samedi 25 avril 2020

La nuit animale


Quand j'étais adolescente et même étudiante, l'une de mes grandes distractions, c'était de me rendre sur les Quais de Seine où se trouvent plein d'"animaleries".


Jusqu'à une époque récente, on y vendait une foule d'animaux bizarres voire horribles : des serpents visqueux, des lézards "cancéreux" pleins de cornes et protubérances, des tortues carnivores avec mâchoire en couteau, des insectes difformes dont on ne distingue pas la tête et la queue, des araignées plus velues qu'un sexe féminin. J'ai même vu, une fois, une roussette, cette chauve-souris géante, suspendue à ses griffes, baveuse et la tête renversée. Ça me répugnait et me fascinait. Ma trouille, c'était qu'une des cages soit mal fermée et laisse échapper un de ces monstres.


J'essayais d'interroger les vendeurs. Est-ce que ça se vend vraiment ces bestioles ? Comment-ils sont les types (j'avais du mal à concevoir que ça puisse être des nanas) qui vous achètent ça ? Malheureusement, on m'a toujours envoyée promener.


Pourtant ça m'intéressait et m'intéresse vraiment la psychologie des gens qui apprécient la compagnie d'animaux étranges. Quels échanges peut-on avoir avec une araignée, un serpent ? Mais j'avoue aussi que si je rencontrais un amant potentiel hébergeant ce type de bestioles, je me dépêcherais de fuir.


Je me souviens aussi d'avoir visité à Pékin un de ces "marchés aux animaux" dont on parle tant aujourd'hui. J'ai été effrayée et déchirée par ces bêtes pitoyables, étroitement encagées, qui essayaient désespérément de communiquer leur détresse : des animaux communs d'abord, lapins, chats, chiens, tous destinés bien sûr à finir à la casserole mais aussi plein d'"étrangetés", reptiles, insectes et mammifères qui m'étaient inconnus. C'est vrai que sur ces marchés, on peut se mettre à croire au mythe de la cruauté asiatique et plus spécialement chinoise. Quelle drôle d'idée d'ailleurs de vouloir écailler un pangolin.



Mais à Paris aujourd'hui, je crois que c'est fini, les animaleries ne vendent plus que des toutous et des cha-chats, moins peut-être parce qu'il n'y a plus de demande que pour se conformer au politiquement correct.

Au total, je crois qu'on entretient tous une fascination-répulsion vis-à-vis des animaux. Et ce sentiment ambigu se retrouve dans la sélection rigoureuse des espèces que l'on opère. Il y a une véritable échelle de l'infamie : d'abord les animaux fréquentables (même si on ne porte pas à tous la même considération), les domestiques et ceux d'élevage et puis les infréquentables, tous les sauvages, situés sur une échelle allant du féroce et dangereux (l'ours, le loup) à l'innommable et le répugnant (l'araignée, la limace).


Les fréquentables, c'est quand même ceux sur les quels on peut se projeter, faire un peu d'anthropomorphisme. Ceux qui nous laissent croire qu'on a peut-être quelque chose de commun avec eux.

Mais même avec eux, je crois qu'on éprouve une attirance-terreur; c'est du moins ce que je vis. C'est la béance effrayante de cette "nuit animale" dont l'homme s'est un jour extirpé. Qu'est-ce que c'est d'être un chat, un chien ? Comment voient-ils le monde et, singulièrement, nous mêmes ?


Ce qui me sidère, c'est qu'aujourd'hui de plus en plus de gens nous serinent que les bêtes sont des humains comme les autres ou alors que les humains sont des bêtes comme les autres. Et ils vous assènent de multiples exemples prouvant l'intelligence animale. Je leur réponds simplement que je ne serai convaincue que lorsque qu'un chien ou un chimpanzé aura écrit l'équivalent du "Bateau ivre" d'Arthur Rimbaud.


