samedi 13 décembre 2025

De mal en pis ou de mieux en mieux ?

 

Le monde va-t-il de mieux en mieux ou de pire en pire ?

Tout le monde se plaint mais personne n'a envie de revenir en arrière.


On vit dans un continuel paradoxe, tiraillés entre la trouille de l'avenir et la nostalgie du passé. Ce qui nous réunit finalement, c'est qu'on adore tous détester notre époque. C'est peut-être d'ailleurs sur ce point que s'exprime, paradoxalement, la supériorité de ce que l'on appelle la civilisation occidentale: sa capacité à se détester elle-même. Son support véritable, c'est peut-être moins ses valeurs (que l'on proclame souvent judéo-chrétiennes) que, justement, sa capacité à critiquer, remettre en cause, ces valeurs que l'on dit originelles, comme les véritables racines qui nous auraient façonnés.

Et c'est vrai aussi qu'on a trop tendance à vivre sous anesthésiants et que le bonheur et la santé ne font pas le salut de l'homme. En faire une finalité absolue, c'est justement ce qui risque de nous rendre malades et malheureux. On devient "éduqués à mort", victimes d'une éducation mortifère. On crève alors d'un excès de bonheur mais on se tient, en réalité, complétement hors de la vie. C'est la leçon du percutant "Mars" de Fritz Zorn.

L'Internationale réactionnaire, de Trump à Poutine via Meloni, Orban et de multiples seconds couteaux, brandit aujourd'hui l'étendard des civilisations pour prévenir l'effondrement moral et matériel qui menacerait le monde occidental.

Les civilisations, je n'y crois pas. C'est une fiction dangereuse et totalitaire qui épouse, malheureusement, la tentation accrue "des masses" de s'en remettre à une autorité qui "pensera" pour nous. C'est la face sombre du Messianisme quand il est porté par des brutes.

Je ne crois, en fait, qu'en la démocratie. Et la démocratie, Tocqueville l'a bien montré, c'est un véritable moteur, c'est un système qui fabrique des individus capable de construire une société.


Mais le moteur s'est peut-être effectivement grippé. Est-ce qu'on a encore envie de créer, de travailler, d'apprendre ? On se sent souvent découragés par avance. On succombe au manichéisme du "Tout va bien, tout va mal".

La tentation, c'est, de plus en plus, de s'en remettre à une autorité qui pensera pour nous.

Et même nos indignations, elles sont rarement sincères. On voit maintenant partout des injustices (dont on est, bien sûr, la 1ère victime) et des très riches (dont on aimerait faire partie) mais à force de jouer à l'indigné, on prépare un totalitarisme féroce.

Et au total, on aime bien entretenir un sentiment de peur permanente. C'est celui que diffusent ainsi les actualités, les "informations" des médias. Si on aime bien avoir peur, c'est parce que ça nous rassure. Il y a plus mal loti que nous et c'est vrai, en ce sens, que c'est réconfortant d'entendre parler des fracas du monde depuis sa chambre douillette. Mais le problème, c'est qu'on a laissé le robinet trop grand ouvert et qu'on est maintenant totalement débordés par une peur générale qui nous envahit massivement.

On est, au final, paralysés, tétanisés. On ne sait plus que faire pour se sortir de cet état de frousse permanent. Et notre apathie actuelle, notre inertie, elles s'expliquent largement par le fait qu'on s'enferme dans une stratégie de repli et qu'on se met alors à crever de banalité, d'ennui et d'à quoi bonisme. A quoi bon apprendre, grandir et devenir adulte quand on peut continuer à ruminer son ressentiment dans l'attente d'un sauveur ?

Plutôt que d'anesthésiants, de calme et de tranquillité, on a besoin, sans doute de réinjecter un peu de tragique dans nos existences. Le tragique, c'est d'abord sa capacité personnelle à renverser son destin programmé et, de manière plus générale, c'est aussi le moteur du progrès et le carburant d'une société.

Les Ukrainiens en savent bien sûr plus que les autres sur la question mais même nous qui vivons dans un cocon protecteur, nous demeurons porteurs d'un esprit de résistance et nous n'avons pas complétement abandonné toute capacité au rêve. On étouffe vite sous trop de confort et de sécurité.

On est tous portés, en fait, par une capacité à évoluer et à déplacer les cadres de notre vie. On ne s'adapte jamais vraiment en fait. Il y a, heureusement, toujours un caillou dans nos souliers.

