samedi 5 novembre 2022

De la décadence, du conformisme et de la haine


Poutine déclare maintenant qu'il est en guerre contre l'Occident décadent.

"Pauvre patate !", je lui ai répondu en pensée, "tu me fais bien rigoler parce qu'on comprend tout de suite que tu vises, avant tout, à faire apparaître moins piteuse la situation de la glorieuse armée russe plutôt que de reconnaître simplement qu'elle prend quelques raclées contre l'Ukraine, ce pays peuplé de "bottes de foin" (c'est comme ça que les Russes appellent les Ukrainiens), qui ne devrait même pas exister". 


Mais un peu plus tard, après réflexion, je me dis que "le Grand Boucher" est peut-être habile. Son discours va rencontrer, à coup sûr, une grande écoute, c'est même un discours fédérateur qui peut permettre à la Russie de se poser en champion des peuples opprimés. Ca concerne presque toute l'Afrique et une grande partie de l'Amérique latine et aussi l'Inde, la Chine. Tout un ensemble de  pays qui vivent dans la mémoire du colonialisme, qui imputent à l'occident les pires méfaits et le détestent. 


Et puis, cette idée d'un Occident décadent, elle court depuis plusieurs décennies et elle est maintenant presque unanimement partagée.  


Je trouve ça sidérant mais, en France même, la plupart des gens sont convaincus qu'ils vivent dans une société décadente. On serait tous des pourris, cyniques et dévorés par le mercantilisme, égoïstes et centrés sur nous-mêmes. C'est la grande auto-flagellation, on sait qu'on nous déteste mais on aime bien aussi se détester soi-même. 


Ça m'énerve beaucoup mais il serait peut-être bon de mettre d'emblée un grand bémol à cette déconsidération généralisée d'un Occident décadent. Pourquoi donne-t-on, en priorité, la parole aux pleurnichards ? La démocratie  a tout de même certains attraits comme en témoignent les jeunes femmes iraniennes qui prennent aujourd'hui tous les risques pour revendiquer des "libertés occidentales": leur droit à la liberté de pensée, d'habillement, d'expression, leur droit, tout simplement d'être elles-mêmes en dehors des diktats des mollahs. Quant aux Russes, je crois qu'ils ne dédaignent pas les pays décadents quand ils ont des projets de vacances.


Les déclinistes sont, en fait, les prophètes de malheur et les idiots utiles de cette dépréciation de l'Occident. J'avoue d'ailleurs que je ne les supporte pas. Ils rassemblent aussi bien des cathos que des écolos et des anti-capitalistes, des groupes à la recherche d'une espèce de monde à la Jean-Jacques Rousseau de pureté et transparence originelles : un état de nature vertueux et frugal. Ils me font penser à des petits vieux, sinistres et populistes.


Comment comprendre ce nihilisme absolu qui a envahi l'Occident ? C'est vrai qu'au cours de ces dernières décennies, on a assisté à l'effondrement des grandes croyances collectives, celles de la religion et de la Révolution politique et sociale. 30 % des Français ne sont aujourd'hui affiliés à aucune religion et le vote communiste est devenu marginal. 


Il faut bien constater, aujourd'hui, une véritable atomisation des sociétés occidentales. Elles ne sont plus une communauté de citoyens mais un agrégat fragile d'individus. Des individus repliés sur leur petite sphère propre (la famille, les fêtes entre copains, les réseaux sociaux) dont la seule préoccupation est leur bonheur individuel, leur épanouissement personnel. Et d'ailleurs, on est presque sommés, aujourd'hui, d'être heureux. 


Avec de pareilles perspectives, on peut vraiment se demander ce qu'il adviendrait si la France était, comme l'Ukraine, envahie par une armée étrangère. On peut douter d'un grand sursaut national et redouter une débandade générale, le sauve-qui-peut, chacun pour soi. De ce point de vue, Poutine n'a peut-être pas complétement tort quand il nous désigne comme décadents. Sauf que la question n'est pas ethnique, nationaliste, comme il le croit, mais politique.


