samedi 3 décembre 2022

De la méchanceté ordinaire


C'est l'hiver. On sort forcément moins; alors pour compenser, on multiplie les réunions familiales ou amicales, les "pots" au bureau. 


L'ambiance est joyeuse, festive mais, presque à chaque fois, on assiste à un coup d'éclat. C'est votre proche parent, votre meilleur(e) ami(e), votre collègue sympa qui, tout à coup, vous critiquent violemment, vous descendent en flammes, vous tiennent des propos horribles. Ça peut même tourner au pétage de plombs complet. Ça vous sidère, vous bouleverse, vous déstabilise. Comment la personne exquise, adorable, que vous connaissiez jusqu'alors, peut-elle, brusquement, se révéler immonde vis-à-vis de vous ?


On ne comprend pas ou, plutôt, on ne parvient pas à percevoir que la méchanceté est partout, quasi universelle, même si elle ne porte pas toujours ce nom.


Surtout, on s'exonère soi-même de toute méchanceté. On est convaincus d'être plein de compassion, d'accorder toute son attention aux autres. Et d'ailleurs est-ce qu'on ne s'investit pas dans une foule d'organisations humanitaires ? Et puis, on ne manque pas, en fin d'année, de faire des dons à des associations caritatives.


On a une vision binaire du monde, en noir et blanc, dans une opposition du Bien et du Mal. Il y a d'un côté les gens bien et de l'autre les crapules et les monstres. Cela recoupe la distinction des bourreaux et des victimes, des coupables et des innocents. On se croit évidemment du bon côté du manche, celui des opprimés et des victimes. C'est pour cela que les figures du harceleur et du pervers narcissique et, récemment, ce concept fumeux d'"emprise", rencontrent aujourd'hui tant de succès: ils fournissent une grille de lecture tellement commode d'une vie victimaire. 


Pourtant, on prend, soi-même, plaisir à participer à des séance de persiflage entre amis. On y dégomme, dans une franche hilarité, tout son entourage: depuis ses chefs (leurs manies, leur caractère) jusqu'aux personnes les plus humbles (leur accoutrement, leur indolence); on s'en prend ensuite aux stars de l'actualité, tous nuls, incompétents et corrompus.  On a également oublié qu'à l'école, on se rangeait du côté de la "meute" et qu'on participait, plus tard, aux séances de bizutage.


C'est innocent, ça ne porte pas préjudice, croit-on. On se contente d'user de mots (raillerie, médisance, ironie). A un niveau plus concret, on est également souvent petits, mesquins, âpres au gain. On aime bien fomenter des intrigues, manœuvrer pour sa promotion.


Mais au total, on ne se voit pas méchant parce que notre méchanceté nous échappe. Il est vrai que la méchanceté s'observe moins (il est quasi impossible d'en fournir la "preuve matérielle") qu'elle ne se "signale" par son impact, sa percussion, la blessure qu'elle inflige.


Et cette déflagration, ça fait plaisir. Parce que c'est bien ça le ressort essentiel de la méchanceté : le plaisir qu'elle procure à celui qui la dispense. Et ce plaisir, il consiste à rabaisser, humilier l'autre, le ramener à rien, à zéro.


Il y a en effet quelque chose qu'on ne supporte absolument pas en l'autre: qu'il s'affiche comme particulier, différent. En étant méchant, on le ramène à la norme. Sa distinction, ce n'est que du vent. Il est bien un minable comme nous tous.


La méchanceté règle ainsi la plupart des relations humaines. 

Ca concerne d'abord le couple conjugal avec son lot banal de disputes, injures, séparations, violences. Mais plus subtilement, ce sont les petites réflexions, les allusions, les petites humiliations. Il y a toujours dans un couple une volonté de rabaisser l'autre avec une forme de mépris. C'est particulièrement vrai du côté masculin. Une femme n'est vraiment désirable pour un homme que si elle est dévalorisée (une nulle ou une putain). Une femme supérieure, trop parfaite, fait fuir les hommes. Elle s'identifie en effet trop à leur mère rendant, de ce fait, la relation carrément incestueuse.


Quant aux femmes, c'est un peu différent. De désir, elles n'en éprouvent guère, voire sont carrément frigides, avec leur mari. Le désir, la passion, elles n'en font l'expérience qu'avec leurs amants. Les femmes ont besoin de soufre, d'interdit, pour aimer. L'amour des femmes pour les très méchants, les délinquants, est bien connu. Les grands criminels reçoivent ainsi de nombreuses lettres d'amour dans leur prison. La méchanceté appelle l'amour.


Et la méchanceté ne contamine pas que les adultes. Celle des enfants est notoire. Ils entrent rapidement en conflits violents entre eux pour pouvoir monopoliser à leur profit exclusif l'amour des parents ou s'accaparer les objets et l'espace disponibles.


Et même  aux plus hauts niveaux de la société, la méchanceté s'exerce en toute impunité. Des professeurs méchants, qui savent vous humilier avec quelques phrases bien senties (des paroles perverses plus efficaces que l'usage de la violence physique), on en a tous rencontrés. Et même des médecins méchants qui vous entretiennent dans l'incertitude et l'angoisse, vous font entrevoir les pires horreurs, vous rendent coupables de vos maladies. 