Mais qu'est-ce qui peut bien les réjouir ou les consoler dans cette idée qu'il n'y aurait pas de césure entre les espèces humaine et animale ? Est-ce que ça ne traduit pas de sombres rêves : le plaisir de faire la bête, de ne plus se sentir ni responsable, ni coupable ? La possibilité de devenir criminel en toute impunité, de s'affranchir de toutes les lois et de toutes les bienséances ? Toutes ces élucubrations régressives m'effraient.


La seule chose que j'envie aux animaux c'est qu'ils échappent vraisemblablement à la conscience de la mort et n'éprouvent pas d'angoisse. C'est aussi ce qui les enferme dans leur condition, parce que c'est tout de même bien la perspective de la mort qui nous conduit à sortir de notre vie immédiate, à nous dépasser et nous projeter dans le temps.

















Mais je ne voudrais pas apparaître anti-animaux. Je les aime réellement même si je me sens incapable d'en avoir; et puis, je comprends parfaitement le plaisir que l'on peut éprouver à avoir un animal de compagnie. Sur ce point, Sigmund Freud, pourtant hyper rationaliste, a écrit des choses très éclairantes. Il avait ainsi la passion des chiens et notamment des chow-chows. Il les considérait vraiment comme des membres, à part entière, de la famille. Ce qu'il louait souvent chez eux, comme un avantage certain sur les hommes, était l'absence de toute ambivalence. "Les chiens aiment leurs amis et mordent leurs ennemis. Ils sont en cela bien différents des hommes qui sont incapables d'amour pur et doivent toujours mêler l'amour à la haine dans leurs relations d'objet." Ou encore : "Telles sont les raisons pour lesquelles on peut aimer un chien comme Topsy ou Jofie avec une profondeur si singulière, cette inclination sans ambivalence, cette simplification de la vie libérée du conflit avec la civilisation, conflit si difficile à supporter, cette beauté d'une existence parfaite en soi."

Une existence parfaite en soi, parce que simple, parce que libérée du conflit avec la civilisation. Que peut-on écrire de plus beau sur la vie animale ?


Images principalement de Franz MARC (1880-1916) et August MACKE (1887-1914) et peintres de l'expressionnisme allemand. Photographies (2) d'Anka ZHURAVLEVA.

15 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Votre texte est dans la suite de mes derniers commentaires...

Pour l'heure aucun cormoran en vu, mais mère outarde couve et elle couve sérieusement. Elle bouge à peine. Hier après-midi, je suis demeuré longtemps à l'observer avec mes jumelles, dans l'espérance de la voir bouger. L'endroit de son nid a été bien choisi, dans un paquet de fardoches près d'un sapin renversé, si elle ne bouge pas, personne ne se doute qu'il y a là un gros oiseau. Elle se camoufle parfaitement avec le paysage. Depuis que j'ai découvert ce nid, j'ai mes repères, je sais où diriger mon regard.

Depuis jeudi, il fait un temps magnifique, ciel clair, visibilité parfaite, quoi que les nuits demeurent froides, encore – 5 ce matin. Ce qui est intéressant avec cette outarde, la luminosité et l'angle du soleil modifie notre perception. Ce qui augmente sa sécurité.

J'aime les animaux, surtout les animaux sauvages dans leur environnement, lorsqu'ils ne se doutent pas de notre présence.

Comment un animal aussi actif que l'outarde peut demeurer des heures, et des journées sur un nid, et cela par tout les temps, sans bouger, surtout que par -5 degrés pas question de quitter le nid, pour une petite vadrouille nocturne ?

Très inspirant le corbeau à la fenêtre. Je trouve que les photos de cette femme sont très particulières, ce n'est pas seulement de la photographie, c'est de l'atmosphère, Anka ZHURAVLEVA m'inspire. Je serais heureux d'afficher ce corbeau à la fenêtre sur l'un de mes murs ! C'est un genre de photos que j'apprécie tout particulièrement.

Je trouve votre texte chaleureux, réconfortant, vivant, vibrant, d'une grande simplicité comme dans un dépouillement. C'est comme les animaux, leur richesse s'affiche dans le dépouillement.

