samedi 15 octobre 2022

Les voiles de la révolte

 

C'est vraiment l'époque du "Grand Bouleversement" : de toutes nos habitudes, nos certitudes, mentales, intellectuelles. On enchaîne trois grands "chocs" qu'on n'avait, à aucun moment, envisagés : une épidémie mondiale, la guerre en Ukraine et, maintenant, la révolte des femmes en Iran. 


C'est à la fois effrayant et porteur d'espoir. Je ne sais pas du tout comment les choses vont évoluer mais, dans le marais de mes inquiétudes, émergent quand même espoir et admiration. Espoirs d'une victoire de la démocratie et admiration devant le courage et l'héroïsme des Ukrainiens et maintenant des Iraniennes.


Du courage, il en faut énormément aux jeunes filles qui manifestent aujourd'hui en Iran. Parce que le régime est encore plus cruel et impitoyable, si c'est  possible, que le poutinisme. Manifester, c'est carrément risquer sa vie. Les Gardiens de la Révolution n'hésitent pas à tirer "dans le tas". Et leur boulot est complété par les Bassidjis qui errent à moto dans les rues et frappent, au hasard, à coups de couteau. Il semble d'ailleurs que le Guide Spirituel, Ali Khamenei, véritable détenteur du Pouvoir, ait envoyé quelques Bassidjis en Ukraine pour seconder l'armée russe. Si on n'est pas tué sur place, on peut se retrouver en prison, notamment la plus célèbre et la plus sinistre, celle d'Evin.


On en ressort rarement indemne, au mieux torturé mais souvent condamné à de lourdes peines, voire pendu. Après la Chine, l'Iran est le deuxième pays au monde pour le nombre d'exécutions (environ 400 chaque année, la majorité, toutefois, pour trafic de drogue). Ça se déroule généralement en public avec de sinistres grues transportées par camion. Comme cauchemar, il n'y a pas mieux.


L'Iran, j'ai souvent entendu vanter, en Occident, la belle Révolution Islamique. Un retour bienvenu de la spiritualité et une revanche des déshérités. Je ne vais pas développer sur le désastre économique et moral aujourd'hui patent. Je ne suis simplement pas sûre que les Iraniens aient vraiment voulu porter les religieux aux pouvoir. On l'a souvent oublié mais les premiers gouvernements post-révolution étaient initialement d'orientation sociale-démocrate : Bazargan puis Bani Sadr. 


Concernant ce dernier, il faut d'ailleurs rappeler que lorsqu'il a été élu, (dans le cadre d'élections, pour une unique fois, régulières), premier Président de l'Iran, en janvier 1980 (soit un an après la Révolution), le candidat des religieux n'a obtenu que 4% des voix. Simplement, les religieux ont rapidement monopolisé tous les centres décisionnels et étendu leur main de fer à l'ensemble de la société. Il y a eu un passage en force, un véritable coup d'Etat des religieux; la guerre contre l'Irak a même été une véritable "chance" pour eux: ils ont développé un culte délirant des martyrs qui leur a permis de légitimer et consolider leur emprise.


C'est comme ça qu'a débuté l'"Irano nox", la nuit iranienne (Marc Kravets). Mais depuis cette date, l'Iran a toujours été une véritable cocotte-minute, toujours prête à exploser. Le régime a ainsi, récemment, maintes fois vacillé (2009, 2017, 2019). Le pays vit en fait dans une schizophrénie complète. Pour survivre, la population est contrainte de vivre dans une duplicité, dissimulation, permanentes. Dans l'espace public, on fait semblant de se conformer à l'ordre social. Dans le privé, chez soi, à son domicile, on se déchaîne, on reçoit ses amis, on fait la fête, on drague, on boit, on fume des substances illicites. De l'ordre moral islamique, du régentement des mœurs, on se fiche complétement.


De quel droit suis-je aussi affirmative ? allez-vous me dire. Tu ne connais que les bourgeois de Téhéran, le peuple, tu l'ignores complétement. Oui et Non, il y a tout de même le contact avec la rue et là, curieusement, les gens s'y expriment assez librement et je n'ai jamais entendu quelqu'un soutenir le régime. Dans les foules tumultueuses, les bazars, les parcs, les taxis, les maisons de thé et autres lieux de rencontre, les Iraniens adorent parler, échanger, et ils ne se privent pas de raconter des horreurs. Ça m'a toujours étonnée cette liberté publique mais on m'a dit que c'était une espèce de soupape de sécurité: du moment que ce ne sont que des paroles... Mais les Iraniens disent bien qu'ils ont honte de leurs gouvernants, qu'ils se sentent humiliés par eux. 


