samedi 23 novembre 2013

L‘ours et la chouette

A lire :

- Paulina DALMAYER : « Aime la guerre ». Voici l’un des livres les plus singuliers de cet automne. Ecrit directement en français par une jeune femme qui est, en fait, polonaise, ce qui explique certaines perspectives. Et puis un titre provocateur et l’évocation d’un thème scandaleux : ce plaisir trouble, qu’on n’ose jamais avouer, éprouvé en période de guerre. 


Pour beaucoup, c’est la partie la plus belle de leur existence. On aime la guerre et ceux qui la font, voilà une terrible vérité aujourd’hui complètement refoulée. « Aime la guerre », c’est aussi un très beau livre sur l’Afghanistan où Paulina Dalmayer a vécu pendant deux ans.


- Alain FINKIELKRAUT : « L’identité malheureuse ». Bien sûr, ce n’est vraiment pas le meilleur livre d’Alain Finkielkraut qui se laisse lui-même emporter par la polémique et l’esprit radoteur du « c’était mieux avant ».  Mais je trouve effrayant qu’on le présente comme ultra-réactionnaire, presque proche de l’extrême-droite. Il est pour moi mille fois moins populiste que ses détracteurs. Ca en dit long sur la terreur et l’intolérance intellectuelles ambiantes. Parler de l’identité, ça vous range tout de suite dans la catégorie des fascistes. Pourtant, il existe bien une identité française et j’estime être assez bien placée pour pouvoir l’affirmer puisque je ne la comprends pas toujours et m’interroge sans cesse dessus. 


C’est d’abord mental, intellectuel, ce sont des pensées, des attitudes, des gestes, des comportements (y compris sexuels). En fait, cette identité française, ça a principalement été façonné par sa culture (la littérature, l’architecture, les arts plastiques, la musique, le code des relations de séduction) qui n’a pas encore été complètement balayée par la mondialisation. On ne peut contester ça que si on n’a jamais voyagé et qu’on ne parle aucune langue étrangère. La défense de la culture, c’est tout de même important, non ? Et puis, soyons lucides : si on abandonne la question de l’identité, on peut être sûrs que les mouvements totalitaires sauront, eux, la reprendre.


Pierre LAMALATTIE : « Précipitation en milieu acide ». On présente Lamalattie comme un clone de Houellebecq. Et c’est vrai qu’ils sont amis et ont la même formation universitaire. C’est aussi la même dénonciation de la banalité du monde, de son aplatissement généralisé, de son ennui et de son obscénité. Mais Lamalattie, c’est en plus très drôle, hilarant même s’il s’agit d’un comique douloureux.


Boris RAZON : « Palladium ». Un livre monstre qui a partagé les critiques : est-ce qu’un accident individuel peut avoir portée universelle ? Pour moi, ce qui est sûr, c’est que si vous avez déjà été vraiment malade et fréquenté les hôpitaux, vous vous retrouverez complètement dans ce livre terrifiant. Surtout ces images atroces, affreuses qui viennent vous harceler, vous tourmenter. La maladie, c’est une complète remise en cause de son identité. On sort complètement secoués de ce bouquin.


Jean ROLIN : « Ormuz ». J’aime bien Jean Rolin que je considère comme l’un des très bons écrivains français. Et puis je partage son amour des pays improbables et des endroits qui n’intéressent personne. En plus, dans ce livre « Ormuz », il parle de lieux que je connais un peu. Mais là vraiment, il s’auto-parodie complètement avec des descriptions interminables de lieux d’une totale banalité et une absence presque complète d’action. Il arrive quand même à rendre assez bien l’ambiance toc des pays du Golfe mais pour l’Iran, en revanche, je trouve que c’est à côté, je ne reconnais pas.

 Svetlana ALEXIEVITCH : « La fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement ». 

