Voilà les bouquins que j'ai aimés ces dernières semaines. D'abord, de la littérature scandinave:
Jens Christian Grondhal: "Les portes de fer". Par le célèbre écrivain danois; Trois moments de la vie d'un homme: les jeunes années, l'âge de raison, la soixantaine. A chaque fois, la présence de femmes à l'origine de basculements. Les Portes de fer parlent d'amour, de solitude et de désenchantement.
Erika FATLAND: "Sovietistan - Un voyage en Asie Centrale". Par une anthropologue norvégienne. C'est le meilleur bouquin, et le plus juste, que j'ai lu sur ces pays un peu mystérieux et qui font rêver: le Turkménistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et l'Ouzbékistan. Des pays malheureusement presque tous gouvernés par des Pères UBU, féroces et mégalomanes. Il ne s'agit pas d'un simple récit de voyage. L'anecdote, le vécu (avec des situations souvent cocasses), sont sans cesse confrontés à l'histoire, la politique. C'est la grande force de ce livre passionnant.

Sigrid RAUSING: "Tout est merveilleux - Souvenirs d'une ferme collective en Estonie". Par une anthropologue suédoise. Une ferme collective en Estonie, a priori, ça n'inspire pas beaucoup et on n'a vraiment pas envie d'acheter ce bouquin. Pourtant, il est effectivement merveilleux. C'est le récit d'un séjour d'un an, entre 1993 et 1994, dans un bled situé sur une péninsule de l'Ouest de l'Estonie où réside une petite communauté suédoise. Il décrit très bien ce qu'était l'Union Soviétique ainsi que le désarroi créé par sa chute. Une vie lamentable et sordide, hors du temps et de l'histoire. Mais aussi des instants de beauté et de convivialité. C'est très bien écrit et Sigrid Rausing mêle l'histoire, l'étude politique (les relations difficiles entre Estoniens et Russes), le récit de voyage.

Jean-Paul KAUFFMANN: "Outre-Terre". Le moins qu'on puisse dire, c'est que Jean-Paul Kauffmann ne craint pas de dérouter ses lecteurs. Parler de l'enclave de Kaliningrad, de la bataille d'Eylau et du colonel Chabert de Balzac, ce n'est vraiment pas très actuel et il faut oser. J'ai adoré ce bouquin. Certes, les lieux me sont familiers et ils sont intelligemment décrits mais ce livre parle aussi de la mémoire, de l'histoire, de la transmission.
Jean ROLIN: "Peleliu". Encore plus singulier que Kauffmann. Peleliu, je dois avouer, à ma grande honte, que je ne connaissais pas. Pourtant, cette île minuscule du Pacifique a été le théâtre d'une effroyable bataille entre Américains et Japonais à l'automne 1944. Une bataille totalement inutile. Jean Rolin s'est rendu là-bas et il décrit, dans une prose magnifique, avec une précision maniaque, ces lieux hantés, anodins et terrifiants. Du très bon Jean Rolin.
Emmanuelle RICHARD: "Pour la peau". Rien de plus difficile que le genre érotique, sensuel. On s'égare généralement dans les clichés."Pour la peau" évacue tous les stéréotypes. La qualité et la beauté de son écriture de son écriture font de ce livre une révélation. Magnifique.
Emmanuel CARRERE: "Il est avantageux d'avoir où aller". Un Emmanuel Carrère, c'est toujours bien. J'ai quand même été un peu déçue par ce gros bouquin qui est un recueil d'articles. Ce livre n'apporte en fait pas grand chose quand on a lu, par ailleurs, les romans d'Emmanuel Carrère. Ça apparaît beaucoup plus anodin, moins évocateur.
Catherine MILLOT: "La vie avec Lacan". Un petit bouquin, très bien écrit (couronné par le prix André Gide). Catherine Millot a partagé la vie de Lacan durant les années 70. Elle en dresse un portrait étonnant, évidemment pittoresque et plein d'humour. Ce qui est intéressant, c'est que ces anecdotes éclairent un peu la pensée de Lacan (à laquelle, je dois l'avouer, je ne comprends pas grand chose).
Elisabeth BARILLE: "L'oreille d'or". Je considère Elisabeth Barillé comme l'un des très bons écrivains français contemporains. Elle révèle ici qu'elle est devenue, dans son enfance, accidentellement sourde d'une oreille. Un handicap mais dont elle ne s'apitoie pas. Ça a peut-être même été une chance. Une réflexion sur la création et la nécessaire protection des injonctions du monde extérieur.
Tableaux d'Odilon REDON (1840-1916), l'un de mes peintres préférés.