On dit un peu bêtement que, pour s'en sortir, il faut avoir de l'expérience. Mais avoir de l'expérience, ce n'est pas radoter son passé merveilleux, c'est savoir que toutes les choses, et notamment la petite histoire, ont une fin. Qu'on entrevoit, un jour, la fin du tunnel.

Avoir de l'expérience, ce n'est donc pas reproduire ce qu'on a vu ou fait, c'est, au contraire, être capable de faire face à ce qu'on n'a jamais vu ni fait, toutes les situations nouvelles ou exceptionnelles. Sortir de ses gonds ou aiguillages, en bref.

Ca permet aussi de mesurer l'ampleur de son ignorance. Et c'est peut-être cela le plus important. L'humilité, ça permet de sortir du manichéisme du Bien et du Mal.

Images de Pablo Picasso, Arno Ele, Gabriele Rul, Dora Maar, Julie Lagier, Roland Topor, Vladimir Nemukhin, Wolfgang Mattheuer, Yayoi Kusama, 

J'appelle, en particulier, votre attention sur les images singulières de Wolfgang Mattheuer. Il est, avec Neo Rauch, l'un des peintres "à la mode" en Allemagne. Tous deux sont originaires de l'ancienne RDA. Ca a une signification.

Je recommande :

- Fritz Zorn: "Mars". Un livre choc qui nous a tous marqués. Une nouvelle et récente traduction est l'occasion de le relire.

- Vincent Kaufman: "Extinctions de voix". Pour moi, l'un des très bons bouquins de cet automne. Ca change des jérémiades et pleurnicheries françaises. Un Suisse (comme Fritz Zorn) porté par un humour ravageur et un esprit de dérision. Rien n'est grave, tout est grave. Du moins, on rit beaucoup.



9 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Le monde va, sans le besoin des humains qui passent leur temps à piétiner, à hésiter, à s’admirer dans le miroir de leurs illusions. J’affirme que ce monde n’a pas assez peur, il détourne le regard en se disant que ça va passer. Pourtant nous avons des occasions formidables d’évoluer, de foncer vers le futur, pour ne pas se laisser réduire, face à ceux qui désirent nous abaisser à leur niveau, dans les pires des régressions, des mensonges et des violences, en s’attaquant à nos démocraties et surtout à nos libertés. Ils nous mentent, et nous en redemandons ! Non, je n’ai pas oublié les cadavres dans les rues de Boutcha, tout ces corps les mains attachées dans le dos, une balle dans la nuque. Quoi, vous attendez vote tour ? Nous nous laissons dominés. Ce n’est pas l’Ukraine qui se cache derrière l’Europe ; mais se sera bientôt l’Europe qui se cachera derrière l’Ukraine, parce que c’est le seul peuple qui sait combattre, qui a l’expérience de l’effort de protéger ce qu’il a de plus précieux. Ils savent la valeur du sang et de la peine. Ils en ont tellement bavé au cours de leur longue histoire violente, où ce n’est pas la guerre qui coute cher, c’est la paix qui est hors de prix. Pourtant, le défi est grandiose, et c’est la seule promesse qui m’intéresse, celle de l’engagement afin de prolonger notre évolution, de ne pas tomber dans la servitude et la soumission. Si vous n’êtes pas convaincu, lisez, ou relisez : Terre de sang de Timothy Snyder et du même auteur : La route pour la servitude. Ne laissez pas l’extrême droite occuper tous les champs des possibles, et pour se faire, sortez voter. Ce qui ne manque pas d’intérêt, et j’ai hâte de savoir qui va remplacer Macron, plus quelques autres dirigeants européens. Capituler, n’est pas une solution présentement. Cela est et demeure un cas de conscience. Ce qu’il nous faut comprendre, c’est qu’un mensonge est un mensonge, c’est peut-être présentement la seule chose qui est vraie. Et, c’est tellement gros, qu’on n’arrive pas à le voir ! Faut-il être aveugle à ce point ? Sommes-nous en train de nous faire spolier, le tout avec notre consentement tacite ? Et nous remettons cela en doutant de nos possibilités. C’est sans doute ce qui est le plus épuisant dans nos sociétés occidentales. L’être humain a cette fâcheuse tendance, pour ne pas dire dangereuse, de douter, de craindre, et de se cacher la réalité comme si c’était se mentir à soi-même. Ton allié d’hier, peut devenir ton pire ennemi aujourd’hui. Ce qui ne manque pas de me rappeler un certain pacte entre les russes et les allemands en août 1939. On connaît la suite, et nous semblons avoir oublié cette leçon historique. Eux aussi n’y croyait pas à l’époque.

