samedi 4 avril 2020

La Belle Epoque



Il faudra plus tard évaluer les ravages, psychologiques et sociaux, de la période de confinement. Ça risque alors d'être terrible et ça se profile déjà. Les sociétés creuseront de nouvelles et terrifiantes divisions; on ne pourra pas s'empêcher de désigner  les héros, les planqués et les salauds. Viendra le temps des règlements de compte.


Aujourd'hui, pour ce qui me concerne, je m'en sors. J'ai une grande chance : pour échapper à l'ennui de l'enfance, je m'étais mise à lire comme une folle. Ensuite, je n'ai jamais cessé et ça me permet toujours de vivre de multiples vies par procuration. Je ne me sens donc jamais vraiment seule.


Et puis, je me déplace, je me promène un peu quand même. Pour ça, je tiens à me faire particulièrement belle. J'en rajoute en matière de maquillage et de tenue. Que mon apparition puisse "imprimer" un peu ceux qui me croiseront.


Se laisser emporter par la grisaille, c'est en effet la déprime assurée.

Un grand "tétanos" généralisé, une paralysie physique, mentale, semble s'être abattus sur Paris. On y rencontre aussi peu de vie qu'autrefois, dans les plus sinistres des "Pays de l'Est".


Tout cela semble irréel et d'autant plus incroyable qu'il fait magnifiquement beau depuis quelque jours et que les images de Paris, débarrassées de toute pollution, s'affichent  comme ciselées, nettes et tranchantes. Le contraste est trop grand, on est sidérés, comment cela est-il possible ?


On pense alors sans cesse à ce qui apparaît maintenant si proche et si lointain : "la vie d'avant", cette vie qu'il était de bon ton de vilipender, d'exécrer et qui se trouve désormais parée de couleurs chatoyantes, cette vie passée qui fait figure de "Belle Époque". Quand est-ce qu'on pourra à nouveau s'asseoir à la terrasse d'un café pour contempler le flot coloré des passants ?


C'est pour ça que je méfie beaucoup de tous ces innombrables scrogneugneux qui, déjà sur les ondes, pontifient et proclament qu'après, il faudra vivre différemment, repenser les rapports humains, sociaux, économiques.

Ouh la, la ! De tels propos, ça accroît ma méfiance instinctive envers tous ceux qui entendent dicter le Bien pour les autres.


Parce que s'il y a, à mes yeux, une seule grande leçon à tirer de cette crise, c'est qu'on n'a vraiment pas envie de grands bouleversements et qu'on n'aspire en fait qu'à une seule chose : le retour à une vie "normale", ponctuée de multiples joies, de ce "bonheur vagabond, fait de tout petits instants, provoqué, peut-être par des inconnus". Une bonne bière, une séance de cinéma, un après-midi shopping, un week-end à la campagne, des regards échangés, des "chats" dans un salon de coiffure. Pour le reste, foutez-nous surtout la paix. Les grandes ambitions, les grands projets de société, c'est souvent ravageur.

















Parce qu'il faut bien le dire, la crise nous permet de goûter aux charmes cauchemardesques d'une société vertueuse dont tant de "révolutionnaires" souhaitent voir l'avènement.  Espérons que ça aura au moins un effet "douche froide" sur certaines ardeurs. Je me demande ainsi quelle tête font aujourd'hui les militants suivants :


- les adeptes de la décroissance et autres "adorateurs de club de Rome" : inutile de dire qu'on est en plein dedans pour de longs mois. Ceux qui vont déguster, ce seront les moins protégés, les travailleurs indépendants, tous ceux qui étaient un peu plus audacieux que les autres. Moins de production, c'est hélas moins de travail car, contrairement à une idée reçue, le travail ne se partage pas.


- les anti-capitalistes et contempteurs de la société de consommation. Le spectacle de toutes ces boutiques et magasins fermés est désolant et on rêve d'arpenter à nouveau les allées des grands centres commerciaux. C'est artificiel, c'est du toc, c'est de l'aliénation, sans doute... Mais pourquoi le capitalisme a-t-il conquis le monde ? Pas seulement en raison de son efficacité économique... mais surtout parce qu'il a une capacité inégalée de nous faire rêver, fantasmer, de nous émouvoir, de fournir un branchement à nos désirs. Tant pis s'il s'agit d'un simple bâton de rouge à lèvres ou d'une paire d'escarpins. Le capitalisme, comme grande machine désirante disait très justement Gilles Deleuze. La gloire du superficiel, sa force subversive.