Je suis gênée avec ce livre parce qu’il est constitué d’interviews intéressants et que la critique, en France, l’a encensé (avec un prix littéraire à la clé). Le problème, c’est qu’il peut laisser germer, chez le lecteur occidental, une idée fausse : que dans l’ancien bloc communiste, on a maintenant, majoritairement, la nostalgie de la béatitude soviétique. 


Ca ne concerne en fait qu’une fraction de la population, essentiellement en Russie où on n’arrêtait pas de rabâcher  aux gens que l’U.R.S.S. était forte, puissante, redoutée. Et c’est ce qu’on retrouve majoritairement dans ce livre : la nostalgie de la grandeur. Mais soyons clairs : partout ailleurs qu’en Russie, on est complètement  insensibles à ce désenchantement de nature fascisante et on a envie de flanquer de grandes paires de claques à ces abrutis qui regrettent « le bon vieux temps », ce bon vieux temps qui était aussi celui de l’occupation et de l’oppression d’autres peuples.


Angie DAVID : « Sylvia BATAIILE ». Sylvia Bataille, c’est la merveilleuse actrice d’«Un dimanche à la campagne » de Jean Renoir mais aussi l’épouse de Georges Bataille puis de Jacques Lacan. Une femme incroyablement moderne qui a participé à l’effervescence intellectuelle de l’entre deux guerres. Un très bon livre, qui apprend plein de choses. L’écriture en est originale avec de curieuses insertions autobiographiques. Un seul défaut mais majeur : le livre s’arrête aux années 50, c'est-à-dire qu’il évacue près de 40 ans de la vie de Sylvia Bataille, pratiquement toute la période de sa vie en compagnie de Jacques Lacan.


Alexandre NAJJAR : « Les anges de Millesgarden – Récit d’un voyage en Suède». La Suède, ça n’est vraiment pas un pays qui attire les touristes. Moi, je connais assez bien. C’est un peu une autre planète. Voilà un livre très intéressant, écrit par un écrivain et intellectuel libanais. Culturellement, le Liban, c’est presque les antipodes de la Suède. Mais c’est justement ça qui est intéressant parce que ça donne lieu à de multiples confrontations mais aussi à un véritable dialogue.

Je rappelle enfin l’extraordinaire « Stéréoscopie » de Marina de Van déjà évoqué dans un post précédent. 



 Tableaux de Michael SOWA, peintre allemand contemporain que j’aime pour son humour et sa tendresse. Il s’agit d’un nom slave qui signifie la chouette. Ca explique le titre de mon post

 J’ai également choisi ce peintre parce que je pars, ce soir, en Allemagne, à Berlin.

Comme souvent, lorsque je suis à l’étranger, je tarderai peut-être à poster de nouveau.

samedi 16 novembre 2013

Du nationalisme

En ce moment, il y a deux matchs de foot importants entre la France et l’Ukraine.

Evidemment, je suis à fond pour l’Ukraine.


C’est vraiment idiot et j’en ai presque honte : parce que je n’y connais rien, que les joueurs de foot, ça ne me fait vraiment pas rêver et qu’enfin l’Ukraine, j’ai bien du mal à m’identifier à ce pays dont il est difficile de repérer l’histoire et la culture propres.


Pourtant je crois que presque tout le monde réagit comme moi. Personne n’échappe à l’émergence irrationnelle de ce vieux fond nationaliste même si le nationalisme, ça fait vraiment partie des passions mauvaises et si c’est quelque chose de finalement très récent (le début du 19 ème siècle avec l’émergence des Etats nations).


