samedi 1 janvier 2022

Choisis/Subis - Les Amis/La Famille

On n'ose pas l'avouer mais le Covid a souvent été un excellent prétexte pour se soustraire à la corvée des réunions familiales à l'occasion des fêtes de fin d'année. On s'est inventé un test positif ou une indisposition pour éviter quelques mémorables engueulades et psychodrames.

Parce qu'il faut bien le dire, même si on prétend généralement le contraire, la famille, c'est quand même un lieu éminemment conflictuel. Quand on se retrouve tous ensemble, tous les vieux antagonismes se dépêchent de ressurgir et on ne se prive pas de s'invectiver et de critiquer férocement les autres. Et ça a vite fait d'exploser. Ça laisse des souvenirs cuisants qu'on rumine  ensuite pendant des mois.

C'est pour ça que de plus en plus de gens préfèrent se mettre en retrait. Se recentrer sur la sphère de l'"intime", du privé. Se mettre à l'abri des personnalités dites "toxiques". C'est l'idéologie New-Age du "feel good", du "no stress", du se sentir bien à l'écart de toutes les situations conflictuelles. C'est la nouvelle société liquide sans accrocs ni aspérités.

Plutôt qu'à sa famille terriblement compliquée, on préfère maintenant se consacrer à ses amis, à un entourage que l'on a choisi et qui vous fait du bien. Des relations sans contraintes, fondées sur le seul plaisir de l'échange et dans le cadre des quelles on parvient à se valoriser à bon compte. Nos amis, ils sont comme nous, irréprochables et pétris de qualités. Rien à voir avec ma tante, mon beau-frère, ma cousine, tous un peu cinglés, addictos et fascistes. De plus en plus de gens, paraît-il, cessent de rencontrer leur famille et s'en détachent.

Et ce retrait de la vie familiale, il trouve aujourd'hui un prolongement avec le retrait de la vie professionnelle grâce au Covid et au télétravail. Enfin, on n'a plus à se coltiner ces insupportables collègues de travail avec les quels on n'a aucune affinité et qui sont souvent des harceleurs, des obsessionnels ou des sadiques. Fini le stress, on peut se recentrer sur sa bulle domestique bien à l'abri des conflits et contrariétés professionnels. Et c'est même encore mieux si on parvient à se replier bien loin des villes, de leur agitation et de leur agressivité, en s'installant en pleine campagne, dans la nature.


 C'est aujourd'hui présenté comme le "Paradis moderne", c'est le triomphe de l'idéologie du "c'est mon choix". Vivre entre gens de bonne compagnie, que l'on a choisis et avec qui on a des affinités. Et surtout ne plus subir de contraintes. 

J'entends bien mais je m'interroge. Je veux bien admettre que la famille soit souvent haïssable mais comme le précise bien Joshua Coleman : "L'intérêt de la famille, c'est quelle connaît nos pires côtés, qu'elle nous met face à ce qu'on a déjà dit ou été. On ne peut pas présenter à ses parents ou à ses frères et sœurs une version idéalisée de nous-même, contrairement à nos amis qui nous disent ce qu'on aime entendre".


 La famille, ce sont en effet des gens qu'on n'a pas choisis et aux quels on est bien obligés de se confronter avec toutes leurs qualités et leurs défauts. On peut même ajouter que le conflit en est le moteur.  Je peux ainsi dire que je n'ai pas cessé de me quereller avec ma sœur mais je considère aujourd'hui, avec le recul, que ça a été bénéfique. Qu'est-ce que ça aurait été si on avait été dans l'adoration l'une de l'autre ? Ça nous aurait sûrement rendues bébêtes,  satisfaites de nous-mêmes et surtout dépourvues de flexibilité psychique. On était complétement déjantées toutes les deux, quoiqu'en des sens différents. Mais on s'est montrées compréhensives pour nos dingueries respectives, qu'on a plus ou moins partagées, et ça nous a, au final, rendues sûrement plus tolérantes.