- les féministes : le coronavirus, c'est radical. Même avec des tenues aguichantes, personne ne m'aborde, ne me siffle, ne me détaille du regard. Le harcèlement, c'est terminé. Quant aux histoires sexuelles, amoureuses, il faut faire une grande croix là-dessus. Ce n'est pas maintenant que je vais faire une "rencontre".  Mais est-ce que ça n'est pas sinistre ? Est-ce que c'est bien ça que l'on veut, un monde où rien d'imprévisible, sur le plan affectif, ne peut se passer ?


- les écologistes : je ne doute pas qu'ils se réjouissent de voir la planète mieux respirer (à l'exception, bien sûr, des malades du coronavirus) mais est-ce que ça compense vraiment l'impossibilité de se déplacer, de voyager et les multiples détresses économiques et sanitaires générées ?



- tous ceux qui honnissent la Finance : pour une fois, il est difficile de faire le grand procès des Banques, des spéculateurs, des multinationales, dans la crise qui se profile. C'est même la Finance qui assure en ce moment "les fins de mois" de l'économie et qui va peut-être permettre, ensuite, de relancer la machine.


Vivement donc le retour au "monde d'hier" ! C'était le titre d'un livre célèbre de Stefan Zweig. C'est une aspiration qui n'est pas forcément réactionnaire. Comme je le proclamais dans mon dernier post, c'était bien "le meilleur des mondes possibles", certes imparfait mais capable de dispenser quelques joies et plaisirs.


Tableaux de Jonas BURGERT, peintre célèbre en Allemagne, né à Berlin en 1969. Je trouve ça assez fort et troublant. Malheureusement, les images Internet ne donnent qu'une faible idée de l'impact de ses œuvres réelles.

En parallèle à ce post, je lisais le livre de la franco-iranienne Nahal TAJADOD: "Les simples prétextes du bonheur" paru en 2016. Comment une femme privilégiée, ayant toujours vécu dans un milieu snob, découvre, au contact d'une famille fantasque et débridée d'épiciers iraniens de la rue des Entrepreneurs dans le 15 ème, tous "ces petits riens" qui font le sel de la vie.


16 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour ou bonne nuit Carmilla, peu importe.

Je vais commencer par une longue citation de José Saramago, l'auteur Portugais (prix Nobel), lu cette semaine, qui nous replace dans un contexte qui présentement, ne nous est pas étranger.

« La nature crée diverses créatures avec une brutalité admirable. Entre les morts et les estropiés, elle considère qu'un nombre suffisant en réchappera pour garantir les résultats de la gestion, façon ambivalente net donc douteuse d'assimiler gestion à gestation, avec cette confortable marge d'imprécision qui produit les mutations dans ce qu'on dit, ce qu'on fait et ce qu'on est. La nature ne délimite pas de chasses gardées, mais elle en tire profit. Et si après la récolte les mille fourmilières du champ de blé ne disposent plus d'un pareil grenier, pertes et profits sont tous inscrits dans le grand livre des comptes de la planète et aucune fourmi n'est privée de sa part statistique de nourriture. Lors de l'apurement des comptes peut importe qu'elles soient mortes par millions à cause d'une inondation naturelle, d'un chambardement dû à une houe ou d'un concours de miction : qui a vécu a mangé, qui est mort à laissé à manger pour les autres. La nature ne compte pas les morts, elle compte les vivants, et quand ceux-ci sont trop nombreux, elle organise une nouvelle tuerie. Tout cela est très facile, très clair et très juste car, de mémoire de fourmi ou d'éléphant, personne ne l'a jamais contesté dans le grand royaume des animaux. »

José Saramago

Relevé de terre

Page -54-

Saramago, comment ne pas l'évoquer ? Lorsqu'on pense à cette nature dont nous faisons parti, mais dont nous pouvons aussi être expulsé. La nature est opportuniste et sans but défini, mais elle compte bien, opère de manière cruelle, ne fait pas dans le sentiment, ne vous laisse pas de temps, se moque complètement de ses créatures, où l'homme dans son optique, ne vaut pas plus qu'un lièvre ou une fourmi. Peut-être qu'on ne repassera pas pour l'éternité, idéologie périmée, pas plus importante qu'un bâton de rouge ou une paire d'escarpins.

