"Le Président est-il devenu fou ?", c'est évidemment la question que presque tout le monde se pose depuis que le Grand Blond est revenu au Pouvoir. Et il est vrai qu'il se révèle encore bien pire qu'avant. En à peine 2 mois, il a réussi à semer un chaos général reposant sur l'intimidation et le chantage, l'agressivité conquérante et l'absurdité économique.
On se sent "agressés" mais il faut bien reconnaître aussi qu'on n'a pas forcément une réaction appropriée. On se met, en effet, à développer une tendance générale à "psychologiser" à peu près tout le monde depuis notre entourage proche jusqu'aux personnalités politiques. "Ces malades qui nous gouvernent", c'est une idée absolument banale mais qu'on se plaît à ressasser sans doute parce qu'elle nous rassure à mauvais compte.
Ca nous séduit peut-être parce que c'est prétexte à ne rien faire, à se détourner des problèmes, à refuser de les affronter. Une façon de se dire qu'on n'y peut rien de toute manière et qu'il n'y a qu'à attendre en supportant les choses.
Faire de la psychologie, "essentialiser" l'autre, c'est finalement renoncer à comprendre l'autre, à analyser sa logique de fonctionnement. Parce qu'en réalité, qu'on soit malade ou bien portant, on obéit tous à une logique de comportement et de pensée. Qu'on relève du normal ou du pathologique, il n'y a rien d'erratique dans notre vie sociale et nos décisions. Le grand N'importe Quoi, ça n'est pas notre fonctionnement régulier.
Même Hitler n'était probablement pas fou. Sa personnalité était très structurée à sa manière. Il n'était pas victime de délires ou d'hallucinations qui l'entraînaient à raconter n'importe quoi. C'était même un hyper-rigide qui a simplement déroulé son programme avec une implacable logique et obstination. On aurait dû lire "Mein Kampf".
On aurait dû aussi prêter attention au discours de Poutine, publié le 12 juillet 2021(dans lequel il remet en question l'existence de l'Ukraine en tant que nation distincte), plutôt que de décréter que c'était absurde et sans intérêt. Tout y était déjà exposé.
En fait, on ne sait pas suffisamment prendre au sérieux les dictateurs. On se dit qu'avec le Temps, ça va leur passer et on fait donc le dos rond. Le problème, c'est que ça ne leur passe jamais et qu'ils poursuivent, imperturbablement, leur chemin.
Et avec le Grand Blond, on continue d'adopter cette attitude pusillanime: on le laisse faire, on n'ose pas le contrarier, s'opposer à lui.
On se dit qu'on a affaire à un dingue et que, bientôt, il va se fracasser sur le Mur du Réel. Les fous, il faut d'abord les laisser dérouler et après, ça se tassera.
Le problème, c'est qu'on se trompe complètement dans nos positionnements respectifs. On croit avoir le dessus parce que l'on décrète que l'autre, le Dictateur ou le Président, est fou. Mais on ne se rend pas compte que le véritable Maître du Jeu, c'est Lui en fait. Parce que c'est Lui qui parvient finalement à nous déstabiliser, nous faire douter de tous nos repères. Et finalement, le Fou fait bien ce qu'il a annoncé.
Et Donald Trump est vraiment expert en la matière. Je ne crois pas qu'il soit Fou (plutôt un simple crétin moyen) mais il a bien compris que, pour l'emporter sur l'autre, il fallait d'abord cesser de jouer sur son terrain et sortir du cadre de ses certitudes.
Etre disruptif, imprévisible, c'est cela la recette et elle nous tétanise. L'inattendu, la surprise, c'est ça qui marche. Et c'est encore mieux quand on change sans cesse d'avis, d'opinion, qu'on passe d'un camp à un autre. On ne sait plus sur quel pied danser, à qui ou à quoi se fier. Et finalement, c'est nous qui devenons fous, nous égarons et errons à l'aveugle. "L'effort pour rendre l'autre Fou", c'est le magnifique titre d'un bouquin de Harold Searles. Donald Trump ne l'a probablement pas lu mais il en a bien une intelligence innée de la tactique.
Images de Karel THOLE, Edgar ENDE, Igor OLEINIKOFF, Alfred KUBIN, Tito SALOMONI.
