Lu et aimé :
Nicholas JUBBER : « A
la barbe des Ayatollahs – Dans l’Iran et l’Afghanistan d’aujourd’hui ».
Formidable : sûrement l’un des meilleurs livres que j’ai jamais lus sur la
culture persane et, croyez-moi, je m’y connais. Nicholas Jubber, un jeune
britannique baroudeur, révèle l’influence persistante, sur l’Iran et
l’Afghanistan d’aujourd’hui, de la culture préislamique (du zoroastrisme en
particulier) et de l’épopée persane du XI ème siècle, le Shahnameh ou Livre des
Rois de Ferdowsi. Surtout, la culture persane, ça ne se limite pas à l’Iran. Ca
s’étend aussi à l’Afghanistan, au Tadjikistan et à l’Ouzbekistan. A Samarkand
et à Douchanbé, on parle persan, ne l’oublions pas.

Paolo RUMIZ : « L’ombre
d’Hannibal ». Là encore, un grand livre. Moi qui n’y connais pas
grand-chose à l’Italie et encore moins à Hannibal, j’ai été fascinée. Quelle
fabuleuse épopée depuis l’Afrique jusqu’en
Espagne, en France, en Italie, au Moyen-Orient, en Crète, en Turquie, en
Arménie ! J’avais déjà dit du bien de Paolo Rumiz et de son précédent
livre : « Lisières d’Europe ». Il est vraiment un grand
écrivain-voyageur. Son l’inspiration rappelle celle de Ryszard Kapuscinski
(dont il était ami). Ce qui est dommage, c’est que l’on n’ait traduit que deux
de ses livres en français.

Paolo
d’IORIO : « Le voyage de Nietzsche à Sorrente ». Nietzsche, j’ai
des réserves ; ou plutôt, je me méfie de tous ceux, innombrables
aujourd’hui, qui se proclament nietzschéens. Mais j’aime bien le personnage et
l’histoire de sa vie et je connais bien certains des lieux qu’il a
fréquentés : Naumburg, Sils-Maria, Orta San Giulio (ça vaut vraiment le
détour). Il s’agit ici d’un récit de voyage et d’histoire. En 1876, Nietzsche
se rend pour la première fois en Italie avec Malwida Von Meysenburg et plus
précisément à Sorrente où se trouvent Wagner et Cosima. La découverte du Sud
est une révélation pour Nietzsche et cela décidera de l’orientation à venir de
sa pensée et de sa rupture avec Wagner. Un bouquin facile, agréable, stimulant
qui m’a appris plein de petites choses sur Nietzsche et l’Europe au 19ème
siècle.

Muriel JOLIVET :
« Tokyo instantanés ». Des
chroniques du Japon quotidien à Tokyo. Des flashs relevés dans la rue, les
couloirs du métro ou dans les grandes surfaces un peu à la manière du
« Journal du dehors » d’Annie Ernaux.
Bernard SCHLINK :
« Mensonges d’été ». 7 nouvelles consacrées au mensonge par l’auteur
du « Liseur ». On se retrouve bien en Europe Centrale et j’adore :
c’est concis, aiguisé et ça ouvre, en peu de mots, sur les abîmes de
l’identité. La première nouvelle m’a particulièrement intéressée : la
rencontre d’un type moyen et d’une femme riche. C’est cruel parce que le type
s’enferme inévitablement dans le mensonge en croyant pouvoir effacer la distance.

Christine
BRUSSON : « Le génie du sexe ». J’ai acheté ce livre après en avoir
feuilleté 3 ou 4 pages à la Fnac. J’ai trouvé l’écriture magnifique. Comment
« parler du sexe sans tomber dans l’hystérie de la pornographie ou de la
pudibonderie ? » Les souvenirs personnels et littéraires
s’entrecroisent. A lire absolument. Exemple, la 1ère page :
« Je vivais dans un studio à Paris. Un matin, alors que le ciel avait
cette teinte jaune que j’appelle la lumière-de-fin-du-monde,
je suis entrée dans une boucherie. Je respirai l’odeur forte de la viande. Je
vis la chair crue éclairée par les néons. Je sentis le sperme de mon amant
couler dans mon slip. L’association de ces trois choses me donna la
nausée. »

Philippe Simonnot Charles
Le Lien : « La monnaie Histoire d’une imposture ». Difficile, en France, de trouver de bons
bouquins d’économie : 90 % de ce qui est publié relève de la vulgate
marxisto-keynésienne. Les media et les politiques assurent le relais : on
n’arrête pas de nous seriner que l’origine de la crise de 2008
est à trouver dans la folie des marchés financiers. Philippe Simonnot et
Charles Le Lien remettent les choses à l’endroit en pointant les excès de la Puissance Publique
avec l’interventionnisme extrême d’Etats irrespectueux de la vraie nature de la
monnaie : on pratique la politique de l’hélicoptère (on déverse
aveuglément de grands sacs de billets) et on fait fonctionner à plein la planche à billets.
Allons même plus loin : contrairement à ce que raconte le clan des purs, il
y a une collusion des banquiers et du pouvoir politique pour détourner et
piller l’épargne nationale, seule source effective de richesse. L’une des solutions : retrouver
l’étalon-or avec, pourquoi pas, un euro-or. Philippe Simonnot est l’un des
grands économistes français (il faut absolument lire, en poche, « 39
leçons d’économie contemporaine ») mais le caractère inactuel de sa pensée
fait qu’on ne le sollicite guère dans les media.
Tableaux, « de circonstance », de Kasia Domańska (née en 1972). Cette peintre
polonaise commence à être connue, notamment aux Etats-Unis où elle vient
d’exposer.
La
plage, évidemment ce n’est pas trop mon truc; je m’y ennuie vite mais il y a,
quand même, une esthétique de la plage, un jeu fascinant de formes et de
couleurs. La photographe française, Sylvie Hugues, a réalisé un très beau livre
sur ce sujet.
Mais
je n’ai peut-être pas les mêmes références. Voici les plages que j’ai
fréquentées et aimées ces dernières années : Sopot (Pologne), Palanga
(Lituanie), Jūrmala (Lettonie) et bien sûr Yalta (Crimée i.e.
Ukraine). Dans quelques jours, vous pourrez me retrouver à Odessa.