Qu'on ne se méprenne donc pas sur les événements actuels : il ne s'agit pas d'aménager, réformer le système mais carrément de l'abattre et d'instaurer une véritable République. On peut ainsi le prédire sans grand risque de se tromper: le régime en place va bientôt s'écrouler; le problème, c'est qu'on ne sait pas exactement quand.


La grande, la magnifique surprise, c'est que l'insurrection vient aujourd'hui des femmes. Les Iraniennes, il faut justement en parler. Quand on débarque en Iran, elles sont un éblouissement. Belles, distinguées, apprêtées, elles n'ont rien à voir avec les sinistres corbeaux auxquels on s'attendait. Rien à voir non plus avec les féministes occidentales et autres suppôts de la théorie du genre. Elles n'ont pas la pudibonderie, devenue moderne, à afficher sa séduction à grands coups d'artifices (maquillage, ongles, bijoux, faux cils). Elles sont plutôt des "fashionistas" qui en font un peu trop. On remarque ainsi tout de suite dans les rues un grand nombre de jeunes filles arborant un sparadrap sur le nez: ce sont toutes celles, innombrables, qui viennent de subir une rhinoplastie, qui viennent de troquer, c'est la grande mode, leur nez persan contre un nez occidental.


Mais surtout, les femmes iraniennes, à la différence de leurs consœurs du Moyen-Orient, jouent un rôle très actif dans la société. Elles ne restent pas cloîtrées chez elles, on les voit partout, on se dit même que c'est un pays de femmes. Elles travaillent, elles conduisent, elles font les courses, elles répondent vertement à ceux qui les interpellent, elles participent aux réunions amicales. Elles n'ont vraiment rien de soumises. Surtout, elles sont éduquées, diplômées (plus même que les hommes). Enfin, il faut souligner une évolution majeure : alors que la population iranienne avait quasiment doublé du milieu des années 70 à la fin du 20ème siècle (de 25 à 70 millions d'habitants), depuis une vingtaine d'années, les Iraniennes ont quasiment cessé de faire des enfants. Leur taux de fécondité n'est plus que de 1,8, c'est-à-dire absolument comparable à celui de l'Europe.


Ce qu'il faut souligner, c'est que l'Iran est, en fait, un pays absolument moderne dans ses mentalités. Le décalage est ainsi devenu immense, insupportable, entre les mollahs corrompus et ignares qui accaparent le pouvoir et la masse des jeunes qui ne se sentent rien de commun avec ces affreux dinosaures et vivent carrément dans un autre monde. On peut en être sûrs: quand l'Iran sera débarrassé de son pouvoir religieux, il deviendra rapidement une grande puissance émergente grâce à ses techniciens, ses scientifiques, ses artistes, ses entrepreneurs. La remarquable réussite de tous les Iraniens contraints d'émigrer au cours de ces dernières décennies, notamment aux Etats-Unis, témoigne de leurs compétences et de leur ambition.


Je soulignerai enfin que les Iraniennes nous adressent un message important à nous Européens. De plus en plus, en effet, on semble ici considérer que le port d'un foulard ou d'un voile relève finalement de la simple liberté de choix vestimentaire. La façon dont les femmes s'habillent, ça ne doit pas être un sujet, on ne va pas légiférer là-dessus, dit-on souvent, notamment à gauche (Mélenchon, Sandrine Rousseau). Il faut être tolérant, compréhensif. Sauf que les Iraniennes nous disent exactement le contraire: le voile (rendu obligatoire, dès mars 1979, presque immédiatement après la Révolution), c'est la clé de l'oppression politique sous le couvert de la religion. Si les mollahs lâchent là-dessus, c'est tout le système qui s'écroulera. 


"La criminalisation de toute tenue non conforme commande la mise au pas de la société" (Philippe Bernard).

Images d'artistes iraniennes contemporaines : Marjane Strapi, Nazanin Pouyandeh, Shirin Neshat, Shirazeh Houshiary, Avish Khebrehzadeh, Parastou Forouhar.