Et le point culminant de la méchanceté, c'est l’État lui-même avec son administration féroce. Toute cette machinerie silencieuse, tous ces textes labyrinthiques et incompréhensibles, tout ce chaos bien orchestré, ont d'abord pour but de nous mettre en faute vis-à-vis de lui. On se sent toujours perdus, pris la main dans le sac, et l'on rencontrera immanquablement l'un de ses officiants zélés, un fonctionnaire, pour vous le faire savoir avec une joie moqueuse.


Mais l'erreur serait de croire que seuls les méchants veulent le mal de l'autre. La méchanceté, rappelons-le,  emprunte toujours des voies détournées, soigneusement masquées. Ca explique que "les hommes ne sont jamais aussi mauvais que lorsqu'ils veulent imposer le Bien". 


L'idéologie du Bien, c'est aujourd'hui le grand fantasme qui anime nos sociétés. On se voudrait vertueux, compatissants, charitables, pleins d'attention envers les plus faibles. Mais s'afficher généreux, philanthrope, c'est aussi une manière d'afficher son mépris envers le pauvre, de ne pas le considérer comme son égal, de l'enfermer dans sa détresse. 


Un simple exemple: on est aujourd'hui invités, à l'approche de Noël, à effectuer, au sortir des Grands Magasins, des dons aux associations caritatives. Mais je suis toujours étonnée que l'on précise qu'il faut se cantonner aux produits de base : hygiène, riz, pâtes, thon. Est-ce qu'on ne devrait pas pouvoir offrir aussi aux pauvres des produits de luxe ? Du foie gras et du caviar plutôt que du pâté et des sardines. Répondre aussi à leurs désirs et pas seulement à leurs besoins.  Mais qu'un pauvre puisse éprouver des désirs, ça nous apparaît presque obscène.


On est en fait entrés dans une ère de méchanceté généralisée d'autant plus féroce qu'elle se dissimule sous les apparences du Bien. Cette méchanceté accrue, elle est le produit de la "société disciplinaire" annoncée par Nietzsche et Michel Foucault. Une société disciplinaire qui procède beaucoup moins par la contrainte physique que par le formatage généralisé des cerveaux, la banalisation des pensées, la normalisation des esprits. Les réseaux dits "sociaux" assurent aujourd'hui le triomphe de cette entreprise en diffusant, en continu, une haine arrogante.


On est sommés d'être tous pareils, de renoncer à notre singularité. Être tous semblables, interchangeables, c'est en effet indispensable au développement d'une économie productive. On peut bien sûr se révolter mais c'est alors qu'interviendront les Méchants. Ils détestent, on l'a dit, les déviants, les rebelles, les récalcitrants et ils sauront vite vous ramener dans les clous en vous assassinant verbalement. 

Les Méchants révèlent ainsi leur nature véritable. Ils ne sont pas, contrairement aux apparences, les démolisseurs de l'ordre social mais, au contraire, ses piliers, ses défenseurs, les plus intransigeants.


Tableaux principalement de James ENSOR et aussi de Edward HOPPER, Grant WOOD, Ben SHAHN, John SLOAN.

Lectures :

- Evidemment Marcel Proust, grand analyste des rapports sociaux et de leur ambiguïté. Le persiflage continuel dans les salons parisiens. Le théâtre cruel de la vie en société. Même ceux que je crois mes amis me détestent peut-être.

- Francis ANCIBURE et Marivi GALAN-ANCIBURE : "La méchanceté ordinaire". Un excellent livre de psychanalyse publié en 2014.

19 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

C’est lorsque tu es indigent, que le désir se transforme en torture.

J’aime bien votre idée d’offrir aux pauvres du champagne, du foie gras, ça comblerait peut-être un certain manque qui n’est pas seulement physique.

Comment se fait-il que dans des sociétés aussi sophistiquées que les nôtres, que la pauvreté existe encore?

Vous l’avez évoqué à maintes reprises dans vos textes qu’on avait des supers sociétés d’abondance, très sécuritaires, pour ne pas dire sans saveurs.

Malgré cette abondance, il semble que le pauvreté existe, que malgré la sécurité la violence s’affiche, comme si un jour nous allions toucher le fond du sac.

De quoi nous plaignons-nous?

Pourquoi, il nous faut ce genre de défoulement quitte à attaquer notre meilleur ami, au moment d’une fête ou d’un repas?

Est-ce l’ennui qui s’affiche?

J’ai débuté la lecture : L’Amérique des Sioux, par, Pekka Hämäläinen. C’est l’histoire de cette tribut Amérindienne qui allait bouleverser les relations diplomatiques en Amérique entre les autres tributs, mais aussi, entre les Anglais, les Espagnoles, Les Français et les Américains. Les Sioux un peuple qui n’avait rien d’extraordinaire au départ. Cela s’étend entre le XVIe et le XXe siècle. Je vous le garanti avec le Sioux ont n’avaient pas le temps de s’ennuyer, massacres, tortures, mensonges, trahisons, mais aussi une fine diplomatie, une finesse d’esprit, une compréhension du futur, et même une vision de la fin, sans oublier le commerce. Ouvrage qui dépasse largement les clichés. Je vous le recommande.

