprimant des doutes sur les capacités ukrainiennes réelles. Ils ne disposent pas de suffisamment d'armes offensives, des chars et des avions notamment. Le plus probable est donc l'enlisement mais c'est une situation que l'économie ukrainienne ne pourra pas supporter longtemps. Le risque de la lassitude devient alors très grand.

Mais il est vrai aussi que les Ukrainiens ne sont aujourd'hui pas disposés à arrêter tant qu'ils n'auront pas récupéré toutes leurs terres (y compris la Crimée) et obtenu des réparations de la part de la Russie. Il y a eu trop de crimes pour envisager un compromis.

Bien à vous et à bientôt,

Carmilla