J'ai surtout retenu Nazanin Pouyandeh dont l'œuvre énigmatique, dérangeante, se révèle d'une particulière actualité. Cette artiste iranienne s'est exilée à Paris dans les années 90, à la suite de l'assassinat de son père, à l'âge de 44 ans, par le régime. Elle ne craint vraiment pas de choquer (je n'ai retenu que des tableaux "décents") mais proclame sa liberté absolue d'expression. Elle est particulièrement engagée dans la lutte actuelle.

Je recommande aussi le compte Instagram (en lien sur mon blog), de la grande actrice iranienne que j'adore : Golshifteh Farahani.

Si vous vous intéressez à l'Iran contemporain, je vous recommande à nouveau et avec insistance: "La chouette aveugle" de Sadegh Hedayat, vraiment un des grands bouquins de la littérature mondiale.

C'est à compléter par Iradj Pezechkzad : "Mon oncle Napoléon".  

Ce sont les deux livres-clés de l'Iran du 20ème siècle. Tous les Iraniens ont lu et adorent (et moi aussi) ces deux bouquins.

Plus récents, les bouquins de :

- Nahal Tajadod (l'épouse du grand scénariste, metteur en scène, Jean-Claude Carrière) : "Les porteurs de lumière", "Passeport à l'iranienne", 

- Negar Djavadi : "Désorientale"

- Abnousse Shalmani: "Khomeiny, Sade et Moi", "Les exilés meurent aussi d'amour". J'adore la personnalité d'Abnousse Shalmani.

- Shusha Guppy: "Un jardin à Téhéran"

- "Amours persanes - Anthologie de nouvelles iraniennes contemporaines". Un livre paru l'an dernier chez Gallimard, un large panorama de la littérature persane moderne.


Enfin du cinéma 2022 : 

- Deux films qui font frémir : "La loi de Téhéran", de Saeed Roustayi,  "Les nuits de Mashad" de Ali Abbasi. 

- Un film poétique : "Hit the road" de Panah Panahi


6 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

Certes, la vie peut nous surprendre, une pandémie, une guerre, et maintenant ce qui ressemble à une révolution.

Les événements bougent. Il est permis de croire à des conclusions intéressantes, après cinq semaines de manifestations suite au meurtre de Mahsa Amini.

Comme pour les Ukrainiens, le moment semble propice, parce que le tout est et demeure une question de volonté, d’endurance, de ténacité, de confiance en soi.

Depuis le début de ces événements en Iran, je me demandais quand est-ce que vous en parleriez?

Des fois, l’espérance ce n’est pas une mauvaise chose!

Oui, nous vivons des moments exceptionnels.

J’espère que ces femmes vont renverser ce régime.

Merci pour ce texte

Richard St-Laurent

Nuages a dit…

Je viens de lire un article intéressant du grand historien Timothy Snyder sur la Crimée, dans l'hebdomadaire ukrainien NV, grâce à Google traduction, ce qui marche très bien.

Je suppose que vous pourrez le lire en version originale, en ukrainien, donc :

https://nv.ua/ukr/opinion/udar-po-putinu-istorik-timoti-snayder-pro-te-chomu-krim-ce-ne-rosiya-ostanni-novini-50276846.html


Quant à l'Iran, je ne suis pas optimiste quand aux chances de succès d'une révolution démocratique ; les grands mouvements de 2009 et 2019 ont été impitoyablement réprimés et écrasés.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je ne suis malheureusement pas très optimiste pour la Révolution iranienne.

A la tête du pouvoir, on a d'abord le pire duo, jamais connu, de tueurs. Ali Khamenei, Guide Suprême, et Ebrahim Raïssi, Président, on ne peut pas faire mieux dans la catégorie des affreux. Même Ahmadinejad était un modéré en comparaison de Raïssi. Avec lui, la répression des mœurs s'est nettement aggravée et l'Iran s'est "talibanisé". Tout devient dangereux: habillement, réunions familiales, consultation d'Internet. Pour les étrangers eux-mêmes, il est, paraît-il, devenu problématique, voire risqué, de se rendre en Iran(je ne sais donc pas si je pourrai m'y rendre de sitôt; c'est encore un pays où je ne peux pas aller).