Bonne fin de journée

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

A vrai dire, c'est une histoire de Freud qui m'a inspiré ça.

La voici :"Un homme a emprunté 25 florins à un riche après lui avoir assuré qu'il se trouvait dans le besoin. Le jour même, son bienfaiteur le rencontre au restaurant attablé devant un plat de saumon à la mayonnaise. Il s'en indigne alors : "Quoi ? Vous m'empruntez de l'argent et vous commandez du saumon à la mayonnaise. C'est pour des choses comme ça que vous avez besoin de mon argent" ? -"Je ne vous comprends pas répond l'homme. Quand je n'ai pas d'argent, je ne peux pas manger de saumon à la mayonnaise et quand j'ai de l'argent, je ne dois pas en manger ?"

Combien de fois n'avons-nous pas, nous-mêmes, hésité à donner de l'argent à un pauvre en craignant qu'il ne le gaspille en alcool ou cigarettes ? On refuse aux pauvres le droit aux rêves et aux désirs. On voudrait que leur existence se cantonne à l'utilitaire. Mais est-ce que ça ne revient pas à nier leur humanité (dont les signes les plus forts sont justement le désir et le rêve) ?

Quant à la pauvreté, bien sûr qu'elle subsiste. Elle est toutefois en forte régression dans le monde depuis une soixante d'années. Mais c'est une question qui réclame des analyses plus poussées que celles d'un bref commentaire. Il est certain, en tous cas, que ce n'est pas la seule charité qui permet de la réduire.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

En rapport indirect avec votre billet sur la méchanceté, Poutine étant maître en ce domaine, j'ai lu récemment "Le mage du Kremlin" de Giuliano da Empoli, que j'ai trouvé fascinant, et "Jamais frères" d'Anna Colin-Lebedev, très rigoureux, éclairant.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Effectivement, "Le mage du Kremlin" est l'un des grands livres de cette année littéraire. Une réflexion puissante sur le Pouvoir, une atmosphère oppressante.

Ce qui me sidère, c'est qu'on a préféré attribuer le Prix Goncourt à Brigitte Giraud plutôt qu'à Giulano da Empoli. C'est un peu comme pour le Nobel à Annie Ernaux, on peut dire que les jurés littéraires perdent la tête. Ce qui prime, ce n'est plus la qualité littéraire d'une oeuvre mais son engagement, sa congruence avec les problématiques sociales du moment. Ce qui m'intéresse au contraire, c'est qu'un livre soit "inactuel", qu'il me dépayse réellement.

Quant à Anna Colin-Lebedev, j'avoue que je n'ai pas lu son livre (il y en a tellement d'édités en ce moment) mais je la connais et je l'apprécie beaucoup. Je ne doute pas de l'intérêt et de la justesse de son livre.

Avez-vous terminé le dernier Gouzel Iakhina ? Je boycotte la littérature russe en ce moment mais j'ai quand même noté son bouquin ainsi que celui de Maria Stepanova : "En mémoire de la mémoire". Je les lirai peut-être dans une dizaine d'années.

Quant à Poutine et la méchanceté, il y a là, effectivement, un sujet de réflexion auquel je n'avais pas songé. J'ai même oublié, sur cette question, un petit bouquin essentiel de Dostoïevsky: "Les carnets du sous-sol". Si vous n'avez pas encore lu ce court texte, précipitez-vous.

Bien à vous,

Carmilla

Nuages a dit…

Oui, j'ai fini de lire "Les enfants de la Volga", de Gouzel Iakhina, et je l'ai plutôt apprécié, mais moins que le précédent livre de l'auteur, "Zouleikha ouvre les yeux". C'était souvent très bon, mais avec des passages fantasmagoriques que j'ai trouvés assez lourds.

Par ailleurs, ayant vu récemment le film "Les aventures d'Ivan Tchonkine", de Jiri Menzel (1994), tourné en Russie, j'ai lu le livre qui est à l'origine du film, "Les aventures singulières du soldat Ivan Tchonkine", de Vladimir Voïnovitch (1974). Cet écrivain, qui a été longtemps un dissident du temps de l'URSS, et qui est mort récemment, était très critique à l'égard du régime russe actuel. Le livre comme le film sont assez hilarants et réjouissants.

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Du côté de la meute.

La méchanceté ordinaire visite souvent la violence gratuite et sans raison, mais ce n’est pas toujours le cas, dans certaines civilisations ou encore dans certaines tribus, s’exerce une violence qui peut heurter notre côté cartésien. Les fondements de cette violence se retrouve dans les légendes. Les Sioux étaient très forts dans le domaine parce que ça touchait leur spiritualité.

