samedi 28 mai 2022

Le nomade et le sédentaire

 

J'ai déjà évoqué mon goût pour les voitures de sport.

C'est petit bourgeois, c'est de la frime, me direz-vous.

Sans doute ! Mais, de la part d'une femme, ça demeure aujourd'hui inhabituel et disruptif et sans doute sexy. Et puis, je n'utilise pas ma voiture pour des motifs utilitaires, faire des courses ou aller à mon travail, mais simplement pour "bouffer" des kilomètres, tracer mon chemin à toute vitesse, changer sans cesse d'horizon, de quotidien, d'environnement. Je pense parfois à mon ancêtre Carmilla la vampire qui se déplaçait toujours à bride abattue en magnifique équipage.

Mais la bagnole, c'est de plus en plus déprécié aujourd'hui surtout dans les milieux intellos. Ça n'intéresserait plus que les beaufs et, surtout, c'est scandaleusement anti-écolo. On a complétement oublié qu'à ses débuts, l'automobile, ça a été un extraordinaire instrument de liberté et d'émancipation. Ça a consacré le réveil de cet esprit nomade si souvent réprimé mais qui subsiste, très fort, chez beaucoup d'entre nous. Se détacher enfin de sa ville natale, pouvoir découvrir d'autres lieux, d'autres gens.

Quand j'étais gosse, je déclarais à mes parents : "Quand je serai grande, je serai romanichelle". Ça les faisait rigoler mais il faut dire que, dans les anciens pays communistes, ça n'était pas complétement insensé. Les nomades y bénéficiaient d'un statut spécial en conservant une liberté de circulation entre pays. Ça leur permettait de se livrer à de multiples petits trafics dont ils vivaient, matériellement, fort bien, beaucoup mieux, du moins, que les travailleurs socialistes. 


Au delà de mes élucubrations de gamine, les anthropologues s'entendent généralement pour penser qu'il y a, dans l'histoire de l'humanité, une opposition atavique entre les nomades et les sédentaires. Ou plus précisément, une répression souvent féroce, voire une persécution, des itinérants, des nomades, par les gens établis, les sédentaires.

Être sans domicile fixe, c'est un délit majeur qui vous vaut d'être traité comme un repris de justice en vertu d'une réglementation infâme et infamante. "Stationnement interdit aux nomades", affichait-t-on, jusqu'à une époque récente, à l'entrée des villages français.

Cette haine du sédentaire envers le nomade, on la retrouve d'ailleurs dans la Bible avec la querelle d'Abel et de Caïn et le récit du premier assassinat de l'histoire humaine. Abel était berger, c'est à dire nomade et Caïn laboureur, c'est à dire sédentaire. Caïn sera maudit pour son meurtre et il ira se fixer dans un autre lieu, une ville, la première de l'histoire, qu'il fondera. C'est alors le début de l'histoire des paysans qui fuient la misère et la dureté des campagnes pour alimenter le prolétariat urbain.

Ce conflit Abel/Caïn, c'est celui de deux types de sociétés humaines. Il y aurait ainsi eu, au néolithique, une véritable révolution anthropologique au cours de laquelle on serait passés de groupements très lâches de chasseurs-cueilleurs à des sociétés, beaucoup plus organisées, d'agriculteurs (ou horticulteurs). 

Et ce développement de l'agriculture, ce serait  la naissance du monde moderne : stable, sédentaire, mais aussi beaucoup plus coercitif avec l'introduction d'un appareil de Lois répressives et l'exercice d'un pouvoir politique. Avec l'agriculture, finie la vie paisible et libre. On doit désormais se plier à de multiples contraintes et rentrer dans une organisation du travail. Surtout, avec la naissance de l'agriculture, un poison mortel va se répandre entre les hommes, celui des inégalités accompagnées des jalousies et des haines.


Beaucoup d'ethnologues vont alors jusqu'à exprimer une véritable nostalgie pour ces "sociétés primitives" des chasseurs-cueilleurs.  Des sociétés plus libres, plus égalitaires, incarnant un véritable Eden perdu.  C'est au point que redevenir nomade, c'est maintenant s'affirmer "moderne" en empruntant un nouveau mythe littéraire (Arthur Rimbaud) ou philosophique (Gilles Deleuze).


Là dessus, je n'ai évidemment pas d'opinion tranchée. J'ai, personnellement, sans cesse besoin d'ailleurs, de bouger, de changer. Cela pour me remettre en question, découvrir de nouveaux points de vue. Mais de là à devenir une véritable nomade... 