D’ailleurs, le foot, sous certains aspects, je trouve quand même ça très bien. Les intellos ont beau jeu de dire que c’est un sport de crétins mais pour les mecs, le foot, c’est une soupape de sécurité, c’est la possibilité de s’affranchir, temporairement, des contraintes de la socialité; avoir le droit, pendant quelques heures, de faire tout ce qui est réprimé par la société : se bagarrer, s’insulter, se défoncer, se déguiser, être raciste, machiste, vulgaire… Retrouver sa bêtise primitive, c’est important dans une société de plus en plus infantilisante et castratrice et je trouve ridicules toutes les mesures répressives prises pour que joueurs et supporters deviennent des personnalités exemplaires. On aime justement bien les joueurs de foot parce qu’ils sont affreux, bêtes, méchants, iniquement riches, bref tout ce qu’on aimerait bien être soi-même en toute impunité. C’est vraiment dommage qu’il n’y ait pas, pour les femmes, de semblable exutoire. On n’a que Nabilla, Britney Spears et Paris Hilton, universellement moquées et détestées mais secrètement adorées, comme porte-paroles de notre droit à la connerie.


Mais le foot, ça véhicule aussi et surtout le nationalisme et le chauvinisme les plus sinistres. C’est devenu l’une de ces grandes messes collectives aujourd’hui si prisées, comme les méga-teufs et les marches des fiertés. C’est curieux d’ailleurs ce besoin de se rassembler, de faire masse à notre époque de narcissisme effréné.


Dans le nationalisme, il y a quelque chose de trouble qui se joue. On dit communément que ce fantasme d’unité, de toute puissance collective, ça relève d’un instinct grégaire qui serait étranger à notre psychologie individuelle : pris dans un groupe, on ne serait plus les mêmes.


Freud a écrit un bouquin, « Psychologie des foules et analyse du moi» (1921) qui infirme cette analyse : il n’y a pas de différence essentielle entre la psychologie individuelle et la psychologie collective. Au sein d’une foule, on continue de jouer nos conflits intimes. Il y a même une charge érotique, une puissance libidinale très fortes dans une foule. On y rejoue la demande éperdue d’amour de notre enfance. Et cette demande éperdue, elle n’est pas belle parce qu’on est prêts à tout pour ça. Pour l’enfant puis l’adulte, l’autre n’est jamais un ami, un frère, une sœur, un collègue mais toujours un rival, un ennemi,  vis-à-vis du quel on entretient une jalousie primitive.


L’hostilité, la haine, ce sont les pulsions premières de l’homme, tel est le message, incroyablement pessimiste, de Freud. Curieusement, c’est un aspect essentiel de sa pensée qui est généralement occulté au profit de recherches largement formelles.


Mais on ne peut heureusement pas donner libre cours à notre agressivité fondamentale, parce qu’il y va de notre survie propre. On est obligés de pactiser, de composer avec le principe de réalité. C’est pour ça qu’on s’associe. On met alors en avant un strict principe d’égalité qui n’est que l’envers de notre hostilité primitive. On peut même dire que la revendication égalitariste est d’autant plus forte que la haine est vive.


Mais c’est comme ça qu’on parvient à aimer la foule, la collectivité, la nation. On a l’impression qu’on peut y être aimés en toute impunité.



George GROSZ (1893-1959), évidemment, qui mieux que nul autre a su peindre l’horreur du totalitarisme.

dimanche 10 novembre 2013

De la lutte des classes

 


Je ne saurais le cacher : je suis assez snob. Ca concerne les fringues, mon apparence, ma bagnole, mon appartement, les loisirs, les voyages, les hôtels, les restaurants. C’est sûr aussi que je ne m’aventure pas beaucoup en dehors de mon quartier de la Plaine Monceau. Ca fait beaucoup, vous me direz, tu dois vraiment être odieuse. Certes, mais je ne suis pas non plus outrancière et je suis plutôt assez détachée. Je me sens en fait assez libre vis-à-vis des codes de l’apparence parce que je ne vis pas dans l’envie, le ressentiment. Simplement, j’éprouve souvent une espèce de culpabilité comme si toute aisance matérielle devait donner lieu, un jour, à châtiment. C’est pour ça que je suis si sensible à la question de la lutte des classes.