« Fils d’Inyan, le Rocher, Ikotomi était jadis Ksa, la Sagesse, inventeur de langues, d’histoires de noms et de jeux. Mais comme il était pénible et retors, perdit son titre pour devenir Ikotomi, l’araignée à l’esprit farceur et diablotin malicieux, à même de parler avec toute chose vivante, de duper les dieux avec ses potions, de manipuler les humains par les fils de sa toile et de les protéger de toute menace. S’il avait le corps de l’araignée, il pouvait en réalité prendre n’importe quelle forme et aussi se rendre invisible. Lorsqu’il adoptait une physionomie humaine, il portait des peintures rouges et jaunes sur le visage ainsi que des cercle noires autour des yeux, et il était vêtu d’une veste en peau de cerf ornée de piquants de porc-épic, tel un véritable guerrier sioux. À l’image de son apparence, son tempérament était à la fois souple et ambigu : il n’était ni bon ni mauvais. »

Pekka Mämäläinen
L’Amérique des Sioux
Nouvelle histoire d’une puissance indigène
Page 104 et 105
Albin Michel

J’aime bien les légendes indiennes, parce que c’est le fondement de leur société, beaucoup plus cultivée qu’on peut se l’imaginer. Ce petit bout de texte dépasse à mes yeux, cette autre histoire où un type se fait clouer sur deux morceaux de bois!

Nous pouvons concevoir que nos violences possèdent des racines profondes même dans nos légendes les plus archaïques, que la violence n’est pas toujours la méchanceté, faire le bien n’est pas une garanti du bon, et que le mauvais peut déboucher sur des surprises étonnantes.

Est-ce que la méchanceté serait innée aux humains?

Sommes-nous méchants naturellement?

J’ai passé une courte fin de semaine dans ce bouquin entre le XVIe et le XIXe siècle dans un parcours haletant entre les colonisateurs, français, anglais et espagnol, et surtout, la naissance des États-Unis d’Amérique, qui gommeront ces Empires en devenir, aux mêmes époques alors que les USA montait en puissance, les Sioux allaient atteindre eux aussi une puissance qui donnera bien des sueurs froides aux américains. À suivre...demain!

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

Le cinéma tchèque a été extraordinaire (des années 60 à 90). Il est malheureusement difficile de revoir les oeuvres de ces remarquables et nombreux réalisateurs.

Le soldat Tchonkine, c'est un livre hilarant qui a eu son heure de gloire. Il faudrait que je le relise pour voir s'il est toujours aussi réjouissant.

Bien à vous,

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard pour cette légende indienne et ces références historiques,

L'homme est-il bon par nature mais corrompu ensuite par la société (vision de Jean-Jacques Rousseau) ou bien le Mal est-il installé d'emblée en l'homme (position de Sigmund Freud mais aussi du Christianisme) ?

Question essentielle. Je n'hésite pas pour ma part: je suis très freudienne. Le crime signe l'espèce humaine.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Du côté de la meute 2

« Iktomi était le héros mythologique des Sioux, une incarnation symbolique de leurs qualités essentiels comme de leurs idéaux en tant que peuple et – en cas de conduite irréfléchie - une mise en garde sur les comportements à bannir. Changer d’apparence supposait un pouvoir spirituel puissant, car cela pouvait être à la fois dangereux, déroutant et fécond. Tout comme le farceur métamorphe, les Sioux était une nation pragmatique et adaptable pour qui une extrême souplesse pouvant aller jusqu’à la sécession, était une vertu naturelle et nécessaire. Cette malléabilité était née de l’alchimie des liens de parent. La vision de l’univers et du sentiment d’appartenance des Sioux était basé sur des catégories bien définies : la communauté au sens large composait d’ikcé wichasa (les gens ordinaires), qui constituaient une (collectivité d’apparenté), takukichiyapi, au-delà de laquelle tout était danger. Mais ces catégories étaient également évolutive et n’interdisaient nullement les possibilités d’intégration. Même si les individus situés hors du cercle familial étaient étrangers et des ennemis, ils pouvaient quand même bénéficier d’une relation de parenté à travers le concept de wolakhota, (lien de paix). Les Sioux étaient de fait des alliés, ce qui n’était pas une condition figée mais une obligation spirituelle active d’acceptation avec les autres, laquelle incluait toute personne capable d’attitudes et de pensée convenables. Ce critère ouvrait un périmètre d’inclusion théoriquement illimité. »
Pekka Hämäläinen
L’Amérique des Sioux
Page 105

Voilà pour la suite du monde, pour la suite d’hier, des passages qui méritent d’être cités. Il faudrait peut-être réviser nos notions de primitifs et de barbares afin de rabaisser nos présomptions de visages pâles. Nous sommes ici, face à un autre monde, une autre société, dans un univers tout à fait particulier. Vous aurez remarquez qu’on évoque souvent cette figure géométrique, le cercle, comme par exemple le cercle familial, le cercle sacré, le cercle des guerriers. Ce cercle englobe, mais tu en es jamais prisonnier, tu peux le quitter. Cette notion de famille était très élargie, d’autant plus, que la polygamie existait, ce qui accroissait le cercle de la famille, mais aussi donnait une autre dimension aux réflexions politiques où l’on retrouvait une certaine forme de démocratie. Les Américains autant que les Européens n’ont pas été assez curieux pour comprendre ces manières de faire et d’exister. Ils en étaient restés aux notions de bien et de mal. On n’aurait et on ne trouvera pas dans La Bible : une phrase comme : il n’était ni bon ni mauvais. Et, je tiens à la souligner, ce n’était pas de l’ambiguïté. Je me demande souvent, ce que seraient devenues toutes ces nations indiennes d’Amérique, s’ils avaient continué d’évoluer sans avoir rencontré les Européens? Comment ils aurait évolués? Que serait-il devenus? J’avoue que c’est une pensée séduisante. Il appert, que ce n’est ni bon ni mauvais. Que devient alors la méchanceté ordinaire?