Mais c'est vrai que le désir de changer le monde ne nous habite plus. On cherche plutôt à changer soi-même au bénéfice de son bien-être et de sa satisfaction: on fait du sport, on mange bio, on pratique le yoga ou la méditation, on s'essaie à une foule d'activités afin de trouver sa voie (peinture, musique, cuisine, danse etc...). Pour influer sur le cours de son existence, il faudrait d'abord compter sur ses propres forces intérieures. C'est le triomphe de la psychologie positive, c'est le grand repli sur soi, la primauté accordée au seul Moi.


On a cessé de s'impliquer dans l'action politique. L'idéologie dominante, c'est un populisme mâtiné d'écologie (plus de 50 % des votes en France). On ne prend d'ailleurs même plus la peine de voter et si, occasionnellement, on le fait, on choisit le "n'importe quoi", les groupes disruptifs, ceux qui vont tout faire péter. Les "Grandes Gueules" ont de l'avenir. Quant à ce qui se passe ailleurs qu'en France, l'actualité internationale, quelle barbe ! On ne va tout de même pas nous nous contraindre à des privations et nous embêter pendant des années avec la guerre en Ukraine. Ça devient lassant, il faut arrêter ça tout de suite. Et d'ailleurs, Ségolène Royal l'a bien dit, ceux qui profitent au maximum de cette guerre, ce sont les Américains. Alors, ne nous laissons pas entraîner.


On ne se rend même pas compte que cette idéologie du "feel good", du bien-être individuel, est extrêmement normalisatrice. C'est vraiment la "Grande Domestication" du troupeau humain, la "Grande Fabrique" d'individus tous semblables, bien dans leur peau, lisses, souriants, sans aspérités. Gentils mais bêtes à pleurer ! La recherche du bonheur, ça n'est pas seulement une ânerie, c'est surtout le prélude à un fascisme mou qui s'incruste dans nos âmes.


Mais est-ce qu'on est encore un homme quand on n'est plus "travaillé" par la négativité : la souffrance, le chagrin, la Mort. Est-ce qu'on est encore capable d'apprendre quelque chose de ces épreuves ? Le vacarme du monde, les déchirures de la vie, ne font que nous effleurer dans une étrange apathie, ataraxie. D'une certaine manière, on est devenus, sans le savoir, des stoïciens.


Mais cela va encore plus loin parce que l'on forge aujourd'hui avec application de nouvelles dominations: celles de l'opinion, du moi-je, de l'impulsion, de l'arrogance, tout ce que l'on se plaît à développer sur les réseaux sociaux. On est tous devenus des experts. C'est vrai qu'Internet nous offre un défouloir idéal: on peut s'offrir, en toute impunité, son quart d'heure de haine quotidien. C'est peut-être bénéfique d'avoir maintenant cette possibilité de raconter n'importe quoi. Le problème, c'est qu'on ne devient pas des dissidents et que notre singularité affichée n'est que le masque d'un odieux conformisme. On rejoint plutôt les meutes de loups, on s'agglutine en petits groupes prêts à lancer l'assaut. La tyrannie de l'émotion plutôt  que la recherche de l'accord, du consensus.

    

On n'est peut-être donc pas des décadents, comme le dit Poutine, mais plutôt des monstres froids, insensibles. On vit sous anesthésie dans une espèce de sauvagerie policée, indifférente. On a atteint le stade suprême de la cruauté où tout se joue dans la sphère mentale, intellectuelle. La brutalité et la violence physique, ça ne relève plus que de l'archaïsme russe.


Notre grand tourment, c'est l'Enfer des jalousies mesquines, suscité par notre Passion de l'Egalité. A cause de ça, on ne cesse de chercher à rabaisser et humilier celui qui se met en avant. Le conformisme de la Haine, c'est devenu notre marque de fabrique.

 

Affiches de cinéma soviétique des années 20-30. J'aime beaucoup mais il faut préciser que la quasi-totalité de la population n'a, à l'époque, jamais vu ces affiches dont la diffusion était confidentielle.

