samedi 2 mai 2020

L'expropriation de nos vies


































Pendant le confinement, j'essaie de combler mes lacunes cinématographiques en regardant plein de films en "replay" à la télé.

Je m'étonne moi-même. Souvent, j'ai envie d'intervenir auprès des acteurs : "Halte là ! Vous êtes complétement inconscients, vous ne respectez pas les gestes barrières".


Ça me rappelle la surprise fugitive que j'éprouvais parfois lorsque je débarquais à l'aéroport de Roissy en revenant d'Iran. C'est vrai que les femmes en Occident sont habillées de manière impudique, je pouvais me dire.

C'est étonnant la rapidité avec la quelle on intègre une nouvelle réalité contraignante. J'imagine que lorsqu'on est brutalement jeté en prison, très vite, après une période de rage ou d'abattement, on s'adapte et considère la situation comme "normale", au point d'oublier parfois qu'on est prisonnier.


C'est un peu pareil avec le COVID 19. On a vite modifié tous nos repères, on a manifesté une capacité de soumission, une compliance, "exemplaires". Ça a été d'autant plus facile qu'à contrario de ce que l'on raconte souvent dans les médias, la pandémie actuelle ne constitue pas une situation totalement inédite.


On peut même parler d'un simple retour à "la normale", ou du moins à l'horizon commun de l'humanité jusqu'à une époque finalement très récente : la fin de la seconde guerre mondiale. C'est en effet seulement avec la découverte des antibiotiques (qui auraient fait gagner jusqu'à 10 ans d'espérance de vie à l'humanité) que l'on a pu éradiquer les grandes épidémies. Auparavant, la tuberculose faisait planer une menace terrifiante. Innombrables en ont été les victimes, célèbres (Chopin, Kafka, Modigliani, Jarry, de Tocqueville) et anonymes. Il y avait aussi la typhoïde, le choléra,  la syphilis (Nietzsche, Baudelaire, Gauguin, Maupassant, Karen Blixen), des maladies dont il était presque banal de mourir.


Par exemple, pour oser voyager, notamment en Asie, il fallait avoir l'esprit extrêmement aventureux. Il est intéressant de lire les récits des grands archéologues de la fin du 19 ème siècle qui ont ramené d'Irak, d'Iran, d’Égypte,  les merveilles que nous contemplons aujourd'hui au Musée de Louvre, au Pergamon ou au British Museum. On mesure mal aujourd'hui l'extraordinaire aventure qu'a représenté le "pillage" ou "l'importation" (selon les points de vue) de ces trésors. La pire menace était moins celle des populations locales, souvent hostiles, que les innombrables fièvres et maladies endémiques.


Et même jusqu'à une époque très récente, il y avait une foule de "petites maladies", aujourd'hui largement éradiquées, qui empoisonnaient la vie, surtout des enfants : les oreillons, la rougeole, la coqueluche, la varicelle, la rubéole, la diphtérie, la poliomyélite.


On peut même rappeler que deux grandes épidémies ont traversé la France, il y a assez peu de temps, sans que personne ne s'en émeuve : la grippe asiatique de 1957-1958 qui aurait fait jusqu'à 100 000 morts et celle de Hong-Kong de 1968-1969, 32 000 morts. Ça a été complétement effacé de la mémoire collective et vécu dans l'indifférence générale. Les pouvoirs publics n'ont pas esquissé la moindre réaction et l'idée ne les a pas effleurés d'un confinement généralisé. On n'allait tout de même pas sacrifier la croissance économique (à l'époque très forte).


On était probablement beaucoup plus insensibles, beaucoup moins compatissants, à cette époque pas si lointaine. Peut-être mais ça n'est pas si sûr. Ça prouve plutôt qu'il y a quelque chose de bien changé dans la gouvernance du monde et de nos sociétés.

On a longtemps fait le procès d'un capitalisme inhumain et sans cœur, exploitant jusqu'à la mort la force de travail, broyant les corps, abrutissant les âmes (le Zola de "Germinal" et "L'assommoir"). C'était "l'horreur économique" sur la quelle on a tant larmoyé.