Merci Carmilla

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Les "corvidés" (corbeaux, corneilles, choucas, pies) compteraient parmi les animaux les plus "intelligents" : utilisation d'outils, capacité à prévoir. Mais on ne peut pas espérer les domestiquer sauf à les recueillir à la tombée du nid.

Le rapport des sociétés humaines aux animaux varie beaucoup. C'est beaucoup façonné par les religions (islam, judaïsme, christianisme, zoroastrisme, hindouisme...).

Mais les choses évoluent: à Tel-Aviv, j'ai été étonnée du nombre incroyable de chiens; c'est vraiment la ville des chiens. A Téhéran en revanche, avoir un chien est devenu extrêmement problématique. La Roumanie a été envahie, il n'y a pas si longtemps, de chiens errants et sauvages. Ça a aussi été le cas en Ukraine.

J'aime bien les animaux mais ça impose trop de contraintes: voyages et surtout présence minimale à son domicile.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Garder des animaux impliquent des responsabilités, que n'ont pas toujours développé les citadins, nous les campagnards nous savons de quoi il en retourne. Si tu es producteur laitier, la traite c'est matin et soir et pas question de passer à côté, si tu as des porcs, c'est de les nourrir avant qu'ils ne te dévorent, même chose pour les poules, ce qui implique pour les producteurs agricoles un sens du devoir tout à fait particulier. Si tu veux voyager, il faut que tu te fasses remplacer. Ce qui n'est pas toujours facile.

Pour une part, nos rapports avec les animaux ont été en partie façonner par les religions. Exemple le serpent maudit est rejeté par plusieurs religions. Le diable prend la forme d'un serpent, et tente Ève avec une pomme. Pourquoi le serpent a été ostracisé et que nous mangeons encore des pommes sans état de conscience ?

Le problème des chiens errants a toujours été récurrent dans les campagnes de plusieurs pays de par le monde. Chez-nous un chien qui était en train de courir après des vaches laitières au pâturage avait signé son arrêt de mort. Il y a longtemps que j'ai arrêté de compter le nombre de chiens que j'ai abattu dans ma vie. C'est ainsi que nous avons réglé le problème des chiens errants. Aujourd'hui, c'est bien différent, les vaches laitières ne sortent plus à l'extérieur. Les gens qui vivent à la campagne ne sont pas tous des paysans, et en général se ne sont pas des chasseurs, alors ils sont beaucoup moins armés que nous l'étions.

Ma grande bernache est toujours sur son nid, elle couve, j'ai hâte de voir ce qui va sortir de ce nid. Elle a bougé un peu hier, s'est levé, a fait quelques pas, puis à repris sa place sur son nid. Il fallait la voir s'écraser tout doucement sur ses œufs, c'est une manœuvre impressionnante pour une oiseau aussi imposant. Histoire à suivre...

Merci de votre commentaire Carmilla, j'espère que vous êtes en forme, et que vous occupez votre temps à des choses intéressantes.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Quel hasard ! Je me réveille. Je me lève. Cours à ma fenêtre pour observer ma bernache sur son nid et qu'est-ce que je vois ? Un couple de petits canards. Ils sont plus petits que le Garrot Commun. Surpris, je me plonge dans mon guide des oiseaux d'Amérique du Nord. Se sont des Bec-Scie Couronnée. La femelle est couronnée d'une huppe d'un brun tirant sur le café crème et le mâle a des taches blanches sur les joues. Vraiment magnifique ! Nous connaissons bien le Grand Bec-Scie, que je rencontre assez fréquemment, mais c'était la première fois de ma vie que je voyais un couple de Bec-Scie Couronné. Je me suis levé juste à temps pour les voir passer sous mes fenêtres. Pendant que je les ai observé, la femelle a plongé pour revenir avec un poisson dans le bec qu'elle a englouti rapidement. Ils ne sont pas resté longtemps, peu commun, ici ils ne sont que de passages. Vraiment quel hasard ! Quel heureux hasard ! Dire que si je m'étais levé, une minute plus tard ou plus tôt, je ne les aurais jamais vu. Nous ne savons jamais ce que nous manquons.