13 commentaires:
Sur Trump et son fonctionnement mental, je recommande encore une fois le livre de sa nièce, Mary Trump, "Trop et jamais assez" :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Trop_et_jamais_assez
C'est passionnant et on comprend encore mieux ce personnage.
En cinéma de fiction, je vous conseille aussi de voir l'excellent film "The apprentice", sur l'ascension de Trump dans l'immobilier, au cours des années 70-80.
https://legrandcontinent.eu/fr/2024/10/13/the-apprentice-filmer-une-forme-intermediaire-de-trump/
Merci Nuages,
J'ai vu, en effet, ce livre à la Fnac et il m'a semblé intéressant. Mais je ne l'ai pas encore acheté sans doute parce que mon allergie envers le bonhomme est trop forte.
En revanche, j'ai vu le film "The apprentice". Bien aussi ! Mais le personnage apparaît parfois presque sympathique. Mais le film est peut-être déjà daté, influencé par le premier mandat au cours duquel Trump était très bête et ridicule mais pas trop méchant. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on découvre un nouveau personnage qui est bien pire. Toujours bête mais, en plus, méchant, impitoyable, vengeur, insensible. J'espère que de gros revers économiques et politiques ne vont pas trop tarder à le calmer. Déjà en Europe, on commence à remettre en cause les contrats d'armement passés avec les USA. Et puis le Canada qui semble intéressé par une adhésion à l'Union Européenne.
Bien à vous,
Carmilla
Bonsoir Carmilla.
Pas de quartier avec un Traître de cette nature, nous pouvons oublier le Blondinet. Claude Malhuret l’a très bien qualifié dans son discours. Le Traître sait bien ce qu’il fait. Inutile d’évoquer la maladie mentale, ou bien, la folie. Il n’a aucune excuse. Qui plus est, il est le complice de Poutine qui se refuse à accepter un mois de cessez-le-feu. Je le répète, il n’y a rien à négocier, et la seule mesure, d’une manière ou d’une autre, c’est de s’en débarrasser. Poutine exige une reddition sans condition, voilà pourquoi il ne veut pas de ce cessez-le-feu. C’est eux, ou bien, c’est nous. Nous jouons gros dans cette partie.
En fin d’année dernière, j’ai lu le livre de Mary L. Trump. C’est une histoire de famille malheureuse. Par chance qu’il avait son père autrement il serait à la rue aujourd’hui. Ce sont les hasards de la vie, et maintenant c’est nous qui l’avons dans les pattes. Dès l’enfance, il a commencé à manipuler son entourage. Il n’a pas lu Harold Searles parce qu’il est incapable de lire, de toute façon il n’a jamais lu, pour lui tout se passe dans le verbal. Il a passé son temps à tricher à l’école, et il payait ses camarades pour qu’ils fassent ses travaux à sa place.
Je suis présentement dans la lecture : La métamorphose du monde par Peter Frankopan. Dans l’histoire de l’humanité, il y en a eu des traîtres de ce genre, ce n’est pas pour rien que Malhuret a évoqué la cour de Néron. Dans ce livre qui traite des changements climatiques, l’auteur ne se limite pas seulement aux transformations physiques des conditions atmosphériques, mais il souligne aussi les systèmes politiques, de ces rois et empereurs qui ont géré des famines, des guerres, des tempêtes, des sécheresses. Des civilisations complètes ont disparu à cause de l’incurie de leurs dirigeants. Sans effort, cela m’a ramené à ce que nous vivons présentement. Un des exemples incontournables, que relate Frankopan, c’est la fin de l’Empire Romain qui a disparu en très peu de temps. Les États-Unis d’Amérique pourraient bien disparaître encore plus rapidement. C’est dans l’ordre des possibilités qui ne sont pas à exclure. Je vous remercie Carmilla pour cette suggestion de lecture. Vraiment c’est à lire et relire, parce que c’est une vaste réflexion sur ce que nous sommes.
Bonne fin de nuit Carmilla
Richard St-Laurent
On a presque l'impression que les Etats-Unis vivent un changement de régime. Les attaques du pouvoir trumpiste contre la presse et les médias, contre les juges, contre les universités, tout ça ressemble à ce que Viktor Orban a fait de la Hongrie. Il y a une vraie possibilité que les Etats-Unis deviennent un régime illibéral.