Ce schéma ne semble plus fonctionner aujourd'hui. Un véritable "basculement" vient de se produire. Tout à coup le capitalisme ultra libéral, comme on dit, jusqu'alors pourri et obsédé par l'argent, ferait le choix de sacrifier ses intérêts économiques et financiers pour protéger la santé de la population.


Mais est-ce bien les capitalistes qui ont fait ce choix ? Le plus frappant aujourd'hui, c'est que les économistes n'ont pas voix au chapitre. Ils sont jugés obscènes et priés de se taire alors même qu'ils auraient peut-être des choses intéressantes à dire : notamment qu'en plongeant le monde dans une profonde récession économique, on réduit certes, à court terme, la mortalité liée à une maladie, mais on risque fort de générer, à moyen terme, de multiples autres problèmes de santé résultant du chômage et de la pauvreté accrue.
 

La France va bientôt franchir la barre des 30 000 morts Covid. Beaucoup découvrent, à cette occasion, qu'ils sont mortels. Quelle information ! Mais c'est vrai que la Mort est, de plus en plus, le grand Refoulé de notre civilisation. 30 000 morts, c'est sans doute beaucoup mais il faut rappeler que chaque année, 600 000 personnes décèdent dont 150 000 d'un cancer. En quoi ces 600 000 personnes et ces 150 000 cancéreux sont-ils moins estimables que ces 30 000 Covid ? C'est peut-être injuste parce que le cancer frappe beaucoup de gens jeunes alors que la moyenne d'âge des décès Covid est supérieure à 80 ans. N'est-il pas plus triste de mourir à 20 ans ? Brutalement exprimé, la lutte à tout prix contre le Covid, c'est tout de même bien protéger les vieux au détriment des jeunes qui vont être plongés dans la détresse économique.


La santé vient d'être érigée comme valeur suprême, absolue, de nos sociétés. Le médecin devient le bon pasteur guidant l'humanité. Les gouvernants n'osent plus prendre de décisions sans un Conseil Scientifique dont les avis sont Paroles d’Évangile. Les personnels soignants font l'objet d'une véritable vénération, ils sont les nouveaux héros. C'est la génuflexion obligatoire devant eux.


Les médias assurent un relais terrorisant en pratiquant un pilonnage continu. Il s'agit d'effrayer au maximum :  les informations sont, exclusivement et toute la journée, concentrées sur COVID. Plus rien d'autre ne semble se passer dans le monde : la Syrie, la Libye, la Turquie, la Russie est-ce que ça existe encore, est-ce que ça a même jamais existé ? On ne parle plus que de parents qui pètent de trouille à l'idée d'envoyer leurs chères têtes blondes à l'école. Et puis on diffuse des reportages dans les hôpitaux bien déprimants avec des témoignages affolés, catastrophistes : apocalypse dans les hôpitaux. Il faut avoir le cœur vraiment bien accroché pour parvenir à s'endormir ensuite sereinement. C'est le gouvernement de la peur impulsé par le pouvoir médical et orchestré par les médias.


On peut se réjouir de ce virage protecteur, compatissant. Mais on peut aussi s'aviser que l’État maternant, ça peut également être dangereux. On voit déjà pointer le "tracking" généralisé, les prises de température continuelles, les contrôleurs sanitaires.


Mais ça n'est peut-être pas le plus important. Plus redoutable est peut-être cette idée, qui s'impose petit à petit, que la vie se confondrait avec la santé. Une existence accomplie, ce serait une vie "saine", sans tabac, sans alcool, sans stupéfiants, sans graisse, ni sucre, ni sel, avec 5 fruits et 5 légumes par jour et en faisant beaucoup de sport.


Une vie "peureuse" exclusivement préoccupée de sa conservation, sans excès, dérapages ou expérimentations. Une vie morne et sinistre uniquement rythmée par l'obsession sécuritaire. On se contente en fait d'exister, de survivre mais pas de vivre. Est-ce que c'est vraiment ça qui nous fait vibrer, à quoi on aspire ?


