Carmilla vient d'avoir 8 ans. Chaque anniversaire m'étonne un peu plus. Comment ai-je pu empiler tous ces posts, à une fréquence presque inexorable, sans que je vive cela comme une contrainte ou une charge ? Mais je me rends compte, aussi, que tout ça, dans sa globalité, est devenu indigeste, illisible, ennuyeux à périr.
Tenir un blog, c'est, évidemment, grotesque et prétentieux mais je l'ai déjà, mille fois, expliqué: mon blog, c'est, pour moi, une respiration, l'exercice d'un peu de créativité qui me permet d'échapper à un quotidien trop formaté.
Et puis, c'est une expérience instructive. Ça vous apprend d'abord la modestie. C'est devenu vraiment très difficile de conquérir quelques lecteurs réguliers sur un blog, avec les concurrences de Facebook, Twitter et Instagram beaucoup plus modernes et adaptés aux exigences actuelles d'immédiateté, d'impulsion. Un blog, c'est beaucoup plus lent, ça se déploie, davantage, dans la durée mais il ne suffit plus, non plus, d'aligner, de temps en temps, quelques idées reçues. Si vous pensiez avoir un petit génie littéraire ou artistique, vous déchantez vite. Ça vous renvoie, immédiatement, dans vos 22 ! Il faut, vraiment, se secouer les puces pour offrir à ses lecteurs quelque chose de potable. Mais c'est comme ça, aussi, que l'on exprime la considération qu'on leur porte. Personnellement, j'ai eu énormément de mal, il m'a fallu vraiment beaucoup de temps, plusieurs années même, avant de trouver un style propre et de susciter un petit peu d'intérêt.
Mais la grande récompense d'un blog, ce sont, bien sûr, les échanges qui peuvent s'établir avec les lecteurs. On découvre des gens que l'on n'aurait jamais eu l'occasion de rencontrer dans sa vie personnelle et professionnelle. J'ai la chance, comme ça, de recevoir régulièrement, de votre part, des petits courriers presque tous bienveillants.
Le plus beau compliment, c'est Virginie qui me l'a fait: "Y'en a qui vont à la messe le dimanche matin, moi je lis Carmilla."
Ma seule réserve, c'est que je pense que l'on peut faire les deux: aller à la messe et lire Carmilla. Ça n'est pas, complètement, contradictoire.
Vous êtes, ainsi, d'après mes évaluations, une petite cinquantaine à me lire régulièrement, chaque semaine. C'est peu et c'est énorme. Ça me stresse et m'effraie à la fois mais j'ai choisi, justement, de ne pas penser à vous. Je ne veux pas écrire par rapport à vous, je ne veux pas chercher à plaire même si c'est l'inclinaison naturelle. Vous êtes majoritairement étudiants (lettres, philo) et jeunes femmes, mais pas seulement. C'est "l'ambiance" particulière de mon blog qui semble plaire, troubler. Mais j'irrite aussi. Mes lecteurs-hommes sont, visiblement, beaucoup plus critiques que les femmes. Carmilla, c'est évidemment l'antagonisme des sexes mais je crois qu'il faut faire la part de mon goût pour la provocation. Mais tout cela, aussi, n'a pas grande importance et tout doit demeure léger. J'aime les hommes comme les femmes.
Quoi qu'il en soit, je vous remercie de toutes vos marques d'attention, affection, sympathie, et sachez que je vous aime, tous, vous aussi, d'un bel amour vampirique Je vous aime et vous embrasse jusqu'au fond de vos tréfonds, à vous faire hurler de douleur, de joie et d'horreur. Puisse ce baiser vénéneux vous rendre, vous aussi, immortels.
Carmilla continuera-t-elle de se manifester en 2016 ? Sa disparition n'est pas programmée mais j'ai bien conscience, également, de devenir ennuyeuse/radoteuse. En plus, il semble qu'on me lise, maintenant, davantage en Russie/Ukraine qu'en France. Je réfléchis donc à des évolutions mais ce n'est pas facile. J'envisage quelquefois un virage radical: carrément dans une autre langue ou, alors, carrément érotique, mais mes tentatives, en ces domaines, sont nulles. Ça ne va pas ! Changer, c'est très compliqué.
Photos de Carmilla Le Golem postées, ce jour de Noël, depuis Milan.
Pour cet anniversaire, j'ai regroupé des photos personnelles déjà publiées, pour la plupart. Des photos peut-être pas extraordinaires mais qui m'expriment et qui expriment Carmilla. Elles ont été réalisées au cimetière de Passy ou, alors, dans mon proche environnement, tout près de chez moi, dans le 17 ème arrondissement.