Bien vôtre

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Pour évaluer les ravages, psychologiques et sociaux, il faudra encore des être humains vivants. Je suis étonné lorsque j'écoute les gens qui font des commentaires en pensant que la mort ne les regarde pas, que ce n'est pas pour eux. Il y a d'une part un dénie et d'autre part un refus de cette possibilité. On se dit : que nous ne sommes pas arrivés là. Comme l'évoquait Eva Illouz, dans un texte publié dans l'Obs récemment, nous pensons trop facilement, parce que c'est rassurant, que l'économie va rebondir, mais que ça prend des humains pour consommer et s'il n'y a plus d'humain, il n'y a plus de psychologie, ni de société, ni d'économie, qui tienne. Ce n'est plus une question d'idéologie, c'est oui ou non, c'est la vie ou la mort, pour reprendre un thème que vous avez déjà touché, c'est 0 ou 1 ! Sommes-nous, incapable de cette conception ? C'est vraiment fascinant présentement, cette manière de penser, il y a quoi éteindre sa radio. Je ne peux m'empêcher de revenir sur cette époque d'insouciance, où la diplomatie eu Europe se traînait les pieds, où on essayait de se convaincre, que le pire n'était pas certain. On a fermé les yeux, on a regardé ailleurs, on à fait comme si, sans se demander ce que ce « si » pouvait évoquer. Je pense qu'il est un peu tôt pour commencer à songer à des règlements de comptes. Pour régler, voir liquider des comptes, il faut avoir perdu quelque chose. Oui, c'est une possibilité lorsque vous évoquez de nouvelles et terrifiantes divisions. Mais, ces divisions pourraient être anarchiques, sans états de droit, sans protection sociale, où erreront des bandes armées qui feront paraître les gilets jaunes comme de la rigolade. Nous serons peut-être, les témoins, que dire les acteurs, d'événements étonnants. C'est une possibilité parmi tant d'autres hypothèses. Les marchands d'armes ont fait d'excellentes affaire au cours des mois de janvier et de février, surpassant les ventes d'après un certain 11 septembre. Serge Chapleau le caricaturiste du journal La Presse de Montréal n'a pas manqué de se saisir de l'affaire : Dans son dessin il y a deux types, un canadien les bras remplis de rouleaux de papier de toilette, et un américain avec les bras chargé d'armes. Malgré qu'on l'a trouvé bien drôle, cela révèle un vieux fond d'insécurité chez l'être humain. L'humanité a failli disparaître bien des fois, tout comme sont disparus d'autres lignés hominidés, et autres animaux. Soudain, il me revient à l'esprit, cette époque de lynchage en France où l'on tondait les femmes parce qu'elles avaient couchés avec des Allemands. En visionnant ces images, j'éprouve un grand malaise qui s'appelle la honte. Saurons-nous dépassé notre condition pour une fois ? L'occasion est belle...

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Je vis cette solitude à fond. On livre ma nourriture, le ravitaillement tient, les contacts avec les autres humains sont tes rares, espacés, brefs, on va toujours à l'essentiel. Je m'informe de tout, ce qui commence à manquer sur les tablettes des épiceries, qui est encore ouvert, comment ils s'en sortent. Je m'informe de mes proches, s'ils sont en santés, si personne n'est malade.

La plus grande compagne de ma vie : c'est la solitude. Elle aura été une compagne indéfectible. C'est le plaisir et la satisfaction de vivre dans les grands espaces, de se sentir en contrôle, de se débrouiller avec peu, d'imaginer sans manquer de rêver. Puis cette solitude a été favorable à la lecture, à la curiosité, à l'interrogation, à la rencontre de d'autres êtres, aux changements possibles, voir même à l'improvisation, pour me demander par la suite : Pourquoi, j'avais agit ainsi ? Je n'irais pas jusqu'à dire, que je me suis; auto-psychanalysé, pour se faire, dans ce seul domaine, il me faudrait trois quatre autres vies. Je suis parvenu à me connaître assez bien pour que les autres ne puissent plus me sentir. La solitude venait de grimper d'un cran. Alors, lorsque je rencontre un de mes semblables, la discussion démarre et elle risque toujours d'être très longue, très intensive, et même épuisante. Deux hommes plantés au bord d'un lac ou au milieu d'un vaste champ, qui sont en train de refaire le monde, et surtout d'en rire. Yesssss ! Je retrouve rapidement le plaisir des mots. Et puis, il y a ceux que je revisite, mais comme un nomade, il y a des types que je n'ai pas revu depuis un quart de siècle et je sais dans le fond de mon esprit, que s'ils frappaient à ma porte à l'instant, nous reprendrions notre discussion là où on l'avait eu sur les rives d'un lac, ou au milieu de la plaine. N'est-ce pas étonnant, qu'un si petit cerveau peut contenir autant de souvenir ?

Ici c'est plein de livres, de cendre, de poussière, j'ouvre de vieilles boîtes de vieux livres que je n'ai pas encore lus. José Saramago, c'est de la vieille littérature, il fait parti des classiques, et vous pouvez passer de Saramago à Michel de Montaigne, sans vous perdre une seconde.