Merci Richard,
Il faut éviter, en effet, de trop s'empêtrer dans des explications psychologisantes concernant Trump. Ca revient, d'une certaine manière, à l'absoudre et à le comprendre.
Mais il a tout de même bien un programme et c'est cela qu'il faut avant tout considérer. Et ce programme, ça n'est pas du tout farfelu, c'est même cohérent à sa manière: mettre hors jeu et déstabiliser les Etats Démocratiques, partager le monde entre 3 grandes puissances, affirmer la primauté de la force sur le Droit. Plutôt qu'ergoter sur la psychologie de Trump, il faut d'urgence trouver les moyens de contrer ses offensives inédites.
Frankopan, c'est, en effet, un grand historien qui sait, en plus, être passionnant. Il faut aussi avoir lu ses deux bouquins sur les routes de la soie. Ca bouleverse complétement notre vision du monde.
Bien à vous,
Carmilla
Merci Nuages,
En effet, les USA semblent virer complétement de bord. Mais le pire, c'est que ça ne se limite pas à leur propre pays. L'Europe est en premier lieu menacée.
Il faut bien voir, en effet, que Trump et Poutine ont en commun une haine de l'Europe, de ses valeurs et de sa démocratie. L'Europe, c'est assimilé à la permissivité, le foutoir, l'inefficacité. Ils en viennent même à dire qu'on censure les opinions contraires, qu'on ne peut plus tout dire. Et l'opinion mondiale commence à épouser ce point de vue.
Et le projet commun de Poutine et de Trump, c'est de déstabiliser l'Union Européenne, de la faire exploser. Pour cela, ils font confiance à l'extrême droite qui, partout, progresse dangereusement.
C'est cela le grand danger. Autant je ne crois guère à une intervention armée de la Russie en Europe, autant je suis convaincue de sa capacité de nuisance et de manipulation idéologique. La Roumanie, la Slovaquie, la Moldavie, la Serbie, la Bulgarie en sont déjà de bons exemples. En France même, les Trumpistes ne sont pas trop nombreux mais les pro-Russes, eux, continuent de représenter une bonne part de l'opinion. Et puis concernant l'Ukraine, se répand cette idée qu'elle l'avait bien cherché et que les torts sont partagés.
Bien à vous,
Carmilla
Lundi, 17 mars 2025.
Bonjour Carmilla
Le printemps pour moi, ne débute pas le 21 mars, je n’ai rien à faire des conventions des calendriers. Le printemps pour moi commence avec les débâcles des rivières. Cela peut varier dans le temps, dans la nature rien n’est fixe, tout est aléatoire. La débâcle a débuté à 18H30 hier soir juste un peu avant le crépuscule. Soudain, j’ai levé la tête et j’ai vu cet immense champ de banquise qui s’était accumulé devant ma tanière. Ma première réflexion : Je ne l’attendais pas si tôt cette débâcle, du moins pas ainsi. Le voilà le printemps, le vraie, celui qui ignore le calcul, toujours aussi imprévisible. J’entendais les blocs de glace qui se heurtaient dans le courant ce qui est très impressionnant. Je sentais la force brute, celle que personne ne peut maîtriser. L’endroit où j’habite est propice aux embâcles à cause de l’île au milieu de la rivière, soudain, les blocs de glace s’empilent et forme un barrage, ce qui empêche en partie l’eau de circuler, alors la rivière gonfle, l’eau commence à envahir les basses-terres, ces blocs de glace peuvent venir s’échouer sur la rive et causer des dommages. Certains de ces blocs peuvent peser plusieurs tonnes, même à petite vitesse, moins de 5km/h, cette masse de glace peut enfoncer le mur d’une maison, détruire un véhicule, casser des arbres, emporter un pont, rien ne résiste à cette puissance, sauf les barrages. Ce matin le courant est puissant, je le constate avec la vitesse des troncs d’arbres, aux blocs de glace qui sont beaucoup plus petits que ceux d’hier soir. Est-ce que le gros de la glace est passé, je ne saurais l’affirmer, cette rivière est très longue, il peut y avoir des lacs en amont qui n’ont pas encore calé, donc ils sont encore recouverts de glace. Nous pourrions connaître d’autres épisodes de banquises. Les niveaux d’eau vont se maintenir, alimenté par les ruisseaux et les petites rivières qui n’ont pas encore débâclé. Je pense ici à la rivière Watopéka ou encore à la rivière de Stoke qui possèdent des bassins-versants importants. En regardant la rivière sous le jour déclinant, je me suis rappelé le matin du 3 mars dernier, il y a, à peine 14 jours, le thermomètre indiquait -23 degrés. J’étais loin de penser au printemps. Quatorze petits jours de rien pour que tout bascule. L’eau continuait de monter. J’ai pensé que je n’avais pas le choix, alors je suis allé chercher mon canot que j’avais entreposé l’automne dernier sous les cèdres à l’abri des fortes précipitations de neige, que j’ai fais glissé sur la neige pour le ramener à la tanière près du bouquet de lilas. Voilà mon canot était hors de danger, je pouvais dormir en paix.