Bonne soirée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je connais trop peu les Indiens pour exprimer un avis à leur sujet.

Comment serait le monde si les civilisations aztèques et incas n'avaient pas été anéanties ? La perte est irrémédiable et on ne peut que spéculer à ce sujet.

Mais je ne pense pas que ça aurait modifié notre vision de la "nature" humaine. Il y a bien une unité de l'homme, de tous les hommes. Il n'y a aucune différence génétique significative entre nous tous. Et comme nous avons tous accès au langage et à la socialisation, nous sommes soumis aux mêmes épreuves du désir et de sa frustration. Ce qui engendre rage et crime.

Je ne crois donc pas qu'il y ait des hommes meilleurs (ou moins mauvais) que d'autres. Il y a simplement des formes sociales plus ou moins pacificatrices. Mais ça n'efface jamais la pulsion de mort en nous.

Que deviendraient donc les Indiens aujourd'hui si les Européens n'avaient pas un jour débarqué ? On peut penser qu'ils seraient restés des nomades. Leur population limitée, les espaces immenses dont ils disposaient, ne pouvaient les inciter à se sédentariser. C'est en effet à ce moment-là, quand il faut se stabiliser et se mettre à l'agriculture avec une division-hiérarchisation des tâches, quand il faut faire société organisée, que tout se complique. Les Aztèques et les incas ont dépassé cette étape.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla et merci pour votre commentaire.

Du côté de la meute 3

Au début des années 1600 les Latokas une des quelques tribus de la confédération des Sioux, ne vivaient pas dans les plaines, mais beaucoup plus à l’est en forêt. Ils ont été les témoins de l’arrivée des premiers explorateurs blancs, pour n’en nommer qu’un, Samuel de Champlain, qui ont été suivies par des trappeurs, alors que le commerce de la fourrure prenait son essor. La folie de la fourrure allait tenir le devant de la scène pendant deux siècles et demi. C’est alors que les Latokas ont décidé de fausser compagnie à cette autre confédération, celle des turbulents Iroquois. Ils sont partis vers les plaines et les bisons. Il fallait le faire quitter la forêt, abandonner ce qu’on connaissait pour s’enfoncer vers l’inconnu. De sédentaires ils se transformèrent en nomades. Pourtant, c’était là dans ces plaines immenses qu’ils allaient connaître une fulgurante monté en puissance. En plus de s’adapter à leur nouvelle environnement à l’ouest du Mississippi, ils vivront deux autres adaptations qui changèrent complètement la donne. La technique de l’équitation et l’élevage des chevaux, domaine dans le quel ils allaient devenir des maîtres. L’autre adaptation c’était celle des armes à feu. Dans la plaine tu ne marches pas, tu chevauches, et avec les armes à feu tu peux abattre ton bison beaucoup plus loin. Les hommes tuaient les bisons, les femmes suivaient pour vider les bêtes, détacher la peau et débiter les carcasses. Ils avaient institué depuis longtemps une hiérarchisation du travail. Après venait la préparation pour la conservation de la viande pour en faire du pemmican qu’on mettait à sécher. Ils se sont bien débrouillés. C’est ainsi, alors que la plus part des autres nations dépérissaient, les Sioux Latokas prospéraient. Dans cette évolution se sont les découvertes ou le inventions techniques qui m’intéressent. Ils ne sont jamais retournés dans les forêts de l’est. Les Sioux se nomment : Le peuple des sept feux qui comportaient plusieurs autres tribus, et sous groupes formaient cette nations, comme les Lakotas, les Nakotas et les Dakotas, furent dans les premiers groupes. Ils avaient tout pour eux, quitter le forêt avait été un pari gagnant. Les bisons pullulaient, ils avaient des chevaux, des armes, une structure politique, une diplomatie, une riche spiritualité, tout ce qu’il fallait pour devenir des maîtres de guerre. Et, croyez-moi, ils le sont devenus. Ils n’auraient pas plus de limite que les plaines qu’ils parcouraient. Espace qu’ils ont appris à connaître parce qu’ils parcouraient des milliers de kilomètres par années. Certaines années où les bisons étaient particulièrement abondant, ils pouvaient vendre aux marchands de Saint Louis 100,000 peaux! Mais, il y avait aussi des années où les bisons se faisaient rares. Ce qui est particulier dans l’ouest se sont des régions qui sont frappées par des sécheresses récurrentes. L’herbe disparaissaient et les bisons aussi. Les périodes de famines étaient des épreuves qu’ils faillaient traverser. Le reste du temps, ils menaient leurs petites et grandes guerres, leurs raids, pillages et massacres. Pour eux ce n’étaient pas de la méchanceté ordinaire, car faire la guerre, c’était une vocation. Vous avez raisons Carmilla, on ne change pas la nature de l’humain; mais les humains d’autres part sont des êtres imaginatifs, se sont des inventeurs. Les Sioux avaient inventé leur vie. Sur le fond, c’était une existence grisante, qu’est-ce qu’ils pouvaient désirer d’autre? Des espaces infinis, des chasses fructueuses, une vie intense, se déplacer de la frontière canadienne jusqu’à Saint Louis ou bien prendre la direction des Black Hills et se perdre dans les premières cordillères des Rocheuses. Et peut-être que leurs pensées n’étaient pas si éloignées des Mongols qui étaient toujours en mouvement.