Lectures :

- Julian SEMENOV : "Opération Barbarossa". J'ai déjà évoqué cet auteur russe (1931-1993) de romans policiers. Complétement inconnu en France, immensément populaire en Russie. Vladimir Poutine voue notamment une grande admiration à l'un de ses héros, l'espion Max Von  Sterlitz. C'est au point qu'on dit souvent qu'il s'en croit la réincarnation. En toute objectivité, Semenov est un écrivain remarquable, d'une érudition ahurissante. On a quand même commencé à le traduire en France. On trouve ainsi, aux éditions poche 10/18 : "La taupe rouge", "Des diamants pour le prolétariat" et ce tout nouveau "Opération Barbarossa". C'est presque d'actualité parce qu'on y parle de l'Ukraine et de son invasion par les Nazis.

- Antony BEEVOR : "Russie - Révolution et guerre civile 1917-1921". Chaque livre de Beevor est remarquable d'érudition et documentation. C'est, bien sûr, encore le cas. Je regrette simplement qu'on soit un peu submergés d'informations au détriment de la réflexion et de l'analyse.

Je me suis enfin réjouie qu'après le couronnement de deux monuments de bien-pensance et de pleurnicherie (Annie Ernaux pour le Nobel, Brigitte Giraud pour le Goncourt), un jury littéraire, celui du Renaudot, ait eu le courage d'élire un véritable écrivain, mal coiffé, mal peigné, Simon LIBERATI pour "Performance". Tout n'est peut-être pas foutu. 

Je précise enfin qu'il n'y aura pas de post de Carmilla samedi prochain. Retour le 19/11.


8 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!

Je vous remercie pour votre texte, mais surtout pour ce livre de Grégoire Bouillier, Le coeur ne cède pas. Effectivement, c’est un livre qui a été écrit pour moi. C’est plein de mystères, d’histoires, de divergences, et sur beaucoup de pages, ça ressemble à un essai. Cela va dans toutes les directions, et la grande question demeure en suspend : Pourquoi avoir choisi de se suicider par le jeûne? Toutes les histoires sont construites autour de ces 45 jours.

Je ne pense pas que se soit un décadent qui a écrit ce livre.

Il y a encore des gens bien sur cette terre, qui n’ont rien à voir avec la décadence. Des gens qui assument leurs responsabilités, qui se lèvent le matin pour aller travailler, qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, qui ne redoutent pas le sacrifice, qui s’interrogent sur la réalité qu’ils vivent, qui sont capables de faire la part des choses, de penser et se dire : ceci est une agression, ceci est une injustice, et cela en toute lucidité. Il y a encore des personnes dignes sur cette terre; qu’on se le dise! Elles sont peut-être plus nombreuses qu’on ne se l’imagine.

Votre sujet hebdomadaire tombe bien cette semaine. Je viens de terminer la lecture d’un petit essai lourd de sens qui parle des égarés sous le vocable de l’homo limbus.

Détendeur de deux doctorats en psychologie et en sciences politiques, Gérard Ouimet est professeur titulaire au département de management de HEC de Montréal. Il s’intéresse notamment à la psychologie du pouvoir et des leaders destructifs, aux habiletés politiques et à la psychopathie organisationnelle.

« Cette tendance à s’estimer l’égal des autres en matière de jugement est particulièrement insidieuse dans le cas de l’Homo limbus. Vivant sans repère spatio-temporels, l’homme hypermoderne ignore l’heure qu’il est et l’endroit où il se trouve. Aussi eu égard au fonctionnement de l’ensemble des membres d’une société, ses comportements sont la plupart du temps incongrus. Confrontant le jour et la nuit, les espaces privé et public, l’achronotopique considère être dans son bon droit d’agir quand et où cela lui plaît. »
Gérard Ouimet
La république des égarés
Page 43
Éditions, Château d’encre

Est-ce que nos décadents seraient des égarés? Je reconnais que cette société moderne devient difficile à expliquer, et encore plus à justifier.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Le livre de Grégoire Bouillet a figuré dans plusieurs listes de prix littéraires mais n'a, jusqu'à présent, reçu aucune récompense. Il est vrai que 900 pages, c'est peu vendeur.

Mais on arrive bien à surmonter cet obstacle tant le livre est rebondissant et abonde en réflexions pertinentes sur la condition humaine. Les analyses finales sont même remarquables.

Elles recoupent largement ma propre vision des personnes que je peux rencontrer. Il ne faut jamais juger, catégoriser, les autres. On n'est jamais taillés d'un bloc et en chacun de nous coexistent le Mal et le Bien, une crapule et un altruiste. On est capables du meilleur comme du pire.