Ce que je trouve d'intéressant en cette période d'isolation, mot que je préfère à confinement, parce que isolation c'est plus libre, tandis que confinement me semble imposé, c'est que le temps s'est accéléré pour moi. Je commence ma journée en regardant ma rivière, lorsque je l'a regarde à nouveau, le soleil vient de se coucher. Je n'ai jamais vécu un mois de mars qui passé aussi rapidement et je suis en isolation volontaire depuis le 12 de mars !

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Délaissons les scrogneugneux, genre de (chiâleux). Les satellites eux ne mentent pas. Vos propos sur le ciel de Paris confirment ce que les satellites nous indiquent depuis un mois, que la pollution dont on a tant parlé, recule. Difficile de cacher ce fait, et plus cette situation se prolongera plus la situation de l'atmosphère s'améliorera. Les Chinois peuvent enfin voir le ciel bleu. Ici aussi, l'état de l'atmosphère s'est amélioré. Le soir lorsque je sors par temps clair, les étoiles et les planètes sont plus brillantes. C'est qui a passé un coup de torchon dans le ciel ?

Nous voulons éviter les bouleversements. Les gens refusent les changements. Ce ne sont pas les révolutions qui risquent de nous bousculer, se sont les événements. Pas les événements hypothétiques ou futurs. Les révolutionnaires se font rares. Ils n'ont pas beaucoup de solution à mettre sur la table. C'est ce que nous vivons présentement qui peut nous secouer rudement. Les événements présents eux peuvent nous transformer. Comme le disait Churchill : « Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il nous prenne à la gorge. » Ça fait longtemps que nous nous contentons de petites politiques, de débats minables, de coups fourrés, ce qui fait de nous des personnes mal préparées. Repousser à plus tard des décisions qui ne peuvent attendre est mortel. Si nous sommes incapables de nous sortir de cette situation, de pouvoir envisager des nouveaux concepts, voir des changements, peut-être drastiques, alors je ne donne pas cher de notre peau. Ceci peut faire parti du rêve. Ce qui n'empêchera pas les femmes de se maquiller pour séduire, revêtir des toilettes affriolantes, se percher sur leurs escarpins.

Pourquoi pas rêver d'un monde nouveau. Je sais. Je suis un grand rêveur. Depuis trois semaines, et ne m'en demandez pas d'explications, toutes mes nuits sont peuplées de rêves, tous plus fous, plus délirants, les uns que les autres. On n'arrêtera pas l'homme de rêver, de faire des projets, de se projeter dans l'avenir, de refaire le monde et surtout de commettre des erreurs. Cela fait parti d'un tout.

« Ce ne sont pas les plus forts qui survivent, ni les plus intelligents, mais ceux qui sont les plus rapides à s'adapter aux changements. »
Charles Darwin

Voilà qui est réconfortant

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Qui sont ceux qui sont en train d'essayer de tout sauver, de tout protéger, de rassurer ? Ce sont les Gouvernements et les Gouvernements, c'est nous. Il ne faudrait pas l'oublier. À l'image du Gouvernement Canadien et du Québec et de tous les autres au travers le monde, dépensent sans compter, pour sauver les usines, les entreprises, et François Legault, ancien PDG d'Air Transat, devenu Premier Ministre de la Province de Québec, n'a pas mâché ses mots : (On ne pourra pas sauver tout le monde.) Les dépenses sont faramineuses. La vie n'a pas de prix. C'est une question de vie ou de mort. Qu'est-ce qui se serait passé, si les Gouvernements étaient demeurés les bras croisés ? Je vais vous le donner dans le mille. Regardez ce qui se passe présentement aux États Unis, ça donne froid dans le dos. Se fier seulement aux libre marché n'est pas toujours une bonne solution. C'est merveilleux les capitaux et les marchandises qui voyagent sans contrainte de par le monde, les virus aussi voyagent. La peste de 1347 est arrivée en Europe par les échanges économiques. Nous pouvons étudier n'importe quel pandémie dans l'histoire, c'est le scénario qui revient le plus souvent, le voyage et le commerce. Il faut se souvenir à l'époque que la route de la soie était encore ouverte. Peter Hopkirk en parle d'abondance dans son livre : Bouddhas et rôdeurs sur la route de la soie. J'ai lu ce livre en janvier dernier et ça me revient aujourd'hui. J'en conviens, cesser de commercer, cela peut-être mortifère ; d'autre part continuer à déverses des tonnes d'argents n'est pas une solution à long terme. On ne pourra pas tenir très longtemps à ce régime. Il appert, qu'il faut sortir de cette situation. Mais comment parler de rapidité lorsqu'il s'agit d'un virus ?