Personnellement, j'ai un faible pour les corneilles. J'aime leur livrée noire, beaucoup plus soyeuse que le corbeau. De tous les Corvidés c'est vraiment la plus intelligente. J'aime son cri moqueur. Farouche et moqueuse à la fois, il a quelque chose de séduisant dans cet oiseau. J'ai peut-être un lien de parenté étant moi-même farouche et moqueur.

Ma bernache est toujours sur son nid et ce matin son mâle patrouille entre l'Île aux Couleuvres et la rive. Fidèle, il monte la garde.

Quel matin fabuleux !

Je suis très content.

Bonne journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

La première exigence, lorsqu'on adopte un animal, c'est bien sûr de s'en occuper et d'avoir du temps à lui consacrer. Je n'ai pas, pour ma part, cette capacité et puis j'aime voyager.

Le problème des chiens errants en Roumanie et en Ukraine a, inévitablement, été résolu en les exterminant. En Ukraine, c'est l'organisation du championnat d'Europe de football en 2012 qui a conduit à cette solution. C'est sans doute consternant mais la situation devenait incontrôlable. Mais aujourd'hui encore, on rencontre, à la campagne, une multitude d'animaux errants, divers et variés (poules, canards, chats etc..). Tout ce monde là se promène librement dans les villages. C'est bien différent de l'Europe de l'Ouest, c'est très curieux.

Dans mon jardin, je ne vois qu'un nombre limité d'oiseaux et toujours les mêmes. J'ai l'impression qu'ils s'en considèrent les propriétaires parce que, dès qu'ils voient un intrus, ils déclenchent une bagarre.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !
La plénitude de vivre à la campagne, ou en forêt, m'a toujours accompagnée. Je n'ai jamais été fait, ni conditionné pour la ville, encore moins une grande ville comme Montréal, d'où sévit la pandémie présentement et tous les problèmes qui s'en suivent.
Le plaisir d'observer de nombreuses espèces d'oiseaux, d'animaux, de vivre de l'air du temps, de ne pas courir sans raison ; quoi que en voyant un néandertalien de ma sorte qui ne paie pas de mine, se sont les autres qui se sauvent.
La joie de voir loin, de se sentir parti prenante de l'immensité, de penser que nous n'avons pas plus de limite que notre environnement, que nous faisons parti d'un tout, là où tout n'est que voyages, déplacements, rencontres, fuites, mouvances, difficile de ficher des nomades physiquement, et c'est encore pire mentalement.
Ici, il se passe toujours un événement, et ce n'est pas tous les jours comme hier de rencontrer dans sa vie deux oiseaux que je n'avais vu que dans les livres et qui n'avaient jamais piqués ma curiosité, il fallait que cela arrive hier matin.
Il m'a fallu du temps pour atteindre cet état d'esprit, de laisser les animaux en liberté, de ne pas les accaparer, les mettre en cage, et se dire : voilà, ils m'appartiennent. Puis, mes réflexions sur ce sujet ont évolué, la cage heurtait de plein fouet ma liberté, de même lorsque je croise un prisonnier qu'on transfère les menottes aux poignets. Je préfère les animaux libres et s'il y a un problème, alors nous intervenons, mais la nature n'a pas à reprendre ses droits ; les droits c'est une affaire humaine, les bernaches comme les cormorans ne connaissent pas le droit. Pour la bernache c'est l'herbe tendre des prairies comme des gazons, et pour les cormorans c'est la pêches sans permis. Il n'y a rien de plus beau que d'apercevoir un ours qui vous observe entre les arbres, et qui doit se demander en regardant l'homme : « C'est qui cet animal ? »
Certes je tues moins que j'ai déjà tué, mais je n'hésiterais pas une seconde à battre n'importe quel chien errant comme ceux de la grande dame de la photo 5, avec ses deux dobermans en laisses. Qui sait cette femme c'est peut-être la Marquise de Merteuil à la recherche de son gibier de potence le Comte de Valmont ? Ce ne serait plus une liaison dangereuse, se serait comme une relation mortelle.
Des fois, vaut mieux s'éloigner, la liberté est à ce prix !
Moi aussi j'aime les voyages et toutes les sortes de voyages, autant mobiles qu'immobiles.
Bon voyages aux pays de vos rêves Carmilla
Richard St-Laurent

