Une petite pause cette semaine avec le simple recensement de quelques livres qui viennent de me marquer.
Un peu d'Allemagne tout d'abord. La littérature contemporaine allemande, c'est peu connu en France, on préfère les assommants romans américains. Les hasards de l'actualité font que 3 de mes écrivains allemands préférés (ajoutez Juli ZEH) viennent de publier:
- Bernard SCHLINK : "Olga". Le portrait, de la fin 19 ème siècle aux années 70, d'une femme originaire de Prusse Orientale. Le croisement d'un destin individuel et de l'Histoire.
- Robert MENASSE: "La capitale". Un livre d'actualité, le récit hilarant des aventures de fonctionnaires européens à Bruxelles. Robert Menasse est autrichien, ce qui explique sans doute son humour et sa plume acide.
En
contrepoint, je recommande vivement les livres de deux écrivains qui
savent de quoi ils parlent et qui ont vécu de l'intérieur le communisme:
- Elena
BALZAMO: "Triangle isocèle". Un tout petit livre mais très juste et qui
va à l'essentiel. Elena Balzamo a vécu en URSS et décrit très bien les
mécanismes de la dictature ordinaire: une sorte d'endormissement
généralisé au sein duquel on trouvait quelques échappées. Et puis les
portraits de soutiens étrangers du régime, complices actifs et intéressés... Il y a
enfin des réflexions intéressantes sur le multi-linguisme, le
multi-culturalisme.
- Gyorgy DRAGOMAN: "Le bûcher". Dragoman fait partie de l'importante
minorité hongroise de Roumanie. Un livre terrifiant qui ressuscite bien
les mécanismes de peur, manipulation, terreur exercés durant la
dictature communiste. Un traumatisme général qui perdure aujourd'hui et
explique le malaise actuel.
Maintenant un peu de littérature en Hébreu.
- Eshkol NEVO: "Trois étages". La littérature d'Israël, je connais mal. J'avais emmené ce bouquin à Tel-Aviv et j'ai été enthousiasmée. Une étonnante modernité, de la psychanalyse en action. Connaît-on jamais ses voisins ? Des personnages paranoïaques et tourmentés qui illustrent chacun une instance freudienne: le çà, le moi et le surmoi.
Enfin de la littérature française:
- Sarah CHICHE: "Les enténébrés". J'ai déjà évoqué, récemment, "Une
histoire érotique de la psychanalyse". Presque simultanément vient de
sortir ce sombre roman. Qu'est-ce qui surgit du Mal dans l'Histoire dans
le psychisme familial ? L'amour est-il encore possible ?
- Jean ROLIN: "Crac". La découverte des châteaux des croisés au Liban,
en Syrie, en Jordanie sur les pas de Lawrence d'Arabie. Un point de vue
très insolite qui m'a appris plein de choses.
- Michel HOUELLEBECQ: "Sérotonine". Je n'ai, bien sûr, pas la prétention d'ajouter
quoi que ce soit aux innombrables critiques déjà publiées. Plus que des
romans, les livres de Michel Houellebecq sont, pour moi, de véritables
bouquins de sociologie.
Images de Leonora Carrington (1917-2011), Remedios Varo (1908-1963), Zdzislaw Beksinski (1929-2005).
Au cinéma, je recommande "Les fauves" de Vincent Mariette et "Les estivants" de Valeria Bruni Tedeschi.
2 commentaires:
Bonjour madame Carmilla
Je ne manquerai pas Sarah Chiche que je ne connais pas. Les enténébrés, ce titre je le trouve envoûtant, il m'attire.
Ce qui pourrait être la suite de : Keila la Rouge de Issac Bashevis Singer, que je suis en train de lire.
Dans l'humidité d'un petit vent du sud, sous une petite neige hésitante, au cœur d'une blancheur infinie qui dilue la grisaille.
J'aime février !
Merci et bonne fin de journée.
Richard St-Laurent
Bonjour Richard,
Sarah Chiche, c'est effectivement un très bon choix.
Elle est un jeune auteur que vous pouvez découvrir en consultant, sur internet, le replay de "la grande librairie" de François Busnel, en date du 30 janvier 2019, sur France-TV.
Quant à Singer, je ne doute pas qu'il vous enchantera.
Bien à vous,
Carmilla
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