Je suis d'accord avec le docteur Horacio Arruda (directeur de la santé publique du Québec) qui disait aujourd'hui lors du point de presse journalier : « Ce n'est pas le temps de se relâcher, tout ce que nous avons fait comme efforts depuis trois semaines ne doit pas être gaspillés. Il faut continuer. Nous allons traverser cette crise, l'important c'est d'en sortir grandi. » J'ai senti le cri du cœur. C'était réconfortant.

Horacio Arruda tout comme madame Danielle McCann, Ministre de la santé accompagnent bien François Legault dans son point de presse quotidien. Aujourd'hui, c'était la Vice-Première Ministre Geneviève Guilbauld qui remplaçait Legault. Elle s'en est bien sortie.

Confiance, détermination et volonté, on devrait s'en sortir, je le souhaite, c'est tout ce qui compte.
Bonne nuit Carmilla et bons rêves

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Il y a effectivement une complète indifférence du monde à la détresse, aux souffrances et aux prières des hommes.

Le virus a du moins le mérite de nous rappeler à la réalité brute et sans fard de notre condition de mortels. Cela quelle que soit notre condition, que l'on soit puissant ou misérable. De plus en plus, on se prenait pourtant, dans nos sociétés, à se croire immortels et à occulter cette sombre réalité.

On assiste donc à un retour du "réel". A tel point que certains experts préconisent de ne pas chercher à "contourner" le virus, à l'affronter directement. La politique du confinement, dictée par la peur, serait ainsi contre-productive puisqu'elle retarderait l'immunisation générale de la société qui, seule, pourra mettre fin au virus.

On pourrait donc "laisser faire" avec des résultats peut-être "in fine" équivalents. Hors épidémie, chaque pays a ainsi son "stock" de morts quotidiens (1 700 chaque jour en France) bien supérieur à celui du coronavirus mais dont on ne parle pas.

Ce qui est intéressant, c'est que les États sont devenus compassionnels. Cela coïncide avec un pouvoir accru des scientifiques et du corps médical. On parle même d'une expropriation de nos vies et de nos morts par la médecine. On peut s'en inquiéter et disserter à l'infini là-dessus.

C'est certes un pouvoir exorbitant mais auquel on se plie tous volontiers. Car qu'il y a de plus important que la vie ? Rien, rien ne vaut la vie.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla.

Quel plaisir de se réveiller en même temps que le soleil qui se lève.

Devant ma porte-fenêtre douze beau dindons sauvages m'attendaient.

Comme c'est le grand calme, les animaux sauvages se rapprochent des habitations.

Qui sait ? Je vais peut-être me retrouver un beau matin avec un chevreuil, et pourquoi pas un ours sur ma galerie. Se serait chouette.

Habituellement les dindons sauvages sont très farouches et difficiles à approcher, mais ce matin c'était les dindons qui se sont approchés. J'ignore s'ils m'ont vu au travers de la vitre de ma fenêtre. Dans tous les cas, ils n'ont pas l'air d'avoir été impressionné par ma nudité.

Je n'ai pas ouvert ma fenêtre.

Ils sont descendus vers la rivière. Ils ont longé la rive vers l'amont.

Un beau moment !

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

A Avioth où je suis actuellement, certains, évidemment, instrumentalisent cette crise sanitaire sans précédent pour rêver d'un monde écolo-vertueux végétarien et décroissant et leurs références, souvent, m'exaspèrent.

Pourtant, je me définis moi-même comme un social-démocrate et écologiste pragmatique. Il faut raison garder.

Dans ce contexte, je viens d'écrire un long texte pour résumer ma position sur le sujet.

Je le passerai en trois "morceaux"



Bien à vous,




Message de J.V., indigène européen imaginaire du nord de l'Europe

En ces temps de pandémie du Covid-19 (appelée familièrement Coronavirus)

Cette pandémie est inédite depuis celle de la grippe dite "espagnole" de 1918-1919. C'est une sorte de pneumonie provoquée par un virus qui existe à l'état endémique dans certaines espèces animales, notamment en Asie (chauve-souris, pangolin, ou civette). Ce virus a franchi la barrière des espèces via la vente d'animaux sauvages sur un marché de la mégalopole chinoise de Wuhan.

Le régime communiste chinois, à la fois totalitaire et capitaliste, a commencé par étouffer l'épidémie, et a même puni ceux qui diffusaient l'information. Il a ensuite, mais un peu tard, réagi avec vigueur comme peut le faire une dictature, en bouclant hermétiquement la ville de Wuhan puis toute la province du Hubei.

Ces mesures ont permis de circonscrire l'épidémie, mais pas assez pour empêcher son extension internationale, conséquence de la mondialisation et du développement des transports aériens internationaux.