Bonne fin de nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Du côté de la meute
Les nations indiennes entretiennent des rapports très singulier avec la mort, la fin, les épreuves. Le tout avait commencé bien avant que les Sioux mettent le cap à l’ouest, lorsque les pèlerins du May Flower s’échouèrent sur les côtes sablonneuses de ce qui allait devenir l’état du Massachusetts, qui n’est pas seulement un nom d’un état, mais le nom d’une tribut qui habitaient la région de Cape Cod. N’eut été des Massachusetts et sans doute de d’autres tribus, les pèlerins n’auraient même pas passé l’hiver. Se sont les indiens qui sauvèrent ces pauvres gens, dont les descendants allaient être les exterminateurs des indiens. Comme de quoi que le bien n’est pas toujours récompensé. Quoi qu’il en soit le sort des autochtones était jeté. Ces premières rencontres furent le début de la fin. C’était simplement une question de temps. Ce fut un choc discret des civilisations en une fin d’automne ravagé par les tempêtes.
Après cette première rencontre, aussi étonnante pour les indiens que pour les nouveaux arrivants, d’autres colons arrivèrent. Ils ne cessaient d’arriver, l’Angleterre vidait ses tavernes, se délestait de ses pauvres, s’installait à demeure sur la côte Est Atlantique. Ils n’étaient pas les seuls, il y avait les Hollandais dans la région d’Orange, ce qui allait devenir New York. Plus au sud, la Floride appartenait aux Espagnols. Les pions étaient en place, on pouvait jouer.
À partir de cette époque les colonisateurs s’installaient à demeure, rasant les forêts, labourant, semant, et les indiens en étaient réduit à céder du terrain pour s’installer toujours plus à l’ouest. Les indiens ne tentèrent pas de convaincre les nouveaux arrivants d’adopter leur genre de vie; mais les colonisateurs avaient un but : convertir les indiens au christianisme et les transformer en cultivateur. C’est là que les choses ont commencé à se gâter. Les indiens n’en n’avaient rien à faire du prosélytisme des européens.
Mais ce ne sont pas les tentatives malheureuses qui ont données le coup de mort pour amorcer la disparition des autochtones, ni les décrets gouvernementaux, ni les missionnaires avec leur inutiles campagnes de conversions, ni même la spoliation des terres, pas plus que les guerres.
En fin de compte, se sont les épidémies qui ont amorcées un sérieux déclin des tribus indiennes. Dès le XVIe siècle des nations entières ont été décimées par la varioles, les maladies respiratoires, et même le choléra, sans oublier les maladies vénériennes. Ils n’avaient jamais été exposés à ces genres de virus et de bactéries. Ceux qui ont survécu n’ont pas été capable de remplacer ceux qui étaient morts et encore moins d’augmenter les populations. Ce qui s’ajoutait à tous le reste. Finalement, par déduction, les indiens se sont aperçue que c’étaient les visages pâles qui leur avaient apporté ces maladies. Ils n’y avait qu’une solution s’éloigner, toujours plus à l’ouest. Beaucoup d’humains souffrirent de cette situation, plusieurs se soumettaient devant la puissance des blancs, mais certains résistèrent, les féroces Iroquois et les terrifiants Sioux, deux tribus qui existent encore aujourd’hui.
Lorsque les Sioux ont vu arriver l’expédition de Lewis et Clark en 1804 sur les rives de la rivières Missouri, ils savait à quoi s’en tenir. Une seule solution résister. Résister pour protéger, leur mode de vie, leur culture, leur terrains de chasses. Ce qui nous rappelle les Ukrainiens qui résistent présentement à l’agresseur.

Bonne nuit Carmilla

Richard St-Laurent

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Du côté de la meute 5

Les XIXe siècle s’annonçait grandiose pour les USA. Une jeune nation vigoureuse pouvait espérer les meilleurs auspices. Parmi les nouveaux défis il y en avait un particulièrement épineux : la question indienne. On était comme piégé autour des deux vieilles propositions, faire des indiens des américains à part entière, des chrétiens fervents et des bons cultivateurs. L’autre, c’était de leur donner des territoires afin qu’ils vivent selon leur nature et leur culture. Les politiques de l’administration américaines allaient louvoyer entre ces deux pôles avec une bonne dose de procrastinations. C’était un problème récurent, surtout que la jeune nation des visages pâles avaient un appétit insatiable pour les richesses naturelles. Que faire lorsqu’on trouvait un gisement d’or sur des sols indiens? Le problème majeur c’était que l’armée américaine était incapable de protéger les indiens pour empêcher les blancs d’aller s’installer dans ces territoires indiens.