Fragment de journal
Richard St-Laurent
Bonne fin de journée Carmilla
Bonjour Carmilla
Le niveau de l’eau a baissé. La vitesse du débit est moindre. Quelques blocs de glace retardataires voguent comme s’il ne s’était rien passé. Encore une fois, nous l’avons échappé belle, nous pouvons pousser un soupir de soulagement. Pas de décès, pas de blessé, pas panne électrique, c’est le principal de pouvoir s’en sortir ainsi. Nous ne revivrons pas 2016 avec ces gros embâcles sur la rivière. Les gros blocs de glace s’étaient arrêtés à quelques mètres de nos murs. Les gens ont sans doute oublié cet épisode dangereux, personnellement j’ai une maudite mémoire pour ces genres d’événements climatiques, car se sont des phénomènes qui n’ont aucune limite. Nous pensons toujours que nous avons atteint de maximum, mais la nature nous surprend toujours, je dis aux gens de mon entourage : attendez la prochaine tempête, nous n’avons encore peut-être rien vu. L’hiver que nous venons de vivre au Québec était un hiver tout à fait normal, je dirais même agréable. La rivière coule un peu plus lentement qu’hier, le printemps vient de s’installer.
Mes deux jeunes bernaches semblent se plaire dans mon environnement. Les corneilles très excitées s’adonnent à des chants cacophoniques. Je les ai nourris de pain et de viande pendant tout l’hiver, dès que la neige s’accumule au sol, je les vois revenir, je présume que se sont toujours les mêmes, la famille s’agrandit. Je surveille l’arrivée des premiers rouges-gorges. Est-ce que les oiseaux possèdent une mémoire ? Comment ils réussissent à naviguer avec précision ? Je me demande de quelle sorte de mémoire ils sont dotés ? Parce que la navigation ne va pas sans la mémoire, j’en sais quelque chose, parce que j’ai volé sur plusieurs appareils qui n’étaient pas doté de radionavigation, pas de VOR, (radiophare omnidirectionnel en français, ni d’ADF, Radiocompas, et encore moins de GPS. Avec l’expérience, je me suis rendu compte que certains vivants, et j’inclus les humains et les animaux, nous avons une base en nous-mêmes de l’orientation, que lorsque nous la découvrons, et si les circonstances le permettent, nous peaufinons ce don. C’est ainsi que je me suis retrouvé avec la carte du Québec imprimé dans mon cerveau. J’ai connu d’excellents pilotes, mais qui étaient complètement nuls au niveau navigation à vue, c’était impossible pour eux de voler dans le nord, habituellement s’ils poursuivaient leur carrière, ils passaient leur licence aux instruments, et étaient engagé dans les grandes compagnies aériennes. Dans un certain sens, je comparerai cette disposition naturelle à la navigation, aux musiciens qui ont l’oreille absolue.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent
Merci Richard,
Le sens de l'orientation, c'est, en effet, quelque chose de très important.
Je ne sais pas si ça relève d'un don inné mais ça s'éduque et se développe aussi. Personnellement, j'aime beaucoup les cartes routières et géographiques, et les atlas. Il y a un plaisir, presque sensuel, à les explorer et les mémoriser.