La pandémie frappe aujourd'hui très durement l'Europe, à commencer par l'Italie et l'Espagne, puis la France, et ensuite le Royaume-Uni et les Etats-Unis où son épicentre est à New York.

Pour la majeure partie des personnes touchées, la maladie n'est pas très grave et peut guérir assez rapidement, mais ces personnes peuvent diffuser le virus très rapidement. Pour 15 à 20 % des personnes malades, les symptômes sont beaucoup plus graves et nécessitent une hospitalisation, et souvent des soins intensifs, la réanimation, l'intubation, le branchement sur des respirateurs. Dans les régions les plus touchées, les hôpitaux sont débordés.

Les mesures de confinement sont indispensables pour limiter la contagion et pour éviter l'effondrement du système hospitalier. Sans confinement, sans soins intensifs, la pandémie entraînerait des centaines de milliers, voire des millions de morts.

La confinement, s'il permet d'éviter de nombreuses morts, engendre une forte récession. Si le ralentissement de la croissance n'est pas mauvais en soi, par rapport aux thèmes légitimes des ressources naturelles et du changement climatique, il entraînera inévitablement une crise économique sans précédent depuis 2008, voire 1929, avec le chômage de masse, la misère, la précarité.

Ce serait une catastrophe économique et sociale, avec son cortège de détresse psychologique, de violence, de radicalisation politique.

Nuages a dit…

Suite :

La pandémie est instrumentalisée par de nombreux militants écolos de la décroissance, pour justifier le "retour à la terre", un modèle de société pré-industriel, avec le "retour" des hommes vers le monde rural, l'agriculture de subsistance avec traction animale, le végétarisme, voire le véganisme.

La pandémie est vue par de nombreux esprits militants, écologistes radicaux, "décroissants", "spiritualistes", liés aux pseudo-sciences, à la pensée magique, aux religions orientales, aux "savoirs traditionnels", à l'idéalisation des peuples "indigènes" vus comme sages "par nature", comme l'occasion de construire un "monde nouveau".

La pandémie est aussi vue, par les mêmes, comme un événement bienvenu, une véritable expiation des péchés du monde développé : les voyages en avion, les sports d'hiver, l'usage de l'automobile, la consommation de viande - ceux qui consomment de la viande sont qualifiés de "carnivores" et stigmatisés.

Si le réchauffement climatique et l'épuisement des ressources sont, évidemment, des défis majeurs, que seule une réelle volonté politique (l'application des Accords de Paris sur le climat) et la recherche, scientifiquement fondée, de nouvelles sources d'énergie, de nouvelles ressources, et d'une croissance écologiquement responsable, mais en aucun cas "punitive, peuvent résoudre.

La pandémie ne doit donc pas être instrumentalisée.
Elle N'EST PAS due au réchauffement climatique.
Elle N'EST PAS due aux voyages en voiture, aux sports d'hiver.
Elle N'EST PAS due aux banques, aux multinationales ou à Monsanto.
Elle N'EST PAS due aux OGM, au glyphosate, ou aux pesticides.

Seuls le confinement, les tests, les mesures de protection physique et hygiénique, et les ressources de la médecine scientifique (appelée "médecine officielle" par les tenants des pseudo-sciences et de la pensée magique), pourront vaincre une pandémie qui risque de provoquer des millions de morts et une crise économique sans précédent depuis des décennies.

Nuages a dit…

Et fin :

Pendant ces semaines de confinement, de travail exemplaire des services hospitaliers, il faut préserver une certaine qualité de vie.

Pas par des phrases creuses "qui ne mangent pas de pain", du genre "aimez-vous les uns les autres", respectez notre "Terre-Mère", et autres "priez !".

- Maintenez des contacts chaleureux avec ceux que vous aimez, parlez avec eux de vos vies en ces temps difficiles, mais aussi de culture, de sciences, de philosophie, de littérature, de cinéma.

- Informez-vous sur le déroulement de la pandémie, auprès de sources fiables, et pas par les rumeurs complotistes et les fake news des réseaux sociaux.

- Mais ne passez cependant pas trop de temps sur ces informations, et consacrez du temps et de l'énergie à ce qui fait de nous des êtres humains conscients, curieux, cultivés : la littérature, les récits de voyage, les essais, les films d'auteur, les documentaires, la musique...

- Gardez à l'esprit, en ces temps où des vies, par milliers, sont fauchées par la maladie, que la vie est précieuse, que chacun n'a qu'une vie. Ne la gaspillez pas, ne perdez pas de temps à des fariboles. Si vous le pouvez, créez, écrivez, peignez, faites de la musique, photographiez. Si vous le pouvez aussi, promenez-vous dans la nature, si la campagne, la forêt sont proches de votre domicile, en prenant bien sûr les précautions sanitaires indispensables.