Ce problème allait être exacerbé par une cause, comme on dirait aujourd’hui : écologique, une ressource que l’on croyait inépuisable : l’herbe. Autant les indiens avec le bison, que les colons avec leurs troupeaux de bovins, et les chercheurs d’or avec leurs animaux de trais, et qui plus est tout ce beau monde se déplaçait avec des chevaux. Les plaines de l’ouest ont beau être immense, il en reste que tous ces animaux consommaient une quantité phénoménale d’herbe. Les Sioux ont commencé à se rendre compte que le nombre de bisons diminuait. Et, pour cause, ils étaient aux premières loges. Comme le progrès appelle le progrès, les construction des chemins de fer en a rajouté sur le tas, les nouvelles lignes traversèrent les pâturages des bisons. Les Gouvernement Américain n’arrivait pas à gérer cette crise, soit protéger les terres allouées aux Sioux et autre nations en empêchant les colons et chercheurs d’or d’y avoir accès, plus facile à dire qu’à faire, ou bien, parquer les indiens dans des réserves. Aucun traités entre les autorités gouvernementales et les Sioux n’avaient donné satisfaction. Ces derniers accusaient le Gouvernement de ne pas tenir ses promesses et de ne pas respecter les traités. Finalement, ce qui devait arriver arriva, les Sioux se sont occupés eux-mêmes de faire respecter leurs terres. Dès que des colons ou des chercheurs d’or s’installaient sur leurs terres, ils effectuaient des raids meurtriers, volaient les chevaux, (une aubaine), s’emparaient des armes et massacraient tous les usurpateurs. Alors le Gouvernement était coincé entre les colons qui voulaient des nouvelles terres sans oublier les prospecteurs, et d’autres part, les indiens qui exigeaient le respects des traités. Tout cela pour de l’herbe! D’un côté, un peuple en effervescence qui ne rêvait que de progrès économiques, et d’autre part, les Sioux et autres nations indiennes qui désiraient protéger leur civilisation. Je vous fais remarquer que ce scénario va se répéter. On est bien parti présentement! Le bison a failli être exterminé, pour être remplacé par des troupeaux de bovins et les grandes monocultures céréalières, où le pétrole a remplacé l’herbe. À bien y penser, l’herbe, c’est une forme d’énergie, qui peut déclencher des conflits économiques et politiques.

Bonne fin de journée Carmilla

Richard st-Laurent

Richard a dit…

Bonjour Carmilla

Du côté de la meute 6

Étais-ce de la méchanceté ordinaire? Si c’est le cas : Est-ce que cette méchanceté mène à la violence insoutenable, aux guerres et aux massacres. Cette guerre dont je parle cette semaine, qu’on a appelé guerres indiennes, et qui a cumulé en deux massacres; Little Big Horn, juin 1876, où les cavaliers de Georges Amstrong Custer ont été laminés; et le Massacre de la Wounder Knee en décembre 1890, où des indiens ont été littéralement assassinés par l’Armée Américaine, ne peut faire autrement que de nous ramener à toute cette saga malheureuse, où on n’a jamais réussi à faire le total des morts, d’un côté comme de l’autre, en deux siècles d’affrontements.

Ce qui avait commencé sur une plage du Massachusetts où les indiens sauvèrent plusieurs vie des pèlerins, allait se conclure dans les plaines de l’ouest deux cents ans plus tard. C’était prévisible, mais personne ne voulait faire ces prévisions. Peut-être des chefs Sioux comme Sitting Bull, Red Cloud ou Crazy Horse l’avaient évoqué lorsqu’ils se réunissaient. Du côté des colonisateurs, il n’y avait pas de doute dans leur esprit. Les blancs étaient en missions civilisatrices. Il fallait sauver ces pauvres indiens, les convertir, en faire de vrais américains. Mais qu’est-ce qu’un vrai américain? Les véritables américains c’étaient les indiens.

Après les épidémies, après les guerres, le reste de ces sociétés autochtones allaient être emportées par un torrent de colonisateurs venus de l’Est. Rien ne pouvait résister à cette vague. Pensez y, 1890 ce n’est pas très éloigné de nous. C’est à peine plus qu’un siècle. Les Américains détestent qu’on évoque ces guerres indiennes, et disons-le comme il se doit : d’extermination.

Certes, les indiens ont été les perdants dans toute cette histoire, mais s’il y a une chose, et seulement une chose que nous devons retenir, c’est que ceux qui ont offert les plus grosses résistances existent encore aujourd’hui, se sont les deux plus grosses fédérations, celle des Iroquois et celle des Sioux. Même si leur sort avait été différent, je doute que ces gens auraient continués à être des nomades. Eux aussi ont beaucoup évolué. Nous pouvons le constater ici au Québec, il y a des médecins et des chirurgiens Montagnais, des avocats Iroquois, des ingénieurs Crees, des historiens Abénakis.