Pareil pour la vie professionnelle ! Il faut dire qu'au sortir de mes études, j'étais plutôt sûre de moi. J'étais tellement extraordinaire que tout le monde allait, sans nul doute, m'adorer. Mais dès qu'on est immergée dans la vie professionnelle, confrontée à des gens qu'on n'a pas choisis, on a vite fait de déchanter. Tant qu'on vit entre copains d'université ou de grandes écoles, on a tendance à croire que tout le monde vous aime. Mais, dans le monde du travail, dans le monde réel en fait,  la découverte la plus bouleversante, c'est que les avis sur vous sont très partagés, très affectifs. 

Il y en a, nécessairement, certains qui vous détestent carrément. Ils vous jugent non seulement nulle et incompétente mais, en plus, ils ne supportent pas votre mode de vie, votre apparence physique et vestimentaire. J'ai d'autant plus vécu ça que, dans mes différents boulots, j'ai toujours été recrutée directement et imposée par un directeur général, ce qui génère, inévitablement, une terrible méfiance et des ragots sans fin.  Et puis que dire de mon look et de ma manière affectée de parler ? Ces horreurs qu'on colporte sur vous, au début, ça vous en fiche un coup. Après, il faut essayer de le comprendre, de l'accepter. Ce qui est sûr, c'est que ça vous écorche vive mais que ça vous cuirasse en même temps.

C'est pour ça que je crois aux vertus des conflits et surtout à la confrontation avec des gens qui ne sont pas comme nous. On doit apprendre à faire des concessions et surtout accepter des modes de vie et de pensée qui ne sont pas les nôtres.

Et c'est ce qui m'effraie un peu aujourd'hui. De plus en plus, et c'est particulièrement accentué depuis le Covid, on a tendance à se replier sur soi, à vivre en vase soigneusement clos au milieu de relations choisies, entre semblables. C'est à tel point qu'on ne rencontre quasiment plus de gens vraiment différents de nous.

Mais ça ne nous rend sûrement pas plus tolérants, bien au contraire. On a plutôt tendance à se radicaliser, à afficher des avis extrêmes. On s'assassine mutuellement à coups de mails vengeurs ou de propos définitifs en visio-conférence. Négocier, c'est devenu impossible. Il est en effet facile, sur les réseaux, de désubjectiver, d'essentialiser complétement son interlocuteur, de l'insulter, de l'envoyer promener puisqu'on n'a plus affaire qu'à une image, une masse anonyme. C'est très logique : "plus il y a de distanciation, plus il y a de violence"; on se transforme facilement en "drones tueurs". 

Et quand on se replie chez soi, soit disant pour se ressourcer, on tourne en rond, on s'enferme dans ses idées, on ressasse, on rumine. Mais on ne change surtout pas, on n'évolue pas. Généralement, on ne met d'ailleurs même pas à profit cette période d'isolement pour se cultiver, lire, écouter de la musique, voir des films. On s'entête plutôt dans ses convictions et ses préjugés. Débattre, dialoguer, changer éventuellement d'avis, ce sont des pratiques qu'on juge inutiles, révolues.


 Mais pourquoi tu viens nous ennuyer avec ça en ce Jour de l'An ? Parce que je voudrais faire passer un message :   "Ne vous enfermez pas dans votre coquille, essayez plutôt de vous confronter à l'altérité, au dialogue, à la contradiction. Et tant pis si le conflit est parfois mortifiant". 


 Bonne Année à vous tous, que vous aimiez ou détestiez mon blog ou qu'il vous ennuie simplement !

Photographies de Gerhard Richter (né en 1932) célébrissime artiste allemand alternant les œuvres figuratives et abstraites. Images également de Baselitz et Anselm Kiefer, autres artistes allemands célèbres, et de Jacques Monory.

Dans le prolongement de ce post, je recommande un livre merveilleux (qui vient de sortir) de l'un de mes écrivains russes contemporains préférés  (originaire de la région de Kaliningrad, ancienne Prusse Orientale") :

- Iouri Bouïda : "Les aventures d'un sous-locataire".  La Russie au lendemain de l'effondrement du communisme. Je suis convaincue que les conditions matérielles, notamment de logement, ont durablement façonné les mentalités dans les pays communistes. Comme on vivait dans une totale promiscuité, on était bien obligés d'essayer de vivre ensemble et de se supporter malgré les conflits. Même si on n'en pouvait plus de sa famille et de ses voisins, on n'avait pas le choix. Situation terrible mais, malgré tout, formatrice ! Mais quand on a découvert, après "la Chute", l'individualisme et le "c'est mon choix occidentaux, ça a été terrible.-

11 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

L’apothéose du conflit.

