Ca a évidemment un caractère un peu dérisoire d'exhiber ainsi ses petits souvenirs touristiques. C'est, peut-être même, ridicule, parce que, dépourvue de talent créatif, je sombre dans le cliché: les grands monuments, les rues pittoresques, les beaux paysages.
Les images, on en est maintenant accablés, submergés, au point qu'on porte à peine attention à toutes celles dont nous bombardent nos amis sur Whatsapp: les enfants, la grand-mère, la fête familiale des autres, ça nous laisse généralement de marbre.
Et puis, on se moque des touristes, mais on s'empresse de faire comme eux, on ne conçoit pas de ne pas "fixer" quelques lieux, quelques instants. Mais des photos, il y en a tellement aujourd'hui qu'on les zappe toutes et qu'on n'en voit plus aucune.
Mais je me décide quand même à poster les miennes. Non pas parce que je croirais à la qualité esthétique de chacune mais parce que leur ensemble traduit/trahit, peut-être, quelque chose de celle que je suis, quelque chose de ma personnalité. J'espère donc simplement que la subjectivité de mes photos, ma perception propre du pays, en compensera, peut-être, la maladresse.
Ce n'est quand même jamais complétement par hasard qu'on débarque, un jour, dans un pays. Les motivations sont diverses, bien sûr, allant du farniente au trek sportif.
Personnellement, je cesse justement de faire du sport, rien que de la marche, quand je suis en vacances. Quant au repos, je m'ennuie très vite. Au total, qu'est-ce que ça peut apprendre de crapahuter ou de se vautrer sur une plage ? Rien qu'on ne sache déjà.
La réponse, je ne la trouve jamais parce que je suis tout de même prisonnière d'un boulot et de la rémunération qui va avec. Mais l'essentiel, c'est la réflexion ébauchée.
De ce point de vue, la Finlande, c'est idéal. Je l'ai déjà dit, c'est le pays classé le plus heureux au monde. Mais c'est probablement aussi, l'un des pays les moins visités au monde.
Ou alors, en plus intello et plus aventurier, c'est l'Islande avec ses geysers et ses volcans. Tant pis si on découvre, trop tard, qu'on s'agglutine tous sur les sites et que l'Islande est devenue un enfer touristique.
Alors on se rabat éventuellement sur la Suède parce qu'on a lu Camilla Läckberg ou le Danemark parce qu'on a entendu dire que c'était le pays du design. Mais, in fine, à peu près personne ne s'intéresse à la Finlande.
En Finlande, on remarque ainsi qu'il serait très facile de voler ou de resquiller: la surveillance et le contrôle sont très lâches (il n'y a même pas de puce électronique sur les objets dans les magasins). Mais voler, extorquer, je crois que ça ne viendrait à l'idée de personne, c'est proprement inconcevable.
L'un des endroits qui m'a ainsi le plus impressionnée, c'est la nouvelle Bibliothèque centrale Oodi, installée, en plein centre de la ville, dans un bâtiment futuriste (le tout jaune, un peu en dessous). Chacun y entre librement sans aucun contrôle. Là des milliers des milliers de livres et de revues s'offrent sur des étagères aux visiteurs. On se sert soi-même, il est simplement demandé de remettre le livre à sa place. On peut aussi, à d'autres étages, disposer d'ordinateurs nombreux et performants.
Le contraste est immense avec la Grande Bibliothèque de Paris dont l'accès relève d'un parcours du combattant et n'est finalement réservé, après moults contrôles, qu'à une toute petite minorité.
Et puis, il faut évoquer l'environnement urbain d'Helsinki. Rien n'est déglingué, rien ne semble en mauvais état, tout est bien repeint, ripoliné. Même les grands immeubles collectifs de la banlieue apparaissent proprets et cossus.
La Finlande, c'est donc, à bien des égards, séduisant.
Et puis, évidemment, la facilité de la vie quotidienne y est attrayante. Le stress, on ne connaît visiblement pas trop.
Entre la France tumultueuse, en excitation permanente, et la Finlande tranquille et cotonneuse, on peut hésiter.
Est-ce qu'on n'a pas besoin aussi de pression, d'aiguillon, qui vous force à, sans cesse, sortir de soi-même ? Le calme, la routine confortable, ça ennuie vite.
Mes photos finlandaises. J'en ai sans doute posté beaucoup trop. Mais le pays est tellement peu connu que j'ai pensé qu'il méritait une plus grande attention.
La 1ère image est un tableau célèbre d'Edvard ISTO représentant une jeune fille finlandaise, tenant un Livre de Loi, agressée par l'aigle russe bicéphale. C'est aujourd'hui particulièrement d'actualité.
Outre Helsinki, vous trouvez des images de villes proches: Porvoo et Espoo.
A Helsinki, deux monuments ont fait scandale au moment de leur inauguration: l'hommage au musicien national Sibelius inauguré en 1967 (photos 41 et 42) et la fontaine d'Amanda Havis (photo 48) dont la nudité et la séduction ont choqué en 1908. Elle a fini par devenir le symbole de la ville. Mais est-ce qu'une telle statue ne déclencherait pas, aujourd'hui, un courroux encore plus grand ? Le "male gaze", on en entendrait parler.
J'évoque les lynx dans le titre de mon post parce qu'une association pour la protection de ce charmant félin en Finlande m'a gratifiée, en remerciement, d'un magnifique petit lynx (en peluche bien sûr).
En Finlande, j'ai lu trois livres remarquables :
- "Pierrette" d'Honoré de Balzac. Un petit livre de Balzac qui contient toutes ses préoccupations: le rapport sordide à l'argent, la situation de la domesticité, "l'ambiance" dans les villes de province avec le conflit entre les républicains et les monarchistes.
- "Après nous le déluge" de Peter Sloterdijk. Je le trouve parfois un peu verbeux. Mais le grand philosophe allemand a aussi une qualité d'écriture remarquable. Il est en outre éminemment sympathique et grand connaisseur de la France.
- "La renarde" de Dubravka Ugresic. Elle est décédée très récemment. Cette grande écrivaine croate eût mérité le Prix Nobel.