J'observe surtout que les sociétés nomades ne sont, paradoxalement, surtout pas révolutionnaires. Elles sont même archi-conservatrices, empêtrées dans le respect absolu de leurs traditions. Elles détestent en fait l'Histoire et ses bouleversements, elles se révèlent d'un incroyable statisme. L'Art, la création, ne sont pas non plus leur fort. On a même le sentiment que leur souci premier est de ne laisser aucune trace dans la mémoire des hommes, de ne transmettre aucun legs. Pour comprendre cela, il faut aller à Karakorum, l'ancienne capitale de l'Empire mongol qui a jadis dominé le monde mais dont il ne subsiste aujourd'hui à peu près rien.

"Le romantisme d'une conscience nomade libre de toute attache, que n'emprisonnent ni les murs ni les exigences inéluctables du sol à cultiver, est aussi peu substantiel que le vent" (Stanley Stewart).


Images d'affiches automobiles du début du 20 ème siècle (à l'exception de la première, publicité récente de BMW). Tableaux également de Vincent Van Gogh (les roulottes), William Blake, Picasso et Paul Gauguin. L'automobile, c'est aussi l'évocation de Francis Scott Fitzgerald (Gatsby le magnifique) et d'Isadora Duncan tragiquement étranglée par sa longue écharpe.

Concernant la pensée nomade et les chasseurs-cueilleurs, je recommande :

- Gilles Deleuze : "L'Anti-Oedipe". Un livre prophétique, d'une écriture fascinante, que j'ai maintes fois évoqué. 

- Michel Tournier : "Le Roi des Aulnes". Un ami de Gilles Deleuze. Un livre qui a plus de 50 ans que j'ai lu alors que j'étais en Turquie. Michel Tournier tombe aujourd'hui un peu dans l'oubli. Mais ce "Roi des Aulnes" (de même que "les météores") est incroyablement moderne et novateur. L'a-t-on vraiment compris quand il a été publié ? Et aujourd'hui même, il ferait vraiment scandale.

- Marshall Sahlins : "Age de pierre, âge d'abondance". Un grand classique de la littérature ethnologique. Sahlins y déconstruit le mythe du "sauvage" luttant pour sa survie. Il montre que les chasseurs-cueilleurs trouvaient au contraire aisément leur subsistance, ce qui leur laissait beaucoup de temps libre et leur permettait de se consacrer à des activités sociales et culturelles.

- Christopher Ryan : "Civilisés à en mourir - le prix du progrès". Un livre d'anthropologie tout récent. Comment notre prétendu progrès dégrade nos façons de vivre. Un livre de bout en bout contestable mais d'une lecture facile et qui nous interroge tous. 

Alain Testart : "Les chasseurs-cueilleurs ou l'origine des inégalités". Un livre remarquable, très documenté, qui vient d'être réédité en poche. Un grand classique qui démonte complétement cette idée commune que l'invention de l'agriculture serait au fondement des inégalités. Les peuples de chasseurs-cueilleurs ont souvent, également, édifié des sociétés stratifiées.


7 commentaires:

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla!
Vocation nomade?
Il a bien fallu un jour descendre de l’arbre pour explorer les environs, sans doute que ce valeureux ancêtre est remonté dans les branches à plusieurs reprises avant de quitter définitivement ce royaume arboricole, qui lui assurait une aléatoire sécurité. À l’exemple de d’autres primates, il aurait pu en rester là. Les mots nomade et sédentaire n’auraient jamais vu le jour, pas plus que l’agriculture et encore moins l’automobile. Le nomadisme s’est imposé dans la chaîne de l’évolution avant d’arriver à l’agriculture quelques milliers d’années plus tard. Ce ne fut pas une mince affaire que d’aller errer à la recherche de sa nourriture et surtout d’assurer sa sécurité. La vie de nomade n’avait rien de romantique contrairement à ce que nous sommes venus à concevoir comme une liberté totale, sans responsabilité. L’existence du nomade n’était peut-être pas aussi facile que ne le laisse savoir certains érudits, comme en autre Harrari, dans sa brève histoire de l’humanité. Il fallait parcourir des distances énormes à pied. Changer de territoires lorsqu’on avait épuisé les ressources. Fuir devant le danger. Être à L’affût continuellement. La vie de nomade n’avait rien de reposant. Jusqu’au jour où quelqu’un a laissé tomber des graines sur le sol et qu’une plante à sorti de terre pour donner des fruits qu’on avait déjà mangés. Je me demande combien cela a pris de temps avant que les humains fassent ce lien entre cause et effet? Peut-être qu’il fallait errer pour en arriver à l’agriculture. Cependant, nous étions encore loin d’avoir réglé tous nos problèmes. J’ajouterais que nous n’en sommes pas encore tout à fait sortis. L’évolution c’est rudement passionnant!