Richard a dit…

Pourquoi, détester notre époque ? C’est à nous de la faire cette époque, de la sculpter, de l’écrire, de la dire, pour la mettre à notre main, pour y creuser notre nid, et nous sentir bien. Pour reprendre les paroles d’Albert Camus : de la créer. Il en parle d’abondance dans : Le mythe de Sisyphe. L’existence peut être absurde ; mais c’est le rôle qui nous attend de la rendre moins absurde ; de ne pas reculer devant l’effort qui est exigé. Ce n’est pas que nous ne devons pas critiquer, ce qui est dans le genre un appelle à la connaissance et à la raison, après il faut trouver des solutions. C’est de jongler avec cette possibilité d’erreur, mais aussi de réussite. Imaginer c’est créer, et ceci ne regarde pas seulement les artistes, cela part dans toutes les directions, et trouver une solution à problème mécanique peut-être aussi gratifiant que réaliser une grande toile, ou une belle chanson. J’ai aimé à la folie, mon époque d’aviateur, où loin dans le nord, il fallait imaginer des solutions à ce que nous n’avions jamais connu. Se retrouver dépourvu devant l’inédit peut être déstabilisant, et pourtant nous finissions à la résolution de problème. On rangeait cela dans notre grand livre spirituel. Et, surtout ne pas oublier. C’était arrivé et cela pouvait se reproduire. Ce que nous venions de vivre, on ne nous l’avait pas enseigné à l’école d’aviation. Nous n’étions pas éduqués à mort, mais nous étions conscients que l’ignorance pouvait nous assassiner. Les ukrainiens commencent à posséder un savoir précieux dans ce domaine, ils sont vraiment confiants. Cette confiance en soi, dans certaines circonstances, est incontournable. Cela se cultive, mais peut se perdre facilement. Cette confiance en soi c’est quelque chose qui manque dans nos sociétés. Je rencontre souvent des gens dans mon entourage qui manquent de confiance en eux, lorsqu’on commence à parler politique ou de problèmes de sociétés. C’est plus que le doute, qui peut être salutaire, mais vivre toujours dans ce manque cela empoisonne l’existence. C’est ainsi qu’on s’en remet à des dirigeants totalitaires en croyant que, mais nous ne sommes pas là pour croire, nous sommes là pour faire. Mais la démocratie peut être biaiser, ce qui est le cas présentement aux USA. Dans ces conditions, c’est nous les citoyens qui sommes responsables de ces états de fait. Nous les avons élues pour finalement d’être pris avec ces indésirables. Ce qui reflète un manque de confiance en soi. Est-ce que nous savons vraiment ce que nous désirons ? Dans des prises de décisions aussi cruciales, il faut être logique, autrement nous sommes condamnés à subir. Cela vaut pour la vie personnelle, mais aussi cette part qui nous revient, dans nos choix sociaux et politiques. Un peuple peut se tromper une fois, mais pas deux fois, autrement c’est la route pour le désastre.

Richard a dit…

Je me demande comment une civilisation peut se transformer en fiction ? La Russie et la Chine, c’est loin d’être des fictions. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas reposantes ces civilisations. Des milliards de personnes s’en remettent à des dirigeants, qui les rassurent, mais aussi les menacent, surtout lorsqu’il n’y aucun changement à l’horizon. Dès qu’il y a contestation, on s’arrange pour supprimer toutes les oppositions. C’est simple, facile, et efficace. Je constate que les dirigeants chinois ont bien retenu la leçon lors des manifestations de Tiananmen. Dans ces deux cas, s’il fallait changer de régime, il n'y aurait que la révolution comme outil. Mais, la démocratie c’est l’incertitude, le changement, et la création, un cheminement parsemé de difficultés, mais c’est aussi une promesse d’avenir, de renouvellement, de changement. C’est plus facile d’obéir à un maître, un dictateur, ou un parrain, plus besoin de faire d’effort. Le maître va s’occuper de tout, ce qu’à très bien décrit Jean-Jacques Rosat dans son ouvrage l’Esprit du Totalitarisme. C’est plus difficile de lire de ces gros bouquins et surtout pour se faire une idée de comment fonctionne le monde. Pourtant, il y a longtemps Georges Orwell vers 1948, avait écrit 1984. Et, nous sommes en 2025, en train d’entrer dans ce genre de régime totalitaire. Ce qui décrit très bien comment ces régimes s’installent et domine. Et, c’est ainsi que les civilisations disparaissent. Je suis loin de désirer que quelqu’un doit m’obliger à penser d’une manière qui me répugne, et surtout je ne veux pas délaisser ma manière de m’exprimer. Nous sommes l’humanité, pas un troupeau. Nous pouvons corriger des injustices, mais il est beaucoup plus difficile de se débarrasser d’une dictature, qui entretient une peur paralysante, peut-être qu’on n’a pas encore assez peur ? Ce qui pose la question : Dans quel monde voulons-nous vivre ? Vous avez raison Camilla, nous avons une forte tendance à la paralysie en attendant un sauveur, dans l’attente d’une délivrance qui ne viendra jamais. Il a bien des religions dont c’est le fondement avec la promesse d’un sauveur. Il devient facile, alors, de croire à une vie éternelle au paradis. Ce qui est la promesse creuse du Cousin de Moscou. Mais, si on cessait d’avoir peur pour reprendre confiance nous, parce que se seront ces totalitaires qui auront peur, peur de perdre leur petit pouvoir, de minables dangereux !
Merci pour votre texte substantiel et bonne fin de journée.

Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je voulais dire que ce que l'on appelle "l'Occident" ne s'était pas constitué dans un vase clos. Mais sous l'influence, au cours de l'Histoire, de multiples apports extérieurs qu'il serait trop fastidieux d'énumérer. Il en va de même de la Russie et de la Chine. Aucune "civilisation" n'est pure.

L'esprit démocratique, c'est peut-être ce qui fait finalement le lien entre les pays occidentaux. Mais c'est plus une vision politique qu'historique.

Mais en ce moment, on est en Europe sous le coup de massue de la publication récente de la stratégie de sécurité nationale et de politique étrangère de Donald Trump. Il proclame carrément un Droit de vassalisation et d'ingérence (exactement comme Poutine) sur les pays proches. Et nous, Européens, serions des décadents et des dégénérés, submergés par nos envahisseurs, notamment musulmans. Quant à l'Ukraine, il faut qu'elle se soumette et d'ailleurs, elle n'a que ce qu'elle mérite.

Je suis terrifiée d'autant que l'Europe a choisi d'ignorer ce document et de ne pas répondre. Je ne suis pas sûre que ce soit la bonne tactique parce que ce qui est sûr, c'est que plein de gouvernements autoritaires sont aujourd'hui en train de s'installer tranquillement.

Il faut bien constater que nous sommes paralysés face à ce sinistre Père Ubu. Et notre impuissance, elle résulte, en partie, de notre trop grande politesse et de notre souci de toujours respecter l'autre. C'est la démocratie qui se retourne contre elle-même.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Nous sommes tous, en quelque sorte, des métis issus de divers peuples, des genres d’amalgames que nous n’avons pas choisis ; mais pour l’occident, nous avons réussi, non sans mal, a institué des démocraties en deux siècles. Dans l’histoire de l’humanité, deux siècles ce n’est pas très long, après des millions d’années d’évolutions, pour en arriver à préférer la démocratie à la guerre, l’intelligence à la force. Ce qui nous est demandé présentement, c’est une régression, une dénégation du progrès, pour retourner à la pure monarchie, qui dans bien des cas ressemblaient à des dictatures. Plus besoin d’être populaire, la richesse et la violence suffisent amplement pour s’installer au pouvoir, et qui sait, peut-être pour longtemps. Qui plus est, les candidats ne manquent pas, d’un côté le Cousin de Moscou, qui la semaine dernière, était prêt à entrer en guerre avec le restant de l’Europe, une annonce qu’il a fait dans le grand calme comme si c’était dans l’ordre des choses, le genre d’une petite promenade chez le voisin ; et comme vous l’avez mentionné, ce mépris affiché sans vergogne de l’Europe par le Président Américain, qui a dit que : L’Europe a toujours été un problème pour les USA. On dirait que le Cousin de Moscou et le Taco de Washington se préparent à se diviser l’Europe ? Et ça se dit des hommes de paix ! Faut voir quelle paix ils nous préparent. Ce qui est étrange, c’est que le Taco a oublié ses racines européennes, et c’est ainsi qu’il est devenu un problème pour nous tous, y compris les américains. Comment trouvez un peu d’espoir dans ce fouillis politiques, si nous pouvons encore qualifier la situation ainsi ? Ce ne fut pas une surprise lorsque j’ai lu cette proposition de paix en 28 points, qui ressemblait plus à une capitulation qu’à un accord. Depuis ce malheureux bout de torchon, c’est la valse des négociateurs pendant que les russes continuent de bombarder l’Ukraine. Comment établir un traité de paix, si tu es incapable d’établir un cessez-le-feu, au pire que l’intention de l’agresseur, c’est de poursuivre la guerre, jusqu’à l’extermination de son ennemi ? Ce qu’à très bien résumé Timothy Snyder :
« Faire l’expérience de sa destruction, c’est voir un monde pour la première fois. Héritiers d’un ordre que nous n’avons pas construit, nous sommes aujourd’hui témoins d’un déclin que nous n’avons pas prévu ».
Timothy Snyder