Les auteurs Québécois, Victor-Levi Beaulieu et Yves Thériault, ont édifié leur œuvre littéraire sur un thème majeur : celui du conflit. Rien ne vaux une bonne dispute inspiratrice. Je suis bien placé pour en parler, je suis né dans un milieu conflictuel, où les discussions tournaient souvent à l’affrontement. Ces conflits m’ont fait grandir, m’ont appris l’art de la réplique, le plaisir vicieux de l’attaque, la passion des coups tordus, l’attirance irrésistible des débats politiques et quelque fois les délices de la vengeance, poison dont on doit se servir avec parcimonie. Voilà ce qui a inspiré ma petite phrase : (Vaux mieux être bien détesté, que mal aimé!) Après tu peux tracer ta route dans n’importe quel merdier, parce que tu es équipé pour les traverser. Rien ne vaut une bonne dispute afin de savoir réellement ce que les gens pensent de vous. Et, au cours d’une dispute, généralement, tu le sais assez rapidement. Ce qui touche deux facteurs, l’autonomie et la liberté. L’autonomie parce qu’il se crée autour de toi un vide. C’est ainsi que les gens procèdent afin de pas avoir à subir l’affrontement, ils t’isolent, te fuient, t’ostracisent, ce qui ne manque pas d’augmenter et renforcer ta liberté. Le nègre blanc d’Amérique que je suis devenu assume encore pleinement, les refus, les dénigrements, sous cette forme de racisme pernicieux et implicite. Je ne compte plus le nombre de fois que sont venus à mes oreilles, les propos suivants : « On n’en parle pas à Richard. » Ou bien sachant ma venue rapide et intempestive : « On ne parle pas à Richard. » Résultat ultime, tu deviens insensible, parce que tu sais que les gens en face de toi te détestes honnêtement, la franchise est de mise dans le dénigrement, d’où l’impossibilité de négocier. Pour négocier cela prend un partenaire de l’autre côté de la table. Il y a longtemps que je ne suis même plus un mal aimé. Trop libre pour cela. Ils ne t’invitent plus à leurs tables où à leurs fêtes, à leurs réunions, et même dans les temples, lorsque j’en franchis les portes, les têtes ne manquent pas de se tourner vers moi. Le résultat c’est qu’il y a moins de possibilités de conflits dans ma vie, je n’ai plus à me battre avec ma famille, mes professeurs, mes patrons, mes ennemis. Je sais que je ne dois compter que sur moi-même depuis si longtemps que je ne me souviens plus comment c’était avant. Pourtant j’ai une maudite mémoire! Je cadre mal avec cette société, par ailleurs, je cadre très bien avec cette crise sanitaire que nous ne finissons plus de traverser parce que nous manquons de volonté et de courage. Que dire? Le conflit appelle le combat. Oui, les gens sont isolés, ici au Québec les autorités provinciales viennent de décréter un couvre-feu entre 22 et 5 heures. Soudain après Noël, les magasins ont fermé, les rues se sont vidées, pour les trois prochaines semaines les épiceries seront fermées le dimanche. Je remarque que l’isolement n’est pas le bonheur. On évoque de plus en plus des cas de maladies mentales. Poussons le bouchon un peu plus loin Carmilla : Est-ce que les humains manquent de conflits afin de conserver un état mental acceptable? Paradoxe, je ne me suis jamais senti aussi libre. Oui, toujours, solitaire, mais libre. D’être soustrait et privé d’une part d’humanité, ce n’est pas toujours mauvais. Je n’ai jamais été un être de la fête, la célébration je ne connais pas. Il n’y a rien à célébrer présentement. La seule célébration possible, dans un futur incertain, se sera l’aplatissement du virus, pas autre chose, comme de quoi, une victoire totale. Alors, je ne souhaite que bonne chance à ceux que je croise de loin toujours au grand air. Serons-nous encore vivants le jour de cette victoire? Y aura-t-il toujours une société lorsque nous émergerons dans ce jour nouveau?