Je me considère privilégier, j’aurai vécu au cours de ma vie les deux états, nomade puis sédentaire, à certaines périodes je mélangeais le tout selon les saisons. Pendant une longue période, j’ai pensé que le nomadisme était supérieur à la sédentarité pour finalement en tirer une conclusion que ces deux états étaient à somme nulle. L’un vaut l’autre et jouer sur les deux tableaux peut être grisant. L’incertitude du nomade peut être angoissante. La sécurité du sédentaire peut-être paralysante. Aucun n’est paradisiaque, c’est simplement la vie qui coule avec ses bons et mauvais coups. Ce qui est intéressant, c’est que notre ancêtre n’est pas remonté dans l’arbre.

Je ne vais pas souvent en ville, mais je m’intéresse à la ville, surtout lorsqu’on débat sur les transports en commun. Ici dans ce vaste pays, si tu n’habite pas une grande ville, il faudra te débrouiller dans ton coin de pays avec un véhicule. C’est essentiel pour se déplacer car il n’y a pas de transport en commun interrégional, c’est une question d’autonomie pour se ravitailler en nourriture, en carburant, pour recevoir des soins de santé. On peut comprendre que les Québécois et les Canadiens sont individualistes parce que chacun possède un véhicule. Je souris lorsque j’entends les dictateurs de la vertu essayer de nous convaincre de délaisser nos véhicules. Je suis bien ouvert pour recevoir des propositions intelligentes et réalistes. Fumistes s’abstenir! Au fait j’y pense, combien de litres au cent kilomètres pour un T72 qui se déplace en Ukraine présentement?
Bonne nuit Carmilla.
J’espère que vous avez fait un beau voyage…
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

J'observe que l'esprit nomade et l'esprit sédentaire sont très inégalement répartis selon les individus. Beaucoup de gens sont très casaniers.

Même le développement énorme du tourisme n'inverse guère la tendance parce qu'il s'agit majoritairement de séjours ultra encadrés dans le cadre des quels vous êtes débarrassés des soucis logistiques et de communication. C'est tout de même plus compliqué quand on ne comprend pas la langue du pays et qu'on ne sait pas où on va dormir le soir.

J'ai du mal, également, à croire que l'humanité nomade était heureuse. C'est largement une mythologie contemporaine. Mais c'est vrai aussi que nos sociétés entretiennent une méfiance envers les nomades. Les partis totalitaires, le nazisme en particulier, se sont édifiés là-dessus. C'est l'idéologie des terres ancestrales (que reprend un Poutine).

Quant aux villes, elles ne sont pas complétement attachées à la sédentarité parce qu'on y découvre de nouvelles formes de liberté, celles liées à l'anonymat, qui permettent de multiples découvertes.

Aujourd'hui, en effet, il est de bon ton, de critiquer l'automobile, de souhaiter sa disparition. Mais c'est oublier l'extraordinaire liberté individuelle que procure une automobile. C'est aussi un instrument de découverte du monde. En Union Soviétique et dans les pays communistes, il y avait peu d'automobiles. Ça avait pour conséquence que les gens connaissaient, de ce fait, très mal leur pays, sa géographie, ses populations. Ça se limitait aux grandes villes mais les provinces, la campagne, étaient ignorées, complétement isolées.

Quand à Istanbul, j'en parlerai bientôt quand j'aurai pu sélectionner quelques unes de mes photos.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla!

Il appert que les sédentaires dans leur très grande majorité envient les nomades, mais ils n’osent pas franchir leurs propres limites pour passer en mode nomade. Pour ces derniers, lorsque la faim les dévore, ou bien que la couche est inconfortable, ils rêvent d’un peu de confort, un retour à la civilisation. Est-ce que l’humain demeure cet éternel insatisfait? Nous rêvons tous de quitter le nid, et lorsque nous l’avons quitté nous rêvons d’y revenir. Ce qui nous apparaît comme une faiblesse s’inscrit pour moi dans cette évolution, qui nous force à rechercher quelque chose que nous ignorons, ce qui se transforme en en possibilité de découvertes, qui stimule cette évolution. Chaque geste que nous posons, c’est peut-être quelque chose qui se produira, dont nous ignorons pour le moment la réalisation. En éternel insatisfait, nous rêvons de d’autres choses. C’est peut-être pour cette raison que le nomadisme fait tant rêver, surtout pour les casaniers qui bougent si peu.