Richard a dit…

Depuis une décennie nous n’avons pas cessé de nous interroger, pour constater que nos dirigeants fermaient les yeux sur les événements qui tenaient lieu d’avertissements, provoqué et orchestré par des êtres de l’ombre, afin de parasiter nos institutions démocratiques en inféodant des partis politiques en utilisant les dernières techniques informatiques. Cela s’est déroulé en Europe, mais plus surprenant, aux USA. En cela, nos institutions étaient beaucoup plus fragiles que nous ne pouvions le croire, voir l’imaginer, que nous avons peine aujourd’hui à nous réveiller. Certains s’interrogent sur cette nouvelle réalité qu’ils peinent à concevoir comme si c’était de la science-fiction. Pourtant, nous sommes en plein dedans cette réalité de tous les dangers. Nos ennemis se servent de nos institutions et nos instruments politiques pour mousser les candidats les plus vulnérables et les plus incompétents. Peu importe le pays, peu importe les choix des parties politiques, de gauche comme de droite, morales ou immorales, ils parviennent à les faire élire avec l’aide des électeurs locaux. Ils ne prennent pas toujours le pouvoir, mais souvent, c’est très bien pour brasser les cartes et se rendre au prochain scrutin. Ils se servent de masses populaires les plus frustrés, les plus pauvres, les traîtres les plus endettés, les gens les moins bien formés, afin d’accumuler le plus de votes possibles, le tout en provoquant et soulignant les inégalités sociales. Ils peuvent même provoquer des attentats afin de déstabiliser l’ordre publique pour affaiblir l’État de droit. Ils arrivent même à embarquer dans leurs galères, des personnes immensément riches, afin de les faire taire, ou encore de les menacer de les ruiner. C’est ainsi que tous les magnats américains du secteur électronique sont passés sous la coupole du Taco. Génie de l’invention, mais complètement nuls, autant en culture qu’en politique. Les imbéciles savent bien se reconnaître. Comment se fier à ces genres de personnages peu fiables ? La fortune n’assure pas la pérennité, ce ne sont pas des veaux d’or. Oui, les imbéciles, même riches, sont dangereux, surtout lorsqu’ils se sentent invulnérables dans des situations qu’ils ne comprennent pas, ou bien, des organisations qu’ils ne dominent pas. Se sont des cas d’espèces que nous nous devons d’avoir à l’œil, dangereux parce qu’ils sont inconscients, et qu’ils se croient irremplaçables. Ils font parti de ce portait dans un genre de pègre venu de l’extérieur. Ils ont contribué généreusement à la dernière campagne électorale républicaine. Nous pouvons commencer à comprendre, les raisons pour lesquelles Trump les a embarqués dans son bateau. Et, c’est loin d’être terminé.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Oui, je crois qu'on peut dire cela. Nous les Occidentaux, sommes issus d'un grand métissage dont nous avons extrait la Démocratie.

La Démocratie, c'est quelque chose d'extraordinaire, le véritable moteur du Progrès humain et matériel.

Mais c'est un régime hélas vulnérable qui ne sait trop comment se comporter face à des régimes autoritaires. Le souci de donner voix à ses opposants peut lui être fatal.

Aujourd'hui, le souci premier du Taco, c'est de marginaliser complétement l'Europe, économiquement et politiquement. Et de faire alliance avec la Russie et sa supposée spiritualité à 2 balles. Il envisage même une sécession de l'Europe Centrale (Autriche, Hongrie, Bulgarie, Slovaquie, Tchéquie, Roumanie et même Pologne, voire Etats Baltes). Pour ces derniers, c'est pourtant inconcevable (la Pologne et la Russie ensemble, il faut vraiment tout ignorer de leur histoire pour envisager leur alliance un jour). Quant à la France et à l'Europe de l'Ouest, il va tout faire pour favoriser la prise du pouvoir par l'extrême-droite.