- Sur le plan politique, mais cela n'engage évidemment que moi, la pandémie aura montré la nécessité et l'utilité absolue d'un Etat efficace, de services publics correctement financés, d'une médecine hospitalière dotée des ressources nécessaires.

- Enfin, point apparemment de détail mais crucial en réalité, il faut absolument mettre fin au commerce d'animaux sauvages (chauves-souris, pandolins, civettes) sur les marchés asiatiques. Ces animaux, véritables réserves de virus dangereux, ne doivent pas se retrouver sur les marchés alimentaires, les précédents du SRAS, de la grippe aviaire, de la grippe H5N1, l'ont montré. Ce sont de véritables "bombes virologiques".

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Il est assez rare que je puisse contempler, depuis ma fenêtre parisienne, des dindons sauvages. Mais je ne sais pas à vrai dire à quoi ressemblent ces volatiles (est-ce que ça vole d'ailleurs ?).

Quant à un chevreuil ou un ours, leur réapparition à Paris n'est pas envisagée sous brève échéance. Il faut cependant signaler qu'en Europe, les renards et les sangliers se rapprochent de plus en plus du centre des villes.

Je me contente d'un couple de merles qui s'est proclamé propriétaire de mon jardin et passe sa journée à retourner la terre. J'ai aussi les visites nombreuses de deux couples de mésanges (charbonnière et bleue), d'un rouge gorge et de deux moineaux. Eux, ils s'intéressent aux arbres mais quand ils se rencontrent, ils se bagarrent.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages pour cette intéressante contribution,

Je souscris, sur le fond, entièrement à votre analyse.

Vous soulignez, de manière très juste, que ce qui est inquiétant, c'est la récupération politique et idéologique qui sera faite de cette crise.

Difficile de prévoir les réactions à venir. On n'a pas fini d'affronter des temps sombres. Beaucoup de sang froid sera nécessaire.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Effectivement les dindons sauvages volent, mais se ne sont pas des as de la voltige. Ils sont très farouches, et s'ils sentent que leur sécurité est menacée, ils s'envolent pour aller se percher dans les branches d'un arbre le plus proche. Par contre se sont d'excellent coureurs.

C'est un oiseau qui n'est pas commun au Québec et qui est arrivé ici par la frontière américaine, où il a été protégé en autre par l'État du Vermont. Et, comme il était protégé dans les États du Nord des USA, nous aussi nous l'avons protégé, et voilà que cet oiseaux pullulent.

Les dindons abondaient en Amérique Du Nord, lorsque les Européens sont arrivés, ce qui a même sauvé la vie des premières colonies comme les Puritains du Mayflower. Il n'aura fallu que 150 ans pour pratiquement les faire disparaître.

Ce qui est intéressant dans cette affaire, c'est le retour des animaux sauvages, dès que l'homme cessent ses activités. La nature reprend sa place. Un bon exemple se sont les environs de Tchernobyl où sangliers et cervidés ont repris la possession des lieux. Comme de quoi, que l'homme pourrait disparaître. Nous sommes peut-être uniques comme espèces, mais nous ne sommes pas irremplaçables. Grande leçon d'humilité.

Un exemple parmi tant d'autres. Il est très intéressant de revenir dans un endroit où il y a eu un gros feu de forêt, après quelques années tout repousse. Les orignaux sont de retour, ils raffolent des petites pousses tendres. Ils sont suivis par toutes une cohorte d'animaux sauvages. La vie est revenue. En marchant dans ces broussailles, soudain vous mettez le pied sur un tronc d'arbre calciné et vous pensez à tous ces événements, qui résultent en une forêt nouvelle.

Si cette situation d'isolation perdure, il serait bien possible d'apercevoir des chevreuils. Il est présentement 8 heures 25 du matin, le soleil brille, et je n'ai pas encore vu un véhicule passer sur la route. On ne peut pas toujours avoir une douzaines de dindons sauvages quotidiennement sur le seuil de sa porte, et ce matin j'ai dû me contenter d'un couple de rouge-gorge. Tant qu'aux ours, cela tient plus du souhait que de la réalité. Je n'en n'ai jamais vu dans les environs immédiats. L'ours demeure mon animal fétiche, mon grand Manitou.

Ça me donne le goût de m'évader en forêt
Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Il est présentement six heures du matin, le ciel est clair, -3 degrés, c'est l'aube. Je surveille autour de ma tanière pour voir s'il n'y aurait pas un animal, cela va devenir une habitude depuis dimanche dernier.

Naturellement lorsque je vous ai écrit hier sur le dindon sauvage, je me suis dispersé et mon texte est partie dans toutes les directions. Je suis ainsi, c'est ma nature profonde et volcanique.