Mon ami et voisin Alfred, tout au cours de sa vie, ne s’était jamais déplacé à plus de 60 kilomètres de sa ferme. Partir pour Coaticook, Victoriaville ou Saint Hyacinthe tenait plus de l’aventure que du voyage pratique. Il s’y préparait plusieurs jour à l’avance, essayait de tout prévoir, vérifiait son argent, l’aventure commençait bien avant le départ. C’était l’histoire d’une seule journée, mais quelle journée! Il fallait revenir pour la besogne du soir à l’étable. Pourtant, Alfred était un homme curieux de tout, et malgré son peu de niveau d’instruction, il avait développé des habiletés hors du commun. Souvent je le regardais partir avec son vieux camions et je pensais : pourvue qu’il ne tombe pas en panne. Mais, Alfred revenait toujours, avec des nouvelles têtes de bétails, une portée de cochonnets, un chien errant, peu importe, il avait fait le tour de son monde, il en parlait d’abondance, mais il n’était pas prêt de repartir. En l’observant en silence, je me disais que s’il avait été relégué à cette époque des hommes préhistoriques, il n’aurait été aucunement dépaysé. J’étais tout son contraire, le monde n’était jamais assez vaste pour moi et pourtant dans cette grande différence nous parvenions à travailler ensemble. Il m’arrivait de conduire son vieux camions ce qui tenait plus du pilotage aléatoire que de la conduite proprement dite. Alfred n’a jamais possédé de camion neuf. Il était le sédentaire très attaché à sa ferme. J’étais l’oiseau sur la branche.

D’autre part, j’allais connaître au cours de ma vie, les Montagnais un peuple de nomade au nord du Québec. Ce qui était tout le contraire de mon ami Alfred. Ils étaient souvent en déplacement, possédaient très peu et pour cause, il fallait tout déplacer à dos d’homme et en canot, pister le caribou, ménager la farine, pêcher, prévoir, même l’impensable. Pourtant lorsque je mangeais avec eux, je n’ai jamais rencontré de peuple aussi rieur. Le futur ne les torturait pas, l’angoisse ne connaissait pas, pas de place pour la dépression en forêt. C’était un étrange mélange entre l’univers préhistorique et le monde moderne. Lorsque j’arrivais sur un lac, ils m’attendaient sur la rive, dès que j’ouvrais la porte j’avais droit à quelques moquerie, mais surtout à de délicieux sourires. Tout était prêt, il ne restait plus qu’à charger l’hydravion.
Oui, j’aurai eu le meilleur des deux mondes.

Bonne nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Vous avez une expérience qui n'est pas banale. Peu de gens ont effectivement connu des nomades. Moi, ça s'est limité à des nomades en Iran mais c'étaient des contacts brefs et j'étais surtout une curiosité pour eux. Je crois même qu'ils se moquaient un peu de moi, de mon physique, ma taille, mes yeux.

A la décharge de ceux qui n'aiment pas voyager, il faut reconnaître que c'est une expérience qui peut être angoissante quand on se sent isolés. Et puis, il y a des pays dont le premier abord est difficile. Débarquer seul(e) à Karachi, Téhéran, Delhi, je crois que ça vous secoue, surtout quand on se découvre le centre de l'attention. Ou imaginez même simplement que vous vous retrouviez au fin fond de la campagne ukrainienne (en temps de paix toutefois) sans pouvoir lire les panneaux ni échanger avec la population. Pour voyager, il faut tout de même avoir de l'assurance et de la confiance en soi, même si ce sont des choses que l'on peut acquérir progressivement.

Je vous conseille vivement un petit livre récent : "Explorateurs, touristes et autres sauvages" de Jean Talon (l'auteur est italien).

