On se moque quelquefois de ma prétention à me présenter comme une vampire. C'est puéril, me dit-on !
Pour ma défense, je précise d'abord que lorsque j'ai débuté ce blog, il y a près de 10 ans, il n'y avait pas du tout cette mode du vampirisme. J'ai été précurseur (précurseuse ?) du mouvement en quelque sorte.
Il est vrai, toutefois, que j'en rajoute parfois. J'aime bien déambuler dans Paris, à la nuit tombante, vêtue d'une robe rouge et d'un manteau noir. Avec ma silhouette longiligne, mes hauts talons, mes lèvres et mes ongles surlignés de pourpre, je ne passe pas inaperçue. Tant pis pour mon kitsch, ma vulgarité !
Mais le vampirisme, c'est tout de même important pour moi. C'est bien sûr d'abord lié aux paysages et lieux de mon enfance: sinistrose, mélancolie, tristesse..
Mais c'est plus profond: c'est cette attraction/répulsion que l'on éprouve, que j'éprouve, pour le sang. Ça signe notre duplicité humaine. Avoir des règles, me faire décapsuler, sodomiser, brouter, tailler des pipes pour la première fois, ça a été une inconcevable violence. Ça a été affreusement sanglant, traumatisant. Mais après ça, je me suis aussi sentie transfigurée.
A cet égard, trois films magnifiques, réalisés par des femmes, ont été pour moi des révélations :
"Trouble everyday" de Claire DENIS avec Béatrice Dalle;
"Dans ma peau" de Marina de VAN;
"Grave" de Julia DECOURNAU.
Le sang porteur de vie mais aussi de mort. Cette crainte est aujourd'hui ravivée avec l'épidémie du Sida.
Le sang lié à la chair et au cannibalisme, le grand tabou. On devient de plus en plus végétariens (je m'en félicite d'ailleurs).
On devient de plus en plus immatériels, on expurge, de plus en plus, notre animalité.
Mais elle resurgit, parfois, dans une espèce de révélation. Il m'arrive, comme ça, d'avoir des désirs criminels.
Pour moi enfin, le vampirisme, c'est pour une femme l'affirmation de son pouvoir de séduction, de sa capacité à prendre l'initiative. C'est une manière de renverser les rapports entre les sexes, les genres. J'adore séduire, violenter les mecs, quitte à devenir, ensuite, odieuse.
Conclusion :
Par ailleurs, ce sont les vacances !
Alors, plutôt que d'aller bronzer idiot sur une quelconque plage méditerranéenne surpeuplée, partez donc sur les pas de votre vampire préférée en Ukraine de l'Ouest, mon pays natal. Voilà le programme que je vous ai concocté :
Château de Podhorce
Château de Zolkiew
Château d'Olesko
Château de Palanok à Mukachevo
Kremenets
Le mont Bona à Kremenets
Biyna Mountain près d'Ivano-Frankivk
Cimetière d'Ivano-Frankivsk
Cimetière juif d'Ivano-Frankivsk
Maison hantée de Ternopol
Hôtel de ville de Lviv
Tous ces lieux sont liés à des événements tragiques et je les connais très bien.
Aller là-bas, c'est très facile et c'est pour rien ! Il suffit de me demander ! Mais il y a une difficulté que je ne mesure pas: l'obstacle linguistique, sans doute très faible dans les villes mais majeur à la campagne.
Enfin, même si l'ancienne Autriche-Hongrie ne vous intéresse pas plus que ça, je précise que les Ukainiennes méritent à elles seules le voyage. Sans doute un éblouissement.