Voilà à quoi tend le nouveau pouvoir médical et scientifique qui se met insidieusement en place avec l'assentiment général des foules apeurées : l'expropriation de nos vies et ... de nos morts. Pour vivre heureux, il faudrait vivre à l'abri de tout risque, dans ce "terrier" protecteur et paranoïaque qu'a si bien décrit Franz Kafka.

Mais on peut aussi se détourner du chemin imposé : écrire son propre scénario de vie, tendre vers ce qu'on veut être et non vers ce qu'on doit être, manger 10 fruits et légumes ou zéro si on en a envie, ne pas être mince pour ressembler à quelqu'un que l'on n'est pas, trouver son propre régime alimentaire et de vie, débloquer ses peurs, se sentir soi, point.
 

Les photographies les plus significatives sont d'Andrea Torres Balaguer (Espagne) et Maia Flore (France)

8 commentaires:

Richard a dit…

De l'expropriation à la soumission,
ou,
de la soumission à l'expropriation.

Bonjour Carmilla !

Contrairement à mon habitude, je n'ai pas écrit une ligne, pas lu une page hier samedi. Le soleil si éclatant m'a invité à étendre ma vieille couenne sous ses généreux rayons. Je ne pouvais pas gaspiller 18 beaux degrés, si rares au Québec, par ce printemps plus que timide. Ce fut non seulement une belle journée agréable, mais aussi une grande journée. J'ai vu pour la première fois cette année mes premières hirondelles bicolores, et en fin de journée, avant le coucher du soleil, deux chevreuils qui boutaient dans la paix du soir. Ça vaut la peine de vivre vieux pour admirer cette forte représentation de la vie.

Ce matin, par ce dimanche pluvieux, je suis sorti pour la première fois depuis 50 jours. Je voulais vérifier si le Jeep pouvait encore démarrer afin d'aller voir le monde, de ramasser mon courrier, d'aller vadrouiller sur les chemins de travers, entre la rivière Saint François et le Lac Brompton. Il était tôt pour sortir d'une atmosphère mortifère pour se sentir si vivant face à la verdure qui peine à percer. Au cours des deux derniers mois, il n'a jamais été autant question de la mort, et personne ne parle de la vie. Il ne faudrait pas l'oublier, nous sommes encore vivants.

Sommes-nous aussi soumis que vous l'affirmez ? Il appert que si quelqu'un vous braque un 357 en pleine face, vous allez vous soumettre, du moins pour le moment, mais cela ne signifie pas que vous vivrez dans la vocation de la soumission pour le restant de vos jours.

La question a été soulevée, prendre des mesures, ou bien, laisser faire, et ce ne fut pas l'affaire de quelques têtes brûlées. Les Britanniques ne s'en sont pas cachés, ils avaient évolué à 500,000 morts s'ils n'intervenaient pas face à ce virus Bien sûr c'est une estimation, cela aurait pu être moins, ou plus. Combien ? On laisse faire en espérant seulement 500,000 morts, et on se retrouve avec quelques millions ? Mais les Britanniques ne furent pas les seuls, tous les pays Européens, y compris la France, ont étudié ce scénario. Et, que dire du Blondinet de Washington, qui affirma en public, ( Les plus forts vivront et les plus faibles crèveront.)

Richard-Laurent

Richard a dit…

De la soumission ? Je ne parlerais pas de soumissions, mais de consignes, et ces consignes ce sont les seules armes que nous avons présentement pour combattre ce virus. Pour l'heure, nous nous cachons, nous nous isolons, nous limitons les dégâts, ce que je ne considère pas comme de la soumission, mais un acte de résistance. C'est vrai qu'il n'y a rien de glorieux à se cacher au fond d'une tranchée, au fond d'une maison, à fuir les contacts humains ; mais c'est ainsi, ce n'est pas facile, je le sens présentement par ceux qui m'écrivent des messages, ou bien me téléphonent, après deux mois de confinement on sent la fatigue et la lassitude. Les enfants et particulièrement les adolescents sont durs à tenir, la discipline se relâche. Les Grands Parents veulent serrer leurs petits enfants dans leurs bras. Le Parents eux se demandent s'ils auront de quoi faire vivre leurs familles. On aimerait bien rencontrer ses amis. On aurait envie de d'envoyer valser toutes ces consignes. Pourtant, c'est ici que ça compte. Tenir le coup va nous donner du temps. Je trouve la sortie du confinement hâtif.