Il ne faudrait pas oublier que l’été dernier, un pape est sorti de Rome, pour venir au Canada, s’excuser du bout des lèvres face aux nations indiennes, pour toutes ces misères des pensionnats autochtones. Ce qui nous a rappelé tous ces jeunes indiens arrachés à leur famille, certains pendant des années, pour les civiliser et qui pour certains seront enterrés dans des fosses communes. On pensait qu’il suffisait d’enterrer pour oublier. La réalité a fini par nous rattraper. Tout cela a eu lieu sous l’égide des communautés religieuses très catholiques. Ouais! Aimes ton prochain comme toi même...on repassera. Étais-ce de la méchanceté ordinaire?

Bonne fin de journée Carmilla

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard pour ces textes éclairants,

J'avoue que je connais davantage l'épopée de la conquête sibérienne (qui ne s'est heurtée qu'à de minuscules peuplades) plutôt que la conquête de l'Ouest au détriment des Indiens.

La guerre, ça ne relève pas, évidemment, de la méchanceté ordinaire. C'est une forme exacerbée de la pulsion de Mort.

Quant aux Indiens, pouvait-on envisager une cohabitation pacifique avec eux ? Pouvait-on leur laisser, alors qu'ils étaient très peu nombreux, la libre disponibilité d'immenses terres qu'ils n'exploitaient pas vraiment ?

Je ne le crois pas non plus et on ne peut pas oublier que l'Amérique du Nord a permis à des millions d'Européens de trouver un refuge et d'échapper à la misère et à la faim. Ca s'est fait évidemment au prix de l'élimination des Indiens.

Ce que j'écris est peut-être cynique mais je pense également aux misérables Irlandais, Polonais, Ukrainiens, Russes qui ont pu entamer une nouvelle vie aux Etats-Unis et au canada, fût-ce au détriment des Indiens. Je veux bien pleurer sur les Indiens mais sans oublier les Européens.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Merci Carmilla pur vos lectures attentives

Voilà le plaisir avec vous du partage de nos lectures, de nos connaissances et surtout de nos réflexions.

Je me suis limité, j’aurais pu pondre 500 pages sur ce sujet. Je me connais. Lorsque je commence, j’ignore comment cela va s’arrêter. Je deviens intarissable. Ce sujet des indiens me passionnent depuis longtemps, surtout depuis mon passage dans le nord du Québec, où j’ai vécu et travaillé avec les indiens. Ces douze années m’ont ouvert l’esprit, sur un univers fabuleux.

Dès que j’ai vu l’ouvrage de Hämäläinen, je ne pouvais passer à côté de cette lecture. Le texte fait 450 pages, plus 144 pages de notes, d’index, Glossaire, ce qui prouve le sérieux de l’ouvrage, s’ajoute les cartes géographiques, et surtout des photos d’époque deuxième moitié du XIXe siècle où nous pouvons voir des Sioux dans toutes leurs splendeurs. C’était vraiment des humains magnifiques, musclés, maigres, élancés, des visages inspirants et évocateurs, des êtres volontaires, intelligents à leur manière. Des humains beaux! Avec des regards qui venaient sans doute puiser dans les âmes.

Pouvait-on vivre en paix avec ces Sioux? Votre question de cohabitation, pose cette question qui est toujours d’actualité parce que nous risquons d’assister et être affecté par d’autres migrations qui sont déjà commencées. La paix, lorsqu’on la perd, est difficilement récupérable.

C’est un fait incontournable, l’apport des émigrants européens dans l’histoire de l’Amérique du Nord, Canada et États-Unis inclus, fut un plus pour nous. Les humains ne demandent que cela, un endroit paisible, du pain sur la table, un travail pour façonner sa vie. Question qui se posera de plus en plus, depuis que nous avons dépassé les huit milliards d’habitants. Et, la question reste posée : Est-ce qu’il y a trop d’humains sur cette terre? La question à l’air simple, mais c’est une question complexe.

Je me demandais simplement si la méchanceté ordinaire pouvait nous conduire à des violences encore plus grandes?

Il appert qu’il est difficile pour nous humains d’aborder ces questions de sociétés. Dans cet ouvrage, sujet que je n’ai pas abordé, les politiques des autorités gouvernementales américaines, et c’est le moins qu’on puisse dire, n’ont pas été à la hauteur du défi qui se posait. L’Histoire des États-Unis d’Amérique est passionnante, la lire repousse les frontières de l’ignorance et surtout des préjugés.

Merci Carmilla pour vos commentaires, ce fut un plaisir!

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Mais je suis sans doute complétement ignare sur ce sujet des Indiens et je raconte probablement d'énormes bêtises.

Bien à vous,

Carmilla

Anonyme a dit…

Votre emploi du « on » me semble abusif, et anti-proustien.

Carmilla Le Golem a dit…

Peut-être en effet.

Mais je ne suis pas Proust non plus dont le narrateur s'exonérait d'ailleurs souvent de toute turpitude.

Et puis, "on" c'est moi-même et les autres; nous tous qui sommes porteurs de jalousie et de haine mais nous refusons à le reconnaître.

Bien à vous,

Carmilla