Richard a dit…

Sans troubler vos rêves.

Je viens de terminer la lecture : Les Liaisons Dangereuses.

Il est aussi difficile d'affronter les sentiments que de livrer bataille contre les virus.

J'aurai quelques commentaires sur ce livre.

Bonne fin de nuit

Richard St-Laurent

Anonyme a dit…

Toujours les lectures : en ce moment, je lis "Donbass" de Benoît Vitkine, que je trouve aussi très bon. Je crois me souvenir que vous en avez parlé dans votre blog.

Nuages

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je serais bien incapable de tuer un animal un peu gros. Même un insecte, j'ai des scrupules. Quant à un chien, un chat, un lapin, une poule, c'est inconcevable. Je préfère laisser à d'autres le soin de se charger de cette besogne.

C'est un grand problème : peut-il y avoir une solidarité des espèces vivantes ? Très vite, on se heurte, en l'absence de régulation-sélection, au problème de la surpopulation de l'une ou l'autre. Et accorder des droits aux animaux, c'est effectivement illusoire.

La Marquise de Merteuil nous transporte en effet à cent lieues de tout ça. On est bien loin aussi de la conception traditionnelle des relations amoureuses. C'est bien sûr le règne du cynisme mais celui-ci n'énonce-t-il pas une autre forme de vérité et sincérité ? Au moins, la Marquise n'hésite pas à appeler un chat un chat, sans emballages et afféteries hypocrites.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Effectivement, j'ai déjà évoqué le livre de Benoît Vitkine que j'ai beaucoup apprécié. Il est très juste et décrit fort bien la réalité ukrainienne, sans préjugés ni parti pris.

Ma seule réserve, c'est que le livre est classé dans la catégorie "romans policiers". Ceux qui l'achèteront comme tel risquent d'être déçus. C'est quand même un peu faible comme polar, c'est surtout un reportage sur la guerre du Donbass.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

C'est bien sûr le règne du cynisme mais celui-ci n'énonce-t-il pas une autre forme de vérité et sincérité ?

Bonjour madame Carmilla !

Et, qu'elle est cette autre forme de vérité et de sincérité ?

Abuser des personnes naïves ?

Les rouler dans la farine ?

Les manipuler ?

Peut-on appeler cela de l'amour, des sentiments, ou bien quelque chose qui pourrait lui ressembler ?

Est-ce que toute séduction est un mensonge ?

Est-ce que la Marquise de Merteuil aurait pu séduire et coucher avec Maximilien Robespierre, ou encore Jean-Paul Marat, que dire, André Masséna ? Peut-être même que Talleyrand ne se serait même pas retourner sur son passage.

Le Vicomte de Valmont, c'est une petite crapule faible, qui profite de tout le monde, genre enfant gâté, parce que lorsqu'il n'a pas celle qui lui a résisté, il en fait une lutte à mort. Il a beaucoup plus de caprices que de désirs. Je n'aime pas avoir ce genre d'être dans mon entourage. Ça existe encore aujourd'hui, j'en ai déjà croisé.

Ce chassé-croisé entre La Marquise de Merteuil et les Chevalier Danceny, et entre Mlle Volanges et Le Vicomte de Valmont, valait-il deux coups d'épées que reçu le Vicomte de la part du Chevalier? Où mieux, la perte d'un œil et les ravages de la petite vérole, pour La Marquise  ?