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla
Cette expérience peu banale, je la désirais de toutes mes forces, de tout mon être, dans ce désir forcené de dépasser mes lectures, mes expériences limitées à l’agriculture, à l’école, à ce qu’on nous enseignait. Ce fut l’un de mes fondements très fort de ma vie. Dans mon propre sens je forgeais mon existence. Ce fut passionnant et salutaire. J’ignorais ce qu’était la bonne route, mais aujourd’hui je suis fier du chemin parcouru, oui c’était le bon chemin, mais au début de cette aventure j’étais loin de le savoir. Se lever le matin en ignorant dans quel lit on va coucher le soir après des centaines de miles parcourus je trouvais cela tout fortement stimulant. Encore, s’il y avait un lit, ce qui n’était pas toujours le cas.
Dites-moi Carmilla : Quelles relations les Iraniens sédentaires entretiennent avec leurs nomades? Ils doivent sûrement avoir une vision différente de la nôtre. Est-ce qu’ils les méprisent ou bien les respectent? Il est toujours intéressant de savoir comment un peuple traite ses minorités. C’est riche d’enseignement.
Au cours des derniers mois, j’ai regardé beaucoup de photos de l’Ukraine, et invariablement me revenait cette réflexion : Mais, cela ressemble aux Cantons de l’Est où j’habite, des champs, des bosquets plus ou moins étendus, des chemins de campagne, qui m’ont semblé pas si défoncés que cela, des fermes éparpillées, des gens prêts à sortir avec leur tracteur pour venir te désembourber. Je crois que je n’y serais pas si dépaysé que cela. Conduire un tracteur dans les champs, traire une vache, pas besoin de parler la langue du pays, se sont des activités universelles. Et puis, si le courant passe, on peut se débrouiller de bien des façons pour arriver à se comprendre. Je comprends, qu’en cette époque trouble, beaucoup d’Ukrainiens ont choisi le Canada, et dès qu’ils débarquent, ils s’y sentent confortables et surtout en sécurités. Je ne serais pas surpris que plusieurs s’établissent définitivement chez nous. Et, pourquoi pas!
C’est bon d’évoquer la confiance en soi, c’est ce que je souhaite à tous. Cela permet de traverser des terres étrangères même si on ignore la langue, les coutumes, même si nos connaissances sont superficielles. Souvent, il y a des physionomies, des regards, des soupirs, qui révèlent beaucoup. En déplacement, il ne faut pas manquer cela. Nous avons trop à découvrir pour perdre notre temps à nous égorger.
J’ai remarqué, que les nomades en général avaient confiance en eux. Il faut avoir rudement confiance en soi pour descendre une rivière en canot, tumultueuse aux nombreux rapides .
Pour le reste, je citerais :
« Comment vivrait-on sans engagement? Nous serions des âmes errantes emportées par le vent des idées, sans but, sans rêves à réaliser. Notre existence n’aurait pas de sens, pas d’émotions, pas de plaisir, ou de désespoir à vivre. »
Boris Cyrulnik
Le laboureur et les mangeurs de vents
Liberté intérieur et confortable servitude
Page 135
Les gens qui manquent de confiance en eux, cherchent des certitudes, des maîtres, des dogmes qui expliquent tout. Comment ces êtres en arrivent à se fondent dans une masse, pour perdre le sens de penser par eux-mêmes? C’est un livre profondément troublant que je recommande.

Merci pour votre suggestion de lecture, je n’y manquerai pas.
C’est toujours inspirant d’échanger avec vous.

Bonne nuit Carmilla
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Voici un lien intéressant pour une famille Ukrainienne qui a trouvé un refuge chez-nous dans les Cantons de L'Est à Dunham.


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1887544/ukraine-famille-dunham-accueil

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

A ma connaissance, il n'y a pas de répression des nomades en Iran.

Mais il faut dire qu'ils sont d'abord nombreux (entre 1,5 million et 2,5 millions selon les estimations) et l'Iran serait toujours le pays qui compte le plus de nomades au monde (leur proportion était très importante au début du 2O ème siècle).

Il s'agit ensuite d'un nomadisme pastoral accompagné d'animaux (moutons,chameaux, bovins). Rien à voir donc avec les Roms, tziganes, bohémiens d'Europe. Et puis ce nomadisme se répartit entre grandes tribus (les plus importantes étant les "bakhtiaris" et les "qhashqhaïs"). Leurs relations avec les sédentaires sont toujours pacifiques.

Quant à la campagne ukrainienne, elle est bien différente de celle de l'Europe de l'Ouest avec beaucoup d'animaux et une végétation exubérante. Ça ressemble peut-être à la campagne française des années 50. Mais les paysans sont souvent pauvres. Quant à l'état des routes, je puis vous assurer qu'il est généralement désastreux (même si ça varie selon les régions). Souvent même les routes de campagne ne sont pas goudronnées. Il est préférable d'avoir une voiture tous terrains.

Quant au livre de Jean Talon, je souligne que la lecture en est agréable et stimulante.

Bien à vous,

Carmilla