Tout cela est très grave. Pour le moment, l'Europe a choisi de ne rien dire et de faire le dos rond mais je ne sais vraiment pas si c'est la bonne tactique. Le Taco est tout de même trouillard et versatile et s'il sent le vent tourner, il tournera vite casaque.

Et la dernière interrogation, ce sont en effet ces génies de la Silicon Valley (tel Musk) qui se révèlent politiquement et moralement complétement nuls.

Bien à vous,

Carmilla

Richard a dit…

Bonjour Carmilla
Vous aussi, vous avez remarquez que la démocratie était un régime vulnérable, ce dont on ne parle pas souvent, pour ne pas dire jamais, pour cause de faiblesse, qu’il faut taire afin de ne pas afficher sa vulnérabilité, et du même coup son immense possibilité de régir nos sociétés. Cette prise de conscience devant cette réalité incontournable de la nature de la démocratie, de nos manières de penser avant d’aller voter, de pouvoir réfléchir en toute quiétude, de s’interroger soi-même devant les choix qui s’offrent à nous ; et qui vont jusqu’à la possibilité de se tromper, parce que justement, être démocrate c’est aussi la possibilité d’erreur. Ce qui peut prendre de multiple visages ou dimensions, ce qui est tout le contraire des régimes totalitaires, où il n’y a qu’une seule voie, un seul sens, une seule terre et un seul peuple. En démocratie, il faut toujours s’arranger pour que ça fonctionne, ce qui nous oblige à remettre notre travail sur le métier, et même à l’occasion d’abandonner des projets de loi qui semblaient prometteurs, parce que les commettants ne sont pas prêts, que l’heure n’est pas à la réforme. Nous avons la critique facile, pourtant, nous avons toutes les possibilités de nous interroger sur nos façons d’aborder, de comprendre, ce que nous vivons. Peut-être que nous aurions moins de désirs inutiles, et qu’on y penserait deux fois avant de critiquer pour tirer dans le fond de la chaloupe. Ce genre de réflexion est venu tôt dans ma vie. J’ai compris assez rapidement qu’on ne force pas un peuple à faire ce qu’il ne désire pas faire, qu’il fallait respecter cela, que ça faisait partie de la démocratie. Autrement, si tu le forces à faire ce qu’il ne veut pas, même si tu gagnes tes élections, les gens vont se traîner les pieds en silence, feront semblant de se soumettre, au pire se désintéresseront de la politique ; et cette société ne fonctionnera pas. Elle sera amorphe sans possibilité d’initiative. Se sera la stagnation qui annonce la régression. C’est peut-être dans cette direction que nous allons présentement, et c’est loin de me plaire. Moi aussi, j’ai remarqué que les européens sombrent dans une indifférence mortifère, afin de ne pas provoquer l’autre, dans un état d’esprit molassique. Vous vous demandez à juste titre si c’est la bonne tactique ? Je pense qu’ils n’ont pas de tactique, ce qui est encore plus dangereux. Ils ne sont pas fermes, ni dans leurs propos, ni dans leurs actions, comme si tout ce qui les occupait c’était les défaites électorales futures. Voilà une réalité qui est désolante.
Bonne fin de journée Carmilla
Richard St-Laurent

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

La démocratie est, en effet, un régime vulnérable.

Et en Europe, on s'emploie, en effet, à cela.

Le grand problème, c'est qu'en dépit d'une déjà longue existence, les 27 pays qui la composent sont absolument incapables de s'entendre. Chacun cherche à défendre, bec et ongles, sa petite singularité.

Il n'y a, bien sûr, pas de système de Défense commun. Mais pas non plus de politique économique et de budget communs. Même la monnaie, l'euro, n'est pas adoptée par tout le monde.

Et surtout les décisions du Parlement européen doivent être prises à l'unanimité et non à la majorité. Ce qui fait qu'un petit pays, comme la Hongrie ou la Slovaquie (2 pro-Poutine), peut exercer un droit de veto et tout bloquer. C'est complétement fou. Avec ce système, on ne peut pas avancer, on ne peut rien réformer. C'est l'impuissance garantie.

C'est désolant et ça alimente l'idée de décadence, morale et économique, largement diffusée aujourd'hui.

Arrivera-t-on à dépasser un jour tous ces nationalismes étriqués ? J'ai bien peur qu'il ne faille attendre vraiment très longtemps.

Bien à vous,

Carmilla