C'est pourquoi je ne m'attache pas trop aux défauts des autres. Je préfère retenir leurs qualités et composer avec celles-ci. Il faut savoir être tolérant, ne jamais rejeter quelqu'un qui vous déplaît de prime abord et essayer de dégager ce qu'il y a de positif en lui.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla!
Je le déplore autant que vous, qu’il y a un manque de réflexion et surtout d’analyse, autant dans la presse écrite que celle parlé, pour le reste des médias c’est d’une pauvreté chronique, je dirais que ce n’est même plus de l’information, seulement des messages nébuleux, et rapides, où on se dépêche de passer à autre chose. Beaucoup d’images qui n’en disent pas beaucoup et qui finissent par nous lasser. On ne va pas nous embêter pendant des années avec la guerre en Ukraine. Nous allons voir à quelle sorte d’hiver l’Europe va être livré. Le froid ça peut devenir embêtant. Ça peut vous donner du temps pour penser.
C’est un peu court d’affirmer que seul les américains font de l’argent dans cette guerre. Je ne pense pas qu’ils vont récupérer leur mise de fond. Je dirais plutôt qu’ils en perdent. Reste que je surveille attentivement les résultats électoraux de mardi prochain. La deuxième part du mandat de Biden ne sera peut-être pas aussi facile que la première. Ce qui pourrait influencer sur le déroulement des opérations en Ukraine. Espérons que cela ne sera pas le cas. Il ne faut pas juste gagner des batailles, non; il faut gagner cette sale guerre.
D’autre part, l’assassinat de Mahsa Amini vient de secouer le vieil arbre tordu dans la cours des iraniens, qui ne se privent pas de vendre des armes aux russes. Comment se fait-il que les russes n’arrivent pas à produire leur armement?

Ce qui est étonnant, c’est que l’assassinat d’une jeune femme a provoqué des incidents, peut-être pas assez pour renverser le régime, mais au moins pour l’ébranler. Avis à ceux qui ne veulent pas se mêler de politique, voilà que ces femmes en révoltes sont en train de nous donner une leçon de solidarité et de démocratie. J’ignore si vous recevez des nouvelles de l’Iran présentement Carmilla. Ici en Amérique c’est bien pauvre. Il n’y a pas grand-chose qui filtre. J’espère que vos amies s’en sortent bien.

Alors nous sommes des décadents nous les Québécois, les Canadiens, les Nord Américains, c’est oublier un peu vite tous les services que nous vous avons rendu à l’Europe depuis un siècle. Et vous savez quoi, si on nous en demandait encore, on répondrait : présent. Je dirais qu’on est pas mal pour une bande de décadents. Je suis loin de me sentir décadent. Peut-être pourrit mais pas décadent. On pourrait fermer les yeux, vous laisser sous la houlette des russes. Se serait la dictature de quoi? C’est ce qui s’est produit lorsque le Blondinet était aux affaires. Il ne faut pas oublier que les américains ont toujours été divisés sur leur politique internationale, et cela balance entre les interventionnistes et les abstentionnistes.

Pour l’ensemble des gens, des citoyens de ce monde, ils aspirent à la paix, à la facilité, à l’abondance, à un bon niveau de vie, que se soit les chinois, les russes, les américains ou les canadiens. Au lieu de cela nous parlons d’environnement pendant que nous faisons la guerre. Que choisir de mieux comme paradoxe?

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Il y a effectivement, du moins en Europe, un repli sur la sphère individuelle et un désengagement politique (ou alors un engagement dans le n'importe quoi de partis extrémistes).

C'est évidemment favorisé par le développement de la "civilisation" numérique et des réseaux sociaux mais aussi par un désintérêt pour le monde extérieur. Et puis les "médias" sont crétinisants: on ne parle, en France, que factures du chauffage et de l'électricité et prix du litre d'essence. Et puis on nous assomme avec une écologie bêtasse vue par le petit bout de la lorgnette qui nous somme sans cesse de faire pénitence.