La lutte des classes, beaucoup pensent que ça n’existe plus. Il n’y aurait plus qu’une grande classe moyenne, pacifiée, apaisée dans le bonheur consumériste.


C’est sûr que ça ne correspond plus simplement à une hiérarchie économique. Aujourd’hui, il ya des prolétaires qui deviennent éventuellement plus riches que des bourgeois mais ils restent quand même des prolétaires; d’ailleurs, les prolos, ils s’en rendent compte eux-mêmes et ça les dévore et leur pourrit la vie. Combien de gens sont aigris, pleins de rancœur et passent leur temps à ruminer leur infortune : ils seront toujours exclus, à côté de la plaque, ils ne maîtriseront jamais les codes, ils n’auront jamais accès à ce monde qui les fait rêver. Parce que c’est ça le paradoxe : on est à l’âge démocratique, on a la passion de l’égalité mais cette passion se nourrit en fait d’une sombre et effrayante jalousie; on déteste la bourgeoisie à proportion de la fascination qu’on éprouve pour elle.


Force est de constater que les antagonismes sociaux sont aujourd’hui exacerbés. Mais tout se joue désormais dans les signes, les stratégies de distinction. C’est ce que montrent bien les films récents d’Abdellatif Kechiche et de Valeria Bruni-Tedeschi : les rapports de classe conditionnent le comportement et le destin des hommes. Pas seulement la vie sociale et professionnelle mais aussi, et peut-être surtout, la vie affective et amoureuse.


« La vie d’Adèle », ça m’a étonnée mais on n’y a souvent vu que l’histoire d’un amour lesbien, ce qui est d’un intérêt limité. Moi, ce que j’ai aimé, c’est que c’est aussi la description sociologique de la façon dont la lutte des classes corrompt irrémédiablement la vie amoureuse. Adèle est une prolo. Dans sa famille, on boit du gros rouge dans des verres en Duralex et on se cale avec une plâtrée de pâtes. Emma, quant à elle, est une artiste, elle est cultivée, elle a des relations, une famille « moderne », libérale, qui apprécie les huîtres et les grands bourgognes.


Adèle est foudroyée d’amour mais on peut légitimement s’interroger sur la sincérité de son sentiment. Par qui est-elle fascinée ? Par Emma ou par le monde de la bourgeoisie ?


Emma, quant à elle, n’est pas du tout fascinée. Il s’agit, pour elle, d’une simple aventure érotique, émotionnelle. Elle est sûre d’elle, elle peut se montrer cruelle, elle est convaincue de mériter naturellement la place qu’elle occupe.


La suite est logique : de même que la lutte des classes explique le coup de foudre d’Adèle, de même elle est à l’origine de la rupture amoureuse. Que ça déplaise ou non et aucun texte de loi ne pourra jamais rien y faire, les inégalités sociales modèlent nos préférences sexuelles. D’ailleurs vous le savez bien, si l’on vous aime, c’est accessoirement en raison de votre beauté ou votre intelligence; c’est surtout en fonction de votre statut social.


« La vie d’Adèle » trouve un prolongement dans le film de Valeria Bruni. J’adore l’actrice et la réalisatrice. Elle n’a pas peur d’être iconoclaste et, surtout, elle ne cherche pas à « faire semblant ». La force des nantis, justement, c’est de ne pas être assujettis aux codes sociaux, c’est de se sentir libres et désinvoltes vis-à-vis d’eux. C’est ce qui fait l’allégresse de leur vie. Les bourgeois ne sont plus d’affreux réactionnaires, ils sont éclairés, pleins de fantaisie et même progressistes. On ne peut plus les essentialiser et c’est pour ça qu’on ne peut jamais être comme eux.



Le prolétaire, lui, dans sa quête désespérée de réussite, il est asservi aux modèles, aux codes comportementaux. Il est enfermé dans une logique mimétique et c’est ce qui fait son malheur. Parce que le mimétisme, ça conduit à la folie et même à la mort.