Bonne fin de journée Carmilla et bonne chance pour la grande traversée.



Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je souscris à vos analyses. Le conflit a une valeur éducative, formatrice. S'y soustraire à tout prix peut être mortifère.

Une réserve toutefois : personnellement, je déteste les éclats, les excès. Je ne me mets jamais en colère, je suis très contrôlée. J'essaie de toujours demeurer impassible, indifférente. Ce qui peut aussi être perçu comme du mépris.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!
Étrange, j’ai fouillé dans mes vieilles boîtes de carton poussiéreuses pour y découvrir deux ouvrages d’Yves Thériault. Je me lance dans les redécouvertes de vieux ouvrages de cet auteur aujourd’hui oublié qui porte le titre de : « Aaron ». Avec un nom pareil on sait déjà dans quel milieu va se situer l’action, mettant en scène deux personnage. Aaron petit fils de Moishe, orphelin de père et de mère. Le grand-père va essayer d’éduquer son descendant dans les préceptes de la foi judaïque orthodoxe. Le conflit sera inévitable, Moishe ne jure que par la tradition, et Aaron qui découvre le monde moderne dans l’effervescence des rues de Montréal au début des année 1950 va être attiré par la modernité. Il y avait longtemps que je n’avais pas relu ce livre, cela remontait à la période de ma jeunesse paralysé dans le carcan du catholicisme. À cette relecture, j’ai trouvé que Thériault était loin d’être dépassé. Ses propos sont toujours aussi pertinents. Le désir de relire cet auteur autodidacte, qui n’a pas fait d’étude supérieure, mais qui a beaucoup publié dans les années 50 et 60 du siècle dernier et qui avait acquis une certaine notoriété, me tenaille, la redécouverte me tend la main. Pourquoi pas en cette période de nouvelle réclusion?
L’autre ouvrage que je suis en train de lire du même auteur porte un titre évocateur : « La fille laide ». Encore une fois, Thériault nous transporte dans un milieu agricole, où une jeune femme laide est rejetée par tous les hommes de son village. Mais, cette jeune femme a des désirs très forts, elle lutte et affronte tous les conflits. J’en suis au milieu du livre, je vous en reparlerai.
Yves Thériault possède ce don des vieux conteurs oraux qui faisaient la joie de ces veillées de jadis autour du poêle par les soirées hivernales, froides et sombres. Qui plus est, je pense que ça vous plairait Carmilla, c’est un auteur concis, d’une redoutable efficacité. Thériault va toujours à l’essentiel. Je vous recommande particulièrement trois  titres « Agaguk », « Tayout, fils d’Agaguk », « Agoak, l’héritage d’Agaguk » Si vous fouillez un peu, peut-être que vous pourrez les découvrir en France.
Ce qui est intéressant chez Thériault, c’est qu’il va dans toutes les directions et aucun sujet chez lui n’est tabou.
C’était un homme de conflits, une grande gueule, et un redoutable débatteur, un provocateur. J’ai eu le privilège de le rencontrer une fois avant sa mort. J’en garde un souvenir impérissable.
Si vous pouvez mettre la main sur Aaron, je vous le recommande.

Je retourne à mes vieilles boîtes de carton poussiéreuses pour des nouvelles découvertes. Qui sait où me portera ce hasard?

Bonne fin de journée Carmilla.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

J'avoue que je me débarrasse régulièrement de piles de livres. C'est sans doute dommage parce que chaque livre est lié à de multiples souvenirs mais comment faire autrement quand on vit dans une grande ville où l'espace est tout de même limité ?

