On parle un peu de l'Iran en ce moment avec l'accord sur le nucléaire et les élections parlementaires. Mais la réputation du pays demeure désastreuse.
L'Iran, je connais bien, très bien, j'y ai vécu et m'y suis, encore, rendue régulièrement ces dernières années et y conserve de nombreux contacts, très forts.
Je me sens donc autorisée à vous conseiller, vivement et très sérieusement, d'envisager d'aller faire un peu de tourisme là-bas. Je puis vous assurer que, contrairement à ce qu'on peut raconter, le pays est très sûr et que vous n'y risquez rien. J'ajoute, à l'attention des messieurs, que les Iraniennes sont, probablement, parmi les plus belles femmes du monde.
En plus, c'est très facile et très bon marché: aucune difficulté pour se déplacer, se loger, se nourrir. Seul problème: la convivialité des Iraniens est si forte que vous serez continuellement abordé, sollicité, pour faire la conversation, partager un thé, rencontrer des amis, une famille. C'est agréable mais ça devient, aussi, épuisant. Si vous recherchez la tranquillité et la solitude, l'Iran n'est pas pour vous.
Surtout, il faut, absolument, avoir vu dans sa vie Ispahan, Shiraz, Persépolis (j'ajouterai Yezd et Abiâneh). Si on n'a pas vu ça, on n'a rien vu. Ça fait partie des merveilles du monde.
Evidemment, beaucoup de choses pourront aussi vous stresser: la tenue vestimentaire de rigueur pour les femmes (même si ça s'est énormément assoupli), l'Enfer urbain de Téhéran (j'adore mais je crois que, pour apprécier, il faut bien connaître), la terreur automobile (traverser une rue, pour un piéton, c'est un stress épouvantable; quant à la conduite automobile, à chaque fois qu'on descend d'une voiture, on a l'impression d'avoir échappé, mille fois, à la mort...).
Et pourtant..., la vie est aussi, oserais-je le dire, très agréable à Téhéran et en Iran. C'est beau, ça fait rêver! Un cadre enchanteur (la montagne, la mer, l'immensité de paysages désolés), des appartements ou des villas gigantesques.
Mais il ne faut pas non plus idéaliser. Le pays est bien gouverné par des tueurs dont le grand chef est Ali Khamenei, un abominable religieux. Le régime ne survit que par la terreur policière et on a la conviction qu'il va, un jour, s'écrouler mais on ne sait pas quand. La révolution de 1979 a été immédiatement confisquée mais, depuis, la majorité de la population s'en est accommodée en vivant dans une schizophrénie totale. Rien ne correspond aux apparences.
La répression politique est effroyable mais on jouit aussi, dans la vie quotidienne, d'une étrange liberté.
Etre une femme, c'est affreux mais c'est l'un des pays, au monde, où elles sont les plus éduquées et fréquentent le plus l'Université; d'ailleurs, on les voit partout, elles exercent des responsabilités, sont omniprésentes dans la vie sociale.
Il n'existe pratiquement aucun lieu de divertissement public mais on organise des fêtes démentes chez soi.
L'alcool est prohibé mais on en trouve sans difficulté. Quant à l'opium...
En fait, le pays est beaucoup moins austère qu'on ne l'imagine et on ne s'ennuie vraiment pas en Iran. Une bonne raison pour y aller.
La photographie iranienne contemporaine illustrée ici par: Jalal SEPEHR, Hossein ZARE, Babak KAZEMI, Abbas KOWSARI, Gohar DASHTI,