Quelques images des Révolutions russes avec notamment des tableaux de Boris Kustodiev, Ilya Repin, Kazimir Malevitch.

Sur la question du désir et de la lutte des classes, il faut également voir le film de Woody Allen : « Match Point ».

Je rappelle aussi un bouquin paru en 2011 : « Pas son genre » de Philippe Vilain.

samedi 2 novembre 2013

« Ma mort partout, ma mort qui rêve »


 Enfin…, Novembre est arrivé, mon mois préféré; sa langoureuse mélancolie… On s’enfonce dans la nuit, le froid, la brume.

C’est aussi le mois des morts. Difficile de parler de ça aujourd’hui sans susciter des ricanements réprobateurs ou être taxée de kitsch.



Pour moi, les 1er et 2 novembre, c’est lié à des souvenirs très forts en Pologne et en Russie ; des cimetières en feu, illuminés par des milliers de bougies, et aussi ces étranges rites funéraires slaves : en Pologne, on photographie abondamment les enterrements et, comme pour les mariages, on en fait des albums ; en Russie, chez les orthodoxes, on transporte le mort, depuis son domicile jusqu’à l’église, dans un cercueil grand ouvert. Sans doute, là-bas, on vit dans une plus grande proximité avec la mort.


Mais d’une manière générale, on vit maintenant dans des sociétés où la mort est devenue pornographique. A l’inverse, le sexe est devenu légal, presque un impératif catégorique. C’est le grand bouleversement « religieux » de ces dernières décennies : la « libération » du désir a eu pour contrepartie l’occultation de la mort.



On le sait bien, on nous entretient dans le déni, l’occultation de la mort. On met à l’écart les vieux, les malades, on ne veut plus les voir, on les relègue et les enferme dans de sinistres hôpitaux et maisons de retraite où ils sont abandonnés à l’infamie et au sadisme médical. Quant aux cimetières, plus personne ne les fréquente et, du reste, ils devraient bientôt disparaître puisque la tendance est maintenant de se faire incinérer.

C’est la victoire de l’hygiénisme, l’élimination forcenée de la souillure.



Sauf qu’à force de tout vouloir récurer, lessiver et éponger, notre culture se trouve elle-même contaminée et devient une culture de mort, glacée, pétrifiée, entièrement fonctionnalisée. Le grand fantasme de la sécurité généralisée, de la programmation totale, de la prévisibilité absolue. On est dans l’âge du fonctionnaire décrit par Kafka : celui de « citoyens » pétochards, aujourd’hui « écolo-responsables », qui ne se définissent plus que par le statut qui leur est assigné, leur code de comportement et de pensée. La société bureaucratique, c’est évidemment la première expression de la culture de mort.



Nos nécropoles ne sont donc effectivement plus nos cimetières mais tous ces lieux inhumains de la « convivialité » urbaine et du pouvoir technocratique : les centres commerciaux, les aéroports, les parcs de loisir…, tous ces cercueils de verre qui me font complètement flipper.

Mais le triomphe absolu de la culture de mort, c’est sans doute l’informatique : avec  la constitution de cette immense mémoire artificielle, l’archivage complet, la cryogénisation, de nos vies et de notre savoir, on s’enterre complètement dans nos ordinateurs sous forme d’octets et de « cloud ».


Je suis sans doute très elliptique mais voilà où j’en suis de mes réflexions sur la mort. Mais, comme je suis classique en la matière, je tiens quand même à fêter dignement la Toussaint et le jour des morts. Je me fais donc très belle, ces jours là, pour aller dans les cimetières.  Disons, pour simplifier, que je m’habille en russe : talons, maquillage, jupe courte. Si j’en juge aux regards qui me sont décochés, c’est diversement apprécié.





Tableaux du peintre symboliste allemand Carlos SCHWABE  (1866-1926)