J'avoue aussi ne pas connaître Yves Thériault mais je suis toujours disposée à découvrir un nouvel écrivain. En matière de livres anciens et d'occasion, on peut à vrai dire trouver à peu près tout aujourd'hui. Je m'adresse personnellement à Momox, une société dont le siège social est à Berlin et qui me trouve et m'expédie n'importe quel livre, rapidement et pour un prix modique. Je pense qu'ils peuvent aussi faire des envois au Canada.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!
Tant que ma quête de connaissances suivra la courbe de ma vie, je ne cesserai de chercher à comprendre, dans les livres comme dans la réalité quotidienne. Je viens d’essayer ce site Momox, parce que je suis toujours à la recherche de : « Proust et le Calamar par Maryanne Wolfe. Encore une fois, j’ai fais choux blanc, cet ouvrage est non-disponible. Mais, je ne désespère pas, je ne lâche pas le morceau
Pourquoi Momox Carmilla, il doit bien y avoir des compagnies en France pour assurer ce genre de services?
Certes, les livres regorgent d’informations, et surtout de souvenirs.
Si l’ouvrage vous a marqué, alors vous vous souvenez de l’endroit où vous l’avez lu, de l’atmosphère du lieu, des sentiments qui vous habitaient à cette époque, des espoirs qui étaient les vôtres.
Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai lu : Les Sept Piliers de la Sagesse de Lawrence, c’était à Paris en mai par un temps délicieux. J’avais acheté les deux tomes qu’on retrouvait dans La Petite Bibliothèque Payot à l’époque. Je possède encore ces documents.
J’en ai plein d’autres que je possède, dont je me déferai jamais, jusqu’à ma mort. Certains que j’ai relu à plusieurs occasions, et qui a chaque fois m’ont procuré cet étrange plaisir, qui perdure dans le temps et qui persiste dans son intensité. Souvenirs réconfortants, qui n’ont rien à voir avec la mélancolie.
Le sourire me vient aux lèvres tout en me rappelant que je suis passé par-là, que j’y ai vécu du bon temps, et qu’il m’a fallu revenir, pour repartir ailleurs.

Merci Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonsoir Carmilla

De l’impassibilité au mépris en passant par la fuite.

Je crois que vous auriez fait un excellent commandant de sous-marin, comme celui qu’on retrouve dans le livre de Lothar-Günther Buchheim : Le Styx, récit qui a inspiré le film : Le Bateau. Pour commander faut être dominant et en contrôle d’après vos propos vous semblez avoir la vocation.

Vous détestez les disputes, mais vous ne crachez pas sur les conflits. Vous vous soustrayez à l’affrontement pour adopter d’autres stratégies. C’est de bonne guerre comme pour les sous-mariniers. La discrétion est de mise si l’on veut servir une surprise dévastatrice à son adversaire. C’est une stratégie de dominateur. Le contrôle sur soi-même implique le contrôle sur les autres. Et ce contrôle sur les autres implique un contrôle sur soit-même. J’en sais quelque je chose, je suis un dominant tout comme vous.

Ceci dit : Vaut-il mieux éviter les éclats, ce qui est simple, ou encore la bagarre, ce qui se révèle sans limite et beaucoup plus difficile, ce qui peut conduire jusqu’au meurtre. C’est ce qui se produit dans le récit : « La fille laide. » Fabien, l’homme engagé par Bernadette la propriétaire de la ferme, ira jusqu’au meurtre par amour d’Édith la fille laide. Bernadette désirait mettre Fabien dans son lit, mais c’est Édith qui va prendre la place de Bernadette. Fabien va étrangler Bernadette, puis pousser son cadavre dans la rivière, pour faire passer le tout comme une noyade.

Je vous l’accorde, les éclats et les excès sont désagréables, encore des situations qui peuvent dégénérer aussi en actions, qui ne sont pas préméditées, mais peuvent se terminer par des réactions catastrophiques. Mais, des fois, il faut faire sortir la bête de son trou. Le conflit devient inévitable et incontournable.

Vous écrivez que vous essayez de toujours demeurer impassible, indifférente; mais un essai ne signifie nullement une réussite.

Vous ne me ferez pas croire que vous n’avez jamais sauté les plombs. Passé un ou deux amants au tordeur. S’il n’en fut pas ainsi, cela tiendrait plus de la sainteté que de la maîtrise de soi.