Ce virus a besoin de cellules humaines pour prospérer. Plus il infecte d'humains, plus il va en infecter, et, plus les dangers de mutations augmentent. C'est ce qui inquiètent autant pour les autorités médicales que les dirigeants politiques. Je ne pense pas qu'on ait arrêté les activités humaines pour une bagatelle. Ce qui me surprend le plus, c'est qu'on n'a pas été capable de le circonscrire au départ. Soit qu'il est très virulent, ou bien, qu'il y a eu négligence quelque part ? Ce qui est sûr, c'est que nous n'étions pas préparé à cette pandémie. Chose sûr, un sérieux « débriefing » devra être tenue après cette crise. Mais, pour l'heure, c'est de sauver le plus de vies possibles, tout en souhaitant un vaccin le plus rapidement possible. C'est une crise dans laquelle, il y a beaucoup à apprendre. Souvenons-nous que l'on cherche un vaccin contre le VIH depuis 40 ans ! Je ne veux pas faire peur à personne, mais, il y a une possibilité que nous soyons au prise avec ce visiteur intempestif plus longtemps que prévu.

Je remarque que les pays qui ont imposé les contraintes les plus sévères s'en sortent relativement bien. Je suis surpris encore que les Québécois ont bien suivi les consignes. Pour une fois, leur caractère latin/anarchique n'a pas fait surface.

Je ne me sens pas soumis, du moins ce n'est pas le sentiment qui m'habite depuis 50 jours ; sauf que j'aimerais bien lutter ; mais la seule façon de lutter, présentement c'est de se cacher ; ce qui je l'avoue n'est pas dans mon caractère.

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Seul celui qui possède peut être exproprié. On nous aurait exproprié nos vies ? Est-ce qu'un Indien ou un Africain pourrait en dire autant ? Je vous fait remarquer que l’expropriation est un acte légal sous l'égide du droit. Il serait peut-être plus juste de se demander : Est-ce que nous avons perdu quelque chose ? Peut-être, un certain confort, une certaine jouissance, une style de vie, une sécurité, qui plus est, il est tout à fait possible, que la crise que nous traversons, nous propulse vers une autre genre de vie dans lequel ont se trouvera bien ? En attendant, si nous avons été exproprié, il doit bien y avoir une compensation de versée quelque part ?

Présentement, nous assistons au retour en force des Gouvernements, de l'administration étatique, partout se sont les états qui gèrent cette crise, pas l'entreprise privée. Je dirais mieux, l'état va sauver l'économie.

C'est quoi la qualité intrinsèque de l'économie capitaliste ? Non, ce n'est pas de produire des biens de consommations, mais de les vendre. Pour vendre, il faut bien sûr un vendeur, mais plus important, il faut un acheteur. L'état en sauvant des vies est en train de sauver les acheteurs, donc par le fait même les vendeurs. Tant qu'il y aura des acheteurs ce système fonctionnera. Je pense qu'Adam Smith serait d'accord avec moi.

Ça parait trop simple. Prenons le problème sous un angle différent. On n'entend jamais les économistes, les financiers, les marchands, affirmer qu'il y a trop d'acheteurs, au contraire, on manque toujours d'acheteurs, c'est pour cela qu'on a créé le marketing, les campagnes de publicité. Maintenant, supposons un cataclysme mondiale, du jour au lendemain, la moitié de la population du globe disparaît, il va y avoir une sérieuse pénurie d'acheteurs. Les états n'ont pas plus d'intérêt à ce que les consommateurs disparaissent, pas plus que les vendeurs.