Il ne faut donc attendre aucune hésitation de la part de ce duo infernal. Ils vont donc réprimer férocement en tuant et massacrant et d'ailleurs, ils n'ont pas d'autre choix. Ils ont été instruits par la chute de l'ancien Shah. L'Empire s'est écroulé quand il a commencé à céder aux revendications et a cessé de réprimer les manifestations. Les religieux savent très bien qu'ils ne peuvent faire aucune concession (liberté vestimentaire, de la presse, des élections, des manifestations), sinon ils seront immédiatement balayés. On mesure mal en Occident à quel point le régime est détesté et cela, c'est quasi universel dans la population.

Les seuls qui soutiennent le régime, ce sont les Gardiens de la Révolution (ou Pasdarans) et les Bassidjis (des miliciens en civil qui font la police des mœurs).Ces gens-là vivent grassement : ils ont fait main basse sur l'économie iranienne qu'ils contrôlent (à hauteur de 60% dit-on) par le biais de Fondations. C'est une grande corruption organisée qui en fait des inconditionnels du régime. On connaît mal leur importance numérique mais ce qui est sûr, c'est qu'ils pourraient s'opposer efficacement à l'armée régulière iranienne si celle-ci basculait (comme en 1979) du côté des manifestants.

C'est cela qui est terrible en Iran: une population révoltée qui aspire à une Révolution mais qui ne peut pas grand-chose contre des religieux cruels et impitoyables. C'est désespérant. Comment en sortir, comment vaincre ?

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

C'est effectivement une grande leçon d'histoire que nous donne Timothy Snyder.
Ça m'a bien amusée qu'il ait rappelé qu'à l'origine, la Moscovie était un Etat vassal des Mongols tandis que le Khanat de Crimée était un successeur direct de l'Empire Mongol. Si on pousse le raisonnement, on pourrait dire qu'il serait logique que les Tatars de Crimée décident aujourd'hui d'une annexion de l'Etat vassal de Russie. Dans la même veine, les Tchèques viennent de proposer un rattachement, après référendum, de l'enclave de Kaliningrad pour bénéficier d'un accès à la mer (il y a même une justification historique).

Le grand problème, c'est, en effet, que Poutine ne cesse de réécrire et déformer l'Histoire russe. Il considère, en effet, que la Crimée est russe indissolublement et de toute éternité. Il raconte que c'était une bêtise de Khrouchtchev de l'avoir rattachée à l'Ukraine et presque tout le monde, en occident, semble lui donner raison sur ce point. Mais il suffit de consulter une carte de géographie pour se rendre compte que c'était une décision parfaitement juste et fonctionnelle. Territorialement, la Russie est séparée de la Crimée et il était donc, d'un point de vue pratique, parfaitement sensé de la rattacher à l'Ukraine.

Et puis historiquement, la Crimée est davantage turque que russe. Si vous vous y rendez un jour, vous vous rendrez tout de suite compte que les paysages, l'architecture des villes, les populations demeurent fortement marqués par l'Empire ottoman.

On raconte aussi que la population de la Crimée était majoritairement pro-russe. Je signale cependant qu'avant 2014, il n'existait aucun mouvement autonomiste en Crimée (pas plus que dans le Donbass).

Ce qui est sûr, c'est que la Crimée est, pour Poutine, un point de fixation majeur. Le Donbass, je pense qu'il s'en fiche (surtout vu ce qu'il en reste) mais la Crimée, il ne peut concevoir de la perdre. C'est aussi le sentiment de la majorité de la population russe.

Mais aujourd'hui, les Ukrainiens n'en ont rien à fiche des états d'âme russes et ils n'accepteront jamais de céder. Il s'est passé trop d'horreurs et d'atrocités dans cette guerre. Abandonner la Crimée, ce serait récompenser le crime, ce serait la victoire de la force contre le Droit.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Comment en sortir, comment vaincre?

C’est l’unique et véritable question, l’incontournable.

Dans les heures les plus sombres, dans les moments les plus poignants, ne reste plus que la croyance en sa cause. Un bel exemple que les français ont vécu au cours de leur histoire, et ce ne fut pas le seul, celle de la résistance après la défaite du printemps 1940. Tout était à faire, alors pour les quelques uns qui restaient, ils se remirent à la tâche, et ce ne fut pas une mince tâche; mais le principal tenait la route, surtout y croire de toutes ses forces. Croire à la justesse de ses actions et les assumer jusqu’à la réalisation de ses idéaux. Et, pas question de point de non retour. Les Ukrainiens sont en train d’en faire la démonstration présentement.