J'utilise donc le moins possible un GPS. Je me mets plutôt d'abord dans la tête la carte d'un lieu où je dois me rendre et, ensuite, j'avance. Je crois même que je gagne beaucoup de temps avec cette méthode. Mais je crois quand même que je n'oserais pas prendre un avion dépourvu de radionavigation (j'espère que ça n'existe plus).
Mais avec l'utilisation intensive du GPS, on perd tout sens de la géographie et de la localisation. On n'est même plus capable de tracer, de tête, un itinéraire pour aller de Paris à Rome. Et je n'ose songer aux dégâts s'il n'y a plus de réseau.
Quant aux animaux, aux oiseaux mais aussi aux chiens et aux chats, c'est en effet bien mystérieux. Ils sont capables de retrouver des lieux précis situés à quelques centaines de kilomètres.
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
Il appert que dans l’acquisition des connaissances les humains sont différents, nous atteignons tous un niveau personnel, certains progressent plus rapidement que d’autres qui peinent pour acquérir un savoir, une technique, une maîtrise. Au niveau de l’orientation beaucoup d’humains ne font pas la différence entre le nord et le sud. Ils s’égarent autant en forêt que dans une ville. Pour d’autres comme les vieux indiens, qui partaient en fin d’automne pour passer l’hiver en forêt sur les lignes de trappes, sans boussole, sans carte, et qui revenaient le printemps suivant après avoir parcouru des centaines de kilomètres en raquette à neige comme si de rien n’était. Cela semblait, pour ceux qui sont toujours égaré, un exploit incroyable, pourtant pour ces indiens, c’étaient ce qu’ils y avaient de plus facile au monde. À l’époque de la marine à voile, les premiers européens qui se sont lancés vers l’ouest, s’embarquaient dans l’ignorance la plus complète. Habituellement à bord de ses navires, il y avait un navigateur, qui n’était pas toujours le capitaine, parce qu’il avait le sens de la direction et que quelques fois, il avait acquis son expérience sur d’autres bâtiments. Les bons navigateurs étaient très recherchés à cette époque, plusieurs avaient des carnets qui contenaient des observations pertinentes et aussi des ébauches de cartes géographique. Il était important de retrouver l’endroit où vous aviez débarqué l’année précédente. Ces carnets se négociaient à prix fort. Un autre exemple qui me vient à l’esprit. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, lorsque les alliés ont commencé à bombarder l’Allemagne en partant de l’Angleterre, chaque bombardier avait son navigateur. L’ordre de mission était de bombarder un endroit, il fallait être précis sur la navigation, atteindre la cible, puis revenir en Angleterre si vous aviez de la chance. J’ai toujours eu de l’admiration pour ces navigateurs autant dans la marine que dans l’aviation. Savoir où l’on est et où l’on va et dans combien de temps on va arriver. Dès les premiers grands raids après la première Guerre mondiale, les problèmes de navigations se sont posés et cela a pris un certain temps avant d’inventer cette fameuse radio navigation. Il me semble de vous voir Carmilla demander à un répartiteur, si l’avion est doté de radio navigation avant l’embarquement. Je pense que sur nos bases on se serait payé une pinte de bon temps. Oui, ça existe encore des compagnies de brousses où les avions n’ont pas de radionavigation. D’autre part, toutes technologies peuvent tomber en panne. Et, c’est dans ces situations que le pilote devient très important.
Bonne fin de journée
Richard St-Laurent
Merci Richard,
Je suis bien sûr d'accord avec vous.
Toutes les facultés humaines se développent d'abord par l'apprentissage.
Mais le problème, c'est que les multiples prothèses actuelles dispensent de tout apprentissage, de tout effort d'analyse. On n'a plus besoin de savoir compter, calculer, se repérer dans l'espace et le temps. Une machine s'en charge pour vous, immédiatement.
Ca devient évidemment la catastrophe quand la machine tombe en panne.
Et puis, ça nous rend bêtes parce qu'on ne comprend pas vraiment les situations. Je m'en rends compte dans mon domaine de la Finance. Une foule d'applications informatiques vous crachent aujourd'hui instantanément un diagnostic sur une entreprise avec des mesures immédiates de redressement. Je m'en méfie beaucoup: rien de tel pour vous faire prendre des décisions absurdes.