Le dindon sauvage est moins gros que le dindon domestique. Les juvéniles portent une livrée brune genre terre boueuse. Il passera le reste de sa vide adulte à ce qui nous apparaît noir, mais lorsqu'on s'approche, c'est un brun très foncée.

La beauté, le dindon sauvage n'en n'a rien à faire. Il est laid, faut voir sa tête. Il n'est pas équipé pour la séduction. Le mâle ne séduit pas la femelle avec sa tête ou son regard. Il possède un atout très particulier, il fait un éventail avec sa queue et parade proche des femelles. C'est spectaculaire.

J'y ai pensé hier après avoir écrit mon texte. C'est vraiment un bon coureur. Cela me rappelle le pas de l'autruche, ils font des motions semblables, par contre le dindon est plus court sur patte.

Selon les dires, le dindon possède une chose qui dépasse tous les autres oiseaux, on dit que sa chair est succulente, je ne sais pas, je n'en n'ai jamais mangé. Je sais que ça va venir, dans mon cas c'est une question de temps et d'occasion. J'ai hâte d'y goûter. Ma référence c'est la perdrix. Je suis un grand amateur de perdrix.

Sa dernière caractéristique, c'est un oiseau vorace, il faut le voir dans les champs ou en forêts. C'est un véritable glaneur professionnel. Il faut le voir passer au travers les champs après les battages l'automne. Dans son cas, c'est vrai, rien ne se perd.

Au final, je trouve que c'est un oiseau étrange, mystérieux et je ne manque jamais de les observer.

Oui, rien, vraiment rien ne vaut la vie !

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Vous venez de m'apprendre presque tout sur le dindon sauvage. Une espèce qu'il serait peut-être intéressant d'exporter en Europe. Personnellement, j'aime assez la viande de dinde, il paraît d'ailleurs qu'elle est plutôt saine.

Quant à la dispersion de vos pensées que vous évoquez, je me garderais bien de porter un jugement. Mon site n'est pas un lieu de censure mais d'expression. On a le droit de diverger.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Sans doute la première fois que j'ai vu un oiseau, cela m'a laissé une impression indélébile, depuis que je suis bambin que les oiseaux me passionnent. C'est peut-être la raison qui fait que je suis dispersé.

Ici, on entre dans une période spéciale, avril c'est le mois des retours, et comme il n'y a pas encore de feuilles dans les arbres, les petites espèces sont plus faciles à observer comme la fauvette jaune. Une seule couleur, un jaune comme j'en ai jamais vu dans ma vie, c'est vraiment impressionnant, un citron à côté à l'air bien terne. Farouche, discret, son habitat c'est les bosquets d'aulne. Je me souviens très bien de la dernière que je n'ai vu un. Parce que un peu plus tard dans la journée, j'ai versé dans un canal avec mon canot, une fausse manœuvre. Nous étions le 30 avril et je reconnais que l'eau n'était pas particulièrement chaude.

J'ai près de moi, ma vieille édition : Guide des oiseaux d'Amérique du nord, fripé, cabossé, tordu, dont les pages commencent à se détacher. Un vrai livre qui a vécu sa vocation de livre, celle d'informer. Édition : Marcel Broquet.

Tant qu'au dindon sauvage, il faut faire attention, c'est une espèce envahissante. Elle ne semble pas avoir de prédateur autre que l'homme. Il va falloir prolonger les périodes de chasses. Je ne suis pas un partisan des exportations d'animaux dans d'autres pays.

Jadis, j'ai élevé des dindons domestiques. J'ai essayé une année par accident, parce que ma marchande de grain alors que j'étais aller chercher mes poussins comme chaque printemps, elle m'a dit : Il me reste cinq petits dindons, je te les donnes. Me voilà parti pour la ferme avec mes cinq poussins dindons. Ils ne payaient pas de mine. Je les ai réchappé. La seule qualité que le dindon domestique partage avec le sauvage, c'est la voracité. Le gain de poids, ils connaissent. Mon champion pesait 18 kilos à l'automne. Il était tellement gros, que je l'ai fait fendre en deux parce qu'il n'entrait pas dans le four de ma cuisinière. Je dois dire que cette expérience m'a réconcilié avec cette viande. Élever sa viande il n'y a rien de tel.

Une viande saine ? c'est une notion étrangère pour moi. De la viande c'est de la viande et c'est bon !

Oui, je suis disparate, dispersé, curieux de tout. Je diverge, j'erre, je me perds. Mais, finalement, j'arrive à me retrouver dans mon désordre comme dans mon anarchie.

Bonne fin de journée Carmilla !

Richard St-Laurent