La fenêtre géopolitique présentement est favorable pour ce genre d’action. Je ne pense pas que les Iraniens aient choisi ce moment délibérément, mais reconnaissons que ça tombe pile. Ça chauffe dans le nord. L’Ukraine ce n’est pas si éloigné que cela de l’Iran. Je me demande ce qu’attend la Biélorussie pour embarquer dans la danse? Cela mettrait de la pression sur Moscou et sur toute cette partie du monde. De quoi inquiéter quelques individus indésirables et leurs régimes répressifs.

Pourquoi nous hésitons lorsque se dresse le destin devant nous? C’est remarquable, nous tergiversons, nous palabrons, nous procrastinons, on en réfère, à la diplomatie, aux négociations, lorsque ce n’est pas aux marchandages d’arrière-boutique. Ce qui à mes yeux demeure inadmissible.

Des fois, nous n’avons pas le choix, il faut se servir de cet outil qu’on appelle la force pour assumer nos libertés et nos démocraties, et personne ne viendra nous aider si nous ne croyons pas à notre cause de toutes nos forces. Plus nous serons nombreux autour de ses idéaux plus s’offrira à nous tous des possibilités d’évoluer dans la plénitude et surtout la paix. Que demande ces femmes en Iran présentement? Vivre tout simplement au grand jour sans contrainte. Dis comme cela, relève d’une banalité pour nous les occidentaux; mais pour elles, cela demeure le coeur de l’affaire.

Qu’on se le dise, nous n’avons pas à subir la tyrannie de tous ces tyrans, qui demeurent sur le fond des pleutres. Celui qui impose en montrant ses gros muscles et en faisant peur à tout son entourage, c’est un faible.

C’est à nous tous de montrer au monde ce que nous désirons et surtout d’y croire sans se cacher la face afin d’afficher nos convictions sans équivoque.

Le moment serait peut-être propice…

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Vous n'avez certes pas tort mais, dans le cas de l'Iran, la situation est particulièrement compliquée.

Tout le monde en a marre des mollahs mais il n'y a aucune opposition organisée ni aucun leader politique qui aient pu émerger. Qu'est ce qui peut se passer après la chute des religieux ? Ce sera le grand vide, la grande feuille blanche, personne n'a de programme politique et économique. Le risque est celui de guerres multiples entre factions. Et parmi elles, il y a de sacrés dingues (notamment les moudjahidines du peuple iranien conduits par les époux Radjavi).

Et puis, une chute des mollahs bouleverserait les équilibres géostratégiques. La Russie soutient l'Iran en émettant son droit de veto au Conseil de Sécurité sur toute résolution condamnant l'Iran. De même la Russie laisse aujourd'hui l'Iran agir à sa guise en Syrie. En contrepartie, l'Iran ne condamne pas la Russie dans sa guerre avec l'Ukraine et lui fournit même des armes et, probablement, des hommes. La fin du régime iranien, ça risque de générer un sacré bazar au Moyen-Orient. La recomposition d'un nouvel ordre risque d'être mouvementée. Mais ça peut aussi être mieux parce qu'il est vrai que l'Iran est aujourd'hui un facteur majeur de désordre.

Malgré tout, j'espère une Révolution même si je crains qu'elle ne soit enfantée dans une extrême douleur et ne soit pas vraiment démocratique. Il est vrai toutefois que la population iranienne est aujourd'hui très éduquée et urbanisée, ce qui permet d'espérer.

Mais avant cela, comment arriver à renverser le régime, vaincre les Gardiens de la Révolution qui ne vont pas hésiter à massacrer les manifestants ? Je ne crois d'ailleurs pas que beaucoup d'Iraniens croient que c'est possible, tellement ils savent que leur régime est implacable et déterminé. On ne croit pas vraiment un changement possible. Ne l'oublions pas: la Russie, la Biélorussie, ce sont de grandes démocraties en comparaison de l'Iran.

Espérons tout de même,

Bien à vous,

Carmilla