Reste la fuite, que nous considérons en Amérique du Nord comme un acte lâche, pleutre, et condamnable. Nous oublions que la fuite peut être salutaire, elle peut être un acte de survie. Tout comme la colère, la fuite peut s’avérer une solution. Rien dans ce domaine des impressions et des sentiments, n’est totalement bon ou mauvais; mais on ne serait nier leur utilité. Fréquemment dans le feu de l’action, nous n’avons que quelques secondes pour prendre une décision entre la lutte ou la fuite. Si tu fuis, coures de toutes tes forces, si non, frappe fort!

De dominateur à dominatrice
Merci Carmilla pour votre commentaire

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je suis malheureusement obligée de me séparer des livres que je ne juge pas essentiels. Sinon, on devient vite envahis.

Momox, c'est en effet une bizarrerie de la mondialisation. Une entreprise berlinoise qui vend des livres d'occasion français.

Cela dit, ils n'ont effectivement pas votre "Proust et le calamar". Vous pouvez néanmoins consulter le site Fnac livres. Il vous renvoie à des "sites partenaires" (notamment Diced Deals) qui l'ont en stock et devraient pouvoir vous l'expédier. Ce livre ne m'est effectivement pas inconnu, je vais approfondir.

Il est difficile de porter un jugement sur soi-même. Mais je suis également orgueilleuse et me mettre en colère, c'est à mes yeux, me rabaisser.

Mon calme, mon impassibilité, c'est ma manière d'être déstabilisante et, peut-être, dominatrice. Mais je reconnais que ce n'est probablement pas facile à vivre pour les autres; c'est sûrement exaspérant. Mais je considère qu'on devient perdant si on se laisse emporter.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

J'ai une excellente librairie de seconde main près de chez moi (la librairie Nijinski, chaussée d'Ixelles) et j'y porte souvent des livres que je ne lirai plus ; cela ne me rapporte que des clopinettes, mais je suis content de remettre ces livres en circulation. Souvent, je choisis l'option "bon d'achat" et je ressors de la librairie avec des livres passionnants, comme une biographie de Mussolini par Pierre Milza, ou "Terres de sang" de Timothy Snyder.

Les autres livres, quand je n'arrive pas à les revendre, je les donne de temps en temps à une librairie de seconde main liée à Oxfam.
Il y en a aussi un certain nombre que je laisse à Avioth, dans la bibliothèque ouverte à tous, et je suis content de voir que certains résidents du lieu lisent parfois ces bouquins.

Sinon, je recours souvent à Momox, des prix très intéressants, et une bonne alternative à Amazon.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

La librairie Nijinski, c'est évocateur. Son journal, hanté par la progression de la folie, est hallucinant.

Je cède mes livres à la librairie Book Off. Quand ce ce n'est pas possible, je les dépose sur un banc du parc Monceau. Ca partait tout de suite autrefois mais c'est plus difficile depuis le Covid. Je pense que les gens craignent d'être contaminés.

Momox, c'est en effet très bien. Bon marché et rapide. Amazon, j'ai des préjugés défavorables, mais j'ai peut-être tort.

Bien à vous,

Carmilla

dominique a dit…

Bonjour Carmilla,

je connais bien le parc Monceau ; on m'y emmenait jouer lorsque j'étais petite! Adolescente, je le traversais pour aller au lycée. A présent,je n'y suis pas allée depuis au moins deux ans. Je laisse mes livres non essentiels dans les boîtes à livres. Exilée depuis longtemps dans une banlieu périurbaine, et ne conduisant pas, je vis un peu comme en prison.

Plus d'ami(e)s depuis longtemps! d'ailleurs je ne choisissais pas plus les amis que la famille, hélas... je ne vois que mes enfants et petits enfants; et j'évite certains sujets

Bonne journée, bonne année
dominique

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Dominique,

Le parc Monceau, c'est pour moi un lieu de grâce et de beauté. Je le traverse à peu près tous les jours et ça suffit, généralement, à oublier tous mes soucis.

La famille, les amis, c'est vrai que c'est souvent compliqué tellement ça peut être conflictuel. Ma recette mais je ne sais pas si elle est transposable : relativiser tout cela, ne jamais se sentir offensée, agressée.

Bonne année à vous aussi,

Carmilla