Est-ce que le prix de la souffrance surpasse toujours celui du plaisir ?

Préférons-nous éviter le plaisir afin de ne pas souffrir ?

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Lorsque j'ouvre un livre, j'évite de lire les critiques avant que je n'ai terminé ma lecture, j'évite même les quatrième de couverture. Je ne fais aucune recherche. Je me laisse emporter par l'aventure.

Une fois, la dernière page lu, là j'explore, l'époque de l'action, les régimes politiques, les mœurs, les croyances, les habitudes et surtout dans quel contexte vivait l'auteur.

Mes connaissances sur Laclos étaient bien sommaires, mais l'homme a piqué ma curiosité.

Nous sommes juste avant la révolution française. Laclos est un noble, mais sans moyen. Sur les insistances de son père, il s'engage dans l'armée. Il va devenir officier d'artillerie, espérant se couvrir de gloire sur les champs de batailles de l'Europe pendant la Guerre des Sept ans. Manque de chance, la guerre se termine, ce qui réduisit Laclos à la vie ennuyante des casernes. Pour fuir la routine quotidienne et surtout la pauvreté culturelle du milieu. Il se met à écrire. Les Liaisons Dangereuses auront été écrites à cause de l'ennui.

On décrit, Pierre-Amboise-François Choderlos de Laclos, (franchement avec un nom aussi long on peut construire un pont sur une rivière), comme un homme froid, distant, rationnel, qui plus est, mathématicien. Il s'illustra comme conseillé militaire à la bataille de Valmy (1792). Il aura autant travaillé au cours de la Révolution pour les nobles, qu'il ne semblait pas apprécier, et les Révolutionnaires dont il se méfiait, pour finir dans l'armée du Rhin de Napoléon. Mais sur le fond Laclos pour son époque évoque l'éducation des filles, dans les liaisons il parle même par la bouche de Valmont de contraception. Mais, sans doute comme beaucoup de français en cette époque trouble de la Révolution, il a hésité entre les divers courants politiques.

Laclos était sans doute trop froid et trop rationnel pour devenir un séducteur impénitent. Il se maria a 42 ans avec une jeune femme de 24 ans. Ils auront un enfant.

Laclos à bien des niveaux était peut-être assis entre deux chaises. Moraliste dans un coin, tout en subissant dans l'autre coin les refus de femmes inaccessibles.

Lecture intéressante !

Bonne fin de journée madame Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonsoir madame Carmilla !

Il est 18 heures, heure locale sur Sherbrooke et minuit sur Paris. Pour vous c'est le Premier Mai !

Alors, malgré les circonstances et quand même...

Joyeux Anniversaire Carmilla !

Vous avez raison, rien ne vaut la vie, et nous sommes encore vivants!|

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

L'autre vérité, c'est celle la "noirceur" de l'âme humaine.

C'est le débat récurrent : l'homme est-il bon par nature ou hanté, d'emblée, par le Mal ? Dans nos sociétés, on a une vision généralement sucrée et naïve de la personnalité et des relations amoureuses. Mais la bienveillance n'est peut-être pas notre fort : asservir l'autre, le manipuler, le traiter comme un objet, n'est-ce pas plutôt cela notre préoccupation ?

Laclos déplace le problème, rebat les cartes, il ne croit nullement en la bonté humaine.

Il est effectivement intéressant de noter que Laclos est devenu romancier un peu par accident et qu'il n'a pratiquement écrit qu'un seul livre. En outre, sa personnalité propre était très éloignée de celle de Valmont. Il ne s'agit nullement d'une autobiographie.

Merci pour vos bons vœux mais ce n'est sûrement pas mon anniversaire le plus gai. Mon principal problème, c'est que je n'arrive plus à faire aucun projet. Tout est incertain.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour madame Carmilla !

C'est justement, c'est lorsque tout est incertain que ça compte vraiment.

Richard St-Laurent