La puissances des états, c'est qu'ils sont capables pendants un certain temps de gouverner par décrets. J'en conviens, il ne faut pas que cela dure trop longtemps. Quoi que j'entends des propos de certains élus qui me laissent perplexes. On dirait que certains de ces démocrates prendraient goût à la dictature...

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Les économistes n'ont pas droit au chapitre ? Leur tour s'en vient. Et tous ces brillants génies de l'économie ont besoin de nous pondre des solutions lumineuses et viables. Maintenant on va voir ce qu'ils ont dans le coffre. C'est peut-être un autre moment de vérité que nous allons vivre. Il peut être terrible, douloureux, peut-être même fatal ; mais il n'est pas certain. Et, ce n'est pas en jouant à la courte paille, en choisissant celui-ci plutôt que celui-la, parce que celui-ci est jeune et que l'autre est vieux. Parce que l'un consomme et que l'autre consommes moins. Parce que l'un est utile et l'autre inutile ? Aurions-nous perdu toute dignité humaine ? On sait à quoi ça mène. Après les vieux, se sont les handicapées physiques, puis les handicapées mentaux, puis ça pourrait être les noirs, (La situation n'est pas bonne en Afrique présentement), les homosexuels, les gitans, (Et que dire de la situation de Inde présentement?) Je l'ai déjà évoqué dans l'un de mes commentaires précédents, mais pas aussi explicitement. En gros faire disparaître l'autre n'est pas une solution, et laisser quelqu'un mourir dans sa merde dans le fond d'un lit c'est contre toute dignité humaine. Nous avons vécu trop de choses semblables dans l'histoire humaine pour retomber dans les mêmes méandres. Oui ça peut glisser, s'envenimer, passer à une autre crise. Mais, il y a quelque chose de clair dans mon esprit, on ne règle pas des problèmes en laissant mourir des gens, ni en supprimant des populations. Il ne fraudait pas donner raison à certains écologistes qui affirment que nous sommes trop nombreux sur terre. Certes les signes annoncent rien de bon pour le moment. Pourquoi faudrait-il se concentrer sur les mauvaises nouvelles ? Ça fait longtemps que cette société du spectacle coure après les catastrophes qui ne sont jamais assez spectaculaires, jamais assez flamboyantes, dans des rêves et des souhaits de représentations cinématographiques, on désire que le sang coule, que les explosions soient toujours plus violentes, et nous sommes déçus lorsque tout se déroule en silence. Je sais ce n'est pas très spectaculaire de se faire bouffer sans bruit par un virus, de mourir en silence sous une épinette ou entre deux cèdres comme meurent tous les chevreuils. Dans le monde qui est le nôtre, il y aura toujours des crises parce que le calme plat n'existe pas, et trop souvent lorsque c'est trop calme, c'est l'homme qui alimente la pagaille. Tant que nous existerons, la vide sera ainsi, la terre est viable, mais ce n'est pas un paradis.

J'ai senti au cours des dernières semaines votre réticence à aborder cette crise. Mais maintenant que nous y sommes tous, il importe de ne pas garder le silence, surtout lorsqu'il s'agit de démocratie, de liberté, de dignité humaine, de consignes pour survivre. Plus que jamais, c'est le moment de se sentir très vivant !

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Entendons nous bien : à titre personnel, je juge bien sûr préférable une politique soucieuse de protéger les plus faibles.

Le virus nous contraint cependant à poser certains problèmes désagréables. Tout le monde n'est pas concerné de la même manière. Le virus trace une séparation nette, en ce qui concerne sa létalité, entre les jeunes et les vieux (plus ou moins de 50 ans). Combien de temps les "jeunes" vont-ils supporter les contraintes sociales et économiques imposées ? C'est potentiellement explosif.

Certains pays ont choisi de ne rien faire ou presque (la Suède, le Japon, la Corée, Taïwan) et semblent aujourd'hui ne pas plus mal s'en sortir. Mais leurs résultats semblent également liés ou bien à la faible densité démographique (Suède) ou bien à l'extrême discipline portant sur la distanciation physique (pays d'Asie).

