Je précise d'abord que ce post a, pour l'essentiel, été rédigé juste avant la rencontre, pleine de fracas, entre Trump, Vance et Zelinsky. La retransmission télévisée m'a sidérée mais j'ai aussi éprouvé une grande fierté face au courage et à la détermination du Président ukrainien. Enfin quelqu'un qui fait honneur au monde démocratique, qui refuse de se coucher, de s'aplatir devant un gros Porc qui veut recomposer l'ordre du monde à sa convenance, celle des bandits et truands qui n'éprouvent aucune commisération pour les victimes et ceux qui souffrent ! Il aurait peut-être fallu que je remanie largement mon texte. J'ai préféré, finalement, le laisser, tel quel, ci-dessous.
"Les coups de massue n'ont pas manqué ces derniers jours. A chaque fois, une nouvelle catastrophe, une nouvelle humiliation, pour l'Ukraine. Un mépris absolu des souffrances de son peuple. On traite en vaincu un pays qui n'a pas perdu la guerre. On veut même lui faire rembourser toutes les dépenses, et au-delà, qu'on a engagées pour lui. Parce qu'évidemment, on n'ose pas se tourner vers l'agresseur, la Russie, qui pourrait se fâcher. Il faut surtout que celle-ci reste impunie, soit même proclamée innocente pour qu'elle puisse savourer sa victoire. Et d'ailleurs, Trump rêve d'être présent à Moscou pour la grande fête du 9 mai, supposément des 80 ans.
Si on suit cette logique, la France devrait se réveiller et réclamer à Trump le remboursement de son aide militaire pour l'Indépendance américaine de 1776. Et ce serait d'autant plus justifié que cette intervention avait favorisé une victoire alors qu'on demande aujourd'hui à l'Ukraine d'endosser une défaite. On vient, aujourd'hui, de franchir toutes les bornes du cynisme international. De quoi abréger mes nuits qui ne sont, déjà, pas bien longues.
Les USA n'ont aujourd'hui qu'un seul objectif: se débarrasser, le plus vite possible du dossier ukrainien. Les conditions, leur équité, on s'en fiche pourvu qu'elles leur soient favorables pour faire, ensuite, du Business, surtout avec Poutine.
C'est ainsi que vient de se constituer une nouvelle Internationale (USA, Russie, Chine), celle des Grandes Brutes qui n'ont d'autre idée en tête que la prédation généralisée, économique et politique. Et je ne parle même pas de l'Ordre Moral, des Valeurs, qu'ils veulent restaurer. Ils sont bien sûr exemplaires en la matière, ils sont porteurs d'un nouveau messianisme anti-occidental.
Cette Internationale des Brutes est aussi celle des Grands Menteurs. On réécrit, retourne, complétement, l'Histoire. L'agressé devient l'agresseur, le démocrate devient le dictateur. Et pire: c'est toute l'Europe qui est aujourd'hui désignée, aux yeux du monde, comme principal fauteuse et entretien des guerres. Tandis que la Russie et les USA sont, bien entendu, de grands pacifistes. Il va être difficile à l'Europe de se débarrasser de cette image négative auprès de tous les non-alignés parce que ces grands mensonges, à force d'être ressassés, ça finit par marcher.
C'est peu dire que j'ai la rage. Moi qui suis pacifiste, je me réconforte en m'imaginant assassiner froidement Trump et Poutine. Et j'en retire une grande joie, je me sens bienfaitrice de l'humanité.
Pourtant, la haine m'est généralement étrangère. D'une manière générale, j'évite ainsi, absolument, de "psychologiser" mes interlocuteurs. Ca concerne tous mes proches, amis, amants, défunts de ma famille. Ca s'étend à mes collègues de travail et même aux politiques. On n'a pas le droit et on est incapables de juger, je me dis souvent.
J'ai, en fait, une vision "Proustienne" du monde. Personne n'est jamais sincère et, même pour soi, on est une énigme. En nous, le Mal et le Bien coexistent à parts presque égales. Ca explique que les relations humaines et sociales et même les affrontements politiques ne reposent que sur des faux-semblants et une vaste comédie. La vie est un grand jeu de "masques" et c'est aussi ce qui fait, en partie, sa beauté, son esthétique.
Cette vision qui est mienne explique que je me suis longtemps attachée à essayer de "comprendre" les grands criminels de l'Histoire. Des biographies de Hitler et de tous ses dévots, de Staline et de ses exécutants tremblants, j'en ai lu plein. On découvre des personnages bien différents de surhommes; ils se révèlent plutôt d'une affligeante banalité voire médiocrité.
Mais aujourd'hui, je commence à changer. A trop chercher à comprendre, on finit par excuser: Poutine, gamin des rues dans une Saint-Pétersbourg misérable; Trump, simple promoteur immobilier sans grand bagage universitaire (d'où sa détestation absolue des intellectuels). Je me dis plutôt maintenant qu'on ne peut pas tout relativiser parce qu'au final, le Bien et le Mal ça existe quand même en politique.
Et j'en viens même à la conclusions que nos efforts de compréhension, on doit les limiter aux criminels individuels. Mais les criminels politiques, eux, ils sont impardonnables. Simplement parce qu'ils agissent toujours de "sang froid", de manière rationnelle et réfléchie. Poutine et la Russie n'ont pas de circonstances atténuantes, ils doivent donc payer pour leurs crimes, être punis et châtiés. C'est la condition indispensable pour que les Ukrainiens parviennent jusqu'à sinon pardonner aux Russes, du moins, à les côtoyer sans trop de haine."