On a déjà déclenché des crises financières systémiques par les réactions en chaîne d'ordinateurs dépourvus de sang froid. Ca risque de se produire de plus en plus souvent à très grande échelle. A force de multiplier les sécurités, on a paradoxalement multiplié les risques de Krach.
L'analyse et l'intuition vivantes, je crois que ça demeure malgré tout les bases essentielles de toute décision.
Bien à vous,
Carmilla
Bonjour Carmilla
Nous devons demeurer les maîtres de nos analyses et de nos intuitions pour conserver nos capacités à prendre nos décisions et surtout de les assumer. Voilà un des fondements de notre liberté. J’ai toujours aimé prendre mes décisions. Dans la quincaillerie technologique, il se glisse aujourd’hui, comme une forme d’irresponsabilité. J’ai aimé mon métier de pilote de brousse dans le nord, car j’étais toujours en train de prendre des décisions. Est-ce que les conditions météorologiques étaient propices au vol ? Est-ce que ce lac est trop court pour amerrir ? Est-ce que ces conditions météorologiques sont propices à poursuivre mon vol ? Dans cet univers j’étais chez moi, j’y retrouvais ma manière d’être. Ma vie était rude, mais intéressante. De toute façon elle a toujours été intéressante. Il n’y a pas un simulateur de vol capable de reproduire un atterrissage sur une surface miroir sur un lac, encore moins un atterrissage par voile blanc dans la poudrerie. Il faut que tu vivres ces genres d’expériences dans la réalité. Il faut que tu la sentes. Un des exemples classiques de prise de décisions, c’est le pilote qui après avoir perdu ses deux réacteurs a amerrie son Airbus 320 dans le fleuve Hudson à New York. Il a pris une décision, et c’était la bonne décision. Il a sauvé la vie de tous ses passagers. Il n’y avait aucune machine qui aurait pris cette décision. Quoi qu’on en dise, l’humain a toujours sa place. Il a réussi son atterrissage forcé. Manœuvre qu’on pratiquait intensément dans le nord, car nous avions qu’un seul moteur, mais qu’on ne pratiquait pas sur les gros porteurs. J’ai toujours pensé que je ne pourrais pas vivre sans prendre des décisions, que c’était essentiel à ma minière d’être. J’étais né avec ce sentiment, après j’ai passé ma vie à le perfectionner. Vous le dites si bien : À force de multiplier les sécurités, on a paradoxalement multiplié les risques que krach. Plus on fait confiance à nos machines, plus nous perdons notre sens critique. L’important, ce n’est pas la machine, mais ce sens critique. En quelque sorte on devient paresseux. J’ai eu la chance dans ma vie de croisé un être extraordinaire qui était mon chef-pilote lorsque j’étais à Sept-Îles. La seule chose qui l’intéressait lorsqu’il vérifiait pour la première fois nos compétences, c’était notre capacité à prendre des décisions. Il avait vécu beaucoup d’expériences, il comprenait la nature humaine, il savait ce à quoi nous serions soumis.
Vraiment c’est une discussion vraiment intéressante que nous avons Carmilla. Bonne fin de journée.
Richard St-Laurent
Merci Richard,
En effet, l'Intelligence Artificielle sera toujours dépourvue de sens critique.
On peut même ajouter qu'elle sera toujours privée de Bon Sens et d'Humour.
C'est l'histoire de ces GPS qui font s'aventurer des piétons ou des cyclistes sur une autoroute.
C'est l'incapacité de l'IA à gérer l'incertitude, l'imprévu, la nouveauté. Elle est d'un empirisme radical: ce qui fonde la vérité des choses, c'est leur répétition. C'est pourquoi, elle n'est qu'un grand brassage de données. Elle n'est même que ça mais dès que ça ne se répète plus, que survient l'inattendu, elle est perdue. Elle vous fera, éventuellement, écraser un groupe de piétons plutôt qu'une botte de foin.
Tandis que l'intelligence humaine, elle, elle parvient à corriger immédiatement le cours d'un événement imprévu avec, simplement, un peu de bon sens.
Bien à vous,
Carmilla
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