L'Ukraine, dans ce cadre, j'entends de plus en plus, en effet, que ça fait les bonnes affaires des Américains. Je trouve ça stupide et odieux car je pense que, malgré toutes les vicissitudes, les Américains ont toujours cherché à promouvoir et soutenir la démocratie. On critique violemment, en ce moment, leurs 20 années passées en Afghanistan. Bien sûr qu'il y a eu un échec final mais ils ont néanmoins, durant cette période, considérablement transformé les structures économiques et sociales du pays. De cette transformation, il reste quelque chose et c'est ce qui permet d'espérer un renversement futur des Talibans.

En Iran, la contestation se poursuit en effet et le mouvement semble puissant. Les hommes ont maintenant rejoint les femmes. Sur Internet, on trouve beaucoup de vidéos où des jeunes arrachent dans la rue le turban des mollahs et s'amusent, ensuite, à jouer avec au foot-ball. Ca me met en joie. Le gros problème, c'est qu'il n'existe aucun leader politique de cette opposition, un leader qui pourrait coordonner le mouvement et organiser la contestation. L'autre gros problème, c'est que le régime n'hésite pas à tuer et massacrer impitoyablement.

Ce que je sais simplement, c'est que la colère et l'exaspération sont immenses dans la population. Les gens veulent vivre normalement sans intrusion dans leur vie personnelle. Les religieux sont haïs et cela, depuis fort longtemps. Je m'étonne qu'on ait peu parlé de cela, au cours de ces dernières décennies, dans les médias étrangers où on avait même tendance à présenter favorablement la belle révolution islamique. Pourtant, même si mon expérience est limitée, je n'ai jamais entendu, de la part de la population, que des horreurs sur le gouvernement iranien. Le sait-on enfin ? La majorité des Iraniens aiment les Américains et apprécient leur mode de vie. J'en ai même rencontré beaucoup qui déclaraient apprécier Trump parce qu'il savait être dur avec les mollahs.

Au total, je n'ai donc rien contre l'interventionnisme américain. C'est bien la démocratie que l'on cherche à défendre et non de cyniques intérêts économiques.

Je crains donc vivement qu'après les élections de mi-mandat, les Républicains ne suspendent toute aide à l'Ukraine. Et ce n'est sûrement pas l'Europe qui prendra le relais alors qu'elle est davantage concernée.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Mais cela va encore plus loin parce que l'on forge aujourd'hui avec application de nouvelles dominations: celles de l'opinion, du moi-je, de l'impulsion, de l'arrogance, tout ce que l'on se plaît à développer sur les réseaux sociaux. On est tous devenus des experts.

Bonjour Carmilla!

Comment ne pas revenir sur ce pouvoir de juger que nous nous octroyons si facilement.

Un peu par hasard je suis revenu à cette pensée :

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. »

Descartes
Discours de la méthode

Des fois, il faut revenir à nos vieux classiques, et qui plus est, c’est rudement bien écrit.

Merci pour vos réflexions Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je n'ai heureusement pas le temps de fréquenter les réseaux sociaux, ni le goût non plus d'ailleurs. Ce sont eux pourtant qui monopolisent l'attention et le temps d'esprit disponible de tous ceux qui sont absorbés par leur smartphone.

Mais le peu que j'en connais est effrayant. Ce ne sont que des querelles d'egos dans les quelles chacun se croit assuré de sa compétence et expertise. Des guerres de narcisses intolérants.

Ne pas douter de soi, ça ouvre la voie à de sombres dictatures.

Les propos de Descartes sont, dans ce contexte, effectivement pertinents.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Je viens de lire un excellent livre de l'historienne Françoise Thom, "Poutine, ou l'obsession de la puissance" et je vous le recommande vivement.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Je n'avais pas remarqué ce petit livre de prime abord très intéressant. La thèse est juste.

L'économie, le capitalisme, le socialisme, la culture, la religion, de tout cela Poutine se fiche complétement. Il a une vision purement militaire du monde. Il est obsédé par la puissance et la grandeur de la Russie et cela repose sur la conquête de territoires et la peur exercée sur les autres. En cela, il reproduit les schémas de l'ancienne URSS.

Quant à moi, j'ai entamé le récent bouquin de Galia Ackerman (Le livre noir de Poutine) dont j'apprécie toujours les analyses.

Bien à vous, Carmilla