A l'inverse, les pays les plus touchés sont à forte densité urbaine (France, Grande-Bretagne, Italie, Espagne, USA) et forte circulation touristique.

Mais il est vrai aussi qu'on est confrontés à un embrouillamini extraordinaire de chiffres. Je ne dis pas que les chiffres produits par chaque pays sont faux mais on ne peut pas les prendre tels quels. Que signifient le nombre de cas recensés, de décès COVID, de lits, etc...? Les données sont largement biaisées et sous estiment sans doute largement l'impact de la pandémie.

Le COVID nous rappelle bien sûr à notre condition de mortels. Mais on ne peut pas contester qu'il y a une médicalisation généralisée de nos vies et un pouvoir médical accru alors même que l'impact de la médecine sur notre espérance de vie est beaucoup plus limité qu'on ne le pense généralement.

J'en veux surtout à vrai dire aux médias qui distillent continuellement une atmosphère extraordinairement anxiogène. Ils se nourrissent véritablement de la peur et je trouve ça très dangereux.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla et merci pour vos commentaires.

Je veux revenir sur l'avant-dernière photo qui ressemble à un véritable paysage Québécois. Ici, les forêts de conifères nous connaissons, surtout que celle-ci, je pourrais affirmer qu'elle a été prise au Québec.

Le tronc sur lequel la femme est assise avec sa robe rouge, ça ressemble à l'épinette blanche qui est très commune dans ma région. Ce n'était peut-être pas une si bonne idée d'aller se percher sur ce tronc, et pour cause, car habituellement ce conifère suinte une sève très collante, pas très indiqué pour cette robe. Qui plus est, il aura fallu qu'elle grimpe jusqu'au sommet. Habillée de cette robe ?

Je trouve que c'est une belle photo, et plus je la regarde, plus je trouve que ça ressemble à un paysage du Québec. Lors de mes prochaines randonnées je vais faire attention aux épinettes cassées par le milieu, ce qui est commun ; et qui sait, je trouverai peut-être la femme à la robe rouge assise sur l'une d'elle ? La Fée des épinettes, pourquoi pas ?

Hier, j'ai assisté à l'inconscience de quatre corneilles qui s'en sont pris à un pygargue perché sur une branche d'érable. Les corneilles l'ont provoqué, puis soudainement, il a ouvert ses ailes, et les corneilles n'ont pas demandées leur reste.

Bonne fin de journée Carmilla

Au plaisir de vous lire.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je connais bien les forêts de pins mais, effectivement, ce type de conifère ne semble pas très européen.

La photographe Maia Flore est française mais je n'en sais pas plus.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla !

Dès que j'ai vu cette photo, il y a quelque chose qui m'a intrigué, puis cette impression a disparu. En relisant votre texte, chaque fois que je repassais devant cette photo, cette impression diffuse revenait.

Puis, en l'examinant plus attentivement, c'est l'écorce grise de ce tronc qui a retenu mon attention.

Je me suis dit : Ça, c'est de l'épinette blanche. Ici, ces arbres servent au bois de sciage, on en fait des poutres, c'est très résistant mais en même temps ce bois possède un genre d'élasticité.

Au XIXe siècle la marine Britannique s'en servait comme mât.
Les gens du fleuve venaient en couper ici sur nos terres pour les mâts de leurs goélettes.

Mon grand-père m'a raconté, que des capitaines étaient venus sur notre ferme pour se procurer ce genre d'arbre en hiver, avec des équipages de chevaux. Trois jours pour parcourir le chemin de Sorel à Windsor, quelques jours pour choisir un ou deux arbres, les abattre, et trois autres journées pour le retour. Ces gens-là avaient un courage inouï !

Imaginez, une épinette blanche, qui avait grandit dans Les Cantons de l'Est, et qui passera le restant de son existence à naviguer sur le fleuve Saint-Laurent à faire du cabotage.

Voilà une belle histoire et un beau destin pour un arbre !

Et, dire qu'on m'a nourrit avec ces genres histoires, qui ont fait ma plénitude.

Bonne fin de journée Carmilla !

Richard St-Laurent